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29 juin 2010

Cheval de Troie iranien au sein des élections irakiennes par le Dr. Nimrod Raphaeli


Introduction

Près de deux mois après la clôture des élections législatives en Irak, le nouveau gouvernement n'a toujours pas été formé, et la perspective d'une sortie de l'impasse qui a empêché jusqu'ici la formation du gouvernement n'apparaît pas. La situation semble au contraire de plus en plus complexe et les pistes de plus en plus brouillées. L'un des facteurs contribuant à complexifier la situation n'est autre que le cheval de Troie iranien en Irak.

La commission des comptes et de la justice (AJC), cheval de Troie iranien

Selon la mythologie grecque, les Grecs ont présenté aux citoyens de Troie un grand cheval de bois, dans lequel ils avaient secrètement caché leurs guerriers. Pendant la nuit, les guerriers sont sortis du cheval de bois et ont envahi la ville.
Le rôle joué par la Commission des comptes et de la justice (AJC), sous la présidence d'Ahmed Chalabi, l'un des politiciens les plus pro-iraniens de la scène politique irakienne, et de son directeur exécutif Ali Al-Lami, fait penser à un cheval de Troie iranien en Irak. Dans une déclaration datant de février 2010, le commandant des forces américaines en Irak, le général Ray Odierno, rapportait que les renseignements faisaient état de l'influence iranienne à laquelle étaient soumis aussi bien Chalabi qu'Al-Lami. Les États-Unis estiment en effet qu'Al-Lami est un agent des services de renseignements iraniens. [1]
L'AJC, anciennement connue sous le nom de "Commission de dé-baathification," a été inactive pendant des années, mais s'est subitement réveillée quelques jours avant les élections législatives du 7 mars 2010, empêchant plus de 500 candidats de se présenter, au nom de prétendues sympathies baasistes. La plupart d'entre eux faisaient partie de la liste d'Iyad Allaoui, à la tête d'Al-Iraqiya. Parmi ceux qui n'ont pu se présenter se trouvait le principal candidat sunnite: Saleh Al-Mutlak.
La plupart des Irakiens ont en horreur le parti Baath, qui a gouverné l'Irak pendant 35 ans, dont 30 ans sous Saddam Hussein. Les critiques contre la décision de l'AJC d'empêcher les candidats présumés pro-baathistes de se présenter se basent donc sur l'absence de toute possibilité pour les accusés de se défendre d'un passé ou de sympathies baasistes. Ces critiques relèvent en outre que cette décision a été prise trop peu de temps avant les élections. Elle est vue comme une offensive contre Iyad Allaoui, ce dernier étant considéré par l'Iran comme trop laïque et trop proche du régime saoudien.
L'AJC a refait surface une deuxième fois après l'annonce du résultat des élections, Iyad Allaoui ayant obtenu un avantage de deux sièges sur son plus proche rival, le Premier ministre Nouri Al-Maliki (91 sièges contre 89 sièges). L'AJC a déclaré que 52 des candidats, dont au moins deux ont été dûment élus au Parlement en tant que membres d'Al-Iraqiya, devaient être disqualifiés pour appartenance présumée au mouvement baasiste. L'AJC est allée plus loin encore en appelant la Commission électorale à ignorer les voix accordées à ces 52 candidats et à revoir l'attribution des sièges sur la base du nouveau décompte des voix. Al-Iraqiya pourrait ainsi perdre au moins deux sièges, perdant sa place de premier parti au parlement, ce qui priverait Iyad Allaoui de la possibilité de former un gouvernement dont il serait la tête.

Al-Lami accuse Washington de vouloir l'assassiner

Pour accroître l'incertitude injectée au processus politique, avec l'apparente bénédiction de l'Iran, le directeur exécutif de l'AJC Ali Al-Lami a accusé lundi les Etats-Unis de chercher à l'assassiner pour ensuite mettre le meurtre sur le dos d'Al-Qaïda. Il a déclaré que les États-Unis voulaient se "venger" de ses efforts pour contrecarrer le plan américain visant à rétablir le parti Baath au pouvoir. Ce serait les renseignements irakiens (Moukhabarat) qui lui auraient fait part de ce prétendu complot pour le liquider, sur la base d'informations divulguées par une source "de premier ordre", au sein de l'ambassade américaine à Bagdad. [2] Un chef de file d'Al-Iraqiya a qualifié les propos d'Al-Lami de fruit de son imagination, nourrie par "des fronts régionaux connus" liés à l'Iran. Auparavant, Al-Lami avait passé 18 mois dans une prison américaine, suspecté d'activités terroristes. [3]

Le porte-parole du gouvernement critique la Commission des comptes et de la justice (AJC)

Ali Al-Dabbagh, porte-parole du gouvernement irakien (élu au Parlement dans le cadre de la liste Al-Maliki "Etat de droit"), a émis "une critique sans précédent" de la décision de l'AJC d'exclure certains candidats du processus politique. Il a déclaré que cette décision créerait des tensions entre les groupes politiques ; or "la situation politique en Irak ne peut pas supporter les crises marginales qui ne servent pas l'intérêt du pays". [4] Dans une interview accordée au site libéral Elaph, Al-Dabbagh a confirmé que des efforts avaient été déployés pour restructurer l'AJC afin que le pays ne "cède pas sous les caprices d'un nombre limité de personnes qui créent des crises politiques consécutives..." [5]

La Premier ministre que l'Iran veut

L'Iran s'est efforcé durant des mois, avant les élections, d'unifier les deux principaux groupes chiites - l’État de droit d'Al-Maliki et le Conseil islamique suprême d'Al-Hakim, élément clé de l'Alliance irakienne nationale. Ayant échoué dans ses efforts, l'Iran s'est engagé dans des activités subversives - principalement, mais pas exclusivement, à travers l'AJC - pour empêcher que M. Allaoui, chef de file chiite libéral et laïque, ne devienne Premier ministre. Le directeur d'Al-Arabiya TV, Abd Al-Rahman Al-Rashed, a vu tout à fait juste lorsqu'il a qualifié l'action de l'AJC de "complot" pour empêcher Iyad Allaoui de devenir Premier ministre. [6]

Conclusion

L'arrêt de l'AJC visant à exclure, a posteriori, les voix accordées aux candidats accusés de sympathies baathistes, et la demande d'Al-Maliki, approuvée par le tribunal, d'un nouveau décompte manuel des voix de la province de Bagdad, ont suspendu tout débat véritable quant à la formation du nouveau gouvernement. En attendant, les pays de la région - l'Iran, les États arabes, la Turquie, et d'autres encore - continuent de s'ingérer dans les affaires politiques irakiennes, ce qui rend l'éventualité d'un compromis politique encore plus improbable.

