- Près de 3.500 Palestiniens ont été tués en Syrie depuis 2011. Mais parce que ces Palestiniens ont été tués par des Arabes, et non pas des Israéliens, ils ne présentent pas d'intérêt pour les médias grand public, ni pour les forums sur les « droits de l'hommes ».
- Combien de journalistes occidentaux ont enquêté sur la pénurie d'eau qui a assoiffé les réfugiés Palestiniens du camp de Yarmouk, en Syrie ? Qui sait que ce camp n'a pas eu l'eau courante pendant plus de 720 jours, et qu'il est sans électricité depuis trois ans ? En Juin 2002, 112.000 Palestiniens vivaient à Yarmouk. À la fin de 2014, la population avait diminué de 20.000 personnes.
- L'alarme n'a pas sonné non plus pour les 12 000 Palestiniens qui croupissent dans les prisons syriennes, y compris 765 enfants et 543 femmes. Selon des sources palestiniennes, 503 prisonniers palestiniens sont morts sous la torture au cours des dernières années, et des détenues ont été violées par les enquêteurs et les gardes.
- Quand les journalistes occidentaux se passionnent pour les files d'attentes de Palestiniens aux points de contrôle israéliens, et ignorent les bombes larguées par l'armée syrienne sur les zones résidentielles, on peut se demander à quoi ils jouent.
La communauté internationale semble avoir oublié que
les Palestiniens existent bien au-delà de la Cisjordanie et de la bande de
Gaza. Ces « autres » Palestiniens, vivent dans des pays arabes comme la Syrie,
la Jordanie et le Liban, et ont pourtant de sérieuses raisons de se plaindre...
Mais curieusement, leurs doléances ne présentent aucun intérêt pour la
communauté internationale. Seuls les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza,
obtiennent l'attention internationale. Pourquoi ? Parce qu'ils sont une arme
entre les mains de la communauté internationale contre Israël.
Près de 3.500 Palestiniens ont été tués en Syrie
depuis le début de la guerre civile en 2011. Mais parce que ces Palestiniens
ont été tués par des Arabes, et non pas des Israéliens, ils ne représentent pas
une information pour les médias grand public. Ce chiffre de 3 500 a été révélé la semaine dernière
par le Groupe d'action pour les Palestiniens de Syrie (AGPS). Fondé à Londres
en 2012, l'AGPS s'est donné pour but de documenter les souffrances des
Palestiniens en Syrie et d'établir des listes de victimes, prisonniers et
personnes disparues afin de les intégrer aux bases de données des forums sur
les droits de l'homme.
Encore faut-il que lesdits forums dédiés aux « droits
de l'homme » y prêtent attention tant ils semblent focalisés sur Israël.
En concentrant uniquement leur attention aux
Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, les associations «
humanitaires » dressent un acte d'accusation permanent contre Israël pour les
actes répréhensibles qu'il commet, tout en ignorant les crimes perpétrés par
les Arabes contre leurs frères palestiniens. Cette obsession israélienne qui
confine parfois au ridicule, porte un tort certain aux victimes palestiniennes
des crimes arabes.
Voyons les chiffres : selon l'AGPS, 85 Palestiniens ont été tués en
Syrie en 2011, première année de la guerre civile. L'année suivante, le nombre
des morts violentes a atteint 776. L'année 2013 a représenté un sommet : 1015
victimes palestiniennes. En 2014, le nombre de Palestiniens tués en Syrie a été
de 724. L'année suivante, 502 Palestiniens ont été tués. Et depuis le début de
cette année (jusqu'en Juillet), quelque 200 Palestiniens ont perdu la vie en
Syrie.
Comment ces Palestiniens ont-ils été tués ? Le groupe
dit qu'ils sont morts sous les bombardements, dans des affrontements armés, la
torture dans les prisons, les bombardements, et des suites du siège mené contre
leurs camps de réfugiés en Syrie.
