Environ 200 policiers ont mené mardi douze
perquisitions à Grande-Synthe (Nord) au siège du "Centre Zahra
France" et aux domiciles de ses principaux dirigeants. Cette association
religieuse est "suivi en raison du soutien marqué" à "plusieurs
organisations terroristes".
C'est une vaste opération antiterroriste qui a
mobilisé, mardi à l'aube, environ 200 policiers nationaux à Grande-Synthe (Nord). Onze
personnes ont été interpellées selon une source proche du dossier citée par
l'AFP, après les perquisitions des locaux de l'association religieuse
"Centre Zahra France" ainsi que les domiciles de ses principaux
dirigeants. Trois personnes ont ensuite été placées en garde à vue. Selon la
préfecture du Nord, qui a publié un communiqué quelques minutes après le début
de l'opération, les activités de l'association sont "particulièrement
suivies en raison du soutien marqué par ses dirigeants à plusieurs
organisations terroristes et en faveur de mouvements prônant des idées
contraires aux valeurs de la République".
Selon une décision inscrite mardi au Journal officiel,
les fonds de l'association "Centre Zahra France" ont par ailleurs été
gelés pour une durée de six mois. La préfecture du Nord a inscrit l'opération
"dans le cadre de la prévention du terrorisme". Les perquisitions ont
été rendues possibles grâce aux nouvelles dispositions de la récente loi
antiterrorisme, adoptée en octobre 2017.
Des articles du parti anti-sioniste
mis en ligne
Pourquoi le "Centre Zahra France" inquiète ? Selon
sa page Facebook, elle a été fondée en novembre 2009. Sauf que le "Centre
Zahra France" existait avant : en février 2009, L'Express indique
que "cette association musulmane chiite" existe en fait depuis 2005.
Selon l'hebdomadaire, le "Centre" diffuse une propagande antisioniste
"très virulente". Son site Internet aurait ainsi diffusé "des
images terrifiantes, comparant le sort réservé aux juifs par les nazis durant
la Seconde Guerre mondiale à celui des Palestiniens face à l'armée israélienne
actuelle". L'un des principaux dirigeants de l'association, Yahia
Gouasmi qui fait partie des personnes placées en garde à vue mardi, a
d'ailleurs fondé le Parti antisioniste en France.
Aujourd'hui, sur son site Internet, l'association
religieuse se décrit d'abord comme "un centre de conciliation pour la mémoire
de l'Homme". "Le but du Centre Zahra France est de faire connaître le
message de l'Islam à travers le regard du Prophète et de sa famille ; de les
faire connaître, de traduire leurs pensées et de témoigner de leurs
oeuvres", est-il encore écrit en pied de la première page du site.
Sur ce site, des extraits du Coran, des
"décryptages" vidéos des textes sacrés de l'Islam et… des articles du
parti anti-sioniste. Le "Centre Zahra France" propose également un
jeu téléchargeable sur la plateforme Androïd dont "l'objectif" est de
"donner des pistes pour faire vos propres recherches sur les prophètes et
les fondements de l’Islam". L'association a plus de 8.500 abonnés sur
Facebook, comme sur YouTube.
Une association proche de l'Iran et
du Hezbollah libanais
L'Express rappelle que l'association a organisé une conférence
en juillet 2008, à laquelle étaient présents Dieudonné ou encore le président
du Parti des musulmans de France Mohamed Latrèche. Le mois suivant, le
"Centre Zahra France" avait reçu Kémi Séba, un extrémiste dont le
premier mouvement, la Tribu Ka, avait été dissous en 2006 pour "incitation
à la haine raciale" et "antisémitisme". Selon Le Figaro, qui
cite le chercheur Romain Caillet, spécialiste du djihad, l'association est
"une organisation islamique, proche de l'Iran, principale puissance
chiite, et du Hezbollah libanais".
En mai 2016, l'association avait posté un article
condamnant "le groupe terroriste dirigé par le Calife autoproclamé Abou
Bakr al-Baghdadi depuis le 29 juin 2014" - le chef du groupe État
islamique -, le qualifiant de "projet nazi socialo-sioniste". Selon
la mairie, ce centre ne participe "ni de près ni de loin" à l'aide
aux migrants et aux réunions régulières entre associations et
élus. "C'est une communauté très fermée, on ne sait pas trop ce qu'il
se passe à l'intérieur, il y a souvent des gardes devant l'entrée", a
témoigné auprès de l'AFP une riveraine, sous couvert d'anonymat, affirmant
aussi que l'association possède "des commerces en centre-ville".
Europe 1 et le JDD
2 octobre 2018