Leila Alaoui
Artiste et
militante, Leila Alaoui, photographe franco-marocaine grièvement blessée le
week-end dernier lors de l'attentat de Ouagadougou, a fini par succomber à ses
blessures lundi.
"Je ne me considère pas tellement comme une
artiste, je milite en utilisant un langage artistique…" Au Maroc où elle a passé son
enfance, au Liban, à New-York, la photographe franco-marocaine Leila Alaoui n’a
cessé de promener son objectif à travers le monde, pour mieux témoigner d'une
réalité dont elle, la jeune fille "qui a eu le droit à une
éducation", se sentait "responsable". Jusqu'à ce que
son chemin croise celui d'illuminés au pays des hommes intègres…
Attirée par la thématique de la migration, habituée à
travailler avec les ONG et plus encore, selon ses propres termes, "en
immersion", Leila Alaoui était arrivée il y a moins d’une semaine à Ouagadougou,
dans le cadre de sa participation à une campagne d’information sur le mariage
précoce au Burkina Faso et au Mali, portée par Amnesty International.
Vendredi dernier, alors qu’elle est à la terrasse d’un
café-restaurant de la capitale burkinabé notoirement fréquenté par les
expatriés, plusieurs terroristes armés d’Al Mourabitoune, ralliés à Al-Qaïda au
Maghreb (AQMI), surgissent et ouvrent le feu avant de se retrancher plus loin,
d’abord dans un hôtel puis dans un bar. L’attaque fera au moins trente morts,
dont le chauffeur de Leila. Blessée à l’abdomen, au bras, à la jambe et au
rein, la jeune femme a fini par succomber à ses blessures, ce lundi 18
janvier. Elle avait 33 ans.
L’une de ses dernières séries de portraits, intitulée
"Les Marocains", exposée jusqu’à la semaine dernière, à la Maison européenne de la photographie, résume à
elle seule la démarche de l’artiste, partie en "road trip" à
travers le Maroc avec son studio photo mobile. Là, au gré des marchés et des
villages, Leila Alaoui avait notamment tenté de capter ce qu’il reste des "traditions
qui disparaissent" dans son Maroc, arabe, berbère,
multi-ethnique, et multiculturel. Un travail "d’archives" sans
"condescendance", précisait-elle.
Depuis l'annonce de son décès, les hommages se sont
multipliés. Responsables politiques, collègues, amis, anonymes... tous
saluent le travail et le talent de la photographe assassinée.
Bouleversée que #LeilaAlaoui, jeune et talentueuse photographe
franco-marocaine, ait succombé ce soir à ses blessures à Ouagadougou.
— Fleur
Pellerin (@fleurpellerin) 18 Janvier 2016
C'est avec tristesse que nous avons appris le décès de
Leila Alaoui. Leila travaillait sur un projet avec notre secrétariat
international.
— Amnesty
France (@amnestyfrance) 19 Janvier 2016
Photographe Leila Alaoui 1982 -2016 pic.twitter.com/2ji4QTIKbc
— JiPe
(@carlader) 19 Janvier 2016
Marianne, 19
janvier 2016