Dr Nimrod Raphaeli, chercheur au MEMRI
Publié par le site MEMRI le 7 mai 2010


[1] Al-Rafidayn, le 2 mai 2010.
[2] Al-Rafidayn, le 2 mai 2010.
[3] Al-Rafidayn, le 2 mai 2010.
[4] Al-Zaman, Irak, le 29 avril 2010.
[5] www.ekaog,cin/Web/news/2010/557715html (3 mai 2010).
[6] Al-Sharq Al-Awsat, Londres, 29 avril 2010

27 juin 2010

"L'islamisme est un danger ! Oui, mais pour qui ?" par Bernard Botturi


 Bernard Botturi
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Suite à mes critiques sur les apéros "Saucisson et pinard" j'ai eu droit à des courriers où l'on me ressortait la psychose de l'Eurabia, la crainte de l'islamisation de nos sociétés !

Or c'est ignorer des règles simples, élémentaires de sociologie, notamment celle de l'acculturation. Quand deux cultures se côtoient c'est TOUJOURS la société la plus élaborée, la plus complexe, la plus apte à intégrer les éléments des autres sociétés qui l'emporte !

Or la situation à laquelle nous assistons est celle d'une culture islamiste qui prétendrait islamiser nos cultures occidentales qui sont devenues, ne l'oublions pas, la culture dite de la modernité. Culture qui a largement débordé le cadre européen pour être adopté par d'autres pays : ceux de l'Amérique latine, le Japon, la Corée du Sud, ceux de péninsule indochinoise, la Chine, l'Inde, etc. Pays qui ont accepté le métissage des cultures, métissage qui sait allier leurs traditions à la modernité comme nous le montrent des pays tels que la Chine ou le Japon, par exemple.

Des pays résistent à la modernité, au métissage, ce sont les pays musulmans. Résistance qui va du rejet le plus radical à des aménagements plus ou moins réussis. Un seul pays semble avoir compris l'enjeu de la modernité c'est l'émirat d'Oman, d'autres pays sont encore au stade des interrogations, tels le Maroc, le Bahreïn, le Qatar, les Émirats Unis et d'autres sombrent dans le refus tels l'Iran, la Somalie, le Soudan ou sont tentés par des formes réactionnaires tels que la Tunisie, l'Algérie, ou plus récemment la Turquie.
Globalement nous pouvons constater l'échec des pays musulmans à entrer dans la modernité : PIB stagnants, chômage endémique, fuite des cerveaux, des universités délivrant des diplômes sans valeur, une absence de contributions à la recherche scientifique, bureaucratie parasitaire, corruption généralisée, népotisme, etc.

L'une des causes de cet échec est à chercher dans le verrou psychosocial qu'est l'Islâm.

Si dans un premier temps l'Islâm, lors de son expansion, a su accepter les éléments des pays conquis, éléments divers : iraniens, gréco-byzantins, indiens, berbéro-romains, etc. , il ne sut passer à la synthèse assimilatrice (sauf pour une minorité d'intellectuels et pour le mouvement Soufi, les écrits d'Ibn Arabî sont un exemple de synthèse interculturelle), il fut saisi par la peur et s'enferma à partir du XII° siècle dans la réaction Ascharite. Figé sur lui-même l'Islam va devenir stérile, entrer dans une culture de la répétition immuable du passé.
L'islâm est entré dans une psychose collective durable en prétendant que le monde, l'histoire ont commencé avec lui et finiront avec lui, sombrant dans le délire en une croyance : l'Islâm a des réponses, LES réponses à toutes les questions du monde.

Cette prétention autant orgueilleuse que délirante coupe le monde musulman de l'Histoire et surtout l'oppose à la marche inéluctable de la modernité.

Que voyons-nous maintenant dans nos sociétés ? Une minorité de psychotiques islamistes qui prétendent nous islamiser, arrogance qui ferait sourire si elle ne se manifestait pas de façon ostentatoire voire violente.

Dans un premier temps nos sociétés ont admis l'Islâm comme composantes nouvelles, après tout les diverses confessions religieuses s'étaient bien accommodées de la laïcité, et de façon aussi récente que l'Islâm le bouddhisme s'était bien intégré sans que cela pose quelque problème que ce soit. Puis à partir de la fin du XX° siècle le monde assista médusé à la montée d'un islamisme sanglant : GIA en Algérie, Shabab en Somalie, Djanjaweed au Darfour, Talibans en Afghanistan, Al Qaïda, etc.

À ces événement extérieurs, peu à peu à partir du XXI° siècle, les pays occidentaux doivent faire front à des prétentions islamistes : port du voile, de la Burqâ, nourriture Hallal, aménagements des horaires de lieux sportifs ou de loisirs pour éviter la mixité, victimisation hystérique au moindre geste supposé islamophobe, jusqu'aux extravagances des "accommodements raisonnables", etc. Sans parler des passages à l'acte tels l'assassinat de Theo Van Gogh, les réactions hystériques quant aux "Caricatures", les caillassages des voitures de pompiers, les incendies de véhicules, les émeutes, les Fatwas qui appellent au meurtre envers des intellectuels : Redecker, Sifaoui, etc. Et bien entendu on pourrait ajouter les propos incendiaires du Mouvement des Indigènes de la République, les outrances du Parti des Musulmans de France ...

Si fidèles à leurs tradition humanistes, laïques et soucieuses des Droits de l'Homme, les pays occidentaux se montrèrent arrangeants, il demeure que la donne a singulièrement changé depuis quelques années ! Nous assistons à une montée massive de rejet envers l'islâm conquérant comme nous pouvons le remarquer dans différents pays : Suisse, Danemark, Pays Bas, France, Belgique, Espagne, Australie et même des pays solidement ancrés dans le multiculturalisme tels la Grande Bretagne ou le Canada qui reviennent sur les "accommodements raisonnables". Les différents sondages nous indiquent que nous sommes passés de 12% de la population française hostile à l'Islâm en 2000 à plus de 45% en 2008. Et depuis l'affaire des minarets en Suisse, on n'ose plus faire de sondages en la matière ...

Donc oui, l'islamisme est un danger, car dans ses prétentions colonisatrices il suscite un rejet massif contre lui et ses représentants ou supposés l'être, et pour cause, qui veut en Europe d'un mouvement qui n'a RIEN à proposer si ce n'est qu'une théocratie obscurantiste, prônant une Sharia réactionnaire un retour phantasmatique au temps du Prophète et de ses Compagnons ?

QUI ?
Personne, à part des psychotiques fanatiques, des névrosés en mal d'identité, des opportunistes maffieux en mal de légitimité ! Et certainement pas les 70% des Français d'origine arabo-musulmane qui apprécient la vie française, ses mœurs, sa culture, qui partagent bon vin et produits charcutiers avec leurs concitoyens de souche européenne. Ces Français qui demandent une saine indifférence à leur origine plus ou moins lointaine, car ils sont liés à la société française et se fichent d'un islâm qui leur parait tout autant exotique, étranger que régressif.

