Auriez vous su qu'il y avait un mur de béton du côté égyptien, à la frontière entre l'Égypte et le territoire de Gaza, si le Hamas n'avait pas décidé de faire détruire à l'explosif sur plusieurs dizaines de mètres le double mur, l'un du côté palestinien, l'autre du côté égyptien, qui sépare en deux la ville de Rafah située à cheval entre la bande de Gaza et l'Égypte ?
Il y avait vraiment peu de chances, dans la mesure où les médias s'intéressent surtout aux murs construits par les Israéliens, à l’exclusion de tout autre. Vous avez été informés par les médias qu'une grave crise humanitaire menaçait ce territoire pauvre et surpeuplé, plus d'électricité, plus de fioul, plus de médicaments, plus de produits de première nécessité, Gaza dans le noir en raison du blocus imposé par les Israéliens depuis le 17 janvier. On ne vous en précisait pas toujours les raisons, au mieux on minimisait la pluie de roquettes et d'obus de mortier qui tombaient tous les jours sur le Sud d'Israël. Comme on omettait de précise que la fourniture d'électricité était maintenue à 70 % par la centrale électrique d’Ashkelon, elle-même soumise aux tirs des terroristes du Hamas, ou que la centrale électrique de Gaza, avait été fermée sous le prétexte fallacieux qu'elle manquait de carburant, alors qu'avant le blocus, elle disposait de réserves pour une semaine. Le Hamas avait décidé de ne pas les utiliser pour fournir de l'électricité aux habitants de Gaza, afin de pouvoir mener une intense campagne médiatique et diplomatique, à l’échelon international, à l'encontre d'Israël.
Elle a porté ses fruits, puisque le gouvernement d’Ehud Olmert a été obligé de desserrer le blocus et d’autoriser les livraisons de quantités limitées de carburant.
Mais cela ne suffisait pas et « le gouvernement du Hamas » se trouvait dans une impasse : les bombardements du Sud d'Israël et les représailles exercées par l'armée israélienne dans la bande de Gaza n'ont pas eu l'effet escompté ; les négociations continuaient, quand même, entre Israël et l'Autorité Palestinienne et pouvaient créer une dynamique qui ébranlerait son pouvoir. Il est possible que le Hamas ait craint un retournement de la population, d'où sa décision d'ouvrir le territoire sur l'Égypte, ce qui permet à la fois d'accorder une bouffée d'oxygène au Gazaouis et de mettre dans l'embarras les pays arabes modérés voisins, mais aussi Israël. Des dizaines de milliers de Gazaouis en ont profité pour aller faire leur marché. Ils ont acheté, pour leur usage personnel, ou pour les revendre, du tabac, des cigarettes, de l'essence, des produits de première nécessité mais aussi du matériel électrique et électronique : les magasins qui vendaient des téléphones portables, des téléviseurs ont été littéralement dévalisés. Toutes les devises, selon l'AFP, étaient acceptées. De quoi relativiser, un tant soit peu, la crise humanitaire dont l’UNRWA, en particulier, a agité le spectre.
Je ne vais pas ironiser sur la soif d'achat de ceux qui en avaient les moyens. Il est évident que la situation de la majorité des habitants de Gaza est difficile, qu'ils subissent nombre de restrictions, qu’ils sont quasiment enfermés dans ce territoire, qualifié par certains de « prison à ciel ouvert ».
Mais la politique des dirigeants islamistes, qu'en majorité ils se sont donnés à la suite d'élections démocratiques, celle du refus d'Israël, celle d'une lutte jusqu'au-boutiste, qui se manifeste actuellement par des tirs de kassams sur Sderot et ses environs, ne les aidera pas à s'en sortir, ne leur permettra pas d'aller de l'avant, et elle les conduit dans une impasse. Face aux islamistes Israël ne cédera pas, ne peut pas céder car c'est sa propre existence qui est remise en question !
Gérard Akoun
Judaïques FM 94.8
Chronique politique du 24 janvier 2008