Frédéric Hay, président de l'association Adheos, a
dénoncé lundi sur franceinfo l'attitude de plus en plus dure de l'État tunisien
à l'égard des homosexuels tunisiens, mais aussi étrangers.
Deux couples binationaux ont dû fuir la Tunisie en
raison de leur homosexualité, a rapporté lundi 19 février France Bleu La Rochelle.
Christophe et Mehdi, Français et Mauricien, ainsi que Thierry et
Yoan, Français et Tunisien, ont quitté précipitamment il y a quelques mois
le pays où ils étaient installés, alors qu'ils étaient sur le point d’être
arrêtés par la police. Pour Frédéric Hay, président de
l'association Adheos (Association d'aide de défense homosexuelle pour
l'égalité des orientations sexuelles), invité lundi de franceinfo, ces vagues
d'arrestations ont pour but de cacher les grandes difficultés économiques de la
Tunisie.
franceinfo : La situation des homosexuels en
Tunisie est-elle de plus en plus dangereuse ?
Frédéric Hay : Tout à fait. On savait que c'était une politique
gouvernementale dirigée essentiellement contre les gays tunisiens. Il y a déjà
eu plus de 21 meurtres et plus de 400 arrestations de gays, et surtout des
centaines de violences et d'agressions sur des gays tunisiens. Mais on n'avait
pas connaissance de tels agissements sur des ressortissants français ou
européens. Il s'avère d'après nos informations que ça change. D'autres couples
binationaux avant ces couples rochelais ont été victimes de ces mêmes menaces
et de ces mêmes extorsions de fonds, puisqu'ils doivent tout lâcher du jour au
lendemain. C'est une véritable chasse organisée par l'État tunisien. C'est une
politique qui vise à cacher un peu le naufrage économique de la Tunisie. Demain
on peut s'interroger sur la chasse aux laïcs, aux démocrates ou aux femmes.
Quels sont les motifs légaux d'arrestation ?
L'article 230 du code pénal qui criminalise
l'homosexualité d'une manière générale, comme dans plus de 70 pays dans le
monde. Cette base sert à tous les chantages, il y a une véritable insécurité en
Tunisie. La religion pose question aussi puisqu'il y a une radicalisation
religieuse en Tunisie, avec des imams qui publiquement
incitent, comme Daech, à tuer, lapider et jeter les homosexuels des
toits.
Est-ce quelque chose qui est monnaie courante ?
Oui, et ce sont les mêmes imams que nous avons dénoncé
aux autorités françaises pour leur interdire le territoire français et l'espace
Shengen. J'attends toujours une réponse des autorités françaises, car ce sont
des personnes qui ont des visas, qui voyagent tranquillement, certains vont
voir leurs filles qui étudient à Paris. On n'a aujourd'hui aucune réponse
officielle quand on signale des imams radicalisés qui appellent au meurtre
d'homosexuels, ils sont toujours autorisés à venir en France. Et on n'a pas non
plus de réponse vis-à-vis de l'accompagnement des victimes de tous ces
agissements.
Site de france Info / Radio France
19 février 2018