Ces Français qui redoutent le choc en retour de nos sociétés contre l'islamisme prétentieux, car ils savent que les généralisations hâtives sont la pente naturelle de l'opinion publique. Plus que d'autres ils savent qu'ils seront exposés en cas d'émeutes antimusulmanes, comme l'a dit une de mes amies berbères en cas de ratonnades "je sais que je passerai à la casserole" or cette même amie est violemment anti-islâm et a même suivi une psychothérapie pour se nettoyer de l'emprise de l'enseignement islamiste !

L'islamisme n'est pas un danger contre nos sociétés, il n'est que la manifestation puérile d'un suprématisme archaïque, qui ne serait qu'infantile s'il se contentait de prier plutôt que de passer à l'acte pour s'imposer dans la société !

Plus l'islamisme se radicalise plus il génère des rejets massifs divers qui vont des plus viscéraux au plus rationnels. L'islamisme a perdu d'avance car nous ne sommes plus du temps de Charles Martel où la culture des Francs valait celle des guerriers arabes.

L'islamisme a perdu car il est dans une dissymétrie en sa défaveur : d'un côté une culture de progrès, d'émancipation, d'ouverture qui a ses tares, certes comme toute culture, mais culture qui depuis la Renaissance alimente le moteur de l'Histoire et de l'autre côté une culture close sur elle-même et ses certitudes, faite de blocage intellectuel, de reflexes de défenses, bref une culture nécrosée appelée à l'effondrement, l'implosion tout comme l'idéologie soviétique, une culture qui est restée en dehors de l'histoire.

Mais s'il a perdu d'avance, l'histrionisme islamiste est repris par des mouvements fascistes ou parafascistes en quête de légitimité et surtout de nouveaux fondamentaux.
En effet l'antisémitisme est mort, n'est nullement mobilisateur, comme l'a montré l'échec patent du Parti Anti Sioniste, mais à un "anti" peut être substitué un autre "anti", et l'anti-islamisme en ces temps de crise est pain bénit, et les thuriféraires de l'islamisme assistés de leurs idiots utiles ne font qu'alimenter l'anti-islamisme fascisant. Ces mouvements ne seraient qu'anti-islamistes, après tout ... mais à la critique radicale de l'Islâm se mêle un essentialisme nauséabond, toutes les personnes d'origine musulmane seraient des Ben Laden en puissance, et de la critique légitime d'une idéologie nous passons au rejet des personnes, au racisme  ... et cela est intolérable.

Pour revenir à l'apéro "Saucisson et pinard" (intitulé qui fleure bon la pire des vulgarités franchouillardes), certes la prière hebdomadaire dans la rue Myrha possède un côté provocateur, inadmissible en terre laïque, et il m'étonnerait que les autorités laisseraient faire ce genre de démonstrations pour d'autres confessions religieuses.

La prière de la rue Myrha est un VRAI problème, et contrairement à ce que croient certains politiques, on n'obtient pas la paix sociale en laissant se produire de ce genre de manifestations intempestives, qui relèvent davantage de l'invasion que du culte, au contraire cela avive les tensions, d'autant que par le net l'occupation hebdomadaire de cette rue a été largement diffusée et a donné lieu à des commentaires peu ragoûtants.

Répondre à ce problème par l'apéro "Saucisson et pinard" pose question ! Peut-on se revendiquer de la laïcité en provoquant des adeptes d'une religion le jour de leur prière, si illégale que soit l'occupation de l'espace public par une cérémonie religieuse ? Je rappelle que la laïcité est l'art de vivre ensemble. Ce genre de manifestations lui est un appel à vivre entre nous et sans eux, une exclusion bien peu laïque ! Mais au-delà, il s'agit d'une contre-réaction qui ne fait que le jeu des islamistes. Ces derniers n'ont rien d'autres pour exister que la victimisation et les organisateurs de l'apéro leur servent la soupe ...

Heureusement que l'apéro fut interdit, sinon les idiots utiles se seraient mis à glapir de partout pour hurler à l'agression raciste, à l'islamophobie, à la persécution, etc. Agitation verbale qui auraient bien sur énervé plus d'un, alimentant en cela les divers organisateur d'extreme droite de l'apéro (tous ne sont pas d'extrême droite, bien evidemment, les naifs et les "idiots utiles" sont de tous bords")!

Les réactionnaires qu'ils soient Verts ou Bruns ont besoin l'un de l'autre, les uns comme les autres ne vivent que par la victimisation, par la protestation envers l'agression, l'accusation de l'autre. Les uns comme les autres incapables de penser, de vivre sont les fossoyeurs de notre culture, de notre société, aux uns comme aux autres je dis NON. Car ne nous y trompons pas, si l'islamisme n'est pas un danger en soi car d'un obscurantisme pitoyable, en revanche, il est dangereux d'une part pour tous les Français d'origine musulmane (ce terme d'origine musulmane m'horripile, mais bon ... ) indifférents à l'Islâm, mais surtout d'autre part, par ses effets d'alimentation du fascisme, or l'Histoire nous a malheureusement appris qu'une certaine catégorie de la bourgeoisie conservatrice pouvait très bien s'accomoder des milices brunes pour conserver ses acquis, son pouvoir ... Et ces temps de crises rappellent curieusement ceux des années 1920/30, années noires où les hommes étaient des loups parmi les loups pour reprendre le titre du roman de Hans Fallada.

Donc oui l'islamisme est danger, non au titre d'une Eurabia phantasmatique, mais un danger d'abord pour tous les Français non européens, puis éventuellement de façon indirecte pour les Démocrates en nourrisant le ventre toujours fécond de la Bête brune !

Comment ne pas importer le conflit israélo-palestinien ? Corine Goldberger et Adil Sijilmassi seront mes invités le 4 juillet




Nous allons laisser - pour cette dernière émission avant la pause estivale -, le Moyen-Orient compliqué et ses conflits présents, et peut-être hélas à venir, pour parler des relations entre Juifs et Musulmans dans notre pays, la France. Et justement, parce que nous craignons tous l'importation du conflit israélo-palestinien, j'ai invité deux personnes qui sont des acteurs du dialogue, Corine Goldberger et Adil Sijilmassi. Corine Goldberger est journaliste, et nous avons fait connaissance depuis un moment déjà sur FaceBook, par l'intermédiaire d'un groupe qui s'appelle "Shalom Paix Salam" (cliquer sur son nom en libellé). Elle fait partie des administrateurs du groupe, comme mon autre invité. J'avais déjà consacré il y a environ un an une émission au phénomène FaceBook, ce réseau social qui en quelques années a vu s'inscrire des centaines de millions de personnes, et nous en avions parlé avec deux invités, Myriam Allouche et Tewfik Sahih, un jeune musulman de Bruxelles : ils nous avaient fait part d'un groupe encore plus vaste que "Shalom Paix Salam", puisqu'il a plus de huit mille inscrits - ce groupe s'appelle "Juifs, Musulmans faisons la paix" ; nos invités nous diront aussi comment leur groupe se situe par rapport au précédent. FaceBook charrie le meilleur et le pire, il y a des groupes comme le leur qui essaient de rapprocher les cultures et les religions, et d'autres au contraire qui sont clairement racistes ou antisémites, cela nous en avions déjà parlé et on pourra en reparler peut-être. Mais au delà de ce sujet, j'aimerais vraiment que tous les deux, et sans langue de bois, nous donnent leur vision des relations existantes et possibles entre Juifs et Musulmans dans la Cité : est-il possible de passer au travers des crises graves comme celles que l'on a connu lors de la dernière décennie ? Est-il possible de construire un "vivre ensemble", et plus encore, de se connaitre et de s'apprécier mutuellement ? J'espère que leur enthousiasme et leurs idées apporteront un peu d'optimisme à l'auditoire de cette antenne, qui est souvent démoralisé !

