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29 juin 2006

Sammy Ghozlan, une voix juive isolée dans un forum international à Monaco

Introduction :
Mon ami Sammy Ghozlan, commissaire retraité de la police nationale, déborde toujours autant d'activités ... "Collègue" de Judaïques FM, il est président du Conseil des Communautés Juives pour la Seine Saint Denis - le fameux "neuf - trois" tellement marqué par les violences, et hélas aussi par les agressions antisémites. Il est aussi président du Bureau National de Vigilance contre l'Antisémitisme (BNVCA). Par son expérience de terrain, il a su nouer des contacts utiles, et il a eu ainsi la chance d'être invité au dernier "Forum de Crans Montana", institution prestigieuse qui réunit des sommités internationales pour débattre de thèmes d'actualité. Le thème était cette année : "Face à un monde nouveau" et il fut question d'un sujet que l'actualité rend - hélas ! - bien à la mode, celui du "choc des civilisations".
Il m'a envoyé le communiqué publié par le BNVCA qui retrace son intervention et ses contacts, et c'est avec plaisir que je le publie sur le blog.
Juste quelques remarques, personnelles : il est bien décevant que dans un tel colloque, où - et c'est à l'honneur de la Principauté de Monaco de les avoir conviés - figuraient tant de représentants musulmans (dont l'ancien Premier Ministre de Palestine Ahmed Qoreï, des ministres marocains et tunisiens), la représentation israélienne ait été nulle, et celle des communautés juives presque inexistante. Il est honteux que des conférences aient été faites par des représentants du gouvernement génocidaire de Khartoum (à ce sujet, une grande manifestation pour le Darfour est prévue le 10 juillet à Paris, je vous en reparlerai). Et enfin, l'invitation de l'islamiste subtil Tariq Ramadan - sous l'étiquette de conseiller de la "Task Force Against Terrorism" du gouvernement britannique - laisse songeur ; lire à ce sujet, sur le blog, la lettre ouverte de Morad El Hattab au Premier Ministre Tony Blair ....
J.C

"Monsieur Sammy Ghozlan Président du Bureau National de Vigilance Contre l'Antisémitisme a été l'invité es - qualité, de M. Carteron Président Fondateur du Symposium International sur le Dialogue des Civilisations dans le cadre de la 17° Session annuelle Crans Montana Forum, organisé à Monaco, du 22 au 24 juin 2006.placé sous la présidence de M. Federico Mayor, Co - Président du Groupe de Haut Niveau des Nations Unies pour l'Alliance des Civilisations.

Au cours de son intervention à la session principale dirigée par M. Federico Mayor, à laquelle participaient des personnalités de haut rang, M. Sammy Ghozlan a exposé la situation de l'antisémitisme en France, expliqué ses origines notamment influencées par l'importation du conflit israélo - palestinien. Sammy Ghozlan a, en présence de M. Allaoui, président de l'UOIF, stigmatisé les prêches antijuifs prononcés dans plusieurs Mosquées, et le fait que des productions antisémites peuvent se trouver sur les stands lors du meeting annuel organisé au Bourget par cette association islamiste. Il a de même cité l'influence nuisible des discours de Tarik Ramadan, présent aussi à cette table ronde.

Sammy Ghozlan rapporte qu'il a perçu dans les déclarations de la plupart des orateurs musulmans ou représentants de pays arabes, un commencement d'agacement du comportement des islamistes et autres musulmans fondamentalistes, résumé dans le discours de M. Basbous, Directeur de l'Observatoire du monde Arabe,qui a critiqué les dérives « takfiristes »,ajoutant qu'il convient "de balayer devant sa porte"avant de mettre en cause l'Amérique en Irak. M. Sammy Ghozlan tient à saluer la qualité de l'accueil, la hauteur des débats tout au long du Forum, le rang élevé des personnalités, la convivialité des rencontres, lui permettant d'établir des relations avec des personnages comme l'ancien Premier Ministre de Palestine, le Conseiller du président Algérien, l'ambassadeur du Vietnam, le Président du la République de Tuva, le Procureur Général de Genève, le représentant des français à l'Etranger, et autres personnages importants invités de ce Forum.

M. Sammy Ghozlan favorablement impressionné par ce Forum, considère que ce type de rencontre est de nature a réduire les barrières élevées entre les civilisations, les religions, les états, leurs dirigeants pour créer un monde plus solidaire, plus fraternel. Il remercie l'organisation et M. Omar Massalha ancien ambassadeur de Palestine, Directeur des Relations Internationales à l'UNESCO , coordinateur de Forum qui lui a fourni les repas strictement cacher, propres à la consommation pour un juif pratiquant."

Le BNVCA

28 juin 2006

Un prisonnier en échange de prisonniers ?

Manifestation à Gaza contre la libération
du soldat Guilad Shalit (photo AP)

Le discours qui entoure le conflit israélo-palestinien tend à renvoyer dos à dos les protagonistes et leurs actions. Et cela par la seule vertu des mots. Comme si les actes des uns étaient justifiés par ceux des autres qui se placeraient exactement au même niveau. De cette manière, le discours entretient la confusion mettant des équivalences là où il faudrait tout au contraire opérer des distinctions. Nous entendons aujourd’hui cet argument : Israël détient aussi des prisonniers palestiniens - le rapt du Caporal Guilad Shalit relève donc de la même chose. C’est pourquoi, en toute logique, sa libération est convertissable en monnaie d’échange : prisonnier contre prisonnier, combattant contre combattant. L’argument n’est qu’une variante du message général qui tend à laisser croire que nous sommes en face de deux peuples ayant un droit égal sur une même terre ou chacun est le colon et le terroriste de l’autre. La schizophrénie se définissant précisément par un usage élastique et fantaisiste des symboles et des mots, il est impératif de rétablir les limites, les concepts, les distinctions (1).

On peut contester la légitimité des actions policières ou militaires d’Israël. On peut ne pas reconnaître les verdicts des cours de Justice israéliennes. Il existe même en Israël des institutions qui permettent de le faire et auxquelles le particulier peut faire appel. En Israël, un prisonnier, comme dans n’importe quelle démocratie, jouit de certains droits. Il est «couvert» par des conventions nationales et internationales. Le Caporal Guilad Shalit n’est pas un prisonnier : il a été capturé, sans que sa capture ait été contrôlée par des procédures légales, et sa vie est à la discrétion totale de ceux qui le détiennent. Dit autrement : il dépend de la bonne volonté du Hamas. Quand on sait que le dernier kidnapping du Hamas s’est terminé par une décapitation à la manière irakienne, il y a de quoi se méfier ...

