Rechercher dans ce blog

27 juin 2010

"L'islamisme est un danger ! Oui, mais pour qui ?" par Bernard Botturi


 Bernard Botturi
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Suite à mes critiques sur les apéros "Saucisson et pinard" j'ai eu droit à des courriers où l'on me ressortait la psychose de l'Eurabia, la crainte de l'islamisation de nos sociétés !

Or c'est ignorer des règles simples, élémentaires de sociologie, notamment celle de l'acculturation. Quand deux cultures se côtoient c'est TOUJOURS la société la plus élaborée, la plus complexe, la plus apte à intégrer les éléments des autres sociétés qui l'emporte !

Or la situation à laquelle nous assistons est celle d'une culture islamiste qui prétendrait islamiser nos cultures occidentales qui sont devenues, ne l'oublions pas, la culture dite de la modernité. Culture qui a largement débordé le cadre européen pour être adopté par d'autres pays : ceux de l'Amérique latine, le Japon, la Corée du Sud, ceux de péninsule indochinoise, la Chine, l'Inde, etc. Pays qui ont accepté le métissage des cultures, métissage qui sait allier leurs traditions à la modernité comme nous le montrent des pays tels que la Chine ou le Japon, par exemple.

Des pays résistent à la modernité, au métissage, ce sont les pays musulmans. Résistance qui va du rejet le plus radical à des aménagements plus ou moins réussis. Un seul pays semble avoir compris l'enjeu de la modernité c'est l'émirat d'Oman, d'autres pays sont encore au stade des interrogations, tels le Maroc, le Bahreïn, le Qatar, les Émirats Unis et d'autres sombrent dans le refus tels l'Iran, la Somalie, le Soudan ou sont tentés par des formes réactionnaires tels que la Tunisie, l'Algérie, ou plus récemment la Turquie.
Globalement nous pouvons constater l'échec des pays musulmans à entrer dans la modernité : PIB stagnants, chômage endémique, fuite des cerveaux, des universités délivrant des diplômes sans valeur, une absence de contributions à la recherche scientifique, bureaucratie parasitaire, corruption généralisée, népotisme, etc.

L'une des causes de cet échec est à chercher dans le verrou psychosocial qu'est l'Islâm.

Si dans un premier temps l'Islâm, lors de son expansion, a su accepter les éléments des pays conquis, éléments divers : iraniens, gréco-byzantins, indiens, berbéro-romains, etc. , il ne sut passer à la synthèse assimilatrice (sauf pour une minorité d'intellectuels et pour le mouvement Soufi, les écrits d'Ibn Arabî sont un exemple de synthèse interculturelle), il fut saisi par la peur et s'enferma à partir du XII° siècle dans la réaction Ascharite. Figé sur lui-même l'Islam va devenir stérile, entrer dans une culture de la répétition immuable du passé.
L'islâm est entré dans une psychose collective durable en prétendant que le monde, l'histoire ont commencé avec lui et finiront avec lui, sombrant dans le délire en une croyance : l'Islâm a des réponses, LES réponses à toutes les questions du monde.

Cette prétention autant orgueilleuse que délirante coupe le monde musulman de l'Histoire et surtout l'oppose à la marche inéluctable de la modernité.

Que voyons-nous maintenant dans nos sociétés ? Une minorité de psychotiques islamistes qui prétendent nous islamiser, arrogance qui ferait sourire si elle ne se manifestait pas de façon ostentatoire voire violente.

Dans un premier temps nos sociétés ont admis l'Islâm comme composantes nouvelles, après tout les diverses confessions religieuses s'étaient bien accommodées de la laïcité, et de façon aussi récente que l'Islâm le bouddhisme s'était bien intégré sans que cela pose quelque problème que ce soit. Puis à partir de la fin du XX° siècle le monde assista médusé à la montée d'un islamisme sanglant : GIA en Algérie, Shabab en Somalie, Djanjaweed au Darfour, Talibans en Afghanistan, Al Qaïda, etc.