Parmi les questions que je poserai à Corine Goldberger et Adil Sijilmassi :

- Comment est né leur groupe, et comment se situe-t-il par rapport à d'autres associations de terrain qui, comme l'A.J.M.F, milite pour le rapprochement judéo-musulman ?
- Quelles ont été les activités de "Shalom Paix Salam" en un peu plus d'un an d'existence ?
- On entend beaucoup chez les Juifs - aussi bien dans la communauté organisée que chez la majorité des gens, qui ne sont pas spécialement engagés : "Les Musulmans refusent tous dans le fond de leur cœur l'existence de l'état d'Israël, et ça c'est insupportable, on ne peut pas construire une amitié là-dessus" : qu'en pensez-vous ?
- Est-ce que revisiter un passé qui fut commun, en Afrique du Nord en particulier, et en le considérant objectivement, ni en noir, ni en rose, ne permettrait pas de mieux "vivre ensemble" ici en France ?
- Comment sortir chez les Juifs d'une logique du type "clash des civilisations", logique hélas reprise dans beaucoup de blogs qui n'hésitent pas à se référer à des sites d'extrême-droite ? Et, côté musulman, arrivera-t-on à oublier reconnaitre l'origine de la plupart des agressions antisémites récentes, ou la violence verbale de certaines manifestations de "solidarité" envers les Palestiniens ?

Des questions difficiles posées à deux acteurs de bonne volonté ... que vous encouragerez, j'espère, en étant nombreux à l'écoute !

J.C

Nota (ajouté suite à l'émission) :

Au final, c'est Mohamed Kamli et non Adil Sijilmassi qui est venu dans notre studio.
Lire l'article publié le 1er juillet 2010, en mise au point avant la diffusion.  

24 juin 2010

l'Equipe de France et la "génération caillera" ...


Madame Ribery arrivant en Afrique du Sud ...
portant le maillot des supporters de l'Algérie !

(Presque) tout a déjà été écrit sur la lamentable équipée des "bleus" dans la Coupe du Monde de Football. Égoïstes, pourris par l'argent facile, jamais recadrés par un coach aussi nul que prétentieux, ils sont l'envers parfait de l'équipe champion de 1998, les "Black Blanc Beurs" de la "génération Zidane"... qui avaient, à leur manière, contribué au mythe d'une intégration facile et réussie des "minorités visibles".
Symbole d'une nouvelle variante de ces minorités, Franck Ribéry, le converti à l'islam qui - a-t-il dit dans une interview au site "Saphir News" - "lui donne de la force sur le terrain". Un converti récemment au coeur d'un scandale qui ne fait pas honneur à sa foi musulmane si fièrement revendiquée, mais dont l'épouse, peu rancunière, s'affiche ... aux couleurs de l'Algérie (photo) ; ce qui fait franchement désordre pour un joueur de l'équipe de France !
Décidément, les terrains de foot ne semblent pas les lieux propices à une impossible réconciliation franco-algérienne : on se souvient du désastreux match qui vit Lionel Jospin, Premier Ministre de l'époque, recevoir une canette de bière, on se souvient des Marseillaise systématiquement sifflées - et, plus récemment, des drapeaux algériens brandis par des supporters vociférant à chaque match préliminaires au Mondial - supporters aussi et à leur corps défendant, d'une remontée du Front National dans les sondages, mais ceci est une autre histoire ...
Et laissons, pour finir, la parole à Alain Finkielkraut, qui dans une interview bien sentie sur Europe 1 vient de dire ce qu'il pensait de cette "bande de voyous" symboles de la   "génération caillera" :  c'est sur ce lien .   

23 juin 2010

"Jusqu'où ira la Turquie ?" par André Nahum

Bonjour,

Cédant aux formidables pressions internationales, Netanyahou a considérablement allégé le blocus de Gaza.
Il n’avait pas le choix.
Je ne saurais vous dire si ce blocus était utile ou inutile; efficace ou non mais il est certain que cette reculade renforce considérablement le Hamas, mouvement terroriste qui a su s’attirer la sympathie du monde entier malgré ses agissements et le traitement inhumain qu’il fait subir depuis quatre ans au malheureux Guilad Chalit, dont le sort n’émeut pas plus que ça les soi-disant humanitaires.
Après tout, n’est-ce pas, il ne s’agit que d’un juif !
Ces mesures suffiront-elles à calmer le premier ministre turc M. Erdogan qui exige outre la fin du blocus de Gaza dans les plus brefs délais,:
-des excuses officielles d’Israël,
-la restitution immédiate des bateaux saisis,
-le paiement de compensations à la Turquie,
-la mise en place d’une commission d’enquête internationale.

Autrement dit une capitulation sans conditions.

"Nous sommes décidés à aller de l’avant, même si la Turquie risque de souffrir" a déclaré son ministre de la défense M. Vecdi Gvnul.
lequel s’est empressé tout de même d’ajouter que le contrat prévoyant la fourniture par Israël de 10 drones "Heron" serait mené à son terme.
Pas fou, le ministre !
Il sait bien que les avions sans pilote israéliens sont les meilleurs du monde et qu’il serait stupide de s’en priver.

On peut alors se demander jusqu’où veut aller le gouvernement d’Ankara .
Souhaite-t-il une rupture totale ou veut-il maintenir quelque lien diplomatique au niveau des attachés d’ambassade ainsi qu’un minimum de relations commerciales ?
Deuxième question : quel impact aura cette brouille israélo-turque sur les relations du gouvernement Erdogan avec les Etats-Unis et l’OTAN dont la Turquie est membre à part entière ?

Tony Judt n’hésite pas à écrire contre toute évidence dans le New-York Times cité par le Courrier international ;
"Israël est désormais le plus gros fardeau stratégique des Etats-Unis. au Moyen-Orient et en Asie centrale. A cause d’Israël, nous risquons aujourd’hui fortement de "perdre" la Turquie, une démocratie musulmane, pivot des enjeux au Proche-Orient et en Asie centrale".

