Le drame de l’assassinat du jeune Ilan a été évoqué plusieurs fois sur le blog, et c’était la moindre des choses même si son objet n’est pas principalement l’antisémitisme. Pour mémoire ou pour ceux qui nous découvrent, on lira : le billet du rabbin Gabriel Farhi ; «le premier crime antisémite français depuis 60 ans » ; « manifestation nationale du 26 février (...) » ; la tribune libre de Morad El Hattab ; « Youssouf Fofana n'est pas l'Afrique » ; « Barbara contre les barbares ».
Gérard Akoun, qui dirige notre antenne avec Wladimir et Iris Spiro et tient une chronique tous les jeudis matin, a tenu à dénoncer les tentatives de banalisation de ce crime, et à en démontrer la mauvaise foi. Voici son billet.
Gérard Akoun, qui dirige notre antenne avec Wladimir et Iris Spiro et tient une chronique tous les jeudis matin, a tenu à dénoncer les tentatives de banalisation de ce crime, et à en démontrer la mauvaise foi. Voici son billet.
J.C
" Je vais revenir sur l’assassinat d’Ilan Halimi, je ne le souhaitais pas, il me semblait que tout avait été dit, que le caractère à la fois crapuleux et antisémite de cet assassinat ignoble, ne faisait aucun doute ; et pourtant il en est encore qui s’expriment dans le courrier des lecteurs de tel quotidien, ou tel hebdomadaire, pour nous dire que ce n’était peut être pas de l’antisémitisme, mais de la barbarie à l‘état pur, ou que le meurtre en lui même était suffisamment effroyable, pour ne pas en rajouter, sa mort serait-elle plus grave parce qu’il était juif, une référence à la circonstance aggravante de l’antisémitisme, ou qu’Ilan, s’il a été enlevé parce que les juifs ont de l’argent, a ensuite été torturé parce qu’aux yeux de ses ravisseurs, il avait été réduit par sa séquestration même, à l’état de chose ; d’autres ou les mêmes, ne veulent pas penser que tuer Ilan, serait plus grave que tuer Jacques ou Ali ou encore que l’on n’aurait pas du manifester, parce qu’Ilan était juif, mais d’abord parce qu’il était français.
Que répondre à cela, que chaque fois que des hommes ont voulu humilier, détruire d’autres hommes, ils leurs d’abord déniaient cette qualité d’humain : souvenez vous de la controverse de Valladolid, pour savoir si les indiens avaient une âme, s’ils en avaient une, c’était pour le moins gênant de les traiter en bête de somme ! Quant aux nazis, la déshumanisation était la première étape vers l’extermination.
Oui, un acte barbare reste un acte barbare dont la gravité est identique quelque soit celui qui en est victime : juif, chrétien, musulman, bouddhiste ou agnostique.
Oui, nous souhaiterons que l’on dise, quelle que soit la victime, qu’elle est d’abord française et que la République est en deuil parce qu’un français a été torturé ignominieusement, assassiné par des barbares.
Mais, force est de constater, que ses assassins, ne se sont pas attaqués à un français lambda : sur six tentatives d’enlèvement, quatre des victimes étaient juives, une proportion de 70% ? Parce que les juifs ont de l’argent ou comme on dit en banlieue « de la cliquaille ». Un préjugé nous dira-t-on vieux de plusieurs siècles, qui ne suffit pas à établir le caractère antisémite même s’il est accompagné de violences. L’antisémitisme a un sens et un but déterminé : isoler le juif, et lui refuser l’égalité des droits et le respect de sa singularité. Évidemment, ce qui se passe aujourd’hui, n’a rien à voir avec cette définition, heureusement ! Mais faire ce constat ne suffit plus ; il faut sans doute définir autrement, ce qu’est la haine du juif ou la jalousie à l’égard du juif, chez une certaine partie de la population issue des banlieues, et soumise au discours islamiste, une petite minorité sans doute, mais à forte capacité de nuisance quand, de plus, elle bénéficie de complicités passives.
Comment qualifier le phénomène, quand un juif est ou peut être agressé, parce qu’il porte une kippa, quand un juif est ou peut être agressé , insulté, au sortir d’une synagogue ; quand un juif est ou peut être agressé, insulté, parce qu’il sort d’une école juive ; ce n’est pas en tant que français, ce qu’il est par ailleurs, qu’il subit ces agressions ; c’est en tant que Juif.
Il est peut être temps, de ne plus se raccrocher aux anciennes définitions, l’antisémitisme classique d’extrême droite perdure, c’est évident mais il est moins dangereux, car il ne bénéficie pas du soutien de l’Etat ou de sa complicité, bien au contraire ! Par contre, il nous faut trouver de nouveaux moyens de lutte, pour stopper cette peste qui n’est pas brune, elle est déstabilisante pour les juifs, mais il ne faut pas s’y tromper elle sera déstabilisante à terme, pour d’autres et pour la République elle-même."
Gérard Akoun