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31 mai 2010

Israel, les Arabes et l'Iran : Chawki Freiha sera mon invité le 6 juin

Le cheikh Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah

Nous allons revenir, pour le prochain numéro de « Rencontre » et pour le suivant, au pays du Moyen-Orient qui nous angoisse le plus, et ce pays bien sur, c’est l’Iran. Pour en parler, j’aurai comme invité un expert que mes auditeurs commencent à bien connaître, Chawki Freiha. Rappelons que c’est un journaliste franco-libanais, responsable du site Internet « mediarabe.info », en lien permanent sur mon blog. En cliquant sur son nom en libellé, vous retrouverez les présentations de nos entretiens précédents. Ensemble nous nous retrouvons, à peu près chaque année, pour faire un point de la situation au Moyen-Orient, et en priorité pour parler de son pays, le Liban, qui hélas et au fil des ans est devenu un pays de la confrontation avec Israël. J’apprécie d’autant plus sa fidèle contribution sur la fréquence juive, car j’imagine combien il craint pour le Liban une guerre qui serait la volonté de puissances étrangères - et en particulier de l’Iran. Nous commencerons, en première moitié d’émission, par évoquer l’actualité politique à Beyrouth, pour essayer de comprendre pourquoi le bel espoir du mouvement du 14 mars et d’un pays libéré après le départ des troupes syriennes, est complètement retombé, avec les déclarations d’allégeance de pratiquement tous les leaders libanais envers Damas. Mais nous essaierons de voir aussi s’il s’agit d’une grille de lecture uniquement syro-libanaise, ou si la fracture est beaucoup plus vaste dans la région, entre ceux qui jouent la carte iranienne et ceux qui essaient d’y résister : c’est pourquoi, en deuxième partie d’émission, nous passerons en revue différents pays arabes, et en particulier ceux du Golfe qui seraient aux premières loges en cas de guerre impliquant la République Islamique.

Parmi les questions que je poserait à Chawki Freiha :

- On parle de plus en plus d’un risque de guerre, cette année, entre Israël et le Hezbollah ; on a en parlé d’ailleurs très récemment avec les grandes manœuvres de défense passive où a été simulée une attaque générale, avec une pluie de missiles venant à la fois du Liban, de Syrie, de la bande de Gaza et d’Iran bref une guerre généralisée. Qu’en pense la population libanaise à la veille de la saison touristique ? Pense-t-elle une guerre possible, et à l’initiative de qui ?
- On a vu deux leaders du mouvement du 14 mars, le druze Walid Joumblat et le sunnite Saad Hariri, prendre le chemin de Damas et quasiment faire allégeance aux Assad, alors que leurs propres pères ont été tués par cette dynastie sanguinaire. Comment l’expliquer ? Et n’y a-t-il plus aucune voix libre au Liban ?
- On a vraiment l’impression que, sans rien céder aux Occidentaux, le régime de Damas a accumulé des succès diplomatiques impressionnants. L’isolement par les pays occidentaux est terminé, mais l’alliance avec l’Iran est confirmée, plus que jamais, on a eu ainsi au début de l’année une réunion au sommet, à Damas, avec Ahmadinejad et Nasrallah ; mais, en plus, on est en train de revivre les belles heures de la guerre froide : le président russe Medvedev vient de faire une visite en Syrie, où il a signé des contrats pour des armes ultra modernes, et même pour une centrale nucléaire ! Comment l’expliquer ?
- En cas de conflit avec l’Iran, qu’est ce qui l’emporterait chez l’homme de la rue arabe : la sympathie pour la République islamique, qui incarne la « résistance » face aux Occidentaux, ou la peur à la fois des Perses et du Chiisme ?
- Quid des différents pays du Golfe dans le cas d’un conflit éventuel ? Les Emirats du Koweit, du Qatar, de Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Yémen ont-ils déjà choisi leur camp ?

Une émission passionnante sur un sujet plus que brûlant ... j’espère que vous serez nombreux à l’écoute !

J.C

27 mai 2010

Encore une petite pause ...

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Et voilà ... une dernière escapade avant les "vraies" vacances, dans quelques semaines.

Juste un week-end prolongé, et - comme la dernière fois - toujours loin de l'Orient compliqué, mais à nouveau dans une capitale de la vieille Europe !

Merci aux lecteurs fidèles qui seront passés par cette adresse les prochains jours.

Et rendez-vous à toutes et tous, lundi sur le blog !

25 mai 2010

L'islam gagne du terrain au Brésil

Dans une mosquée à Sao Paulo, 2001
(photo AFP)

Introduction :
Un article intéressant publié par « Le Figaro » il y quelques mois ... et qui me fait irrésistiblement penser à une actualité récente : on voit en effet le Président brésilien se démener pour sauver la mise à l’Iran, proposer sa médiation, et obtenir - avec le soutien d'une Turquie de plus en plus favorable au camp islamiste - un soit-disant accord sur le combustible nucléaire, afin de préserver Téhéran contre d'éventuelles sanctions : montée en puissance d’un nouveau « géant » de l’économie mondiale, qui veut s’affirmer face aux Etats-Unis ? Solidarité tiers-mondiste avec un autre pays « pauvre » ? Ou alors, influence grandissante au Brésil des Musulmans, au moins dans l’électorat des gouvernants en place ? Je vous laisse en juger !
J.C

Après les attentats du 11 septembre 2001 et sous l'impulsion d'une « telenovela », les conversions se sont multipliées dans les périphéries urbaines du pays.
Cinq fois par jour, Rosangela cherche la direction de La Mecque dans son petit appartement de Vila Ferreira, un quartier pauvre de Sao Bernardo do Campo, une ville industrielle située à quelques kilomètres de Sao Paulo. À 45 ans, sa vie est rythmée par l'islam, qu'elle a embrassé au début des années 1990. Voilée, vêtue d'une longue tunique, Rosangela assure l'accueil au Centre de divulgation de l'islam pour l'Amérique latine. «Je donne aussi des cours sur le Coran», précise-t-elle, soucieuse qu'on ne la prenne pas pour une simple hôtesse.
Converser avec Rosangela n'est pas facile : elle s'interrompt toutes les cinq minutes pour répondre au téléphone ou renseigner des visiteurs sur les conférences du cheikh Jihad Hassan Hammadeh, le directeur du Centre. «La demande de corans en portugais est telle que mon stock est épuisé, assure-t-elle . Alors, en attendant d'être réapprovisionnée, je donne des versions espagnoles.»
Premier pays catholique du monde, le Brésil connaît depuis une décennie une croissance importante de l'islam. «Il est impossible de savoir combien le pays compte de musulmans, puisqu'ils sont enregistrés dans la catégorie "autres", mais on estime qu'il y en a environ un million», indique Paulo da Rocha Pinto, professeur à l'université Fluminense.
Pour lui, le meilleur indicateur de l'expansion de cette religion est la multiplication du nombre de lieux de culte. Malgré l'arrivée dès le début du XXe siècle de vagues de musulmans, syriens, libanais et palestiniens en majorité - on les appelle au Brésil les «Turcos» en référence à la tutelle qu'exerçait à l'époque l'Empire ottoman -, la première mosquée n'a été inaugurée qu'en 1960. La construction de lieux de culte n'a véritablement commencé qu'à partir des années 1980 et s'est accélérée au début des années 2000.