Cette analyse reflète peut-être le sentiment d’une partie de l’administration Obama mais ne correspond pas à la vérité ni aux sentiments du peuple américain, car Israël n’est nullement responsable de la nouvelle politique du gouvernement turc, tourné maintenant vers l’Iran et ses anciennes colonies arabes et musulmanes du temps du califat en prenant ses distances avec le monde occidental et ses valeurs de laïcité.
Une politique prévisible depuis l’arrivée au pouvoir d’un parti islamiste, pudiquement qualifié de "modéré".
Une politique qui doit obligatoirement passer par une hostilité affichée envers Israël.
Ne voit-on pas que le gouvernement turc s’il n’a pas organisé lui-même l’équipée de la flottille pour Gaza, a au moins fermé les yeux, en sachant, parfaitement qu’un drame pourrait survenir.

Qu’on arrête alors de mettre sans cesse Israël en accusation et que l’on arrête surtout de tenter de culpabiliser et d’éloigner de lui les Juifs de la diaspora.

S’il y a, et c’est normal, des différences d’appréciations, il n’y a pas de rupture au sein du peuple juif dont l’immense majorité se tient fermement aux côtés d’Israël, car il sait que son existence est nécessaire à sa propre survie en temps que peuple.


André Nahum
Judaïques FM
23 juin 2010

Nota de Jean Corcos :
Petite note d'optimisme malgré tout en ce qui concerne la Turquie ... les relations entre militaires des deux pays ne semblent pas complètement rompues, comme on peut le lire
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22 juin 2010

Un journaliste koweïtien : Israël a le droit de se défendre



Dans un article paru le 3 juin 2010 dans le quotidien Al-Watan, le journaliste koweïtien Abdallah Al-Hadlaq défend la décision israélienne d´arrêter la Flottille de Gaza, estimant que les conséquences de l´opération israélienne étaient "proportionnelles à la violence" des militants à bord, et que les organisateurs de l´expédition de la Flottille sont connus pour leurs liens avec des organisations terroristes mondiales et régionales. Extraits : [1]
"Les armes avaient manifestement été préparées à l´avance... et les soldats n´ont eu d´autre choix que de réagir"
"La marine israélienne a envoyé plusieurs avertissements aux bateaux [de la Flottille] qui tentaient de briser le blocus imposé au mouvement terroriste du Hamas à Gaza, les invitant à entrer dans le port d´Ashdod et à décharger leur cargaison de denrées d´"assistance", pour qu´elle soit passée en revue par la sécurité avant d´être livrée par voie terrestre à la bande de Gaza. La Flottille n´ayant pas tenu compte de ces avertissements et réclamations, la marine israélienne s´est vue contrainte de prendre le contrôle des bateaux. [Ce faisant], les troupes des Forces de défense israéliennes se sont heurtées à une violente opposition qui avait été planifiée à l´avance : les participants de la Flottille les ont agressés avec des armes à feu, des tuyaux métalliques, des couteaux et des gourdins, et se sont emparé du fusil de l´un des soldats. Les armes avaient manifestement été préparées à l´avance... et les soldats n´ont eu d´autre choix que de réagir, y compris avec des balles réelles.
L´opération de la marine israélienne a été menée conformément aux ordres et instructions des plus hauts échelons politiques, dans le but d´arrêter [la progression des] bateaux pour les empêcher de briser le blocus maritime et d´atteindre Gaza. Le message d´avertissement envoyé par la [marine israélienne au Mavi Marmara] disait : "Au capitaine du [Mavi] Marmara : Vous approchez d´une zone d´hostilités qui se trouve sous blocus maritime. La zone côtière de Gaza et le port de Gaza sont fermés au trafic maritime. Nous vous invitons à entrer dans le port d´Ashdod, d´où l´acheminement de l´aide sera assuré par voie terrestre officielle [vers Gaza], après quoi vous pourrez retourner à votre port d´attache." [2] Il convient de noter que, selon les Accords d´Oslo de 1993, Israël conserve le contrôle d´une bande maritime de 40 kilomètres au large de la côte de Gaza."
"Les organisateurs sont partisans de mouvements et d´organisations affiliés au djihad [mondial], au Hamas, au Hezbollah et à Al-Qaïda, et ont un casier judiciaire noir en termes de trafic d´armes et d´opérations terroristes"
"La Flottille, qui a reçu l´appui du mouvement terroriste Hamas et a essayé de violer le blocus contre ce mouvement à Gaza, était une provocation préméditée contre Israël. Les graves conséquences [de cette prise de contrôle] étaient directement proportionnelles à la violence [des militants de la Flottille] qui tentaient [de briser le blocus]. Les organisateurs [de l´expédition de la Flottille] sont partisans de mouvements et d´organisations affiliés au djihad [mondial], au Hamas, au Hezbollah et à Al-Qaïda, et ont un casier judiciaire noir en termes de trafic d´armes et d´opérations terroristes. Et, en effet, les forces israéliennes ont découvert à bord des armes et des munitions qui avaient été préparés à l´avance.
Le blocus maritime contre le mouvement du Hamas à Gaza est légal si l´on en juge aux actions de ce mouvement dans la bande de Gaza. Si Israël avait permis à la Flottille - illégale - de rejoindre le mouvement Hamas, celle-ci aurait ouvert une voie de contrebande d´armes et de terroristes dans la bande de Gaza. Aucun pays souverain ne permettrait que ses citoyens ou sa souveraineté soient mis en danger. En outre, la tentative de créer de force un chemin d´accès à Gaza par voie maritime ne sert pas [vraiment] la population de Gaza, vu que les passages terrestres suffisent à pourvoir à ses besoins. Les organisations d´aide internationale fournissent à la bande de Gaza toutes les denrées alimentaires nécessaires, des vêtements et des médicaments. Plus de 15.000 tonnes de denrées de base pénètrent chaque semaine dans la bande de Gaza. Les matériaux de construction y entrent sous la surveillance des organisations internationales, afin d´empêcher le mouvement terroriste Hamas de les réquisitionner et de les utiliser à la construction de fortifications militaires. Les passages terrestres sont le moyen le plus efficace de livrer des fournitures à Gaza, et les organisateurs de la Flottille le savent parfaitement. Ils savent également que depuis décembre 2008, leurs bateaux ne sont pas autorisés à approcher [de la côte de Gaza].
Les protestations et les manifestations qui ont éclaté dans diverses capitales n´ont aucune signification ni valeur, pas plus que les sommets d´urgence [organisée par] la Ligue arabe, l´UE et l´ONU. La vague de protestations n´y changera rien, mais une enquête complète et immédiate sur les événements révélera tous les détails sur ce qui est réellement arrivé... et [ensuite], tout le monde connaître la vérité sur le mouvement du Hamas...
Source : MEMRI, le 11 juin 2010
Notes:
[1] Al-Watan (Koweït), 3 juin 2010. Il convient de noter que, lors d´un rassemblement du 4 juin, 2010, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a déclaré que certains journaux du Golfe avaient publié des articles favorables au raid des Forces de défense israéliennes sur la flottille, précisant que leurs auteurs représentaient une minorité dont s´occuperaient les gens d´honneur. Al-Safir (Liban), 5 juin 2010.
[2] Voici le message envoyé par la marine israélienne : "Vous approchez d´une zone d´hostilités qui se trouve sous blocus maritime. La zone côtière de Gaza et le port de Gaza sont fermées au trafic maritime. Le gouvernement israélien soutient la livraison de denrées humanitaires à la population civile dans la bande de Gaza et vous invite à entrer dans le port d´Ashdod. La livraison des denrées vers Gaza sera effectuée conformément à la réglementation des autorités, par la voie terrestre officielle, et sous votre surveillance. Vous pourrez ensuite retourner à vos ports d´attache." La réponse a été : "Négatif, négatif. Notre destination est Gaza."