Les prisonniers palestiniens sont en prison parce qu’ils ont commis des crimes ou des délits. Ils ne sont pas des innocents, des symboles qui payeraient une faute collective commise par d’autres. Le Caporal Shalit n’a commis aucun crime ou aucun délit : entre les mains du Hamas, il est devenu un symbole. Certes, on pourra dire qu’il est un soldat. Et l’Europe, dont l’armée est devenue professionnelle, s’est faite une image déformée du soldat. L’armée israélienne est une armée de conscription comme il n’y a pas si longtemps en France : tous les jeunes de 18 ans sont appelés sous les drapeaux. Le Caporal Shalit est donc un jeune citoyen qui remplit son devoir civique comme n’importe quel autre. Telle est sa faute.

Les mères palestiniennes, qui savent à merveille défiler elles aussi sous leurs drapeaux, brandissent les photos de leurs enfants (2). L’image a été récupérée des femmes d’Amérique du Sud qui réclamaient la libération de leurs maris ou de leurs fils, « confisqués » par des régimes fascistes. Brouillage des symboles et des images ... on voit où les mères palestiniennes veulent en venir (3). Mais les jeunes hommes dont la photo défile sont des activistes. Des «combattants». Des personnes impliquées de manières diverses dans les activités violentes d'organisations dont la «Feuille de Route» ordonne le démantèlement. Le Caporal Shalit n’appartient à aucune organisation illégale vouée à la destruction de l’autre. Il n’est pas un barbare, dit autrement

Avec ce rapt, le Hamas aura enfin trouvé une tribune internationale. Qui éjecte au bon moment Abou Mazen (4). La paix aussi est au point mort et elle le restera aussi longtemps que l’idéologie du Hamas - pour laquelle les Palestiniens ont voté - continuera à mener la danse. Car en vérité, une seule chose est vivante au milieu de toutes ces morts : Israël. Alors que chacun retient son souffle dans l’espoir prudent d’une libération, la police israélienne continue l’évacuation des implantations. A contre-courant de l’opinion. Ce matin encore, dix activistes d’extrême-droite se sont vus signifier une mesure juridique d’éloignement des « Territoires ». Un terroriste Juif américain, qui tentait d’infiltrer des armes en Israël pour conduire des actions meurtrières contre les Arabes, a été arrêté. On peut ne pas être d’accord avec la politique d’Ehud Olmert. On peut regretter ce que certains qualifient de faiblesse. Car tel est le grand paradoxe de l’opinion publique israélienne : reprocher au gouvernement d’Israël les impérities d’Abou Mazen. Le sang du Caporal Shalit, comme de tous les autres, est sur sa tête ...

Jérusalem, le 27 Juin 2006.
Isabelle - Yaël Rose

Notes de Jean Corcos :
(1) A propos de la schizophrénie comme dérive de la « psyché » collective du Monde arabe contemporain, je mettrai en ligne prochainement un article acerbe d’un auteur irakien.
(2) Voir illustration.
(3) Le mouvement palestinien, dans ses phases nationaliste (l’OLP des années Arafat) ou islamiste (le Hamas) a toujours eu le génie de l’image « qui fait mouche ». Tout le monde a oublié, aujourd’hui, les prises d’otages, détournements d’avion ou autres dans les années 70 pour obtenir la libération de leurs « camarades prisonniers » - au lendemain de mai 68, cela sonnait comme un écho du fameux « libérez nos camarades » scandés face aux CRS après chaque manifestation !
(4) Certains articles de la presse considèrent que l’annonce de la signature du « document des prisonniers » par le Hamas constitue un tournant historique ; je peux me tromper, mais mon analyse rejoint celle de Yaël : ce sont les islamistes qui ont eu le dessus contre Abou Mazen.

27 juin 2006

Que devient le Conseil Français du Culte Musulman ? Le Directeur du Bureau des Cultes au Ministère de l'Intérieur sera mon invité le 2 juillet

Cour d'honneur de la Grande Mosquée de Paris

C'est un entretien très intéressant que j'espère avoir dimanche prochain lors du prochain numéro de "Rencontre". En effet, mon invité sera Monsieur Didier Leschi, Directeur du Bureau des Cultes au Ministère de l'Intérieur. Placé sous la hiérarchie directe de Nicolas Sarkozy, Ministre de tutelle de toutes les confessions au sein de la République, il est un observateur privilégié de la difficile mise en place d'un culte musulman, à la fois harmonieux et indépendant des pressions extérieures.

Constituant la deuxième religion de France par le nombre, une population de cinq à six millions de personnes a théoriquement un organe représentatif depuis 2003 : c’est le Conseil Français du Culte Musulman, né au forceps sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, qui était déjà ministre de l’intérieur. "Théoriquement" car il semble que le CFCM soit paralysé par des luttes intestines depuis ces derniers mois, nous ferons donc un point sur les tensions, déchirements et alliances diverses entre les grandes associations musulmanes : la Grande Mosquée de Paris, traditionnellement proche du pouvoir algérien ; l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), réputée proche de la mouvance des "Frères Musulmans" ; et la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF), soutenue par la monarchie marocaine. Au-delà de l’organisation du culte musulman, il y a pour le grand public - et singulièrement pour les Juifs qui ont subi des centaines d’agressions antisémites provenant de jeunes issus de l’immigration - une inquiétude réelle sur l’islam politique, ses relais dans les Mosquées, et les messages pas toujours pacifiques que risquent de véhiculer certains imams ; nous pourrons aussi entendre le point de vue du Ministère de l’Intérieur sur ces questions. Enfin, et d’une manière plus large, c’est tout l’avenir de la société française qui se pose dans certaines cités de banlieue, et on dénonce (sans toujours bien définir le terme) un "communautarisme" en expansion. Nous en parlerons aussi, car beaucoup regrettent que la représentation des Musulmans de France soit uniquement religieuse, et Nicolas Sarkozy a été très attaqué sur ce point.

J.C

20 juin 2006

On déblogue un peu ...

Plage

Ouf ... cela fait du bien de se reposer un peu. Amis visiteurs, réguliers ou de passage, merci de noter que le blog prend de brèves vacances jusqu'au mardi 27 juin. Et pour répondre à la curiosité de certains, non je ne vais pas (hélas !) sur cette plage paradisiaque. Mais elle m'a semblé bien à propos pour évoquer calme, détente et volupté ... loin des visions de cauchemars que l'émission ou le blog sont bien forcés d'évoquer. 
Pour "décrocher" complètement, même au mental, je suis allé cherché la photo non pas sur un site faisant la promotion du tourisme en Tunisie, ou ailleurs en Méditerranée ... mais à une adresse donnant de très jolis fonds d'écran pour votre ordinateur, importés des Caraïbes et de l'Amérique du Sud !