Effet de mode

Au départ de cet emballement, les attentats du 11 septembre 2001. «Certains voulaient en savoir plus sur ce peuple capable de faire trembler l'empire américain, d'autres doutaient de ce que racontait la presse, relate Rosangela. En venant ici, ils ont vu que l'islam n'avait rien à voir avec la haine et pro­­gres­-sivement certains sont devenus musulmans.»
Le mouvement de conversion à l'islam a toujours existé au Brésil, malgré un très faible prosélytisme. «En général, c'était lié à une amitié, un mariage. Le 11 Septembre a augmenté la visibilité des musulmans et nourri la curiosité », dit Paulo da Rocha Pinto. À l'université, les cours sur le monde arabe et l'islam, autrefois exotiques, sont bondés. Ce regain d'intérêt a été constaté dans le monde entier. Mais au Brésil, l'engouement a été attisé par une spécificité locale : la telenovela. En octobre 2001, soit trois semaines après les attentats du World Trade Center, la chaîne Globo a lancé Le Clone. La série, située au Maroc, avait l'ambition de dépeindre le monde arabe et musulman. «C'était une coïncidence : le feuilleton était programmé depuis des mois», se souvient Francirosy Ferreira, spécialiste de l'islam à l'université de Sao Paulo.
Le succès est tel qu'il devient commun, dans les rues de Rio de Janeiro et de Sao Paulo, de se saluer par un «inch'Allah !». «Beaucoup de femmes envisageaient d'abandonner leur religion pour pouvoir épouser un "Saïd" , le héros musulman de la novela», raconte Francirosy en riant. Caricatural à souhait, le personnage est romantique, respectueux de sa femme, qu'il couvre d'or.
Ces conversions dues à un effet de mode se sont révélées fragiles. Rosangela, elle, est une convaincue. Sa conversion résulte d'une quête identitaire. Noire, pauvre, militante du Mouvement noir unifié (MNU) dès l'adolescence, elle n'a jamais trouvé ses repères spirituels dans sa famille catholique. «Jésus est toujours représenté en homme blanc. Qu'est-ce qu'ils en savent ? Tout le monde n'était pas blanc à Jérusalem !», assène-t-elle. Les premiers musulmans à s'installer au Brésil n'étaient pas des commerçants libanais et syriens, mais «les milliers d'esclaves déportés d'Afrique» rappelle Paulo Farah, qui dirige le Centre d'études arabes. Connus sous le nom de Malês et de Muçulmis, ils représentaient, selon les spécialistes, 15 % des esclaves. Entre 1807 et 1835, ils se révoltèrent à plusieurs reprises. La plus importante de ces révoltes, dite la Révolte des Malês, eut lieu à Salvador de Bahia, dans la nuit du 24 janvier 1835. «Les autorités l'effacèrent des livres d'histoire», remarque Paulo Farah. Elle donna lieu à une féroce répression et à une méfiance durable à l'égard de l'islam.
C'est cet héritage que revendique le rappeur Honerê al-Amin Oadq, une star du hip-hop à Sao Paulo. Honerê al-Amin Oadq, 32 ans, s'appelait auparavant Carlos Soares Correia. «J'ai choisi le hip-hop pour dénoncer le génocide dont sont victimes les jeunes Noirs au Brésil et montrer que nous pouvons aussi représenter des valeurs positives», explique-t-il. En tombant sur la Révolte des Malês, qu'il qualifie d'«Intifada noire», il trouve une source d'inspiration. Le film Malcolm X et la fascination exercée par le boxeur Mohammed Ali (né Cassius Clay) feront le reste.
Un quart des musiciens de son groupe baptisé le «Posse Hausa», en référence à un autre soulèvement d'esclaves musulmans au XIXe siècle, s'est converti à l'islam. Les autres, précise le jeune homme, «ont opté pour notre mode de vie : ils ne boivent pas, ne fument pas, respectent les femmes et aident leur communauté». L'islam a ainsi sauvé, selon lui, des dizaines de ses amis de l'alcool, la drogue et la prison.
L'introduction de l'islam dans les périphéries est en train de changer le visage d'une religion auparavant identifiée avec les descendants d'Arabes appartenant souvent à une classe sociale élevée. Pour Paulo Farah, «le message d'égalité raciale et de justice sociale de l'islam connaît un important succès au sein des communautés les plus pauvres, en particulier auprès des jeunes qui souffrent du racisme et des violences policières».
Une religion «étrangère»La motivation de ceux qui optent pour l'islam n'est pas la même que celle qui pousse vers les Églises évangéliques ou des religions afro-brésiliennes, comme le candomblé, estime Paulo da Rocha Pinto. «En général, les nouveaux convertis ont approché auparavant d'autres confessions. Avec l'islam, ils découvrent une religion plus ouverte sur le monde.» L'universitaire réfute toute dérive politique violente : «Il y a une solidarité avec les peuples palestinien, irakien ou libanais, mais ce n'est pas une identification. Ce qui compte, c'est que l'islam se présente comme une idéologie tiers-mondiste, semblable à celle qu'on pouvait trouver dans la théorie de la libération latino-américaine avant que l'Église catholique décide de freiner son expansion.»
L'absence d'une rhétorique revancharde s'explique aussi par la politique de l'État brésilien, qui refuse d'identifier les musulmans comme une population à part. Au lendemain des attentats du 11 Septembre, le département d'État américain avait demandé aux gouvernements paraguayen et brésilien de regarder de près les communautés musulmanes, en arguant qu'elles pouvaient abriter des foyers de terrorisme.
Le Paraguay s'était exécuté avec zèle. Des commerçants musulmans de Ciudad del Este avaient été emprisonnés, certains avaient même été torturés. Le Brésil en revanche avait répondu qu'il défendrait tous les citoyens brésiliens contre des ingérences étrangères.
L'islamophobie n'est pas absente pour autant du Brésil. Certaines publications évangéliques en font une description alarmiste et la population continue à percevoir cette religion comme «étrangère». Rosangela a toujours en permanence un voile de rechange dans son sac, en cas d'agression.
Mais paradoxalement, pour le cheikh Jihad, c'est la telenovela qui a le plus contribué à faire accepter l'islam. Lorsque des adeptes venaient le voir à la mosquée pour protester contre l'image caricaturale du feuilleton, il leur répondait qu'il en était ravi : «Avant, nous avions une image d'extraterrestres ou de terroristes. Maintenant, nous sommes perçus comme des gens qui adorent la fête et la danse. Vous préférez quoi ?»

Lamia Oualalou,
Le Figaro, 5 février 2010

24 mai 2010

Les sociétés arabes malades de la schizophrénie – un article du Docteur Abd-Al Khaleq Hussein

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Le Docteur Abd-Al Khaleq Hussein a écrit un article très fort, publié sur des sites réformistes arabes. Il date déjà de quelques années, mais conserve de son actualité, en tout cas pour plusieurs pays du Moyen-Orient ... Le site memri.org en a donné la traduction en anglais, et Albert Soued, qui a été mon invité (voir ici), en a traduit en français un extrait. Merci au traducteur, à nouveau, pour l’autorisation de reproduire ce texte. Et je vous invite à nouveau à consulter son site, nuitdorient en lien permanent sur le blog.
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" La schizophrénie est un désordre mental caractéristique d'une personnalité divisée. Individuelle, elle peut s'étendre à des groupes, des partis, des gouvernements, des sociétés entières. Ce terme est utilisé dans les sciences sociales pour décrire une société affligée par une "dualité" sévère dans sa conduite (la même chose et son contraire) et dans ses normes morales (exemple: tuer et ne pas tuer, au même niveau moral)
Un spécialiste irakien des sciences sociales, Ali al Wardi, est le premier à avoir signalé ce désordre dans le peuple irakien, le désignant par l'expression "personnalité divisée". Selon sa théorie, le peuple irakien souffre du conflit entre les valeurs de ses origines bédouines et les valeurs culturelles nouvellement acquises. A titre d'exemple, un jeune Irakien choisit son épouse selon le mode occidental (flirt, lettres d'amour, ...) et, si sa soeur fait de même, il redevient "bédouin" et devient capable de la tuer ainsi que son amant. Voici quelques exemples illustrant ce désordre mental de la société arabe, notamment dans son groupe islamique.

Folie des grandeurs
Tout schizophrène pense qu'il est unique et exceptionnel, et que tout le monde lui doit le respect. Les Arabes pensent qu'ils sont plus importants que les autres, et ils considèrent les autres nations avec mépris. Ils ne reconnaissent que leur propre religion et ne peuvent accepter de vivre en paix avec une autre religion. La foi musulmane est la seule "vraie" et doit être adoptée par le monde entier, et tout individu qui ne s'y plie pas est un infidèle. En dehors de l'islam toute autre religion est fausse, païenne, hérétique et doit être abandonnée. Sinon, c'est la guerre, les hommes sont alors tués ou convertis de force, les femmes violées et prises en otage, les enfants vendus sur le marché des esclaves, et toute propriété est livrée au pillage ou séquestrée.
Et ceci ne concerne pas seulement les fois non islamiques, mais aussi les "hérésies" de l'islam, la Shiah et le Soufisme, notamment pour les Salafi et les Wahabi.