20 juin 2010

Prières et cochonnailles, par Caroline Fourest



L'extrême droite est ravie. Cet "apéro géant saucisson et pinard" interdit, quel pain bénit ! Ce n'est plus l'happy hour, c'est buffet gratuit ! Au moins dix apéros du même tonneau se profilent. Et, contrairement à ce que clament ses gentils organisateurs, ils n'ont rien de "convivial".
Nous sommes bien dans la tradition de la soupe au cochon et autres manifestations pensées pour flatter le rejet des musulmans. L'appel a été lancé conjointement par des groupes identitaires et un petit groupe d'ultralaïques, Riposte laïque, dont la dérive n'a surpris personne.
Ces derniers militent moins contre les intégrismes, au nom de la laïcité, que contre l' "islamisation" au nom de l'identité nationale. Une sémantique qui les a coupés des laïques antiracistes, avant de les rapprocher des ultranationalistes ... Qu'ils admirent Eric Zemmour, Marine Le Pen, Philippe de Villiers, Batskin ou le Bloc identitaire. Bien que marginales, ces alliances préfigurent un populisme d'un genre nouveau, façon Geert Wilders aux Pays-Bas ou l'Union démocratique du Centre en Suisse.
Ce populisme marque des points partout où des élus cèdent au communautarisme et à l'intégrisme. C'est le cas lorsque certaines villes de France acceptent que des groupes religieux - juifs ou musulmans - puissent dresser des barrières et bloquer la circulation : pour la sortie d'une école religieuse ou pour prier en plein air. Pas toujours par manque de place. A Saint-Denis, par exemple, les militants de l'association Tawhid prient en pleine rue, alors que leur local permet d'accueillir les fidèles à l'intérieur. On imagine l'exaspération des habitants qui vivent autour. Surtout lorsqu'ils sont d'origine algérienne et repèrent ce manège prosélyte.
En Algérie aussi, les militants du Front islamique du salut (FIS) marquaient leur territoire en priant dans la rue ... Ce n'est pas si loin. La mosquée qui annexe la rue Myrha, dans le 18e arrondissement de Paris, a justement été dirigée par l'un des cofondateurs du FIS. En 1995, il sera assassiné devant sa mosquée. On soupçonne le Groupe islamique armé d'avoir voulu lui faire payer sa volonté de négocier avec le pouvoir algérien.
Depuis, son successeur a trouvé un arrangement avec le commissariat de son quartier, qui tolère la prière en plein air. L'accommodement devait être provisoire. Il dure depuis dix-sept ans. Sans qu'aucun préfet s'y oppose.
Laïcité positive
Daniel Vaillant, maire du 18e arrondissement de Paris, ne voit pas le problème. Il a demandé que l'on interdise "l'apéro saucisson", mais assume "ne pas demander au préfet de police d'interdire physiquement ces prières dans la rue".
Le temps que la Mairie de Paris inaugure un Institut des cultures d'Islam : 4 000 mètres carrés. But non avoué ? Offrir une immense salle de prière. Ce qui est censé tout résoudre, mais contourne la loi de 1905. Le maire du 18e y voit la preuve d'une "laïcité positive", la même que celle souhaitée par Nicolas Sarkozy. La gauche hurle pourtant lorsque la mairie de Bordeaux installe un groupe intégriste dans une église désaffectée ... Allez comprendre.
Le pire, c'est que ces arrangements avec la loi de 1905 ne vont rien résoudre. Il existe déjà 75 mosquées à Paris, dont certaines sont loin d'être bondées. La Mosquée de Paris s'est dite prête à accueillir les fidèles de la rue Myrha. Mais, allez savoir pourquoi, ses fidèles préfèrent prier en plein air à la Goutte-d'Or... bien qu'ils ne soient pas tous du quartier.
Qui pourra les obliger à prier dans la salle construite par la République ? Que fera la mairie lorsque des prêches douteux résonneront dans ces murs ?
Que dira-t-elle aux contribuables si les prières reprennent dans la rue, malgré les millions injectés dans l'Institut des cultures d'Islam ? Elle pourra toujours plaider sa bonne foi, de nombreux citoyens n'écouteront plus... que les sirènes de l'extrême droite. Et le populisme antimusulman se portera mieux que jamais.

Caroline Fourest
Le Monde, 19 juin 2010

Nota de Jean Corcos :
J'adhère pleinement à l'exposé de Caroline Fourest, parce qu'il "tape" de manière juste des deux côtés : contre cet "apéro" faussement laïc et fortement noyauté par l'extrême droite ; et contre les intégristes musulmans, qui à force de provocations et de lâcheté des pouvoirs publics, s'imposent dans nos rues ... deux extrémismes dangereux et qui se nourrissent l'un l'autre. Mais un bémol, cependant : l'allusion aux rues bloquées par des barrières à proximité des écoles juives est fort mal venue. En effet, les risques d'attentats antisémites existent, il y a déjà eu des agressions à la sortie d'établissement scolaires ; et ces barrières, limitées aux moments des sorties et bien peu gênantes dans le fond, n'ont rien à voir avec les prières dans l'espace public, justement dénoncées par ailleurs !

17 juin 2010

Antisémitisme répugnant dans la presse du Qatar

Caricature antisémite publiée dans le journal qatari
"Al -Raya" le 8 mai 2010, dessinateur Omayya Juha
(source : "the memri blog")

Sur le livre est écrit : « Guerre contre l’islam ». Le faciès du Juif représenté, ses papillotes métamorphosées en serpents vénéneux ... tout cela en fait une publication digne de la propagande nazie, les élèves dépassant presque le maître !

Ce dessin infect a donc été publié tout à fait récemment dans le journal « Al-Raya » de l’émirat du Qatar.

Nous avons évoqué dans une émission récente différents du pays du Golfe ... Hélas, en ce qui concerne cet état, et même s'il joue les équilibristes entre l'Iran et les Occidentaux, l'antisémitisme semble s'y afficher sans aucun complexe !

14 juin 2010

Encore cinq nouveaux podcasts à écouter : merci Lucien !