À ces événement extérieurs, peu à peu à partir du XXI° siècle, les pays occidentaux doivent faire front à des prétentions islamistes : port du voile, de la Burqâ, nourriture Hallal, aménagements des horaires de lieux sportifs ou de loisirs pour éviter la mixité, victimisation hystérique au moindre geste supposé islamophobe, jusqu'aux extravagances des "accommodements raisonnables", etc. Sans parler des passages à l'acte tels l'assassinat de Theo Van Gogh, les réactions hystériques quant aux "Caricatures", les caillassages des voitures de pompiers, les incendies de véhicules, les émeutes, les Fatwas qui appellent au meurtre envers des intellectuels : Redecker, Sifaoui, etc. Et bien entendu on pourrait ajouter les propos incendiaires du Mouvement des Indigènes de la République, les outrances du Parti des Musulmans de France ...

Si fidèles à leurs tradition humanistes, laïques et soucieuses des Droits de l'Homme, les pays occidentaux se montrèrent arrangeants, il demeure que la donne a singulièrement changé depuis quelques années ! Nous assistons à une montée massive de rejet envers l'islâm conquérant comme nous pouvons le remarquer dans différents pays : Suisse, Danemark, Pays Bas, France, Belgique, Espagne, Australie et même des pays solidement ancrés dans le multiculturalisme tels la Grande Bretagne ou le Canada qui reviennent sur les "accommodements raisonnables". Les différents sondages nous indiquent que nous sommes passés de 12% de la population française hostile à l'Islâm en 2000 à plus de 45% en 2008. Et depuis l'affaire des minarets en Suisse, on n'ose plus faire de sondages en la matière ...

Donc oui, l'islamisme est un danger, car dans ses prétentions colonisatrices il suscite un rejet massif contre lui et ses représentants ou supposés l'être, et pour cause, qui veut en Europe d'un mouvement qui n'a RIEN à proposer si ce n'est qu'une théocratie obscurantiste, prônant une Sharia réactionnaire un retour phantasmatique au temps du Prophète et de ses Compagnons ?

QUI ?
Personne, à part des psychotiques fanatiques, des névrosés en mal d'identité, des opportunistes maffieux en mal de légitimité ! Et certainement pas les 70% des Français d'origine arabo-musulmane qui apprécient la vie française, ses mœurs, sa culture, qui partagent bon vin et produits charcutiers avec leurs concitoyens de souche européenne. Ces Français qui demandent une saine indifférence à leur origine plus ou moins lointaine, car ils sont liés à la société française et se fichent d'un islâm qui leur parait tout autant exotique, étranger que régressif.

Ces Français qui redoutent le choc en retour de nos sociétés contre l'islamisme prétentieux, car ils savent que les généralisations hâtives sont la pente naturelle de l'opinion publique. Plus que d'autres ils savent qu'ils seront exposés en cas d'émeutes antimusulmanes, comme l'a dit une de mes amies berbères en cas de ratonnades "je sais que je passerai à la casserole" or cette même amie est violemment anti-islâm et a même suivi une psychothérapie pour se nettoyer de l'emprise de l'enseignement islamiste !

L'islamisme n'est pas un danger contre nos sociétés, il n'est que la manifestation puérile d'un suprématisme archaïque, qui ne serait qu'infantile s'il se contentait de prier plutôt que de passer à l'acte pour s'imposer dans la société !

Plus l'islamisme se radicalise plus il génère des rejets massifs divers qui vont des plus viscéraux au plus rationnels. L'islamisme a perdu d'avance car nous ne sommes plus du temps de Charles Martel où la culture des Francs valait celle des guerriers arabes.

L'islamisme a perdu car il est dans une dissymétrie en sa défaveur : d'un côté une culture de progrès, d'émancipation, d'ouverture qui a ses tares, certes comme toute culture, mais culture qui depuis la Renaissance alimente le moteur de l'Histoire et de l'autre côté une culture close sur elle-même et ses certitudes, faite de blocage intellectuel, de reflexes de défenses, bref une culture nécrosée appelée à l'effondrement, l'implosion tout comme l'idéologie soviétique, une culture qui est restée en dehors de l'histoire.

