Pour la première émission de l’année 2010, nous parlerons de l’Iran : on a l’impression à la fois que la communauté internationale est incapable d’empêcher que la République islamique ne devienne une puissance nucléaire, et que, si rien n’est fait d’efficace maintenant, on va atteindre rapidement une situation irrémédiable ; d’où le titre de mon émission « Iran, la bombe en 2010 ? ». Et, pour en parler, j’ai choisi comme invité une des meilleurs experts du sujet. Bruno Tertrais est directeur de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique. Le domaine nucléaire fait vraiment partie de son expertise, puisqu’il a publié plusieurs ouvrages et des dizaines d’articles, à la fois sur la dissuasion et sur la prolifération. Il s’intéresse depuis plusieurs années à la course à l’arme atomique du régime de Téhéran, citons son ouvrage publié en 2007 « Iran, la prochaine guerre » (Éditions du Cherche midi) et puis tout dernièrement en 2009 « Le Marché noir de la Bombe. Enquête sur la prolifération nucléaire » (édité chez Buchet-Chastel). Je lui poserai des questions très précises, de manière à ce que nos auditeurs puissent avoir les meilleurs éléments d’information possibles, parce qu’on lit trop de choses contradictoires dans la presse, soit lénifiantes, soit alarmistes. Mais comme le sujet est trop riche pour se disperser, nous reviendrons plus tard et avec d’autres invités sur la géopolitique de cette crise nucléaire, et sur les derniers scénarios possibles pour empêcher le désastre d’une bombe iranienne.
Parmi les questions que je poserai à Bruno Tertrais :
- En dehors de la matière fissile et sans parler des moyens balistiques, la réalisation d’une arme nucléaire nécessite un certain nombre de jalons, dont on ne sait pas du tout si les Iraniens les maîtrisent à l’heure actuelle : que peut-on en dire ? La réalisation de ces armes nécessite un usinage extraordinairement précis, au micron près : comment ce pays, qui n’est pas une nation industrielle a-t-il pu se procurer les machines nécessaires ?
- Que penser de la proposition de reprendre à l’étranger les 1.500 kilos d’uranium faiblement enrichi à Natanz ? Est-ce que prendre acte sans la sanctionner d’une violation du protocole additionnel au traité de non prolifération n’était pas déjà une victoire pour la République islamique ? Et dans la mesure où les puissances occidentales ont renoncé à imposer la suspension de l’enrichissement, et où les inspecteurs de l’AIEA n’ont pas accès aux dizaines de sites nucléaires du pays, en quoi cette reprise d’uranium empêcherait que de la matière fissile en quantité suffisante soit utilisée pour réaliser une ou plusieurs bombes ?
- Les Iraniens semblent maintenant plus performants que leurs professeurs Nord-Coréens, ils l’ont démontré à la fin 2009 avec le test réussi du missile « Sejil 2 » à combustible solide, transporté par camion et d’une portée de 2000 kilomètres. Et surtout, la zone de lancement dans la région de Tabriz est immense et très accidentée : est-il maintenant devenu impossible de détruire ces missiles au sol ?
- Espérez-vous vraiment que les États-Unis finissent par décider quelque chose, dans la mesure où : ils n’ont même pas été capables d’imposer un ultimatum à la République Islamique ; ils continuent de considérer le régime comme un interlocuteur valable malgré la vague de contestation à l’intérieur ; et aux dernières nouvelles, l’administration américaine ne voudrait même pas imposer des sanctions « dures » au pays ?
Un sujet donc aussi passionnant qu’angoissant ... soyez nombreux à l’écoute dimanche prochain !
J.C