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16 mai 2018

Juste au cas où quelqu’un aurait oublié ce qu’est la « Marche du Retour » du Hamas



Introduction :
Comment en serait-il autrement ? Même si ce blog n’est pas un journal commentant l’actualité au fil des jours ; même si la thématique de ce modeste blog et celle de mon émission sont le monde musulman, au sens large, et pas le conflit israélo-palestinien ; il est bien sûr impossible d’ignorer l’actualité, tragique, de ces dernières semaines et particulièrement du lundi 14 mai où une soixantaine de Palestiniens ont été tués par Tsahal, dans les plus durs affrontements depuis la guerre de l’été 2014. La journée commémorative de la « Naqba » hier, nettement plus calme, laisse espérer que cela ne dégénère pas en un nouveau round sanglant. Mais, au-delà des analyses, critiques de la politique d’Israël et reproches que l’on peut aussi adresser à nos grands médias, il faut revenir « aux fondamentaux ». Pourquoi cette fameuse « marche du retour » ? Le rédacteur en chef du Times of Israël l’avait parfaitement expliqué il y un mois et demi, et je reprends donc ici son éditorial.
J.C

Le Hamas ne cache pas ses desseins : il souhaite détruire Israël et, comme les kamikazes, les roquettes et les tunnels n’ont servi à rien, place aux marches massives à la frontière

Juste au cas où quelqu’un l’aurait oublié : Israël s’est retiré unilatéralement de la bande de Gaza aux lignes d’avant 1967 en 2005. L’Etat a expulsé des milliers d’Israéliens de chez eux. Il a démantelé toutes les infrastructures militaires de la zone. Il n’a plus de présence physique là-bas et n’y a aucune revendication territoriale.
Au cas où quelqu’un l’oublierait : le Hamas, une organisation terroriste islamiste qui cherche à détruire Israël, a pris de façon violente le pouvoir à Gaza en 2007 aux forces du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Après avoir tenté de déstabiliser Israël avec ses kamikazes lors de la seconde Intifada, le Hamas a, depuis la prise de Gaza, poursuivi ses efforts de terreur en tirant des milliers et des milliers de roquettes.
Sans le système de défense anti-missile « Dôme de fer », une grande partie d’Israël aurait été, comme l’avait espéré le Hamas, réduite en cendres.
Le Hamas a également creusé sans jamais s’arrêter des tunnels d’attaque sous la frontière – une autre méthode de terreur à laquelle Israël semble avoir progressivement mis fin grâce à de nouvelles technologies et des barrières souterraines.

Au cas où quelqu’un l’oublierait, le Hamas a exploité de façon cynique les Gazaouis – dont une grande partie ont voté pour le mouvement lors des élections – en stockant ses roquettes à proximité ou même à l’intérieur des mosquées et des écoles, en en tirant depuis des zones résidentielles et en creusant des tunnels depuis des institutions civiles. Il a mis la main sur tous les matériaux pouvant être utilisés pour la fabrication d’armements – ce qui nécessite un blocus sécuritaire israélien rigoureux dont les principales victimes sont les résidents de Gaza.
Organiser et encourager des manifestations de masse à la frontière – comme cela a été le cas avec la soi-disant « Marche du retour » – pour affronter les troupes israéliennes, tout en en faisant la campagne de manière non-violente et sournoise, n’est que le dernier exemple de l’utilisation cynique des Gazaouis comme boucliers humains.

Au cas où quelqu’un l’oublierait, exiger un « droit de retour » en Israël pour des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens et leurs millions de descendants n’est rien de moins qu’un appel à la destruction d’Israël par des moyens démographiques. Aucun gouvernement israélien ne peut accepter cette demande, car cela signifierait la fin d’Israël en tant qu’Etat à majorité juive. La position d’Israël est la suivante : les réfugiés palestiniens et leurs descendants deviendraient citoyens d’un Etat palestinien une fois le processus de paix conclu, tout comme les Juifs qui ont fui ou ont été chassés des pays du Moyen-Orient par des gouvernements hostiles sont devenus citoyens d’Israël.

Au cas où quelqu’un l’oublierait, le Premier ministre Ariel Sharon a supervisé le retrait de Gaza par une volonté déclarée de fixer les frontières permanentes d’Israël, et il l’a fait de façon unilatérale après avoir conclu qu’il ne pourrait pas parvenir à un accord négocié avec les dirigeants palestiniens.
Si Gaza était restée une zone calme et si Sharon était resté en bonne santé, il aurait probablement ordonné un retrait d’une majeure partie de la Cisjordanie – cela ouvrant alors la voie à un Etat palestinien.
L’arrivée du Hamas au pouvoir à Gaza, trois guerres et la prise de conscience qu’Israël se retrouverait isolé et incapable de fonctionner si le Hamas prenait le pouvoir en Cisjordanie – avec tous les points du pays, notamment l’aéroport, qui se retrouveraient à portée de roquettes – ont enterré cet unilatéralisme et ont rendu les Israéliens terrifiés à la perspective d’abandonner le territoire voisin. Ainsi, le Hamas, qui prétend servir l’intérêt palestinien, a condamné la perspective d’une indépendance palestinienne dans un avenir proche.
Mais le Hamas, bien sûr, ne s’intéresse pas à une indépendance palestinienne. Encore une fois, il s’efforce d’éliminer Israël.

Donc, enfin, au cas où quelqu’un oublierait le contexte de cette dernière escalade de violence ce vendredi : écoutez le dirigeant du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, énoncer le but ultime. Comme il l’a déclaré dans un discours aux Gazaouis à la frontière vendredi : « La marche du retour se poursuivra… jusqu’à ce que nous mettions fin à cette frontière transitoire. » Les manifestations « marquent le début d’une nouvelle phase dans la lutte nationale palestinienne sur la route de la libération et du ‘retour’… Notre peuple n’abandonnera pas un pouce de la terre de Palestine. »

David Horovitz
The Times of Israël, 1er avril 2018