Paris le 22 octobre 2007 (photo Reuters)
Vous l'avez déjà entendu ou lu, dans la presse ou sur le Web : le voyage du Premier Ministre israélien à Paris a été un franc succès - comme à Londres d'ailleurs le lendemain. Face à la menace de plus en plus angoissante d'un Iran dirigé par des fanatiques et devenant demain une puissance nucléaire, les grandes démocraties occidentales se serrent les coudes ! Le Président français avait posé le problème en des termes très nets lors de sa conférence de presse du 27 août dernier, en disant qu'il fallait éviter "le choix catastrophique entre une bombe iranienne et le bombardement de l'Iran". La seule manière de l'éviter, soutenue d'ailleurs à la fois par les États-Unis et Israël - directement menacé dans son existence -, ce sont de vrais sanctions pour acculer le régime des Mollahs. Nous ne savons pas ce que se sont dits exactement Olmert et Sarkozy au palais de l’Élysée lundi dernier ; mais le premier semblait fort satisfait de ce qu'il avait entendu, et d'ailleurs Ehud Olmert a évoqué ensuite cette campagne d'isolement de l'Iran, soutenue au sein de l'Union Européenne par la France et par le Royaume-Uni, et qui pourra être poursuivie - sauf veto de la Russie et de la Chine - au Conseil de Sécurité de l'ONU.
Mais c'est à propos du droit à l'existence et à la sécurité que Nicolas Sarkozy a tenu les propos les plus nets et les plus réconfortants. Extraits choisis, d'abord pour la sympathie qu'ils expriment vis à vis de l'état juif :
"L'établissement d'Israël a été un miracle, et l'évènement le plus significatif du 20ème siècle".
"On dit que je soutiens Israël parce que mon grand-père était juif, mais ce n'est pas une affaire personnelle (...) Israël a introduit la diversité et la démocratie au Moyen-Orient. C'est un miracle qu'un tel État soit né à partir des restes dispersés du peuple juif".
"La sécurité d'Israël est une ligne rouge claire, qui ne doit pas faire l'objet de négociations (...) C'est une condition inviolable, sur laquelle nous ne reculerons jamais".
Tous ces propos, dont je vous donne la traduction, proviennent d'une version rapportée par Aluf Ben sur le site du "Haaretz" , dont vous pourrez lire en lien le texte (en anglais).
Mais le plus important, à mon avis, dans les propos de Sarkozy - et en cela il tranche nettement sur la lâcheté et la frilosité, non seulement de son prédécesseur à l’Élysée, mais aussi des classes, à la fois politique et médiatique, française et européenne - c'est ce qu'il a dit sur la question cruciale des négociations à venir, celle qui a empêché tout règlement du problème palestinien en raison du refus obstiné d'Arafat - et hélas, semble-t-il aussi, de la direction même "modérée" qui gouverne actuellement à Ramallah : non, les "réfugiés palestiniens" (comprendre : les quatre millions d'enfants et petits enfants de ceux qui ont fui Israël en 1948) ne peuvent "retourner" dans ce pays, car cela équivaudrait à un suicide démographique pour l'état juif.
Écoutons à nouveau le Président français :
"Chaque côté doit avoir son propre "État nation" (...) Il n'est pas raisonnable pour les Palestiniens de demander à la fois un Etat indépendant, et aussi le retour des réfugiés dans l’État d'Israël, qui a aujourd'hui déjà une minorité de un million d'Arabes".
Voilà, c'est bref et en même temps fondamental : et si toutes les puissances du "Quartette" parlent aussi clairement, le conflit pourra se résoudre enfin, car les Palestiniens comprendront qu'ils doivent soit accepter un compromis, soit continuer une guerre de cent ans ... Tellement fondamental que l'article du "Haaretz" est intitulé ainsi : "Sarkozy au Premier Ministre : les réfugiés palestiniens ne doivent pas retourner en Israël".
Et bien ... Pensez-vous que la presse nationale (ou nos radios, ou nos télévisions) aient repris une info aussi fondamentale ? ... Bien sûr que non, hélas, alors qu'il s'agit d'une petite révolution pour le Quai d'Orsay !
Pour sourire un peu, lisez plutôt ce que rapporte le "Figaro", pourtant peu suspect d'antipathie vis à vis d'Israël ... sans commentaires !
"Hier à l'Élysée, Nicolas Sarkozy et Ehoud Olmert ont également fait le point sur la préparation de la conférence envisagée fin novembre ou début décembre à Annapolis, dans le Maryland, sur le processus de paix israélo-palestinien. Pour le premier ministre israélien, la rencontre ne doit pas entrer dans les détails de la négociation mais en fixer le cadre général. Selon l'Élysée, Nicolas Sarkozy a rappelé le souhait de la France que des discussions s'engagent entre les parties sur le statut final d'un État palestinien, mais aussi sur le droit au retour des réfugiés palestiniens, la question de Jérusalem et la sécurité."
J.C