Paranoïa
Un individu schizophrène pense que tout le monde complote contre lui, même s'il n'y a aucune preuve tangible. Les Arabes sont devenue les spécialistes des "théories du complot". Après chaque désastre naturel ou non, le responsable est "le Croisé", l'"Occidental", le "Sioniste" ou le "Mossad" et des journaux très sérieux colportent ces théories de complot. Aucun effort n'est mené pour présenter des thèses rationnelles ou proches de la réalité.
Un individu schizophrène pense que tout le monde dit du mal de lui et il vit dans une tension constante due au doute et à la suspicion, à l'égard même de gens proches. Il accuse même les médias et notamment les émissions télévisées de le viser très personnellement.
La société arabe rejette les idées et les livres occidentaux. Censure, saisie aux ports et aux aéroports, autodafés, hostilité vis-à-vis des sciences, considérée comme une importation étrangère, intellectuels persécutés, le plus faible taux de traductions ...

Illusions somatiques
L'imagination du schizophrène est délirante, comme celle de la société arabe qui croit être assiégée par des agents étrangers ou par des ennemis de l'intérieur; les prisons sont pleines d'opposants imaginaires ou d'agents "travaillant pour l'ennemi"...

Discours sans logique
Le délire du discours schizophrène est connu, pas de lien entre les phrases, pas de finalité, désordre de la pensée. La société arabe offre de plus en plus ce symptôme, y compris des universitaires, des journalistes et des intellectuels. Leur discours n'a plus aucun sens précis, vous écoutez et vous vous demandez "de quoi s'agit-il ?" et quand vous posez des questions, on vous répond que "vous n'êtes pas capable de comprendre" ...
De même l'utilisation du double langage est souvent inconscient et provient d'une division de la personnalité et de la dualité intérieure.

Perte de sentiment humain
Le terrorisme généralisé, la décapitation et la mort d'innocents au vu et au su de tous n'émeut plus personne, sauf sheikh Youssef al Qaradawi, non pour les raisons que vous croyez, mais parce que cela porte atteinte à la réputation de l'islam sur la scène internationale ...
Les portes de l'"Ijtihad"(effort sur soi-même pour trouver des solutions rationnelles aux préceptes illogiques de l'écriture sainte) ont été fermées il y a déjà plusieurs siècles. La société arabe a été ainsi progressivement ramenée 14 siècles en arrière, et elle ne peut plus jouir des progrès de l'humanité. Ou elle n'en a plus le désir ...

Léthargie et inactivité
Les schizophrènes sombrent aisément dans la torpeur et l'inactivité. La société arabe est fataliste, endormie et enregistre la productivité la plus faible sur le plan mondial. Son goût pour la vie s'amenuise et elle préfère la mort. Et c'est ce qu'on prêche dans les mosquées, la mort, pour jouir du monde à venir ...

Isolement
Le schizophrène vit isolé, détaché du monde qui l'entoure et n'est pas intéressé par la compagnie d'amis ... Dans la société arabe, ceci est dû à une éducation biaisée dès la tendre enfance, où on enseigne dans les écoles religieuses la haine de l'autre, qu'il faut éviter les non-Musulmans, et même éviter de les toucher, car ils sont impurs ... La culture arabe d'aujourd'hui encourage la séparation du "croyant" de l'"infidèle" et la haine de ce dernier. Le sheikh inspirateur de la nouvelle doctrine, IbnTaymiyya, dit "si on est obligé de voir l'infidèle pour des raisons médicales ou d'échange marchand ou d'études particulières, il faut remplir d'abord son coeur d'hostilité à son égard ..."

Paralysie mentale
Le schizophrène n'est pas conscient de son état et se croit parfaitement sain. La société arabe vit dans l'inconscience des risques qu'elle encourt, si elle poursuit son chemin dans la rétrogradation et l'arriération. Elle ne discerne pas le mal qu'elle s'inflige en souhaitant vivre selon les critères désuets des "pères fondateurs".
La société arabe est aujourd'hui incapable de discerner entre le bien et le mal. Il suffit par exemple de recenser tous les massacres perpétrés sans raison logique seulement depuis la fin de la dernière guerre mondiale, en Algérie, en Syrie, au Liban, au Yémen, en Irak ... et on ne parle pas ici de l'islam.

Conclusion
Si les gouvernements arabes ne prennent pas conscience du danger et ne font pas l'effort de commencer à réformer leur société pour diriger le peuple vers la démocratie, l'histoire va les rattraper, d'une façon violente et douloureuse."

Docteur Abd-Al Khaleq Hussein
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21 mai 2010

Morale et religions : une réflexion d’Hervé-élie Bokobza suite à la fatwa d'un érudit musulman contre le terrorisme

L'érudit musulman Muhammad Tahir-ul-Qadri présentant sa fatwa
(photo AFP)

Le journal « Le Monde » a publié le 2 mars sur son site internet l’article suivant, que je reproduis intégralement :

« Un éminent érudit musulman d'origine pakistanaise, Muhammad Tahir-ul-Qadri, a condamné mardi les terroristes, considérés comme des ennemis de l'islam, dans une fatwa (avis juridique donné par un spécialiste de loi islamique) rendue publique à Londres.
Il souligne que les actes de terrorisme ne pouvaient avoir aucune justification au nom de l'islam, condamnant notamment les attentats d'Al-Qaida, dans cette fatwa de quelque six cents pages présentée au cours d'une conférence de presse à Londres, en présence notamment de députés et de représentants d'associations caritatives.

Les kamikazes "ne peuvent pas prétendre que leur suicide sont des actes commis par des martyrs qui deviendront des héros de l'oumma [la communauté musulmane], non, ils deviendront des héros du feu de l'enfer", a déclaré le Dr Tahir-ul-Qadri. "Il n'y a aucune place pour le martyre, et leurs actes ne seront jamais, jamais, considérés comme le djihad ['guerre sainte']", a-t-il ajouté.
Cette fatwa "peut être considérée comme l'argumentaire théologique le plus complet contre le terrorisme islamiste à ce jour", selon la fondation londonienne Quilliam, qui combat l'extrémisme musulman. Si d'autres responsables musulmans avaient par le passé déjà condamné le terrorisme, M. Qadri, qui s'est exprimé en anglais et en arabe, a souligné que cette fatwa écartait complètement tout type d'excuse pour justifier la violence. Il a souligné que l'islam était une religion de paix, appelant d'autres responsables religieux à rejoindre sa position.
Muhammad Tahir-ul-Qadri est à la tête du mouvement Minhaj-ul-Quran, une organisation de tradition soufie, qui combat l'extrémisme religieux dans des centres situés dans des dizaines de pays. »

