Introduction :
Comment en
serait-il autrement ? Même si ce blog n’est pas un journal commentant l’actualité
au fil des jours ; même si la thématique de ce modeste blog et celle de
mon émission sont le monde musulman, au sens large, et pas le conflit
israélo-palestinien ; il est bien sûr impossible d’ignorer l’actualité,
tragique, de ces dernières semaines et particulièrement du lundi 14 mai où une
soixantaine de Palestiniens ont été tués par Tsahal, dans les plus durs
affrontements depuis la guerre de l’été 2014. La journée commémorative de la « Naqba »
hier, nettement plus calme, laisse espérer que cela ne dégénère pas en un
nouveau round sanglant. Mais, au-delà des analyses, critiques de la politique d’Israël
et reproches que l’on peut aussi adresser à nos grands médias, il faut revenir « aux
fondamentaux ». Pourquoi cette fameuse « marche du retour » ?
Le rédacteur en chef du Times of Israël l’avait parfaitement expliqué il y un
mois et demi, et je reprends donc ici son éditorial.
J.C
Le Hamas ne cache pas ses desseins :
il souhaite détruire Israël et, comme les kamikazes, les roquettes et les tunnels
n’ont servi à rien, place aux marches massives à la frontière
Juste au cas où quelqu’un l’aurait oublié : Israël
s’est retiré unilatéralement de la bande de Gaza aux lignes d’avant 1967 en
2005. L’Etat a expulsé des milliers d’Israéliens de chez eux. Il a démantelé
toutes les infrastructures militaires de la zone. Il n’a plus de présence
physique là-bas et n’y a aucune revendication territoriale.
Au cas où quelqu’un l’oublierait : le Hamas, une
organisation terroriste islamiste qui cherche à détruire Israël, a pris de
façon violente le pouvoir à Gaza en 2007 aux forces du président de l’Autorité
palestinienne Mahmoud Abbas.
Après avoir tenté de déstabiliser Israël avec ses
kamikazes lors de la seconde Intifada, le Hamas a, depuis la prise de Gaza,
poursuivi ses efforts de terreur en tirant des milliers et des milliers de
roquettes.
Sans le système de défense anti-missile « Dôme de
fer », une grande partie d’Israël aurait été, comme l’avait espéré le
Hamas, réduite en cendres.
Le Hamas a également creusé sans jamais s’arrêter des
tunnels d’attaque sous la frontière – une autre méthode de terreur à laquelle
Israël semble avoir progressivement mis fin grâce à de nouvelles technologies
et des barrières souterraines.
Au cas où quelqu’un l’oublierait, le Hamas a exploité
de façon cynique les Gazaouis – dont une grande partie ont voté pour le
mouvement lors des élections – en stockant ses roquettes à proximité ou même à
l’intérieur des mosquées et des écoles, en en tirant depuis des zones
résidentielles et en creusant des tunnels depuis des institutions civiles. Il a
mis la main sur tous les matériaux pouvant être utilisés pour la fabrication
d’armements – ce qui nécessite un blocus sécuritaire israélien rigoureux dont
les principales victimes sont les résidents de Gaza.
Organiser et encourager des manifestations de masse à
la frontière – comme cela a été le cas avec la soi-disant « Marche du
retour » – pour affronter les troupes israéliennes, tout en en faisant la
campagne de manière non-violente et sournoise, n’est que le dernier exemple de
l’utilisation cynique des Gazaouis comme boucliers humains.
Au cas où quelqu’un l’oublierait, exiger un
« droit de retour » en Israël pour des dizaines de milliers de
réfugiés palestiniens et leurs millions de descendants n’est rien de moins
qu’un appel à la destruction d’Israël par des moyens démographiques. Aucun
gouvernement israélien ne peut accepter cette demande, car cela signifierait la
fin d’Israël en tant qu’Etat à majorité juive. La position d’Israël est la
suivante : les réfugiés palestiniens et leurs descendants deviendraient
citoyens d’un Etat palestinien une fois le processus de paix conclu, tout comme
les Juifs qui ont fui ou ont été chassés des pays du Moyen-Orient par des
gouvernements hostiles sont devenus citoyens d’Israël.
Au cas où quelqu’un l’oublierait, le Premier ministre
Ariel Sharon a supervisé le retrait de Gaza par une volonté déclarée de fixer
les frontières permanentes d’Israël, et il l’a fait de façon unilatérale après
avoir conclu qu’il ne pourrait pas parvenir à un accord négocié avec les
dirigeants palestiniens.
Si Gaza était restée une zone calme et si Sharon était
resté en bonne santé, il aurait probablement ordonné un retrait d’une majeure
partie de la Cisjordanie – cela ouvrant alors la voie à un Etat palestinien.
L’arrivée du Hamas au pouvoir à Gaza, trois guerres et
la prise de conscience qu’Israël se retrouverait isolé et incapable de
fonctionner si le Hamas prenait le pouvoir en Cisjordanie – avec tous les
points du pays, notamment l’aéroport, qui se retrouveraient à portée de
roquettes – ont enterré cet unilatéralisme et ont rendu les Israéliens
terrifiés à la perspective d’abandonner le territoire voisin. Ainsi, le Hamas,
qui prétend servir l’intérêt palestinien, a condamné la perspective d’une
indépendance palestinienne dans un avenir proche.
Mais le Hamas, bien sûr, ne s’intéresse pas à une
indépendance palestinienne. Encore une fois, il s’efforce d’éliminer Israël.
Donc, enfin, au cas où quelqu’un oublierait le
contexte de cette dernière escalade de violence ce vendredi : écoutez le
dirigeant du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, énoncer le but ultime. Comme il l’a
déclaré dans un discours aux Gazaouis à la frontière vendredi : « La
marche du retour se poursuivra… jusqu’à ce que nous mettions fin à cette frontière
transitoire. » Les manifestations « marquent le début
d’une nouvelle phase dans la lutte nationale palestinienne sur la route de la
libération et du ‘retour’… Notre peuple n’abandonnera pas un pouce de la terre
de Palestine. »
David Horovitz
The Times of Israël, 1er avril 2018