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18 octobre 2011

Le jeu subtil de Recyp Erdogan


 “Israël a choisi de s’isoler en perdant un allié comme la Turquie », a déclaré hier Recyp Erdogan. « Ce n’est pas le peuple d’Israël, mais le gouvernement d’Israël qui a choisi de s’isoler. Nos déclarations à propos d’Israël ne visent pas le peuple d’Israël ni les citoyens juifs de Turquie. C’est le gouvernement israélien que nous visons. »
Une déclaration assez surprenante quand on sait qu’au fil des jours, il multiplie ses exigences envers l’état hébreu.
        
Ce fut d’abord une demande d’excuses et de compensations matérielles pour les familles des militants turcs qui ont perdu la vie lors de l’abordage du “Marmara”, puis l’arrêt du blocus de la bande de Gaza, puis la menace d’envoyer devant un tribunal international les militaires israéliens qui ont  participé  à cette opération et dont Ankara affirme détenir la liste.
       
Aujourd’hui, Erdogan veut empêcher les Chypriotes Grecs et les Israéliens de procéder à des forages à la recherche de gaz naturel  dans une zone maritime qui leur est formellement dévolue par le droit international. 
 A la vérité il ne cherche nullement l’apaisement et ne rate pas une occasion au contraire pour envenimer la situation. Et cela n’est pas  pour nous surprendre.
       
L’affaire de la flottille de Gaza n’a jamais été un hasard. Elle a été en fait un piège dans lequel Israël a foncé tête baissée. 
Il est devenu de plus en plus évident que, dans son désir d’accéder au  leadership du monde arabe, le premier ministre turc a découvert l’arme suprême grâce à laquelle il pouvait fédérer un certains nombre de pays, naguère soumis à l’empire Ottoman et cette arme, c’est ?... devinez !..
Eh bien la haine d’Israël tout naturellement. C’est facile et ça peut rapporter gros
En fait la Turquie se fiche d’Israël comme d’une guigne, mais elle a besoin de le mettre au pilori pour convaincre les pays arabes de se réfugier sous son aile tutélaire. Il y aurait gros à parier par ailleurs, qu’Ankara ne se préoccupe pas plus du sort des Palestiniens qu’elle ne l’a fait durant les soixante dix dernières années, mais ils sont aujourd’hui à la mode et c‘est un bon cheval à enfourcher pour devenir le leader incontesté de la région.
Plus fin et plus habile que son ami et allié Ahmadinejad, Erdogan, y met les formes, continue à se dire démocrate  et laïc et prend bien soin avec des déclarations lénifiantes comme celles d’hier, de ne pas rompre ses liens avec l’OTAN et les États-Unis, tout en amenant son pays vers un régime islamiste. 
Pour l’ heure, le Turc et l’Iranien semblent cheminer la main dans la main, mais visant tous les deux le même trône, ils s’affronteront inévitablement dans un avenir plus ou moins proche.
        
Dans cette partie difficile, Israël n’est cependant pas démuni de moyens.
- Il s’est  déjà rapproché de la Grèce et de la Bulgarie qui lui permettent d’utiliser leur espace aérien  pour l’entrainement de ses pilotes.
- Ensuite, s’il n’en assurait plus la maintenance, le matériel militaire, principalement les  drones qu’il a vendus à Ankara deviendrait parfaitement inoffensif.
- Le lobby pro-israélien pourrait pousser le Congrès américain à exiger d’Ankara la reconnaissance du génocide arménien.
- Jérusalem pourrait s’engager aux côtés des Kurdes contre lesquels la Turquie mène une guerre sans merci.
- Enfin l’arrêt total du tourisme israélien ne saurait être une bonne nouvelle pour son économie. 
Ce qui amène à penser que malgré ses rodomontades et ses imprécations, Recyp Erdogan ne désire ni une rupture totale ni une guerre avec Israël, sans être prêt  pour autant à modifier son comportement actuel 

André Nahum
Judaïques FM le 5 octobre 2011