Ayant repris cet article en lien sur ma page facebook, j’ai eu le plaisir de susciter un débat passionné, avec plus de 40 messages et des interventions remarquées de mon ami Hervé-élie Bokobza, qui a été plusieurs fois mon invité à Judaïques FM (cliquer sur son nom en libellé). Avec son aimable autorisation, je publie ci-dessous l’article que lui ont inspiré ces échanges.
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Un débat au sujet de la morale et de la religion s'est engagé sur le mur de mon ami Jean Corcos, je publie ici, ma réaction suite au propos d'un internaute L'internaute écrit: « Permettez moi de me détacher de certains avis majoritaires dans ce débat. Le droit est il toujours moral? S'il l'est, c'est sur une morale humaine et la morale humaine change selon les époques, comme une mode. Souvenez vous que l'adultère en France était passible de prison ! Et aujourd'hui ...La morale universelle est basée sur une religion (donc d'origine divine - et donnée à l'homme). Faire un amalgame de toutes les religions pour les effacer devant « le droit » est assez maladroit. Le judaïsme n'appelle pas au djihad et n'a pas perpétré au nom de D. des pogroms ni converti de force ou tué les autres croyants. »
Réponse :
Excusez-moi de ne pas partager votre point de vue, qui me semble contradictoire. Au départ vous écrivez que la morale humaine change selon les époques soit, ainsi à votre avis la morale universelle doit être basée sur une religion.
Or, si d'une part, la religion devient garante de la morale, à partir de quel critère situer que celle-ci relève bien du cadre moral où bien qu'elle s'en distance ? Et si, d'autre part, je définis des critères moraux à ne pas dépasser, je ne peux plus considérer la religion comme fondement de la morale. En effet : selon vous le Judaïsme n'appelle pas à la guerre. C'est donc une chance, mais est-ce à dire que si vous aviez compris que le Judaïsme appelait bien à la guerre, qu'il faudrait alors tuer au nom de Dieu ? Selon vous est-ce que cela serait aussi conforme à la morale, universelle ?
Il faut donc situer qu'est-ce que nous entendons par morale. C'est pourquoi je me distance de vos propos, à mon avis, la morale n'est morale que parce qu'elle est humaine justement, et qu'elle relève par conséquent du bon sens, et pas d'une loi « révélée », (sujet longuement développé dans mon livre "l'autre, l'image de l'étranger dans le Judaïsme" chapitre Foi et raison, notamment à partir de la pensée de Maimonide (cf. chapitre VI du Traité des Huit chapitres). Ainsi ma conscience ne doit pas être dictée selon des principes immuables, d'une « parole » dite « divine », qui n'est en réalité basée que sur ma propre perception, mais à partir de ma propre conscience ; quand bien même ma perception serait erroné », elle a au moins l'intérêt de ne pas rester figée à des principes qui me dépassent, et qui souvent m'aliènent.
Certes la morale est en mouvement, ce qui nous semble juste aujourd'hui ne l'était pas hier et vis versa, cependant, à mon avis, la morale doit avant tout reposer sur des principes, au-delà d'un contenu défini. Les ingrédients de la morale n'ont d'autre raison que d'aboutir à ces principes, c'est pourquoi tout contenu d'une morale ne peut être que conjoncturel. Un homme agit moralement quand sa raison n'est dictée par rien d'autre que par sa propre conscience, de sorte qu'aucun Dieu ne peut le contraindre d'agir en dehors de celle-ci, c'est elle qui lui permet de percevoir justement qu'un Dieu ne peut être celui qui demande de tuer en Son nom.
Un texte de Maimonide résume à mon sens ce que je dis ici: « L’homme qui les pratique (les lois de la Torah) obtient par elles la vie » (Lév 18. 5) : « Tu en retires que les lois de la Torah ne sont pas une vengeance, mais sont miséricorde, générosité et paix pour le monde. Quant à ces hérétiques qui prétendent qu’il est interdit de transgresser le Shabbat même en cas de danger pour la vie, le verset dit à leur sujet : « Et moi aussi je leur ai donné des préceptes qui ne sont pas bons, et des jugements par lesquels ils ne pourront vivre » (Ez 20, 25) » (Mishneh Torah, lois de Shabbat 2, 3).
Maimonide pose donc en principe que les critères qui fondent que la loi divine est une loi de miséricorde et de paix, relèvent uniquement du regard que porte l'homme, à partir de sa propre conscience, du texte religieux. Les uns diront que la vie humaine à priorité devant l'observance du Shabbat, et les autres que la vie est secondaire ; ils s'appuient tous sur un même texte, c'est donc que la morale doit se placer nécessairement au-dessus des religions pour faire que celle-ci soient réellement des religions d'amour. Ce que je dis n'est pas valable uniquement pour le Judaïsme mais aussi pour l'Islam, le Christianisme etc.

Hervé-élie Bokobza

18 mai 2010

Yom HaShoah commémoré à Tunis !

Commémoration du Yom HaShoah au cimetière du Borgel
(photo : Centre Mondial du Judaisme Nord Africain)

Après l’article émouvant de notre ami Souhail Ftouh consacré au « Juste » tunisien qui a sauvé des Juifs pendant l’occupation du pays par les nazis, voici une autre nouvelle réconfortante reçue de Tunis ...

En effet, Yom Hashoah a été célébré pour la première fois en Tunisie, à l'initiative du « Centre Mondial du Judaïsme Nord Africain »
Grand merci au Dr Robert Bismuth, Président du Centre (en France), et qui m’a envoyé cette belle photo prise au cimetière juif du Borgel, à coté de la stèle commémorant les martyrs de la communauté, déportés ou fusillés en 1942-1943.

16 mai 2010

Un tunisien « Juste Parmi les Nations » ... arabes

Photo de Khaled Abdul-Wahab, le "Juste" tunisien

La chaîne américaine de télévision PBS a diffusé le lundi 12 avril 2010 un documentaire sur quelques Justes possibles dans les pays arabes.

Khaled Abdul-Wahab, né en 1911 et décédé en 1997, est un citoyen tunisien devenu le premier Arabe sélectionné pour le titre de Juste parmi les nations. Abdul-Wahab, fils d'une famille aristocratique, est âgé de 31 ans lorsque les troupes du Troisième Reich occupent la Tunisie en novembre 1942. Le pays abrite alors une population d'environ 100 000 Juifs. Dès lors, en conformité avec la politique antisémite des nazis, ils sont contraints de porter une étoile de David et sont sujets aux expropriations. Plus de 5000 Juifs sont envoyés dans des camps de travail forcé où 46 d'entre eux meurent. Par ailleurs, 160 Juifs sont envoyés en France pour être acheminés vers les camps d'extermination.

Abdul-Wahab, un courageux musulman sauveurs des juifs de la ville côtière de Mahdia, apprend que les officiers nazis préparent l'enlèvement d'une femme juive de la région : Odette Boukris. Il décide alors de la cacher dans sa ferme durant quatre mois, de même que sa famille et près de deux douzaines d'autres Juifs, jusqu'à la fin de l'occupation.

Robert Satloff, directeur du Washington Institute for Near East Policy, qui a entamé des recherches sur les Arabes ayant sauvé des Juifs de l'Holocauste, est informé du cas de Abdul-Wahab par la fille d’Odette Boukris, Anny Boukris, qui fut également cachée par Abdul-Wahab alors qu'elle était âgée de 11 ans. Peu après avoir fait enregistré son témoignage, elle meurt à l'âge de 71 ans. Satloff se rend alors à Mahdia et confirme son récit. Khaled Abdul Wahab abrita jusqu’ à 24 personnes dans sa ferme après avoir entendu d’un officier nazi son projet de violer l’une des femmes. Il les a protégées contre les dangers en les gardant dans son domaine. Il est même intervenu lorsque un soldat ivre allemand a menacé de tuer l’une des filles juives.

Satloff a déjà découvert de nombreuses autres histoires. En Algérie, les autorités coloniales françaises avaient offert aux Arabes la possibilité de reprendre les biens confisqués aux Juifs et pas un seul arabe n’a participé à cette campagne. A Alger, des religieux musulmans se sont prononcés contre le régime de Vichy. Contre l’Allemand également.

Khaled Abdul-Wahab est le fils d'une famille aristocratique, de la ville côtière de Mahdia. Bien qu'ayant été sélectionné, Abdul-Wahab doit encore être approuvé par la commission de Yad Vashem qui remet ce titre. Une place d’honneur pour un juste parmi les Arabes, ce n’est pas une chose courante, cet homme a fait preuve d’une profonde humanité; que sa mémoire soit bénie !!! Merci monsieur ! De là ou vous étiez, je vous remercie au nom de tous les miens. Il est clair que s’il y a eu des Justes parmi les arabo-musulmans, Yad Vachem et les Juifs devraient faire en sorte de les honorer ou d’honorer leurs mémoires et descendants au même titre que tout autres justes. Il faut mettre en avant ces héros !

