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24 août 2011

La chute de Kadhafi, un éditorial de Richard Prasquier


Parmi les 193 États qui composent aujourd’hui les Nations Unies, les démocraties sont une petite minorité. Quoi qu’on pense des motifs allégués (efficacité économique ou  traditions culturelles) pour justifier la forme « autoritaire » que prennent certains gouvernements, il faut constater que  parmi les dictateurs on trouve un zoo humain effrayant: psychopathes mégalomanes, kleptomanes, incompétents absolus et tueurs de masses. Chez certains, le « métier » grâce à ses flatteurs stimule l’histrionisme : Caligula et Néron en leur temps, Bokassa et Idi Amin Dada plus près de nous.

Mouammar Kadhafi est l’exemple type de cette pathologie du pouvoir. Nous devons saluer avec enthousiasme sa mise hors d’état de nuire, quoi qu’il advienne du régime qui lui succédera. Nous devons nous sentir  fiers que la France, et le Président de la République en particulier, ait été à l’origine de la décision difficile de porter la guerre contre le dictateur libyen, évitant probablement un bain de sang et les ultérieures ruminations accablées et fatalistes de ceux qui auraient prétendu qu’il n’y avait malheureusement rien à faire pour l’éviter.

Qu’est-ce que l’histoire retiendra de ce clown, psychopathe grave, connu comme tel par le monde médical, responsable de dizaines de milliers d’assassinats et de tortures, voleur de dizaines de milliards de dollars terroriste international avéré (Lockerbee, UTA ….), ignare économique qui n’a rien su développer d’utile avec le pactole pétrolier qui, par hasard, avait fait de son pays le plus riche d’Afrique ?

Elle se demandera peut-être pourquoi il a obtenu tous les honneurs internationaux. Aux Nations Unies, en 2003 la représentante libyenne est élue à la présidence de la Commission des Droits de l’Homme, en 2009, le libyen Ali Treki à la Présidence de l’Assemblée Générale, pendant que son pays devient membre du Conseil de Sécurité. En 2010, autant dire hier, la Libye est élue au Conseil des Droits de l’Homme et quelques mois plus tard elle reçoit de la part des « experts » de ce Conseil des éloges sur sa gestion des Droits de l’Homme, alors que dans la même séance, les USA sont condamnés ! L’organisation UN Watch a su porter la voix de la morale dans l’enceinte onusienne à Genève sans aucun appui de la direction du Conseil. Or au printemps 2011, celui-ci a dû se résoudre à exclure la Libye en catimini …….

En février 2009, Kadhafi était élu Président de l’Union africaine (54 membres) et demandait à être appelé "Roi des rois traditionnels d'Afrique"…… Les migrants africains parqués comme des esclaves dont la Libye se sert comme instrument de chantage démographique envers l’Europe avaient dû apprécier….

On rappellera les humiliations moralement graves que Kadhafi a infligées à différents gouvernements européens et auxquelles ils n’ont pas su répondre. Il en est ainsi de la Suisse dont un représentant célèbre, Jean Ziegler, haut fonctionnaire à l’ONU, militant tiers-mondiste acharné, fut à l’origine d’une des grandes mystifications de notre époque, le Prix des Droits de l’Homme Mouammar Kadhafi. Castro, Farrakhan, Garaudy, Mahathir, Ortega et Chavez furent, entre autres, ses glorieux récipiendaires : ils étaient contre les Etats Unis et contre Israël, et cela, comme on le sait, est une garantie suffisante.

Certains des personnages qui ont conduit la rébellion contre Kadhafi ont été ses collaborateurs proches. On peut douter qu’ils soient devenus des modérés. Le célèbre Commandant Jalloud, enfui in extremis de Tripoli, Premier Ministre de Libye vers 1975 quand Jacques Chirac l’était en France, cherchait à détruire  Israël par un bombardement nucléaire. Bien des islamistes, aussi, sont infiltrés dans la coalition.

Cela n’empêche pas de saluer la chute d’un régime qui, au lieu de lui faire honte, a été maintes fois honoré par l’ONU, l’instance représentative de l’humanité. L’ONU toujours complaisante envers les dictateurs fous, mais toujours prompte à condamner Israël …..

Richard Prasquier,
Président du CRIF.