Dorothée Schmid sera mon
invitée le 4 novembre. J’ai eu le plaisir de la recevoir souvent dans mon
émission, pour rappel elle dirige le programme "Turquie / Moyen Orient"
à l'Institut Français des Relations Internationales. La dernière fois que je l’avais
reçue, c’était il y a un an et demi pour parler de son livre, "La Turquie
en 100 questions", édité chez Tallandier. C’est vraiment un ouvrage de
référence, pour qui veut comprendre ce fascinant pays. L’actualité des derniers
mois a remis la Turquie sous les feux de la rampe : il y a eu au début de
l’année l’entrée de l’armée turque dans une petite zone au Nord-Ouest de la
Syrie, et on a beaucoup craint un engagement militaire beaucoup plus
important ; il y a eu ensuite les élections présidentielles, gagnées au
premier tour par Recep Tayyip Erdogan alors qu’on le disait en perte de vitesse ;
mais il y a eu surtout la grave crise avec les Etats-Unis, avec
l’emprisonnement d’un Pasteur, retenu sous prétexte d’espionnage ; au cœur
de l’été, il y a eu la dégringolade de la livre turque, révélant la fragilité
économique du pays ; et puis, la Turquie est revenue tout dernièrement à
« la une », avec l’affaire Jamal Khashoggi, ce journaliste opposant
assassiné dans le consulat saoudien d’Istanbul, et le véritable bras de fer
engagé avec l’Arabie. Alors, cela fait
beaucoup de sujets, et nous comptons vraiment sur notre invitée pour nous
éclairer.
Parmi les questions que je
poserai à Dorothée Schmid :
-
A propos des élections du 24 mai :
avez-vous été surprise par le résultat - pour rappel le président sortant
Erdogan est passé au premier tour avec plus de 52% des voix, alors que l’on
pronostiquait un ballotage avec la campagne dynamique de ses concurrents ?
Vu la forte répression contre les médias d’opposition, est-ce qu’on peut dire
que les élections étaient vraiment libres ? Et comment interprétez-vous les résultats pour
les Turcs vivant en Europe : ils ont voté encore plus largement pour lui,
par exemple à 65 % en France ?
-
A propos de la Syrie. On craignait que l’armée
turque occupe tout le Nord et donc s’oppose frontalement aux Occidentaux qui
soutiennent les Kurdes, mais on a l’impression au contraire d’une grande
prudence : la Russie a stoppé l’offensive des troupes d’Assad sur le
dernier réduit rebelle d’Idlib, et les Turcs ont beaucoup pesé auprès de
Poutine pour en quelque sorte geler les forces sur le terrain. Pourriez-vous
nous expliquer pourquoi ?
-
Un Pasteur américain, Andrew Brunson, était
assigné à résidence depuis deux ans sous l’accusation – fantaisiste –
d’espionnage. Il avait été proposé comme monnaie d’échange contre Fetullah
Gülen, l’opposant bien connu exilé aux Etats-Unis. Donald Trump a fini par
menacer, il a pris des sanctions économiques, ce qui a encore aggravé la chute
de la livre turque. Après des propos bravaches, Erdogan a cédé : comment
l’expliquez-vous ?
-
A propos de la chute vertigineuse de la livre
turque : en janvier dernier, un dollar valait 3,5 livres, aujourd’hui le
cours est d’à peu près 5,5 : quelles sont les principales raisons de ce
dévissage ?
-
A propos de l’affaire Jamal Khashoggi, le
journaliste opposant saoudien qui a été assassiné dans l’enceinte du consulat d’Istanbul.
La presse turque a révélé l’affaire, à partir d’informations distillées peu à
peu par les autorités. Bien sûr, il a été une victime d’un meurtre barbare, et
il ne s’agit pas de nier le scandale diplomatique. Mais on lit aussi qu’il
était Frère Musulman, sa fiancée était proche de l’IHH, ONG islamiste turque.
Cela n’explique-t-il pas le zèle d’Erdogan ?
Des
sujets vraiment brûlants … soyez nombreux à l’écoute !
J.C