Ftouh Souhail,
Tunis

15 mai 2010

Où va la Turquie ? Alain de Savigny sera mon invité le 23 mai


Nous allons parler dimanche prochain d’un grand pays un peu négligé dans ma série au cours des dernières années, alors même que, hélas, il semble avoir, de plus en plus, pris une orientation géopolitique inquiétante. Ce grand pays, c’est la Turquie, un des géants du Moyen-Orient : longtemps considéré comme un pont entre l’Europe et le monde musulman, allié de l’Occident, ami d’Israël, il a amorcé un virage diplomatique presque à 180° depuis environ un an. Mais cela est venu couronner, aussi, une lente dérive amorcée depuis l’arrivée au pouvoir de parti dit des « islamistes modérés » de l’actuel Premier Ministre Erdogan. Pour en parler, j’aurai le plaisir de recevoir Alain de Savigny, un invité assez original puisqu’il n’est ni journaliste, ni enseignant, mais d’abord un homme d’affaire dans le civil et un historien par passion. Alain de Savigny a dirigé des entreprises multinationales, et habité dans plusieurs pays. Il a été fasciné par l’histoire de l’Empire Ottoman, et il s’est énormément documenté, en étant en particulier auditeur en histoire ottomane au Collège de France et à la Sorbonne - il fait donc partie des très rares spécialistes de la question ! Cette passion l’a conduit à écrire une série de romans historiques, en fait une trilogie qui se déroule tout autour de la Méditerranée à l’époque la plus glorieuse, celle de Soliman le Magnifique. Le premier tome intitulé « L’espionne ottomane » est paru au début de l’an dernier et a reçu un prix « Méditerranée 2009 », rapidement suivi par le tome 2 , « La Sublime Porte », du nom du gouvernement ottoman : ce sont d’imposants pavés de quelques 500 pages, très documentés, avec un glossaire et des cartes à la fin ; j’avoue n’avoir eu que le temps de les parcourir, mais on en parlera seulement en première partie d’émission, la deuxième moitié étant consacrée à la Turquie d’aujourd’hui, celle qui nous inquiète.


Parmi les questions que je poserai à Alain de Savigny :

- Pourquoi cette fascination pour l'Empire Ottoman?
- Dans son roman on retrouve face à face, et dans des lieux géographiques différents - Istanbul et la Turquie, bien sûr, le port d’Alger, repère des pirates barbaresques, Venise et la Méditerranée, les Balkans et le Proche Orient -, deux mondes ; d’un coté l’univers ottoman en même temps siège du Califat islamique, et de l’autre le monde chrétien, avec soit des petites puissances, comme la République de Venise qui commerce avec les Turcs tout en perdant du terrain petit à petit, soit l’Empire espagnol de Charles Quint en guerre avec lui ; mais entre les deux, et c’est là que cela devient intéressant, il y a des Chrétiens qui travaillent pour « la Sublime Porte » : comment expliquer leurs parcours ?
- Concernant la partie la plus cultivée des Turcs, ceux qui ont fait des études, qui sont cadres dans l’industrie ou la finance, qui vivent dans les grandes villes, se sentent-ils dans le fond plus proches de l’Europe que de leur voisinage immédiat, qui est musulman ? Le retour en force de la religion - une réalité que constatent tous les observateurs, entre le nombre de femmes voilées dans les campagnes ou le nombre de mosquées neuves qui ont poussé -, est-il l’effet passager d’un rapport de forces politiques, avec le succès électoral de l’A.K.P ? Ou alors, le succès de ce parti dit « islamiste modéré », n’est-il pas en fait le symptôme d’une réalité bien inquiétante, à savoir l’échec de la révolution laïque d’Atatürk ?
- Que penser de la hausse de l’antisémitisme et de la xénophobie dans le pays ?
- il y a une forte opposition des opinions publiques chez nous contre l’adhésion de ce pays à l’Union Européenne. D’un autre coté, on a l’impression que le gouvernement turc est furieux de cela, et qu’il s’est rapproché par réaction des pires anti occidentaux du voisinage : alors que faire ?


J’espère que vous serez nombreux à l’écoute pour cette passionnante émission !

J.C

13 mai 2010

Royaume-Uni : cinq réflexions une semaine après …

David Cameron (à gauche) et Nick Clegg

N’ayant guère le loisir, habituellement, de tenir ce blog comme un véritable journal, je rebondis rarement sur un article publié. Je ferai une petite exception en ce jeudi férié et qui m’accorde quelques heures de répit, à propos d’un article publié la semaine dernière (lire ici) : que penser du résultat des élections britanniques ? Et que faut-il attendre de l’étrange attelage « Tories-Libdem » qui a succédé au Labour, épuisé par 13 ans de pouvoir, en limitant la réflexion à Israël et au Moyen-Orient ?

1. Première réflexion : en politique, TOUT est possible. Alors qu’en apparence, le programme des Libéraux Démocrates semblait plus à gauche - comprendre : « vert » et « tiers-mondiste » - que celui des Travaillistes, alors même que sa poussée électorale (en voix, mais pas en sièges, puisqu’ils en ont perdu cinq) a été réelle, c’est avec la Droite qu’ils s’allient ! Allez donc comprendre ... Une leçon, en tout cas, pour ceux des lecteurs ou auditeurs qui raisonneraient toujours selon un logiciel rigide : « je vote pour les gentils contre les méchants, car ceux qui gouverneront feront automatiquement ce qu’ils annoncent ».

2. Deuxième point : comment préjuger maintenant de l’attitude du nouveau gouvernement britannique ? Entre un David Cameron généralement considéré comme un admirateur d’Israël, et son Vice Premier Ministre Nick Clegg s’étant illustré par son hostilité (voir mon article précédent), ce sera le rapport de forces qui fera pencher la balance ; avec bien sur deux grilles de lecture : soit le simple ratio des sièges aux Communes (de cinq contre un en faveur des Conservateurs), soir le risque de perdre la majorité - avec le bien connu pouvoir de nuisance des « petits partis » ... qui a causé tant de tort à l’état juif, en raison de son système électoral absurde !

3. Troisièmement : Nick Clegg aura-t-il vraiment son mot à dire pour ce qui concerne la politique extérieure du pays ? « Le Figaro » vient de publier un excellent diaporama présentant les « têtes d’affiche » du nouveau gouvernement. On y découvre que les principaux ministères « régaliens » (finances, affaires étrangères, intérieur, défense) ont été réservés au parti dominant, avec des personnalités - William Hague et Liam Fox - à la fois eurosceptiques et pro américaines : de quoi plutôt rassurer Israël !

4. Au fond, le principal défi du gouvernement anglais va être de faire face à la « deuxième crise financière » qui est en train de secouer, et très fortement, les économies européennes. Sur ce plan - mais je peux me tromper - je crois que les Libéraux Démocrates, à l’électorat plus « bobo » que « prolo », accepteront de cautionner une politique d’austérité immédiate. Une politique que la Gauche aurait eu plus de mal à mettre en oeuvre rapidement, quoique ... nécessité faisant foi, ce sont bien des gouvernements socialistes qui, en Grèce et en Espagne, ont décidé de réduire brutalement les dépenses publiques pour éviter la banqueroute.

5. Et enfin, et cinquièmement, que se passera-t-il si l’actualité du Moyen-Orient redevient brûlante dans les prochains mois ? Aucun vote de confiance ne devrait être nécessaire aux Communes, à moins d’un engagement militaire : mais on ne voit vraiment pas où. A noter que Nick Clegg ne réclame pas le retrait d’Afghanistan, et que les troupes britanniques ont déjà quitté l’Irak. Le seul « point chaud » risquerait de se situer dans le Golfe, en cas d’explosion provoquée par l’Iran : et logiquement, les engagements britanniques envers les Emirats - qui pèsent tellement lourd dans la City - devraient cautionner une « Union Nationale » ... et susciter des grandes manifestations à Trafalgar Square !

12 mai 2010

Pour oublier un peu l'infecte burqa ...

Femme kabyle en costume traditionnel

Oui, si on oubliait un peu la burqa ?

