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04 octobre 2018

Terrorisme : ce qu'on a trouvé sur le Centre Zahra, cible de l'opération à Grande-Synthe


Environ 200 policiers ont mené mardi douze perquisitions à Grande-Synthe (Nord) au siège du "Centre Zahra France" et aux domiciles de ses principaux dirigeants. Cette association religieuse est "suivi en raison du soutien marqué" à "plusieurs organisations terroristes".
C'est une vaste opération antiterroriste qui a mobilisé, mardi à l'aube, environ 200 policiers nationaux à Grande-Synthe (Nord). Onze personnes ont été interpellées selon une source proche du dossier citée par l'AFP, après les perquisitions des locaux de l'association religieuse "Centre Zahra France" ainsi que les domiciles de ses principaux dirigeants. Trois personnes ont ensuite été placées en garde à vue. Selon la préfecture du Nord, qui a publié un communiqué quelques minutes après le début de l'opération, les activités de l'association sont "particulièrement suivies en raison du soutien marqué par ses dirigeants à plusieurs organisations terroristes et en faveur de mouvements prônant des idées contraires aux valeurs de la République".
Selon une décision inscrite mardi au Journal officiel, les fonds de l'association "Centre Zahra France" ont par ailleurs été gelés pour une durée de six mois. La préfecture du Nord a inscrit l'opération "dans le cadre de la prévention du terrorisme". Les perquisitions ont été rendues possibles grâce aux nouvelles dispositions de la récente loi antiterrorisme, adoptée en octobre 2017.

Des articles du parti anti-sioniste mis en ligne

Pourquoi le "Centre Zahra France" inquiète ? Selon sa page Facebook, elle a été fondée en novembre 2009. Sauf que le "Centre Zahra France" existait avant : en février 2009, L'Express indique que "cette association musulmane chiite" existe en fait depuis 2005. Selon l'hebdomadaire, le "Centre" diffuse une propagande antisioniste "très virulente". Son site Internet aurait ainsi diffusé "des images terrifiantes, comparant le sort réservé aux juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale à celui des Palestiniens face à l'armée israélienne actuelle". L'un des principaux dirigeants de l'association, Yahia Gouasmi qui fait partie des personnes placées en garde à vue mardi, a d'ailleurs fondé le Parti antisioniste en France.
Aujourd'hui, sur son site Internet, l'association religieuse se décrit d'abord comme "un centre de conciliation pour la mémoire de l'Homme". "Le but du Centre Zahra France est de faire connaître le message de l'Islam à travers le regard du Prophète et de sa famille ; de les faire connaître, de traduire leurs pensées et de témoigner de leurs oeuvres", est-il encore écrit en pied de la première page du site.
Sur ce site, des extraits du Coran, des "décryptages" vidéos des textes sacrés de l'Islam et… des articles du parti anti-sioniste. Le "Centre Zahra France" propose également un jeu téléchargeable sur la plateforme Androïd dont "l'objectif" est de "donner des pistes pour faire vos propres recherches sur les prophètes et les fondements de l’Islam". L'association a plus de 8.500 abonnés sur Facebook, comme sur YouTube.

Une association proche de l'Iran et du Hezbollah libanais

L'Express rappelle que l'association a organisé une conférence en juillet 2008, à laquelle étaient présents Dieudonné ou encore le président du Parti des musulmans de France Mohamed Latrèche. Le mois suivant, le "Centre Zahra France" avait reçu Kémi Séba, un extrémiste dont le premier mouvement, la Tribu Ka, avait été dissous en 2006 pour "incitation à la haine raciale" et "antisémitisme". Selon Le Figaro, qui cite le chercheur Romain Caillet, spécialiste du djihad, l'association est "une organisation islamique, proche de l'Iran, principale puissance chiite, et du Hezbollah libanais".
En mai 2016, l'association avait posté un article condamnant "le groupe terroriste dirigé par le Calife autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi depuis le 29 juin 2014" - le chef du groupe État islamique -, le qualifiant de "projet nazi socialo-sioniste". Selon la mairie, ce centre ne participe "ni de près ni de loin" à l'aide aux migrants et aux réunions régulières entre associations et élus. "C'est une communauté très fermée, on ne sait pas trop ce qu'il se passe à l'intérieur, il y a souvent des gardes devant l'entrée", a témoigné auprès de l'AFP une riveraine, sous couvert d'anonymat, affirmant aussi que l'association possède "des commerces en centre-ville".

Europe 1 et le JDD
2 octobre 2018