Photo tirée du site www.ynetnews.com
Victoire ou défaite d'Israël ? s’interrogent les deux excellents éditorialistes du site israélien « Guysennews ». Voici un « post » pour tenter une réponse, à partir de la synthèse de mes lectures, fort riches (et contrastées) de la semaine ! J’espère qu’il pourra vous aider à vous faire une idée, en lisant les nombreux liens, certains sur des articles de la presse nationale et les autres sur des textes en langue anglaise et tirés de la presse israélienne. Une impression, pessimiste, domine partout : une autre guerre se profile à l'horizon, celle-là ayant été le premier round de la confrontation - inévitable - avec l'Iran du fou furieux Ahmadinejad qui programme la destruction de l’État juif.
Six jours après sa déclaration officielle, le cessez-le feu semble bien fragile. Tout dépend en fait de la mise en œuvre, rapide, des dispositions de la résolution 1701 du Conseil de Sécurité, dont on trouvera le texte intégral sur le blog. Principal acquis pour l’État d’Israël de cette guerre de 33 jours, cette résolution consacre une victoire politique - mais elle ne servira pas à grand-chose si le reste du monde se défile.
Quid, par exemple, de l’embargo sur les armes à destination du Hezbollah ? Selon un article publié dans l'Express, la Turquie a permis le transit au dessus de son territoire des armes en provenance de l’Iran, et elle fait l’objet de vives pressions pour que cela cesse. La surveillance maritime du Liban doit être mise en place par plusieurs pays, et l’Allemagne s’est proposée pour cette tache. En attendant, le Hezbollah essaie de reconstituer ses arsenaux de missiles en partie détruits pendant le conflit, et Israël tente de l’en empêcher, c’était l’objet du raid dans la région de Baalbek samedi matin ... au risque de rompre le cessez-le-feu.
Pour ce qui concerne la force multinationale de 15.000 hommes qui devait se positionner au Sud Liban, elle semble avoir bien du mal à se mettre en place. La reculade de la France, en particulier, est jugée sévèrement à l’Étranger, car elle devait y jouer un rôle prépondérant.
Quelles leçons pour cette guerre d’un point de vue militaire ? Israël a fait face à un ennemi redoutable, doté d’armements russes et chinois perfectionnés livrés par l’Iran, et parfaitement entraîné. Ze'ev Schiff, le spécialiste reconnu des questions militaires du journal "Haaretz", donne le bilan le plus honnête qui soit du bilan de ce conflit, en résumant à la fois ce qui a été obtenu et les échecs par rapport aux objectifs. Ron Ben Yishai, lui, écrit un article en forme d’avertissement dans l’édition Internet du "Yediot Aharonot" : cette guerre n’est qu’un premier round, l'Iran, la Syrie et les organisations islamistes radicales ont un plan bien arrêté pour détruire Israël par étapes. Il faut, d’urgence, repenser tout ce qui relève de la défense, qu’il s’agisse des armes anti-missiles, de la protection des blindés ou de celle de la population civile, qui sera encore plus lourdement frappée lors de la prochaine guerre. Pour Elisabeth Schemla qui signe dans "proche-orient.info" un éditorial au ton catastrophique, la cause est entendue : Israël a perdu sa force de dissuasion, et l’Iran est le grand vainqueur du conflit !
La guerre, enfin, n’est pas qu’affaire de stratégie, de politique et de diplomatie : elle pèse son poids de deuil, de larmes et de destructions. Vous pourrez voir le visage des victimes israéliennes sur une page mise en ligne sur le site du Ministère des Affaires Étrangères de Jérusalem. Même si on peut penser (et dont le fond, c'est mon avis) que le Hezbollah n'a gagné ni militairement ni politiquement, même si les 5 milliards de dollars que coûtera le conflit seront vite absorbés par une économie israélienne très performante, le désastre est là, irréparable pour toutes leurs familles. Est-il besoin de le souligner ici, enfin ? Quelles que soient les responsabilités du Hezbollah et de ses parrains iraniens, les centaines de victimes libanaises innocentes sont aussi une catastrophe - pas seulement parce qu’elles ont la même valeur absolue que les victimes israéliennes ; mais aussi parce qu’elles contribueront à creuser encore plus le fossé de haine entre les deux peuples.
J.C