Ou plus précisément, les monceaux d’insanités que l’on a pu lire ici et là, sophismes et défausses de certains politiques, diversions et provocations en tous genres s’étalant à longueur de commentaires après chaque article publié sur les sites des journaux ... On croit d’abord que tout sera simple, que l’on entendra - enfin ! - un cri unanime pour dire "pas ça, pas chez nous en tout cas, et si c’était possible, pas ça nulle part ailleurs". On croit que ces "Fantômas" seront compris pour ce qu’ils sont - les vrais fantômes d’un univers que l’on croyait révolu sous nos latitudes, celui de l’asservissement de la femme, des emmurés vivants et des esclaves ramenés au Moyen Age : mais non, il s’est trouvé des bonnes plumes pour nous ressortir le procès en "islamophobie" ; nous dire que l’on allait "stigmatiser" une religion, qu’il fallait expliquer avant de condamner ; et que peut-être ces femmes n’étaient pas contraintes de porter un linceul ambulant ! Et on réentendra tous ce sophismes à l'occasion du prochain vote, dans l'urgence, de la loi décidée par le gouvernement - une loi qui n'a pu venir de l'Assemblée Nationale, faute hélas d'unanimité pour la faire passer ; et bien que la même Assemblée ait voté hier mardi 11 mai et à une presqu'unanimité, une "résolution" condamnant le port du "voile intégral" ...

En face, timidement, on a aussi entendu qu’il ne s’agissait pas de religion ... Comme le soulignait Abdelwahab Meddeb dans le dossier spécial du journal "Le Point" du 21 janvier, "ce n’est pas une obligation religieuse (farîza) c’est une coutume (âda), ça vient d’être rappelé par Mohammad Gomaa, le grand mufti d’Égypte qui a pris position contre le burqa (...) C’est un signe idéologique de l’islam radical, prônant la concurrence des universalités ; c’est lui qui nourrit le "choc des civilisations", idée islamiste reprise par l’essayiste américain Samuel Huttington".

Alors, pour apporter ma modeste contribution à ce dossier et pour oublier un peu ces silhouettes de cauchemar, je suis heureux d’aérer mon blog avec cette jolie kabyle, en tenue traditionnel de son pays : pas de voile noir, total, de trois quart ou partiel, mais des cheveux noirs de jais ... agrémentés des plus beaux bijoux de l’artisanat local. Une beauté qui fait du bien, et vient tordre le cou à la fois aux racistes qui pensent « burqa » chaque fois qu’ils entendent "musulmans" ; et aux idiots utiles, qui imaginent faire de l’antiracisme en acceptant les burqas !

J.C

10 mai 2010

La sale guerre entre Palestiniens, par Khaled Abou Toameh


Quelques mots de présentation pour cet article ...
D’abord l’auteur, Khaled Abou Toameh, est un reporter de talent. Arabe israélien, il fait des reportages pour le quotidien « Jérusalem Post ». Cet article a été publié par le « Hudson Institute », « Think tank » américain de tendance « néoconservative ». Ensuite le traducteur est notre ami Albert Soued, déjà deux fois mon invité à la radio et qui fait un travail de veille remarquable pour tout ce qui concerne l’actualité d’Israël et du Proche-Orient, privilégiant les analyses de fond aux commentaires sur l’actualité immédiate.
Bonne lecture !

Si Israël ne servait pas de tampon entre Gaza et la Cisjordanie, le Hamas et le Fatah se seraient entretués par bombes-suicide et missiles. Et probablement chaque partie serait en train de précipiter des 15ème & 16ème étages de grands immeubles les partisans de l'autre partie, si Israël n'avait pas aidé les membres du Fatah et leurs familles à s'enfuir de Gaza, lors de l'été 2007.
Ce n'est pas un conflit qui apportera la démocratie et une bonne administration aux Palestiniens, car il s'agit d'une lutte de pouvoir, à qui s'emparera des prérogatives et de l'argent reçu de l'étranger. De plus, ce n'est pas une lutte entre "les bons et les mauvais gars", mais une lutte "entre mauvais gars".
Les dirigeants du Fatah haïssent ceux du Hamas à un point tel qu'ils sont même prêts à s'allier avec l'"ennemi" Israël, pour atteindre leur but, renverser le régime du Hamas.
Lors de la dernière intervention israélienne "Plomb durci" dans la bande de Gaza, l'an dernier, les officiels du Fatah ont communiqué à Israël des informations utiles qui lui a permis d'éliminer nombre d'opérationnels du Hamas.
Les Palestiniens ne doivent pas s'attendre à ce qu'un dirigeant Israélien leur offre un pays sur un plateau d'argent. Un peuple gagne sa patrie en restant uni et en installant une administration efficace et viable, des institutions sérieuses et une infrastructure solide. Et bien entendu dans une démocratie ayant une bonne économie.

La seule guerre qui permettrait de progresser vers la paix est celle qui mènerait les Palestiniens d'abord à s'unir. A quoi sert-il à Israël de signer un accord avec Mahmoud Abbas ou Salam Fayyad, alors que tout le monde sait que les 2 hommes n'ont aucun contrôle sur Gaza ? Et qui dit qu'Abbas ou Fayyad - perçus par nombre de Palestiniens comme des fantoches entre les mains des Américains et des Israéliens - pourra vendre un accord de paix avec Israël aux Arabes et aux Musulmans ?
Alors que le Fatah cherche l'appui des Américains, des Européens et d'Israël pour se débarrasser du Hamas, le mouvement islamique compte sur l'Iran, la Syrie et sur le Qatar pour miner et discréditer ses rivaux de Cisjordanie.

La lutte pour le pouvoir a commencé aussitôt après que la Hamas soit arrivé au gouvernement en janvier 2006. Appuyé par les Etats-Unis et par certains pays européens, le Fatah - qui n'a jamais avalé sa défaite humiliante aux élections - avait fixé comme objectif de renverser le régime du Hamas. Au lieu de tirer les bonnes conclusions de sa défaite et de mettre en ordre ses "affaires", le Fatah a choisi de faire le maximum pour revenir au pouvoir par tous les moyens. Mais tous ses efforts pour torpiller le Hamas ont échoué, provoquant même une mini-guerre civile qui entraîna la chute de l'Autorité Palestinienne à Gaza.
Quand la guerre prit fin sans le renversement du Hamas, un grand nombre de dirigeants du Fatah ont exprimé leur déception qu'"Israël n'ait pas fini le boulot".

La plus grande erreur que les Occidentaux aient faite, c'est de permettre au Hamas de participer aux élections sans conditions. Ils auraient dû lui imposer 3 conditions pour sa participation: renoncer à la violence, reconnaître Israël et honorer les accords passés, signés avec cet état. La communauté internationale s'est enfin réveillée et a imposé ces conditions, mais c'était trop tard, le régime islamique avait déjà gagné dans des élections "libres et démocratiques", supervisées même par Jimmy Carter, ex- président américain.
Aujourd'hui les 2 rivaux, en guerre depuis les élections de 2006, sont déterminés à poursuivre leur combat jusqu'au dernier Palestinien.

La sale guerre a déjà tué 2000 Palestiniens, la plupart d'innocents civils, alors que des milliers d'autres sont blessés ou handicapés. Dans la bande de Gaza, depuis 3 ans, le Hamas a tué ou emprisonné tous les partisans loyaux du Fatah. Les organisations des droits de l'homme sont inquiètes du fait que le Hamas a annoncé qu'il exécuterait tous les collaborateurs, et la plupart sont des hommes du Fatah (1).
En Cisjordanie, des centaines de membres du Hamas et de ses partisans sont en prison, sans procès. Des dizaines d'oeuvres sociales ou de charité du Hamas ont fermé leurs portes. Des milliers de fonctionnaires suspects de sympathie pour le Hamas ont été licenciés. Dans cette guerre, les deux parties utilisent des armes diverses, la guerre ne se limitant pas au terrain, mais s'étendant aux médias. Les 2 parties ont créé nombre de sites web dédiés à leur cause et à l'attaque de l'autre.