J.C

18 juin 2006

Fernand Braudel, les Arabes israéliens, et un article important

C’est une information capitale pour l’avenir démographique d’Israël ; mais comme tout ce qui concerne les « temps longs », chers au grand historien Fernand Braudel, elle passe inaperçue par rapport aux feux de la rampe imposés par l’actualité, et elle reste donc transparente pour les observateurs à œillères idéologiques ...

Résumons ce que l’on sait déjà : la minorité arabe de l’état hébreu a un taux de natalité nettement supérieur à celui de la majorité juive ; donc même en cas de retrait total des territoires palestiniens (et le gouvernement israélien s’y dirige à grands pas, puisque 90 % de la Cisjordanie sera évacué en 2010 dans le cadre du « plan de convergence »), le caractère juif du pays risque d’être remis en question par la démographie. Partant de là, deux catégories d’observateurs opposées vont trouver de l’eau pour leur moulin et jouer aux prophètes de malheur : les antisionistes avoués ou honteux vous diront que décidément, Israël est condamné à n’être qu’une « parenthèse de l’Histoire » ; les Israéliens de l’opposition de droite (et singulièrement, Benjamin Netanyahou qui en a parlé régulièrement), diront - de manière plus ou moins directe - qu’il faudra contraindre au départ cette dangereuse cinquième colonne !

Ce sujet des Arabes israéliens avait été le thème d’une émission marquante avec Nissim Zvili, ancien ambassadeur à Paris (voir ici le compte-rendu). Et les auditeurs avaient pu, ainsi, entendre beaucoup de réalités mal connues (par exemple l’inflation des chiffres, due au comptage systématique de la population arabe de Jérusalem Est ; ou l’oubli de l’immigration de dizaines de milliers de Palestiniens jusqu’en 2000).

Mais voici des chiffres intéressants, tirés d’une étude tout à fait sérieuse publiée dans le journal « Haaretz » en date du 16 juin (lire l'article complet en anglais). Le journal libanais « l’Orient - Le Jour » a trouvé l’information importante, puisqu’il en donne un résumé, cette fois en langue française, et que je reproduis ci-dessous :

« Le taux de natalité des Arabes israéliens a enregistré une baisse continue depuis cinq ans, selon une étude publiée hier par le quotidien israélien Haaretz. Le nombre de naissances pour mille habitants a baissé de 11 % au sein de la population musulmane, qui représente plus de 80 % de la minorité arabe, passant de 37,5 à 33,2 pour mille entre 2000 et 2004, selon des données officielles reprises par cette étude. Dans la même période, le nombre de naissances augmentait légèrement au sein de la majorité juive, passant de 18,7 à 19,2 pour mille.Cette baisse de la natalité s’explique par une augmentation du niveau de vie de la minorité arabe, bien qu’il reste nettement inférieur à celui de la majorité juive. »

Intéressant, non ? Si on revient à la logique des « temps longs », on constate que ce taux de natalité était de 9 enfants par femme chez les Arabes israéliens dans les années 60 ... Moralité : les extrapolations ne sont valables qu’à paramètres constants - mais est-il nécessaire d’avoir fait des études d’ingénieur pour le comprendre ?

J.C

16 juin 2006

Marrakech sans tchador

« Jeunes filles de Marrakech », pastel de Lucien Lévy-Dhurmer

Une toile sur la Toile
- juin 2006

Un peu de nostalgie, et un petit voyage dans le temps, loin de l’islam sombre de l’actualité ... En ces temps là, les modes vestimentaires importées de l’Arabie Saoudite ou de l’Iran n’avaient pas encore pollué l’Afrique du Nord, comme en témoignent ces jolies marocaines, têtes couvertes mais aux visages libres, peintes dans un pastel de Lévy-Dhurmer. Encore une jolie reproduction, tirée du catalogue d’une vente orientaliste à l’Hôtel Drouot il y a dix ans.

Un petit clin d’œil, aussi. Alors qu’une vague haineuse d’antisémitisme rend furieux et aveugles une bonne partie de la jeunesse en terre d’islam, et que - par effet miroir - trop de Juifs rejettent avec mépris tout ce qui concerne ces pays, il est bon de se souvenir que des peintres juifs de talent ont figuré parmi les meilleurs orientalistes. Parmi eux, Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953) né à Alger et mort au Vézinet. On trouvera ici une petite biographie (en anglais), et un échantillon de ses œuvres.

J.C

14 juin 2006

La plage de Gaza – ou : « c’est pas moi, c’est toi ! »

Enfants de la ville de Sderot
pendant un bombardement palestinien
(photo de la chaîne de télévision Channel 10)

D’abord - si l’on peut effectivement désigner un commencement dans la guerre de propagande - il y eut « le massacre de Sabra et Shatila » (1). Chacun se rappellera des démonstrations géantes de la gauche israélienne, appuyée par l’opinion publique internationale, qui amenèrent Menahem Begin à limoger le Ministre de la Défense d’alors, Ariel Sharon. Ensuite, il y eut ces images terribles où l’on voyait un petit garçon se faire assassiner de sang froid à bout portant devant toutes les télévisions du monde (2). Émotion. Colère. Indignation. Réactions à chaud : le pathétique, plus encore quand il est relayé par les images, sera toujours plus fort que tous les raisonnements.

Vendredi 9 Juin, suite à des tirs d’artillerie de l’armée israélienne, dont les circonstances restent à déterminer, une nouvelle « affaire » vient de naître qui alimente la soif de pathétique des politiques, du public et de la presse : sept membres d’une même famille palestinienne ont trouvé la mort sur une plage de Gaza. Tous les éléments sont réunis pour faire une bonne histoire : le choc émotionnel qui voit un après-midi familial basculer en massacre ; une petite fille transformée en témoin impuissant, dont la vie d’enfant est sacrifiée. Car comment ne pas être ému par les larmes d’une petite fille paniquée ? L’utilisation des enfants est d’ailleurs - et ce depuis longtemps - devenue une arme redoutable entre les mains des « combattants » palestiniens: soit que les « combattants » se mélangent a la population civile, soit qu’ils les utilisent pour les accompagner dans leurs opérations ou aux moments des transferts d’armes et d’hommes (3). De cette manière, si Israël décide une intervention armée, les enfants seront brandis comme des boucliers (aussi très utile pour la télé) Car comment ne pas être horrifié par la brutalité de l’armée israélienne ? Il se trouve que nous sommes tous disposés - y compris les Israéliens - à croire sans examen préalable dans la culpabilité de Tsahal. C’est pourquoi il est intéressant de resituer le contexte dans lequel se sont déroulés les événements, mais aussi la manière dont ils ont été utilisés comme outil de propagande.