Comme commencent à bien le savoir les lecteurs fidèles du blog, vous avez la possibilité - avec quelques semaines de décalage - de ré écouter des émissions passées, ou de les découvrir si vous les aviez manquées : et cela, grâce à la gentillesse de Lucien Pesnot, notre technicien du soir sur la station.

Voici donc les cinq nouvelles émissions mises en ligne, il suffit pour les écouter d’aller à l’adresse :
http://jean.corcos.free.fr/

Et pour en savoir plus sur ces numéros de « Rencontre », d’aller sur le lien « Emission 2010 » en libellé en fin d’article.

31 janvier 2010 :
« Les relations avec les Arabes vues par un habitant de l’implantation de Tekoa »
Invité : Méir Ben Hayoun

28 février 2010
« La Shoah et le monde arabe »
Invité : Serge Klarsfeld

14 mars 2010
« Dix ans de règne de Mohammed VI, transition ou décollage ? »
Invité : Pierre Vermeren

11 avril 2010
« La société marocaine en quête d’identité »
Invité : Pierre Vermeren

25 avril 2010
« L’Algérie et le tabou juif »
Invité : Jean-Pierre Lledo

J.C

13 juin 2010

Peut-on renverser la République Islamique d'Iran ? Michel Taubmann sera mon invité le 20 juin


Michel Taubmann

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Nous allons parler dimanche prochain et à nouveau de l'Iran, ce sera la troisième fois depuis le début de l'année pour ce pays qui est le principal responsable de la montée de périls au Proche Orient. Pour nous aider à comprendre, je recevrai un des meilleurs spécialistes de la question, Michel Taubmann. Michel Taubmann est journaliste, il fait partie de l'équipe du journal télévisé Arte Info, mais c'est surtout un militant pour les droits de l'homme en général, et en Iran en particulier. Rédacteur en chef de la revue "Le Meilleur des Mondes", où écrivent aussi des intellectuels comme Pascal Bruckner et André Glucksmann, il dénonce les régimes islamistes et leurs soutiens, actifs ou passifs, dans nos démocraties. Il se positionne ainsi à contre-courant de l'idéologie dominante en France, d'où l'accusation de véhiculer les analyses des néoconservateurs américains : il est vrai qu'il avait soutenu l'intervention américaine en Irak en 2003, une intervention dont on se demande aujourd'hui si elle n'a pas surtout fait le jeu de l'Iran. Il fait partie des très rares intellectuels ayant consacré le plus clair de leur activité à dénoncer ce régime affreux et à soutenir l'opposition en exil : manifestations, meetings, publications, reportages, on ne compte plus ses interventions publiques, surtout depuis que le fanatique Mahmoud Ahmadinejad a été élu, puis réélu de façon frauduleuse à la tête de la République Islamique : il lui a d'ailleurs consacré sa première biographie, "La Bombe et le Coran" (aux éditions du Moment), un livre qui révèle notamment le passé de tueur et de tortionnaire du président iranien. Il a également écrit l'année dernière, en coopération avec Ramin Parham "Histoire secrète de la révolution iranienne", aux éditions Denoël. Mais nous allons parler plutôt de l'avenir que du passé, et essayer de voir ensemble si on peut espérer renverser ce régime aussi horrible que dangereux : en première moitié d'émission, nous examinerons la situation intérieure du pays, un an après les gigantesques manifestations qui nous avaient fait espérer une révolution ; et, en deuxième partie, nous discuterons du jeu diplomatique de Téhéran face aux nouvelles sanctions sur le nucléaire.

Parmi les questions que je poserai à Michel Taubmann :

-  Alors que nous célébrons l'anniversaire des grandes manifestations de juin 2009, force est de constater que cette révolte n'a pas abouti, pourquoi ?
- Quelle est la situation économique dans le pays, alors même que des sanctions internationales drastiques n'ont pas encore été décidées ? Est-il vrai que les "Bazaris", qui ont longtemps été les piliers du régime, sont en train de le lâcher ?
- Peut-on imaginer une "transition en douceur" du régime, et quel rôle jouerait alors l'ex-président Rafsandjani ?
- A propos des sanctions votées par le Conseil de Sécurité de l'ONU le 9 juin, que penser alors que beaucoup d'observateurs disent que cela sera aussi inefficace que les décisions précédentes de l'ONU, et alors que plusieurs observateurs jugent que seul un embargo sur les importations d'essence raffinée et les exportations de pétrole aurait de l'effet ?
- Est-ce que vous ne regrettez pas votre soutien à l'intervention américaine en Irak de 2003, dans la mesure où elle a affaibli les Etats Unis et fait monter en puissance l'Iran, aussi bien dans ce pays qu'à ses frontières ? Mahmoud Ahmadinejad, au delà de son antisémitisme obsessionnel, au delà de sa propagande, n'est-il pas en résonnance avec une réalité très inquiétante, qui est la fin du "Monde de 1945" ? Et le soutien de pays émergents comme le Brésil, la Turquie, le Venezuela et d'autres états d'Amérique latine, ne traduit-il pas la conviction dans beaucoup de pays, que grâce à l'Iran, on pourra se venger des Occidentaux ?


J'espère que vous serez très nombreux à l'écoute dimanche prochain !

J.C

La Franc-Maçonnerie arabe peut aider à la Paix : un appel de Jean-Marc Aractingi


J’ai fait la connaissance de Jean-Marc Aractingi suite à mes deux émissions avec Christian Lochon, à propos d’un petit livre passionnant : « Secrets initiatiques en Islam et rituels maçonniques », avec en sous-titre « Druzes, Ismaéliens, Alaouites et confréries soufies », ouvrage publié aux éditions L’Harmattan (voir en lien). Nous n’avions évoqué que rapidement le sujet de la Franc-Maçonnerie dans les pays arabes, sujet d’autant plus mal connu qu’elle fait l’objet de persécutions par les régimes autoritaires de la région ...
Responsable du site « Grand Orient Arabe » (
http://www.grandorientarabe.org/) Jean-Marc Aractingi, co-auteur avec Christian Lochon du livre précité, m’envoie un article que je me fais un plaisir de reproduire ici : en effet, il comprend un appel à la Paix et au rapprochement interreligieux qui a bien sur tout mon soutien !

Implantée dans une région frappée par la guerre et le terrorisme et profondément divisée politiquement et religieusement (Liban, Syrie, Palestine), notre Obédience qui fête cette année 2010 ses 60 ans, a su à travers ses loges (qui rappelons-le constituent un oasis de paix et de tolérance où les hommes de bonne volonté transcendent leur différences), défendre ces principes souvent au péril de la vie de ses membres.
Notre Obédience a été aussi précurseur dans des domaines qui font actuellement débat, aussi bien dans le monde maçonnique que profane, comme l’admission des femmes dans les loges, le dialogue interreligieux, la laïcité. En effet, alors que nous constatons qu’à ce jour les femmes ne sont pas admises au Grand Orient de France et autres Obédiences, nous avons, au risque d’être considérés comme une Obédience « irrégulière », opté, dès notre fondation en 1950, pour la mixité de nos membres, cela par principe d’Egalité et de Démocratie.
Oecuménique, nous avons appelé depuis notre fondation au dialogue interreligieux. Les trois grandes religions monothéistes étaient représentées dans nos différentes loges (nos Frères de confession juive, pour des raisons circonstancielles - conflit avec Israël, guerre du Liban ... - ont dû finalement émigrer vers d’autres pays).
Je rends ici hommage aux Frères et Soeurs de nos loges au Liban qui durant la guerre civile ont contribué à préserver l’entente Islamo-Chrétienne.

