Le Président iranien Hassan Rouhani
Les
ambitions expansionnistes du régime des Mollah ne laissent plus de doute
Il n’est plus besoin d’attendre les yeux fixés sur
Téhéran une guerre nucléaire et balistique meurtrière, ni de guetter avec plus
ou moins de crainte son déclenchement. Parce qu’à seulement quelques dizaines
de kilomètres au nord de Tel-Aviv, sur le sol et dans le ciel syrien, la guerre
Iran-Israël a déjà commencé.
Les Israéliens l’ont affirmé sans ambages, l'opération
de ce jeudi 10 mai était la plus importante de ces derniers mois.
Depuis des années, bien avant le début du conflit
syrien, les Israéliens survolent la Syrie et ses bouleversements. D’abord parce
qu'il n'y a qu’un cessez-le-feu qui garantisse aujourd’hui le calme précaire à
la frontière israélo-syrienne depuis la guerre de 67 et la prise du plateau du
Golan.
La centrale nucléaire de Deir ez-Zor bombardée en 2007
est aussi bien un exemple de la dangerosité et de la proximité irano-syrienne
que des opérations de surveillance continue des Israéliens.
Puis la montée rapide en puissance de Daesh et la
crainte du renversement d'Assad ont imposé à l'échelon militaire de garder les
multiples acteurs et leurs territoires aux frontières mouvantes bien à l'œil.
La surveillance israélienne après le recul de Daesh a
été renforcée par l'accélération de l'implantation militaire iranienne. Chaque
installation, chaque déplacement d'armes et de troupes a été cartographiée et
permet depuis des mois d'accumuler des milliers de données, d'évaluer le niveau
de menace de tirs iraniens et de cibler les sites les plus dangereux ou
susceptibles d'être les plus rapidement utilisés pour une attaque contre
Israël.
Cette nuit, plus d'une cinquantaine de cibles ont été
touchées en réponse a vingt tirs de missiles contre le territoire israélien.
Certaines bases visées devaient être le point de départ de tirs de missiles
seulement quelques heures plus tard.
Depuis 72 heures, l'armée israélienne publie des mises
en garde et demande la réouverture d'abris anti-missiles et mobilise ses
troupes. Une situation d'urgence sans hystérie collective, parce que depuis des
années, les Israéliens du nord connaissent les risques d'éclatement d'une
nouvelle guerre avec le Liban et la Syrie.
Depuis des années, la population s'est habituée sans
joie à ces tirs de mortiers récurrents. Parfois Daesh, parfois les rebelles
syriens, parfois le régime d'Assad. Souvent des débordements involontaires, en
tout cas pas destiné a ouvrir un conflit contre l'armée israélienne que ni le
régime affaibli ni Daesh en pleine déroute ne plaçait en tête de leur
priorités.
Mais pour l’Iran, le régime sioniste est et reste une
cible prioritaire. Une entité dérangeante à qui Téhéran refuse le nom d'Israël
et aux côtés de qui il siège bien malgré lui et dans une curieuse proximité sur
les bancs de l'Onu.
Le conflit est enclenché mais son ampleur reste
incertaine. Une guerre sur un tierce territoire bien trop proche des frontières
israéliennes pour ne pas risquer de déborder si des missiles iraniens touchent
des cibles urbaines et civiles dans le nord d'Israël.
Un secteur aussi ou les intérêts de l'Occident sont
trop nombreux pour garder le silence, ou faire mine d'indifférence à l'image
d'un autre conflit bien plus meurtrier mais suivant le même schéma d'un tierce
territoire accusant les coups.
Rappelons que depuis 2014 la guerre fait rage au Yémen
entre l'Iran et l'Arabie saoudite.
Quoiqu'il en soit les tensions actuelles renforcent la
vision américaine et israélienne de la menace iranienne. Téhéran ne peut pas
être observé par le seul spectre du programme nucléaire suspendu par l'accord
de 2015 comme le souhaitent les Européens, les Russes et les Chinois.
L'Iran est aujourd’hui impliqué militairement au
Yémen, en Irak, en Syrie, et au Liban. Les ambitions expansionnistes du régime
des Mollah ne laissent plus de doute.
La véritable question du jour est celle de la convergence
des intérêts russes et iraniens. Si à court terme Moscou et Téhéran se sont
battus côte à côte pour qu'Assad reste à la tête de la Syrie, une marionnette
utile pour installer leur présence. Mais l'Iran prend aujourd’hui, dans sa
confrontation avec Israël, le risque d'une déstabilisation régionale à laquelle
Poutine n'a guère d'intérêt.
La véritable deadline a été fixée par les Européens à
lundi avec une rencontre avec des responsables iraniens sur l'avenir incertain
de l'accord controversé.
C’est si les Européens décident de tenir tête à Trump
malgré la menace économique que font peser les sanctions renouvelées sur les
entreprises européennes - et parmi elles de nombreuses entreprises françaises
telles que Airbus, Total ou BNP - que l'entente bien qu'affaiblie a des chances
de survivre.
Les Russes et Chinois resteront économiquement et
politiquement liés et implantés avec ou sans accord.
Une page blanche s'ouvre avec l'Iran. Un bras de fer
s'engage et Donald Trump est friand de cet exercice.
Myriam Danan
I24 News, 10 mai 2018