Les tensions entre l’Autorité Palestinienne et le Hamas sont à leur apogée, et le bras de fer entre le Fatah et le Hamas ne semble pas devoir se terminer. En tous les cas, pas d’une manière pacifique. La décision d’Abou Mazen de conduire son référendum jusqu’à son terme exaspère le Premier Ministre, Ismaël Haniyé : celui-ci voit dans ce référendum une manière détournée de remettre en question son autorité. Et il a raison. Sur quoi porte le référendum ? Sur un document rédigé par des prisonniers dans lequel ceux-ci appellent à une reconnaissance de l’État d’Israël et à un retour aux frontières de 1967. Une politique tout à fait contraire aux principes que le Hamas revendique. On peut donc dire en clair que ce référendum est une nouvelle élection politique dans lequel le peuple est de nouveau appelé à choisir : le Hamas, ou l’A.P. Ce qui nous place dans un contexte de « campagne électorale » sur fond de violences où chacun est amené à surenchérir sur l’autre.

Ce qui s’est passé sur la plage de Gaza - et reste justement à savoir ce qui s’est vraiment passé (4) - a ouvert une fenêtre d’opportunité pour les deux hommes qui sont en train de s’affronter : Abou Mazen, Ismaël Haniyé. Tsahal est de nouveau placée sous le regard accusatoire de la Communauté Internationale mais aussi de l’opinion israélienne. Le Hamas en profite pour bombarder la ville de Sderot au moyen de roquettes Qassam. Le Hamas revendique d’ailleurs sans honte aucune ces attaques dont les cibles sont des maisons familiales, des écoles (voir photo), des jardins d’enfants. Parallèlement, Le Hamas a déclaré la fin de la trêve, et il appelle à une reprise de la lutte armée (dit autrement : la reprise des bombardements (5) et des attentats suicides). De son côté, le Fatah n’est pas resté inactif : aujourd’hui, le Parlement et la maison du Premier Ministre à Ramallah, tous les deux tombés entre les mains du Hamas, ont été incendiés par ses hommes. Les salaires des fonctionnaires ne sont pas payés : une manière de maintenir la population sous pression et de « l’orienter » (6). Enfin, Abou Mazen, comme Ismaël Haniyé, ont largement utilisé cette « affaire de la plage de Gaza » : la petite fille rescapée a accompagné le Premier Ministre à toutes ses conférences de presse. Elle était assise sur ses genoux - c’est un message - comme les enfants des « martyrs tombés au combat ». Il est heureux que Monsieur Olmert ne brandisse pas pareillement les enfants victimes d’attentat ... il faudrait installer tout un collège en annexe à sa résidence !

Est-ce à dire que ce sont le Hamas ou le Fatah qui ont tué cette famille palestinienne sur la plage de Gaza ? Évidemment non. Cependant, certaines zones d’ombre exigent des éclaircissements. Vendredi 9 Juin vers 21h, le Chef d’État-Major israélien Dan Halouts déclarait à la télévision israélienne qu’une enquête était immédiatement ouverte. Dimanche matin, on apprenait d’une source sécuritaire palestinienne non-citée que les hommes du Hamas avaient déjà déblayé la plage de Gaza, rendant par avance toute enquête impossible. Première question : pourquoi le Hamas est-il intervenu avec une telle précipitation? Aujourd’hui, l’Observatoire des Médias Palestiniens (PMW) publie ce communiqué : " la télévision de l’A.P a diffusé de manière répétée une vidéo falsifiée des événements liés au décès de sept membres d’une famille palestinienne sur la plage de Gaza (...) Afin de rendre la marine israélienne responsable de ces morts, cette TV publique a intercalé des images vidéo d’un navire israélien tirant en direction de Gaza plus tôt dans la journée entre des scènes relatives à ces morts, induisant l’impression qu’Israël était responsable de ces morts. " La semaine passée, le Hamas accusait l’A.P de diffuser des informations partiales, contrôlées, orientées. Si le Hamas dit vrai, on peut alors supposer que les informations relatives à la plage de Gaza ne font pas exception. D’où la seconde question : quel intérêt l’A.P a t-elle à diffuser des informations qui incriminent Israël ? On se rappellera seulement qu’aux moments les plus sanglants de la guerre civile au Liban, alors que les Druzes, les Chiites, les Sunnites, les Maronites, se livraient une guerre impitoyable sur le dos de leur population, ils trouvaient cependant toujours un terrain d’entente : quand il y avait un massacre, c’était évidemment la faute de l’Autre (Israël).

Avons-nous une chance de savoir un jour ce qui s’est véritablement passé sur la plage de Gaza ? Hautement improbable. C’est aussi le droit à la vérité sur son histoire que cette petite fille aura perdu en allant à la plage ... (7)

Isabelle-Yaël Rose
Jérusalem, le 13 juin 2006

Notes de Jean Corcos :
(1) : à propos de l’accusation récurrente associée à Ariel Sharon, lire sur le blog.
(2) : le petit Mohamed Al Dura, « héros » du film tourné par une équipe de France 2.
(3) : comme ce fut hélas le cas ce mardi 13 juin, où il y eut sept victimes civiles innocentes lors d’une frappe par un missile israélien.
(4) : on ne peut que souhaiter une enquête neutre pour convaincre "l'opinion publique internationale".
(5) : ceux-ci n’ont jamais cessé depuis l’évacuation de la bande de Gaza, mais étaient le fait du « Djihad islamique » ... avec la complicité bienveillante du Hamas.
(6) : une pression bienvenue politiquement pour l’A.P, mais venant d’abord des USA et de l’U.E.
(7) : voir aussi détails sur l’enquête israélienne en lien sur le site du Haaretz.

13 juin 2006

20.000 pages et des nouvelles

Deux des infirmières bulgares devant la cour de justice
de Tripoli, 13 juin 2006 (photo AFP)

20.000 pages
Un nouveau cap a été franchi, ce mardi 13 juin : 20.000 pages ouvertes, alors que le nombre de « hits » approche les 13.000. Vous pouvez suivre régulièrement les visites en consultant la colonne de droite implantée grâce au logiciel « neo counter » depuis un peu plus de trois mois. Par ailleurs, stabilisation de l'audience, avec une moyenne d’un peu moins de 50 visites par jour - dont plus du tiers se connecte hors de France, et environ 10 % à partir d’un pays musulman ! J’y reviendrai.


