Réunion du Conseil de Coopération du Golfe, le 30 mars 2017 à Riyad
Nous poursuivrons
ensemble dimanche prochain la série consacrée à l’Arabie Saoudite, et où notre
fil conducteur reste un ouvrage écrit par Fatiha Dazi-Héni, dont nous avions
commencé à parler ensemble la dernière fois. Pour rappel, elle est chercheure,
spécialiste des monarchies du Golfe. Docteur en Sciences Politiques, elle enseigne
à Lille, et elle travaille à l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole
Militaire. Son livre, publié aux Editions Tallandier, a pour titre
« L’Arabie Saoudite en 100 questions ». C’est vraiment un ouvrage de
référence ; la lecture de ses 350 pages m’a beaucoup appris puisqu’il
aborde en neuf parties et entre autres, l’histoire, la société, la religion,
l’économie, l’international. Et pour ce deuxième entretien, nous aborderons la politique
régionale et les enjeux stratégiques.
Parmi les questions que
je poserai à Fatiha Dazi-Héni :
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Parmi
les points faibles de l’Arabie il y a la totale dépendance des Etats-Unis, qui
assurent la sécurité du Royaume depuis 1945. Cette alliance américaine a été soumise
à rude épreuve. Il y a eu la grande méfiance née du 11 septembre ; l’échec
des interventions américaines en Irak et en Afghanistan ; le succès du
camp anti-occidental en Syrie et au Yémen, suite à leur retrait militaire en
2011 ; et l’administration Obama a sorti l’Iran de son isolement. Pensez-vous
que l’administration Trump rassure les Saoudiens ?
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Les achats militaires des Saoudiens sont astronomiques :
les dépenses militaires ont doublé entre 2010 et 2015, elles étaient alors de
87 milliards de dollars ce qui plaçait le pays au troisième rang mondial,
devant la Russie. Or il y a deux éléments très inquiétants : d’abord, les
piètres performances de leur armée au Yémen, où les rebelles houthies lancent
maintenant des missiles sur Ryad ; et l’absence de cohérence entre les
armées des différentes monarchies du Golfe, : comment
l’expliquez-vous ?
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L’Arabie
Saoudite, se sentant menacée, a été le fer de lance de la réaction contre les
révolutions arabes de 2011 : elle a par exemple soutenu le coup de force
de l’armée égyptienne contre les Frères Musulmans qui avaient pris le pouvoir.
Comment expliquer son engagement très fort en Syrie contre le régime, où elle
se retrouve en gros dans le camp qui a perdu, avec des pays qui ont d’autres
agendas, comme la Turquie et le Qatar ?
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La
peur commune de l’Iran a rapproché Israël et l’Arabie Saoudite, vous
l’expliquez très bien en évoquant une vraie « entente régionale ». Depuis
la sortie de votre livre, il y a eu les déclarations extraordinaires du Prince
héritier Mohammad Bin Salman dans « The Atlantic » le 2 avril
dernier, où il a reconnu le droit historique des Juifs à avoir leur propre
Etat, et où il a même évoqué les perspectives d’une coopération
israélo-arabe : comment ont réagi les Saoudiens ?
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Vous
consacrez plusieurs chapitres aux relations de l’Arabie Saoudite avec l’Asie,
où s’est déplacé au cours des dernières décennies le centre de gravité
économique du monde. Pourriez-vous donner quelques chiffres ? Au-delà des
échanges commerciaux, il y a la géopolitique. Vous mentionnez le refus du Pakistan de
soutenir militairement les Saoudiens au Yémen, alors même que le Royaume a
financé la bombe pakistanaise : comment l’expliquez-vous ?
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A propos du « soft
power » religieux de l’Arabie Saoudite, qui est considérable, vous en
parlez au chapitre 20 en rappelant le réseau impressionnant d’ONG islamiques
qu’elle finance, ses Universités religieuses qui forment des dizaines de
milliers d’étudiants du monde entier ; mais surtout vous évoquez au
dernier chapitre l’action en France de la Ligue Islamique Mondiale, qui a
dépensé partout des dizaines de milliards pour « réislamiser les musulmans ».
Que pensez-vous du rôle des Frères Musulmans, certes mal vus aujourd’hui dans
le Royaume, mais qui conservent des financements saoudiens, et qui ont à leur
agenda un nouveau Califat ? Et que penser du Salafisme, considéré,
aujourd’hui comme l’antichambre du terrorisme ?
Une nouvelle émission passionnante … soyez nombreux à l’écoute !
J.C