Il est difficile de voir comment "le processus de la paix" pourrait progresser alors que les Palestiniens sont occupés à se battre entre eux. Le fossé qui les sépare est si large qu'ils ne parviennent même pas à s'entendre sur les jours de repos hebdomadaire. La semaine dernière des centaines de milliers de Gazaouis sont restés sans lumière pendant plusieurs jours, l'Autorité Palestinienne refusant de payer la note de fuel à la compagnie qui fournit l'électricité.

Cette querelle est une affaire intérieure aux Palestiniens et devrait être résolue par eux et non par d'autres, qu'ils soient Saoudiens ou Américains. Les ingérences extérieures dans les affaires Palestiniennes ne peut qu'exacerber la crise.

Khaled Abou Toameh
The Hudson Institute 13/04/10
Traduit par Albert Soued,
http://soued.chez.com/ pour http://www.nuitdorient.com/

Note du traducteur
(1) le figaro du 15 avril 2010 : Le Hamas exécute deux hommes accusés de collaboration avec Israël
Note de Jean Corcos
L'actualité donne un relief particulier à cet article : des négociations de paix indirectes vont démarrer entre Israel et l'Autorité Palestinienne, négociations bien entendu dénoncées par le Hamas. Et, il y a quelques jours, Mahmoud Abbas vient de dénoncer les importations d'armes du mouvement islamiste en Cisjordanie ... le conflit inter-plaestinien est donc loin d'etre terminé !

08 mai 2010

Encore de beaux souvenirs

Evoquant la Tunisie à la Cité de l'Immigration, mars 2010

Mohamed Sifaoui et Jean Corcos, octobre 2009

Serge Klarsfeld et Jean Corcos, février 2010

Au-delà de certains évènements relatés dans ce blog - émissions de radio, colloques, expositions - il y a les beaux souvenirs qui s’imprègnent dans ma mémoire ... Rencontres ou retrouvailles avec des personnalités marquantes, plus ou moins connues mais qui n’auraient jamais été possibles sans mon activité bénévole de journaliste. Ou possibilité de parler directement devant un auditoire et d’échanger, à partir d’une expérience personnelle qui s’enrichit au fil des années !

Ces trois photos illustrent autant de souvenirs récents que je voulais vous faire partager. Sur la première, j’évoque la mémoire de mes jeunes années en Tunisie, invité par le groupe Facebook « Shalom Paix Salam » dans le cadre d’une journée à la cité de l’immigration
(lire ici) : à ma gauche, Claude Nataf, président de la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie, et mon vieil ami et complice de la radio, André Nahum ; juste à ma droite, André Derhy, que je retrouve au CRIF dans le cadre de la « Commission pour les relations avec les Musulmans » ; il a parlé, lui, de l’exode des Juifs du Maroc, un sujet qu’il connaît parfaitement bien en sa qualité de président de la Fédération Mondiale du Judaïsme Marocain. Sur les deux suivantes, prises quelques minutes avant l’enregistrement dans notre studio, je reçois à Judaïques FM deux invités récents, Mohamed Sifaoui et Serge Klarsfeld (voir présentation des émissions en cliquant sur leur nom en libellé).


J.C 

06 mai 2010

Le collet de l’islamophobie, par Bernard Botturi

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Cet article bien entendu sera disqualifié par les islamistes et les idiots utiles comme islamophobe. Mais qu’est-ce que l’islamophobie ?
Ce mot est la combinaison de deux mots islam et phobie. Qu’est-ce que la phobie ? La phobie est un mot qui relève de la psychopathologie, elle désigne la peur d’un objet, d’une situation, d’un animal, d’un lieu, d’une situation sociale, etc. Cette peur atteint un degré d’angoisse si intense que la personne se trouve émotionnellement débordée, et peut être ainsi sujette à une attaque de panique. Des sentiments d’aversion de dégoût viennent colorer l’objet de la phobie. Enfin les crises phobiques étant insupportables pour la personne, celle-ci va adopter des conduites d’évitement pouvant à des degrés divers invalider sa socialisation.
Question : qui a la phobie de l’islam ? Une infime minorité de personnes névrosées, mais dont le cas relève du cabinet psy.
Le moins que l’on puisse dire est que l’expression dans son étymologie est on ne peut plus maladroite, pourtant elle est utilisée aussi bien par des musulmans intégristes qui traitent, par exemple, les jeunes femmes refusant le voile d’islamophobes, que par des universitaires dits « progressistes » qui traquent l’islamophobie dans tout discours mettant en cause l’islam. Si les islamophobes au sens strict du terme sont infimes, en revanche les termes « d’islamophobe », « islamophobie » etc. servent surtout à disqualifier tout discours critique sur l’islam. De plus, des islamistes ont réussi à faire des amalgames redoutables, tel qu’assimiler la critique de l’islam (donc islamophobe) à du « racisme ». Cela laisse rêveur, l’islam comme toutes les religions (christianisme, judaïsme, bouddhisme) est adopté par des ethnies diverses : arabes, berbères, perses, malais, indonésiens, chinois, africains, etc. Si l’islam est une race, si tant est que le terme de race ait un sens, alors il faut expliquer : visiblement nous sommes dans une guerre des mots qui tend à vouloir bâillonner toute critique de l’islam en la faisant tomber comme délit.
Nous atteignons le sommet du ridicule (ou de la manipulation) lorsque des musulmans tels Mohammed Sifaoui, Fehti Benslama, Malek Chebel, Aziz Sahiri, Ibn Warak, Mina Ahadi, Talisma Nasreen, osant dénoncer le côté réactionnaire du salafisme, prôner un Islam libéré, intégrant les valeurs démocratiques, républicaines, laïques, reclamer le droit à l’apostasie, sont accusés d’être des « facilitateurs d’islamophobie ».
L’islamophobie est un terme qui n’est ni un concept, ni même une notion, c’est un mot « container » où il est aisé de mêler dans un tout indifférencié aussi bien les vitupération d’un illuminé d’extrême droite que les prudentes critiques des dérives salafistes menées au nom de l’humanisme. Un mot dénué de toute signification, car n’importe qui peut lui faire dire n’importe quoi, n’importe comment. Il serait bon d’abandonner un terme confus qui surtout empêche tout dialogue constructif par un duel suicidant et suicidaire : islamophobes versus islamistes. Situation bloquée et bloquante.
Examinons de plus près les diverses attitudes envers l’islam. Celles-ci vont du rejet viscéral au dialogue constructif.
Tout d’abord il y un rejet de l’islam lié à l’ignorance et à la méfiance : « ce n’est pas de chez nous », rejet propre à toute société qui voit dans l’émergence d’une pensée autre une menace plus ou moins grande quant à ses identités, ses liens d’appartenance.
Il y a également ceux qui rejettent l’islam comme idéologie radicalement hétérogène aux valeurs occidentales. Ce rejet peut venir aussi bien de droite que de gauche au nom de valeurs bien différentes, car là encore les valeurs occidentales des uns ne sont pas celles des autres.
Il y a ceux qui considèrent l’islam comme une pensée de barbares conquérants, sexistes, obscurantistes.
Ceux qui voient dans l’islam une idéologie de terroristes, de subversifs qui veulent imposer un Califat mondial.
Ceux qui utilisent l’islamisme comme moyen de continuer un racisme anti-arabe au nom de la lutte contre l’islamisme, tout comme l’antisionisme est le faux nez de l’antijudaïsme.
Ceux qui prennent en compte l’émergence du fait musulman et qui s’interrogent légitimement sur comment intégrer cette nouvelle composante au sein de la communauté Europe, qui par delà un multiculturalisme plus ou moins cynique militent pour l’inter-culturalisme.
Ceux qui instrumentalisent l’islamophobie pour remettre en cause la loi de 1905 et rêvent d’un nouveau concordat.
Ceux qui s’interrogent sur un islamisme non pas fantasmé ou imaginaire mais aux effets bien réels : attentats, massacres de masses au Soudan, en Somalie, les fureurs sanglantes du GIA, fatwa contre Rushdie, Redecker, assassinat de Theo van Gogh, discours d’imams vomissant l’occident, les croisés, le sionisme ... ces mêmes personnes s’interrogent aussi sur un probable « feed back » redoutable, dont tous les musulmans ou supposés tels feraient les frais.
Il y a des musulmans militants pour un islam réformé, libéral, tout comme les chrétiens et les juifs ont connu leurs réformateurs et libéraux.
Enfin, il y a tous les autres ...
Les rapports à l’islam sont multiples, vouloir les cataloguer, les étiqueter sous la case « islamophobie » est absolument non productif, car c’est agréger des attitudes aux motivations totalement différentes :
- Celles de la méfiance populaire (répandue dans le monde entier) envers tout élément qui pourrait remettre en cause une certain consensus social.
- Celles d’un laïc, qui mesure le long travail de libération de l’emprise bien réelle du cléricalisme, et voit d’un mauvais oeil l’émergence d’un fait religieux néo-clérical qu’il croyait éradiqué.
- Celle de l’humaniste qui oeuvre à l’inter culturalisme.
Etc.
Donc nous récusons le terme d’islamophobie, pré-notion abstraite car vide de toute définition concrète. Cela dit nous ne pouvons pas empêcher l’utilisation de ce terme par les tenants de « l’islamiquement correct », de vitupérer, de m’accuser d’être un « valet du sionisme et de l’impérialisme », je connais déjà leur noms, leurs officines donc pas de surprise !
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Bernard Botturi
4 décembre 2009, publié dans « le courrier des lecteurs » du Figaro.