Des nouvelles de Leila

J’avais publié sur le blog un appel intitulé : « Il faut sauver Leila » (cliquer ici). Leila est une jeune iranienne de 19 ans, condamnée à mort pour « prostitution », alors qu’elle avait été abusée sexuellement depuis son plus jeune âge, et prostituée de force. Elle a finalement été graciée, mais après avoir subi le supplice de la flagellation - informations que j’ai découverte grâce à un site dédiée à une autre jeune iranienne de 18 ans, Nazanin, elle aussi condamnée à mort pour avoir tué un homme qui tentait de la violer ("save nazanin"). J’en profite pour vous signaler un nouveau blog d’opposition iranien, celui-là en langue anglaise, et qui réclame un changement de régime - hélas bien théorique aujourd’hui (lien sur le blog).

Des nouvelles des infirmières bulgares et du médecin palestinien

Autres condamnés innocents en terre musulmane et évoqués sur le blog, des étrangers membres du personnel médical de l’hôpital de Benghazi (cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien), incarcérés depuis 7 longues années et condamnés à mort sous l’accusation inique d’avoir inoculé volontairement le virus du Sida à des centaines d’enfants. Certains d’entre vous ont peut-être suivi sur Judaïques FM le 15 janvier dernier, mon interview de leur avocat M° Emmanuel Altit. Le suspense devait se lever ce mardi avec le procès en appel de la Cour de justice de Tripoli (voir illustration). Hélas, leur calvaire se poursuit puisque la cour a vite clôturé la séance ... qui devrait reprendre le 20 juin.

Des nouvelles de Lucien Samir Arezki Oulahbib

Toutes nos félicitations à L.S.A Oulahbib, autre invité de « Rencontre » - celui-là reçu le 26 février (cliquer ici) - pour sa tribune publiée dans les pages « Rebonds » du journal « Liberation » hier lundi. Sous le titre « La véritable nature du Hamas », ce brillant intellectuel d’origine kabyle démonte point par point, l’échafaudage de contre-vérités et de sophismes écrits pour défendre le mouvement terroriste dans un article précédent, signé par Esther Benbassa (à la prose toujours agressive lorsqu'il s'agit d'Israël) et François Burgat (orientaliste bien connu des lecteurs du site islamiste « oumma.com »).
Nota (ajouté le 11/07/06) : cet article n'est plus consultable maintenant sur le site du journal, mais on peut le lire sur le site "Agoravox", le "media citoyen". Cliquer ici.

J.C

12 juin 2006

Al-Qaïda, Al-Zarkaoui and co : égorgements, décapitations unlimited


Abou Moussab Al-Zarkaoui
photo tirée du site de la radio RFI


Abou Moussab Al-Zarkaoui a donc finalement été éliminé jeudi 8 juin par une opération conjointe des forces américaines et irakiennes, et avec l’aide active des services de renseignement jordaniens. Le petit royaume hachémite, durement touché par un attentat d’Al-Qaïda il y a quelques mois, s’est en effet mobilisé pour combattre les réseaux animés par ce « fils du pays », natif de la ville de Zarka.

Son seul nom provoquait l’effroi, car il aurait directement participé à des égorgements et des décapitations d’otages de toutes nationalités, dont celle du jeune juif américain Nick Berg. Pour avoir une bonne idée du fanatisme des jeunes islamistes venus accomplir le « jihad » en Irak, il m’a semblé utile de reproduire un extrait d’un reportage cauchemar de Jean-Pierre Perrin publié le 2 mars dernier dans le journal « Libération ». Il a été écrit à partir d’une rencontre avec un jeune Libanais sunnite revenu d’Irak, où il avait rejoint Al-Zarkaoui :
"A 31 ans, Saïd a quitté le Liban pour aller se battre en Irak et y mourir. Auparavant, il n'avait jamais manié une arme «ni égorgé ne serait-ce qu'un poulet». L'appel de la guerre sainte a brusquement résonné en lui, il y a environ deux ans. Un appel qu'il décrit comme irrésistible : «Le jihad, c'est le plus grand principe des musulmans. C'est ce qui est écrit dans le Coran. N'importe quelle puissance qui vient faire du mal aux musulmans, il faut se battre contre elle. Tous les jeunes musulmans portent en eux cette idée, surtout depuis qu'Oussama ben Laden a ordonné la guerre contre les croisés (...)
A Fallouja, Saïd écoute les discussions des combattants. «Ils ne se demandent pas s'ils vont gagner car c'est une évidence mais ce qu'ils feront après la libération de l'Irak.» Sur une table, à côté des médicaments de fabrication arabe, s'accumulent les passeports arabes et occidentaux de ceux qui sont partis mourir dans les attentats-suicides. Plus d'une vingtaine de kamikazes attendent leur tour. «On croit qu'ils sont envoyés au hasard. Ce n'est pas vrai ! Chacun a une mission bien définie», explique-t-il. Pourtant, il déprime un peu : «C'est comme en prison. Tu ne dois jamais sortir. Tu n'as même pas le droit d'aller prier à la mosquée. Tu attends la mort.» Parfois, on lui dit : «Viens boire leur sang.» Il s'agit des exécutions. «J'étais là quand on a égorgé le prisonnier coréen (en juin 2004, ndlr)», reconnaît-il. «Chaque fois qu'on apprend qu'Al-Zarqaoui a égorgé lui-même [un prisonnier], nous sommes fiers, même si ce sont des hommes qui avaient prié auparavant avec nous car ils se sont révélés être des traîtres.» Il se félicite aussi que le groupe ait assassiné le consul égyptien. «Ils lui ont dit : "[Par ta présence en Irak], tu témoignes de mensonges au profit des Américains. Tu es donc un traître." En l'égorgeant, on a réussi : depuis, il n'y a plus d'ambassadeur égyptien à Bagdad.» Mais la clémence, s'empresse-t-il d'ajouter, n'est pas pour autant absente dans le groupe. «On n'a pas égorgé le gouverneur d'Al-Anbar (une des trois provinces sunnites de l'Irak, ndlr) parce qu'il s'est repenti. Le pardon est plus important que le sang.» Pourquoi avoir alors assassiné la Britannique Margaret Hassan, une femme âgée convertie à l'islam, qui était hostile à l'invasion américaine et consacrait sa vie à secourir les handicapés irakiens ? «Je crois qu'elle enseignait secrètement la religion chrétienne», répond-il sans se troubler."