Mais s'il a perdu d'avance, l'histrionisme islamiste est repris par des mouvements fascistes ou parafascistes en quête de légitimité et surtout de nouveaux fondamentaux.
En effet l'antisémitisme est mort, n'est nullement mobilisateur, comme l'a montré l'échec patent du Parti Anti Sioniste, mais à un "anti" peut être substitué un autre "anti", et l'anti-islamisme en ces temps de crise est pain bénit, et les thuriféraires de l'islamisme assistés de leurs idiots utiles ne font qu'alimenter l'anti-islamisme fascisant. Ces mouvements ne seraient qu'anti-islamistes, après tout ... mais à la critique radicale de l'Islâm se mêle un essentialisme nauséabond, toutes les personnes d'origine musulmane seraient des Ben Laden en puissance, et de la critique légitime d'une idéologie nous passons au rejet des personnes, au racisme  ... et cela est intolérable.

Pour revenir à l'apéro "Saucisson et pinard" (intitulé qui fleure bon la pire des vulgarités franchouillardes), certes la prière hebdomadaire dans la rue Myrha possède un côté provocateur, inadmissible en terre laïque, et il m'étonnerait que les autorités laisseraient faire ce genre de démonstrations pour d'autres confessions religieuses.

La prière de la rue Myrha est un VRAI problème, et contrairement à ce que croient certains politiques, on n'obtient pas la paix sociale en laissant se produire de ce genre de manifestations intempestives, qui relèvent davantage de l'invasion que du culte, au contraire cela avive les tensions, d'autant que par le net l'occupation hebdomadaire de cette rue a été largement diffusée et a donné lieu à des commentaires peu ragoûtants.

Répondre à ce problème par l'apéro "Saucisson et pinard" pose question ! Peut-on se revendiquer de la laïcité en provoquant des adeptes d'une religion le jour de leur prière, si illégale que soit l'occupation de l'espace public par une cérémonie religieuse ? Je rappelle que la laïcité est l'art de vivre ensemble. Ce genre de manifestations lui est un appel à vivre entre nous et sans eux, une exclusion bien peu laïque ! Mais au-delà, il s'agit d'une contre-réaction qui ne fait que le jeu des islamistes. Ces derniers n'ont rien d'autres pour exister que la victimisation et les organisateurs de l'apéro leur servent la soupe ...

Heureusement que l'apéro fut interdit, sinon les idiots utiles se seraient mis à glapir de partout pour hurler à l'agression raciste, à l'islamophobie, à la persécution, etc. Agitation verbale qui auraient bien sur énervé plus d'un, alimentant en cela les divers organisateur d'extreme droite de l'apéro (tous ne sont pas d'extrême droite, bien evidemment, les naifs et les "idiots utiles" sont de tous bords")!

Les réactionnaires qu'ils soient Verts ou Bruns ont besoin l'un de l'autre, les uns comme les autres ne vivent que par la victimisation, par la protestation envers l'agression, l'accusation de l'autre. Les uns comme les autres incapables de penser, de vivre sont les fossoyeurs de notre culture, de notre société, aux uns comme aux autres je dis NON. Car ne nous y trompons pas, si l'islamisme n'est pas un danger en soi car d'un obscurantisme pitoyable, en revanche, il est dangereux d'une part pour tous les Français d'origine musulmane (ce terme d'origine musulmane m'horripile, mais bon ... ) indifférents à l'Islâm, mais surtout d'autre part, par ses effets d'alimentation du fascisme, or l'Histoire nous a malheureusement appris qu'une certaine catégorie de la bourgeoisie conservatrice pouvait très bien s'accomoder des milices brunes pour conserver ses acquis, son pouvoir ... Et ces temps de crises rappellent curieusement ceux des années 1920/30, années noires où les hommes étaient des loups parmi les loups pour reprendre le titre du roman de Hans Fallada.

Donc oui l'islamisme est danger, non au titre d'une Eurabia phantasmatique, mais un danger d'abord pour tous les Français non européens, puis éventuellement de façon indirecte pour les Démocrates en nourrisant le ventre toujours fécond de la Bête brune !

Bernard Botturi