04 mai 2010

Londres : D Day dans 2 jours … et une inquiétante nouvelle star de la politique

Dans une boutique de Piccadilly Circus

Juste un mot, d’abord, à propos de cette photo un peu incongrue sur mon blog : j’ai donc passé une petite semaine à Londres, à l’occasion d’une sympathique circonstance familiale - une Bat Mitzvah - qui m’a permis, entre autres, de connaître un peu l’espace d’un Shabbat la communauté séfarade de la Capitale : un office bien sympathique, mené par un « Rabbi » d’origine tunisienne ... mais « so british » ainsi que les notables du lieu, portant fièrement le chapeau haut de forme pour mener la prière !

Mais au-delà des retrouvailles touristiques - comme cette « mini » années 60, photographiée dans un magasin de souvenirs de Piccadilly Circus -, je suis également tombé en plein dans la dernière ligne droite des élections, qui doivent se tenir le jeudi 6 mai. Une campagne électorale que j’ai pu suivre sur la chaîne d’infos continue de la BBC, et où - pour la première fois -, il y a « trois chevaux » en course : le peu populaire Premier Ministre sortant Gordon Brown, « plombé » par un déficit de charisme par rapport à son prédécesseur Tony Blair, la crise économique qui a particulièrement frappé le pays (où la finance représente 25 % du PNP), et l’usure du Labour après de longues années au pouvoir ; le jeune et charmeur David Cameron, espoir des Conservateurs mais qui semble n’avoir percé qu’en fin de campagne ; et enfin, la star de cette élection, le jeune leader du parti Libéral Démocrate Nick Clegg, sur lequel les médias français portent un regard bien admiratif (lire ici l'article publié dans le journal "Le Monde").

Dois-je l’avouer ? L’hypothèse non pas de son ascension au poste de Premier Ministre - le système électoral majoritaire à un tour, et la dispersion de ses électeurs plafonneront son score probablement à moins de 100 sièges -, mais de son éventuel rôle de partenaire obligé d’une coalition au Communes, me fait peur : en effet, ce jeune et ambitieux politicien a fait preuve d’une hostilité et d’une agressivité incroyables vis-à-vis d’Israël, réclamant des sanctions contre l’état juif au moment de l’opération « plomb durci ». Une position qui - avec le fait qu’il ait condamné l’engagement britannique en Irak en 2003 - lui vaudra à la fois les suffrages des Musulmans du pays et de la majorité de la jeunesse, pacifiste et anti-américaine. Mais ce faux centriste - la couleur orange des fanions des « libdem » ne doit pas faire illusion - est plus proche par son idéologie des Verts continentaux que des deux autres partis traditionnels : partisan à la fois du désarmement nucléaire unilatéral du Royaume Uni, d’un éloignement des Etats-Unis, d’une régularisation massive de tous les sans papiers et des « énergies douces », on imagine quel coup de barre représenterait le succès de son camp ... un succès qui doit faire rêver, bien sur, le journal « le Monde » ; et « The Guardian », traditionnel support des Travaillistes mais qui vient des les abandonner pour Nick Clegg ; mais il est vrai que « Le Monde » semble presque pro israélien, à coté de l’antisionisme rabique du Guardian !

"Rencontre" célèbre sa Bar Mitzvah ... Emile Moatti sera mon invité le 9 mai

Emile Moatti
L’émission de dimanche prochain sera originale, à plusieurs titres. Tout d’abord, nous la réaliserons pas téléphone avec Jérusalem au bout du fil. Ensuite, mon invité sera un vieil ami et complice, dont les auditeurs fidèles se souviennent certainement puisqu’il s’agira d’Emile Moatti. Ceux d’entre eux qui ont suivi cette émission vraiment depuis ses débuts se souviennent qu’il a été jadis non pas mon invité, mais mon coéquipier dans cette émission que nous avons créé ensemble sur Judaïques FM. Et c’est la troisième et la plus sympathique originalité de ce prochain numéro, puisque je l’ai intitulé « La Bar Mitzvah de Rencontre » : il y a, en effet, exactement 13 ans que nous eu notre première émission, c’était le 15 mai 1997, et l’émission s’intitulait « Le Lycée Carnot de Tunis, pépinière de talents juifs, chrétiens et musulmans ». Nous avions eu deux invités, un juif et une musulmane, responsables de l’association d’anciens élèves du lycée de mon enfance, et quelque part cette émission donnait un peu la tonalité de cette série puisque c’est la seule à avoir invité régulièrement sur la fréquence juive des invités musulmans, et cela malgré un contexte qui n’a cessé de se dégrader. Dans notre tradition, la Bar Mitzvah c’est le passage à l’age adulte, le moment de la maturité, et ce bilan et cette réflexion sur « Rencontre », nous la ferons ensemble, en deuxième partie d’émission. Ce sera l’occasion aussi de rappeler, à la fois aux auditeurs fidèles et à ceux de passage, la thématique de cette série, son évolution, mais aussi de parler du blog qui mérite toujours d’être mieux connu ...

Mais auparavant nous parlerons d’Emile Moatti, de sa vie à Jérusalem où il a rejoint ses enfants et petits enfants depuis l’année dernière. Pour les lecteurs ne le connaissant pas encore, cliquer sur son nom en libellé. Résumons très brièvement son parcours admirable de militant du dialogue inter religieux, depuis plus de trente ans : natif d’Algérie, polytechnicien et ingénieur tout au long de sa carrière professionnelle, il a œuvré aux amitiés judéo-chrétiennes, et puis pendant longtemps à la « Fraternité d’Abraham », qui est une instance de dialogue entre Juifs, Chrétiens et Musulmans ; il la représente d’ailleurs maintenant à Jérusalem.

Parmi les questions que je poserai à Emile Moatti :

- Est-ce que militer pour le dialogue inter religieux, précisément à Jérusalem, où le choc des croyances est le plus brutal et où les religions sont le plus instrumentalisées politiquement, ne tient pas de la mission impossible ?
- A propos de Jérusalem qui est aux premières loges de l’actualité depuis la récente crise israélo-américaine, est-ce qu’il ne partage pas l’avis d’Elie Wiesel, qui a dit dans une tribune libre très remarquée qu’il fallait laisser cette question tout à fait à la fin des négociations, parce que c’est le contentieux le plus inextricable ?
- Il a quitté la France sans rancœur, sans ce désappointement que l’on entend de plus en plus dans notre Communauté : pourquoi cette reconnaissance et cette fidélité ?

Soyez nombreux à fêter avec nous les 13 ans de « Rencontre » !

J.C