Se faire exploser au milieu d’une foule d’innocents, égorger, décapiter le plus naturellement du monde ... on aimerait croire que ce fanatisme pousse comme un vilain chardon sur les collines brûlantes du Proche - Orient, et que dans nos nations occidentales on ne risque pas de croiser de pareils fanatiques. Mais on se doute bien - surtout depuis les attentats de Londres, réalisés semble-t-il « en franchise » par de jeunes musulmans britanniques - que cela peut aussi arriver tout près de chez nous. Les terroristes pro Al-Qaïda arrêtés il y a dix jours au Canada trouvaient eux aussi du charme à la décapitation. Ci-dessous un extrait d’un autre article paru dans « Libération », celui-là daté du 8 juin ... jour de l’élimination d’Al-Zarkaoui :
"Les médias canadiens ont révélé que la cellule terroriste avait dans sa ligne de mire des édifices de la colline du Parlement à Ottawa, la Bourse et la Tour CN (la plus haute du pays) de Toronto, ­ des cibles que les accusés entendaient détruire avec les trois tonnes de nitrate d'ammonium qu'ils venaient de se procurer. Un tiers seulement de cet engrais chimique avait suffi à Timothy McVeigh, en 1995, pour l'attentat d'Oklahoma City qui avait fait 168 victimes.
Mardi, alors que les présumés terroristes comparaissaient devant la Cour de Brampton (Ontario), de nouveaux détails ont été dévoilés sur les intentions de la cellule, dont l'idéologie violente s'inspire d'Al-Qaïda, ont souligné les autorités. Les 17 hommes auraient prévu de pénétrer dans l'enceinte du Parlement, d'y prendre des otages et de demander, en échange, la libération de prisonniers musulmans et le retrait des troupes canadiennes d'Afghanistan. Ils avaient également prévu d'investir le siège de la télévision nationale CBC pour faire connaître leurs revendications. En cas de refus, ils auraient exécuté des otages, notamment le Premier ministre conservateur Stephen Harper qu'un des accusés, Steven Vikash Chand, aurait dit vouloir décapiter. Ils sont accusés par la justice, entre autres, de «complot», d'«importation d'armes illégales» et d'«entraînement en vue d'effectuer des actions terroristes». Ils se retrouvaient dans un camp caché dans les bois à quelque 150 km au nord de Toronto."
J.C

11 juin 2006

Sefarades - Palestiniens, les réfugiés échangés : Jean-Pierre Allali et Moïse Rahmani seront mes invités le 18 juin


La prochaine émission sera consacrée à un sujet grave, qui est ignoré par les médias et qui, hélas, fait encore partie des tabous de la conscience musulmane. Un million de Juifs nés en terre d’islam, en majorité dans le monde arabe, ont dû quitter dans des conditions souvent très dures, des pays où ils avaient des racines millénaires. Ce bouleversement historique est pratiquement passé inaperçu, car ces réfugiés là ont reconstruit leur existence sans aide internationale et en silence, à des milliers de kilomètres de leur terre natale ; et ils ont fondé des familles heureuses, en Israël ou dans une nouvelle Diaspora. Par contraste, les réfugiés palestiniens de 1948, qui pour la plupart n’ont été déplacés que de quelques dizaines de kilomètres, sont les seules populations au monde aidées par des fonds des Nations Unies depuis près de soixante ans et maintenues dans ce statut de « réfugiés », accordé également à leurs enfants et petits enfants, ce qui est aussi unique au monde : et (mais il faudra plus tard analyser plus finement les sondages), une bonne partie de cette population de quatre millions de personnes revendique le « Hak el Awda », « droit au retour », c'est-à-dire en pratique la disparition de l’état juif.

Deux invités, donc, pour cette émission : mon ami Jean-Pierre Allali, universitaire, écrivain journaliste, et membre du bureau exécutif du CRIF ; il vient de publier un nouveau livre intitulé « Séfarades - Palestiniens les réfugiés échangés »(Editions Safed). Nous aurons aussi au téléphone depuis Bruxelles Moïse Rahmani ; il est lui-même natif d’Egypte, qu'il a dû fuir avec sa famille en 1956. Il dirige l’Institut Séfarade Européen (voir en lien permanent), et il a écrit plusieurs ouvrages dont une participation à un livre collectif, « A l’ombre de l’islam, minorités et minorisés » (Editions Filipson) ; j’avais déjà consacré une émission à un des chapitres de ce dernier livre consacré aux Berbères d'Algérie, en recevant Lucien Samir Arezki Oulahbib (voir sur le blog).
A noter enfin que Jean-Pierre Allali a été le modérateur d’un colloque international consacré aux réfugiés palestiniens et qui s’est tenu à Paris, à l’initiative du CRIF et du Congrès Juif Européen (lien pour l'article sur le site du CRIF). J’ai relevé - note d’espoir - les propos très réalistes de l’unique participant palestinien, Bassem Eid. 

J.C

10 juin 2006

Célébration

Ils fêtent l'élimination d'Al-Zarkaoui
(8 juin 2006, photo AP)

Voilà une photo que vous ne verrez sans doutes pas dans vos journaux ... J.C Durbant se demande dans son blog iconoclaste (lire ici) si la France fait encore partie du monde occidental, en remarquant que aucune déclaration officielle n'a accompagné dans notre pays le concert international de félicitations qui ont salué l'élimination du sanguinaire Abou Moussab Al-Zarkaoui. "Résistant" massacreur de milliers de civils chiites, "l'émir" représentant de Ben Laden sera même regretté par une partie de ceux qui font l'opinion chez nous. Et on ne montrera donc pas cette photo d'Irakiens heureux ! A noter enfin une excellent biographie sur ce sinistre personnage, publiée sur le site "primo-europe" (lien vers l'article).