A ce sujet j’aimerais vous faire part d’un mail que j’ai reçu d’un ancien frère de mon Obédience :
« En navigant sur Internet je tombe sur le site du Grand Orient Arabe et trouve le nom de feu Elie Nour qui fut notre GM durant les années 1976/1977 à Beyrouth (Achrafieh / Fassouh). La guerre et les événements nous ont éloigné et nous avons du prendre le chemin de l'immigration au Canada ou nous sommes établis depuis. Feu Elie était pour nous une lumière dans le sens que l'idée du rapprochement Musulman / Chrétien était à l'époque non seulement saugrenue mais je dirais aberrante compte tenu de la situation dramatique qui existait. Je le regardais parler de la fraternité qui devait exister entre les Musulmans / Chrétiens et il en était tellement convaincu qu'il finissait par convaincre les autres frères réticents (et pour cause ...).Depuis 1977/1978 je n'ai plus eu de ses nouvelles et c'est sur votre site que j'apprends qu'il a passé à l'Orient Eternel, que son âme repose en paix, et je peux dire que s'il y avait un peu plus de Elie Nour au Liban on aurait épargné toutes les atrocités commises durant 30 ans.Je suis profondément content de savoir que tu continues à tenir la chandelle ...».

Par ailleurs, nous avons été à l’avant-garde du combat mené au Liban pour l’établissement du mariage civil, et il est impératif pour nous de poursuivre ce combat jusqu’à son aboutissement.
Dans le même esprit nous réclamons la laïcité des Etats auxquels nous appartenons. Ceci n’est pas en contradiction, comme certains qui confondent laïcité à athéisme pourraient le croire, avec nos valeurs religieuses Notre Obédience est connue aussi sous la dénomination: « Obédience Chrétienne-Musulmane ».
On peut être croyant et pratiquant et se réclamer d’un Etat laïque où chaque religion a sa place dans la société, sans pour autant que cette dernière interfère dans les affaires de l’Etat (exemple la France). Ceci évitera les différentes guerres de religions auxquelles nous assistons périodiquement dans notre région.
On nous taxe souvent de nous mêler de la politique de nos Etats respectifs, alors que dans nos loges il est strictement interdit de parler de religions et de politique.
Ceci n’est pas incompatible, puisqu’en qu’en dehors de nos loges, rien ne s’oppose à ce qu’on fasse de la politique, bien au contraire. Qui mieux qu’une loge maçonnique peut former les meilleurs Politiques ?
En effet, je crois que la Franc-Maçonnerie en est la meilleure école.
Pour nous, initiés, le fait de respecter le point de vue des autres, de les écouter en silence, de ne pas prétendre qu’on détient la seule vérité, nous amène dans les réunions politiques à garder une attitude digne, à parler sans hostilité et sans rancune à nos contradicteurs.
Notre région souffre de manque de Justice, de Liberté, d’Egalité, de Démocratie, des Droits de la Femme ... et la liste est longue.
C’est pourquoi, j’estime qu’il faut replacer la Franc-Maçonnerie au Moyen-Orient et au Maghreb dans sa lutte pour les idéaux que nous défendons, comme l’ont fait nos anciens Frères au temps de la « Nahda », ce mouvement de Renaissance des Pays Arabes et des luttes d’Indépendance.
Il s’agit pour nous d’éviter de s’accoutumer au rôle uniquement social ou caritatif où certains dirigeants et autres voudraient nous cantonner.
Afin de mener à bien ces différents objectifs, il serait temps de faire le grand nettoyage des Obédiences et Loges, déjà entamé au Liban par certains de nos anciens Frères, en fusionnant et en rajeunissant nos membres. Notre Obédience par exemple est en majorité composée de sexagénaires et le nombre d’Obédiences et de Loges au Liban est impressionnant (on compte actuellement 2500 Francs Maçons libanais appartenant à plus de 250 loges). De plus pour être crédible, il faut aussi que l’admission à l’initiation soit très stricte, retrouvant ses principes d’origines, refusant tout clientélisme et affairisme, tels qu’ils se pratiquent couramment aujourd’hui dans plusieurs de nos Obédiences et Loges.

Aux Frères et Soeurs des autres Pays Arabes et Musulmans qui subissent l’intégrisme musulman et à qui on interdit d’avoir des loges dans leurs pays respectifs, alors qu’il y a peu de temps, avant la création de l’Etat d’Israël, ils constituaient les élites et les équipes dirigeantes, ils ne doivent pas perdre espoir.
En effet, nous voyons se constituer des groupes d’émigrés originaires de ces pays, qui se manifestent sur Facebook et autres lieux de rencontres, appelant au réallumage d’anciennes loges ou à l’ouverture de nouvelles, même si dans un premier temps, elles restent discrètes et secrètes.
Je ne peux que les encourager et c’est en partie pour cela que j’ai créé, en Février 2009, le site d’Etude et de Recherche sur le Monde Maçonnique Arabe et Musulman du Grand Orient Arabe : le http://www.grandorientarabe.org/ , qui se veut être la vitrine de cette franc-maçonnerie.
Ce site connaît un succès indéniable, puisque le nombre d’internautes qui sont connectés quotidiennement et de fans sur Facebook est en constante progression (plus de 60.000 internautes en un an et plus de 700 fans sur Facebook).
Ces chiffres ne peuvent que me réconforter dans la poursuite de cet objectif.
A Paris en Novembre 2010, pour les 60 ans de notre Obédience, j’appelle à l’organisation d’un colloque qui regrouperait les Obédiences et les Loges des Pays Arabes et Musulmans et autres « Frères », afin de faire le point sur la franc-maçonnerie dans cette région du monde.
J’aurais besoin pour cela de vos idées que vous pouvez me donner en écrivant à : info@grandorientarabe.org

Enfin mes voeux vont à mes Frères palestiniens qui dans leurs différentes loges travaillent inlassablement depuis des années pour qu’un accord de paix équitable avec les Israéliens, basé sur les principes que nous défendons, voie le jour. Nous sommes à leur disposition pour les aider dans cet objectif.Incha’Allah que l’An 2010 soit l’Année de la Paix et de la Fraternité entre les peuples de cette terre, berceau du Judaïsme, du Christianisme et de l’Islam.
Jean-Marc Aractingi,
Grand Maître au 33° du Grand Orient Arabe