J.C

09 juin 2006

Ecoutez Abdelwahab Meddeb sur le Web (seconde partie)


Voici le podcast de mon émission avec Abdelwahab Meddeb, diffusée le 4 avril 2004

Pour l'écouter appuyer sur le bouton "play" ci dessous ou téléchargez-le ici.


data="http://orient-express.typepad.com/podcast/dewplayer.swf?
son=http://orient-express.typepad.com/podcast/AbdelwahabMEDDEB2.mp3"




Podcast-logo2
Il s'agit de la deuxième partie de mon interview, construite autour du livre "La maladie de l'islam" (voir première partie, article du 31 mai 2006). Le thème de ce deuxième entretien était : "la culture du ressentiment". Et je trouve à propos de reproduire quelques brefs extraits de cet ouvrage lumineux.
(Extraits du chapitre 2) :
"Le monde islamique n'a cessé d'être l'inconsolé de sa destitution. Il a connu un très grand moment de civilisation, accompagné de son audace hégémonique. (...) Pour l'islam l'entropie était à l’œuvre dès le XIVème siècle, mais c'est seulement à la fin du XVIIIème (avec l'expédition de Bonaparte en Égypte) que les musulmans eux-mêmes commencent à prendre conscience qu'ils ne sont plus à la hauteur de l'Occident. Un tel écart a conduit nombre de pays appartenant à la territorialité islamique à être colonisés parce qu'ils étaient colonisables. (...) Dès lors, face à l'Occidental, va naitre chez l'Arabe comme chez le musulman le ressentiment."

J.C

06 juin 2006

Devine qui vient nous visiter aujourd'hui ...


Le sourire du mois
- juin 2006


Est-ce le temps qui s'est mis enfin au beau ? L'envie de rester "léger" après le tonique clip d'Ishtar mis en ligne hier soir ? Il sera bien temps de revenir aux choses sérieuses, et la thématique du blog comme de l'émission nous réserve assez de tristes évènements à commenter !
Je voudrais donc vous faire profiter d’une source inépuisable de sourires, procurée grâce à mon fameux logiciel espion « sitemeter » (la petite icône en bas à droite). Il me permet, non seulement de compter les visites, de connaitre le nombre de pages ouvertes, d’avoir l’origine des visiteurs (en doublon avec « neocounter » mis en ligne début mars - les petits drapeaux qui s’alignent !), mais aussi d’avoir le « referral » (en français la référence) qui a amené le visiteur sur mon blog. Environ 75 % des « hits » proviennent des résultats d’un des moteurs de recherche utilisés (pour la grande majorité « google », suivi de « yahoo »). Or ces moteurs peuvent donner des résultats cocasses, si l’internaute ne tape pas la commande "trouver l'expression exacte", mais celle intitulée "trouver tous les mots suivants" - dans ce cas, la recherche va donner d’innombrables adresses qui ont publié l'ensemble des mots, mais dans des articles différents et dans le désordre !

Prenons ainsi la journée du 4 juin, comptage fait vers 20 heures. Voici ce qu’ont tapé les internautes d’une dizaine de pays ayant atterris sur « rencontrejudaiquesfm » :

"les émissions algériennes" ; "origine de la famille Hattab" ; "l’adresse de Kadhafi" ; "photo pendaison holocauste" ; "Tarterets" ; "blog amateurs X" ; "Malika Oufkir conversion chrétiens" ; "loge B’nai Brith francophone Tel Aviv" ; "politique étrangère Chirac" ; "Raouf Oufkir" ; "Pierre Lellouche + Eric Raoult + pèlerinage" ; "écouter Abd Al Malik" ; "famille russe exilée en Perse" ; "famille d’Hassan II" ; "rencontre islam 100 % gratuit" ; "anti-trotski" ; "florian" ; "Ardisson obsession" ; "Nicolas Hénin".

Histoire de sourire vraiment, voilà un extrait de la « fiche de visite » d’un sympathique internaute qui s’était connecté le 17 décembre dernier à 4 heures 20 de l’après midi depuis Tunis ...

"http://www.google.fr...fr&lr=&start=20&sa=N
google.fr
adresse et tel pute en Tunisie"


Mystères de google et de son logiciel de recherche, on arrive donc à partir d'une telle recherche à tomber sur mon site - mais mystères vite levés en allant faire un tour sur le lien ci-dessus !

Pas besoin de beaucoup d’imagination pour deviner ceux qui étaient a priori intéressés par la thématique du blog et les autres, ceux qui risquent de revenir et ceux qui sont venus par hasard ! Là-dessus, ce même 4 juin a été riche aussi par la diversité des visiteurs qui venaient de 10 pays : France, Israël, Lituanie, Algérie, Maroc, Royaume Uni, Emirats Arabes Unis, Suisse, Jordanie, Belgique. L’occasion pour moi de saluer ces internautes qui confirment bien que le monde de la Toile est un village ... déjà 71 pays recensés, sans compter ceux que « neocounter » n’arrive pas à identifier ou connectés par satellite.

Merci donc à toutes et tous, amis visiteurs, à celles et ceux qui reviendront comme aux autres. Et n’hésitez pas à feuilleter les pages du blog et à utiliser les multiples liens, il y a beaucoup, beaucoup de sujets intéressants que vous n’aviez même pas imaginés en venant sur cette adresse !

J.C

05 juin 2006

Habibi Sawah !

Un peu de musique orientale ... cela ne peut pas faire de mal ...
Surtout lorsqu'il s'agit d'Ishtar du groupe Alabina : grand classique des mariages et Bar Mitzvoth chez les Juifs séfarades, ses airs entrainants drainent sur la piste tous les amateurs - plus ou moins performants - de danse du ventre. Ishtar apporte une autre dimension, celle d'un mélange heureux entre Orient et Occident, sonorités mixées évoquant à la fois l'ambiance des boites de nuit et les méchouis sous un ciel étoilé. Ah si le "choc des cultures" n'était que musical, on organiserait des colloques animés par Alabina ou de bons chanteurs de Raï - et tout le monde repartirait heureux, et sans crainte du lendemain.

Pour passer quelques minutes en musique, ce petit clip donc de la pulpeuse Ishtar, intitulé "Habibi Sawah"

J.C


04 juin 2006

Ayaan Hirsi Ali, l'icône déchue

Ayaan Hrisi Ali, la "Voltaire noire"

Introduction :
La brillante député du parti libéral néerlandais d’origine somalienne vient d’être déchue de sa nationalité et contrainte à un nouvel exil, celui-là vers les États-Unis. Menacée de mort, surveillée jour et nuit depuis l’assassinat en novembre 2004 de Théo Van Gogh avec lequel elle avait réalisé le film « Submission » - violente critique de la condition des femmes musulmanes - celle que les Hollandais surnommaient la « Voltaire noire » est lâchée par un gouvernement de droite ; gouvernement lui-même pris en tenailles entre le lobby islamiste et la montée xénophobe dans le pays. Jean-Pierre Stroobants vient de publier dans le journal « Le Monde » en date du 31 mai une analyse très fine du contexte de cette expulsion - et j’en reproduis un large extrait, une fois n’est pas coutume pour ce journal qui (hélas) garde plutôt une ligne « politiquement correcte » pour ce qui concerne l’immigration musulmane.
Pour enrichir le dossier, vous trouverez en liens plusieurs documents indispensables pour mieux connaître Ayaan Hirsi Ali. D’abord, son interview dans « Courrier International » du 12 mai 2005 titré "Il faut que les politiques se saisissent du Coran". Ensuite, le débat à propos de son expulsion dans l’émission de Daniel Schneidermann « Arrêt sur Images » du 28 mai dernier, intitulé « Pays-Bas : l’icône déchue » (cliquer ici) ; à ce débat participaient Olivier Roy, Caroline Fourest et René Moerland, correspondant à Paris du quotidien néerlandais « NRC Handelsblad »; c'est un peu long mais passionnant, car on y voit une Caroline Fourest rayonnante, alliant la rigueur dans l'expression et la passion dans les convictions, aussi brillante donc à l'oral qu'à l'écrit (lire sur le blog son article, publié le 11 mai) - et enfonçant par K.O un Olivier Roy, empêtré dans ses habits d'avocat tordu d'un "islam mal aimé". Enfin et pour compléter le tableau, il faut aussi bien avoir à l’esprit la crise terrible que vivent les Hollandais depuis l’affaire Van Gogh : il y a aujourd’hui plus d’émigrants que d’immigrants, comme le révèle un article publié sur l’excellent blog de Ludovic Monnerat, officier suisse dont les analyses géostratégiques font autorité (lire l'article).

J.C

Ayaan Hirsi Ali, un choc européen, par Jean-Pierre Stroobants« Un leader de la communauté musulmane des Pays-Bas a déclaré, lorsque le départ de la députée Ayaan Hirsi Ali pour Washington a été confirmé, le 15 mai, que cet exil allait permettre d'en revenir à un fonctionnement "harmonieux" de la société néerlandaise. Ce cri du coeur devrait toutefois rester ce qu'il est : un voeu pieux.

Le départ de l'élue libérale d'origine somalienne, privée - temporairement ? - de sa nationalité pour avoir menti sur son nom, sa date de naissance et le parcours qui l'a menée au pays des polders, ne résoudra rien du malaise néerlandais. Il amplifiera, au contraire, les doutes d'une société qui, en l'espace de cinq ans, a vécu, avec de nombreux dommages à la clé, la montée d'un populisme radical, deux assassinats politiques et l'irruption d'un terrorisme islamiste dont les acteurs étaient des jeunes vivant aux Pays-Bas.

L'affaire Hirsi Ali n'est pas banale et dépasse le petit jeu du mensonge et de la vérité auquel se livrent de nombreux candidats réfugiés. "95 % d'entre eux exagèrent les risques qu'ils encourent", a expliqué l'écrivaine franco-iranienne Chahdortt Djavann, qui a obtenu l'asile à Paris. Ayaan Hirsi Ali a livré quelques inexactitudes il y a quatorze ans, mais il est avéré qu'elle les a progressivement dévoilées et justifiées, notamment auprès des dirigeants du VVD, le parti populaire pour la liberté et la démocratie. Une seule preuve : son adresse personnelle de courriel à la deuxième Chambre de La Haye reprenait depuis longtemps le nom de "Magan", celui de son père, le patronyme qu'on lui reproche d'avoir dissimulé. Elle affirme, documents à l'appui, qu'elle y était contrainte - déjà - pour des raisons de sécurité, ayant fui un mariage forcé au Canada.

La question du retrait, violent, de son passeport à une jeune Africaine qui, quoi qu'elle ait fait antérieurement - visiblement rien de bien grave -, a développé ensuite tous les traits, les talents et les qualités d'une personne pouvant être définie comme "intégrée" doit poser énormément de questions aux Néerlandais et à d'autres.
Si même cette victime de l'excision, si même cette élue, cette intellectuelle diplômée de l'université de Leyde, oratrice brillante et courageuse, n'entre pas dans la (nouvelle) catégorie dite des "immigrés désirés", qui sera, demain, susceptible d'en faire partie ? Qui bénéficiera, en outre, de la part d'humanité que, nulle part en Europe, le "respect des règles" ne peut négliger, sous peine d'abaisser le niveau commun de civilisation ?

L'affaire est invraisemblable et ne peut s'expliquer seulement par la volonté de la ministre de l'intégration, l'obstinée Rita Verdonk, d'appliquer à la lettre des règlements. Ou par son souci, très politiquement correct, de ne pas faire d'exceptions alors qu'elle venait, c'est vrai, de faire expulser une jeune Kosovare à quinze jours des examens scolaires finaux que cette jeune fille sans histoires devait présenter (...)

Il y a tout cela, mais plus encore dans ce dossier. Des éléments fondamentaux pour l'avenir. Et notamment cette sourde volonté d'une majorité des dirigeants néerlandais de ne plus tolérer les mises en garde d'Ayaan Hirsi Ali, de tourner la page d'une époque sombre, d'en revenir, si possible, aux Pays-Bas pacifiques et consensuels d'avant l'ère Fortuyn. Etat social "modèle", démocratie aboutie et autosatisfaite, le pays a notamment découvert, depuis 2001, qu'il avait tardé à aborder les questions cruciales de l'immigration, de l'intégration, du multiculturalisme et de la place de l'islam.

Si Ayaan Hirsi Ali est devenue une figure emblématique, c'est parce qu'elle évoquait à haute voix tous ces thèmes et engageait une lutte très concrète contre l'excision, l'oppression des femmes musulmanes dans leur communauté ou le rôle des écoles islamiques, sur lesquelles l'Etat n'exerce aucun contrôle véritable. Au-delà, elle posait la question de la prétendue tolérance néerlandaise et se demandait si cette étiquette ne cachait pas une forme de laxisme, voire de lâcheté, et une acceptation d'un dangereux développement séparé des communautés.
En invoquant les Lumières, en interrogeant ses concitoyens sur la compatibilité entre certains préceptes de l'islam et une démocratie moderne, la députée libérale a fini par susciter la méfiance dans son camp. La gauche travailliste, elle, l'a instrumentalisée et n'a pris sa défense que lorsqu'il s'est agi d'attaquer Mme Verdonk.
Ayaan Hirsi Ali peut se reprocher d'avoir mésestimé la capacité de résistance de sa société d'accueil. Celle-ci vient de lui répondre de manière symbolique qu'en fait elle n'a jamais existé. Ni au sein de cette société ni dans son Parlement. Son message, lui, va pourtant perdurer. »


Jean-Pierre Stroobants