C'est peu dire que l'Autorité palestinienne (AP) à
Ramallah ne classe pas en tête de ses préoccupations, la situation faite à son
peuple en Syrie. La place d'honneur va Israël qui est blâmé pour tous les
problèmes que l'Autorité palestinienne a elle-même causé. Pour le président de
l'AP, Mahmoud Abbas, et ses hauts fonctionnaires en Cisjordanie, les
Palestiniens de Syrie ne comptent pas. Dans une approche politique qui dépasse
l'entendement, la direction de l'AP a même cherché à améliorer ses relations
avec Assad en Syrie - un régime qui tue, emprisonne et torture des dizaines de
Palestiniens sur une base quotidienne.
La récente inauguration d'une nouvelle ambassade de
l'Autorité Palestinienne à Damas a ainsi irrité beaucoup de Palestiniens de Syrie. « Ils
[les dirigeants de l'AP] ont vendu les Palestiniens de Syrie et se sont
réconciliés avec le régime syrien », fait remarquer un Palestinien de Syrie.
Un autre Palestinien a commenté : « Nous savons
maintenant pourquoi plusieurs délégations de l'OLP ont visité la Syrie
récemment. Ils ont cherché à renouer avec le régime, et pas spécialement dans
le but d'assurer la sécurité de nos camps de réfugiés ou de demander la
libération des Palestiniens détenus dans les prisons [syriennes] ».
D'autres ont accusé la direction de l'Autorité
palestinienne de « sacrifier le sang des Palestiniens ». L'ouverture d'une
nouvelle ambassade à Damas aurait été, selon eux, une récompense offerte à l'AP
pour s'être désintéressée du sort des Palestiniens de Syrie. Les Palestiniens
se plaignent que les diplomates et autres représentants de l'AP à Damas, aient
ignoré tous les appels à l'aide depuis le début du conflit.
Les médias internationaux publient article sur article
sur la « crise de l'eau » qui sévit dans les villes et villages palestiniens,
en particulier en Cisjordanie. Un thème qui revient chaque été, quand certains
journalistes étrangers partent en quête d'histoires négatives sur Israël. Quoi
de plus confortable que de tenir Israël pour responsable de la « crise de l'eau
» en Cisjordanie.
Mais combien de journalistes occidentaux se sont
intéressés à l'assoiffement des Palestiniens du camp de réfugiés de Yarmouk en
Syrie ? Qui dans la communauté internationale, sait que ce camp a été privé
d'eau pendant plus de 720 jours ? Qui s'intéresse au fait que ce camp a passé
les trois dernières années sans électricité ?
Yarmouk, situé à seulement huit kilomètres du centre
de Damas, est le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Syrie. Ou plutôt,
il était le plus grand camp. En juin 2002, 112.000 Palestiniens vivaient
à Yarmouk. À la fin de 2014, 20.000 palestiniens manquaient à l'appel. Selon des sources médicales, la plupart des
résidents du camp souffrent d'une foule de maladies.
Ces chiffres
sont alarmants, mais la direction de l'Autorité Palestinienne, les médias
traditionnels et les organisations « droits-de-l'hommiste » en Occident n'en
ont cure. Nul ne tire la sonnette d'alarme sur les plus de 12.000 Palestiniens
qui croupissent dans les prisons syriennes, privés d'avocat et coupés de tous
contacts avec les membres de leur famille. Sur les 12 000 emprisonnés, on
compte 765 enfants et 543 femmes. Selon des sources
palestiniennes, 503 prisonniers palestiniens seraient morts sous la torture au
cours des dernières années.
Certaines sources affirment aussi que des
prisonnières palestiniennes ont été violées par leurs interrogateurs et les
gardiens. Huda, 19 ans, originaire de Yarmouk, affirme être tombée enceinte
après des viols collectifs à répétition dans les deux premières semaines de sa
détention. « Parfois, ils venaient me violer plus de 10 fois par jour » dit
Huda qui a subi une hémorragie sévère et a perdu conscience. Elle a raconté,
une heure durant, comment elle a été enfermée trois semaines dans une cellule
peuplée de prisonniers torturés à mort.
Ces histoires atteignent rarement les pages des grands
journaux de l'Ouest. Elles ne sont pas non plus discutées dans les conférences
des organisations humanitaires, ni aux Nations Unies. Les seuls prisonniers
palestiniens dont il est toujours question sont ceux incarcérés en Israël. La
direction de l'Autorité palestinienne ne manque jamais une occasion d'appeler à
la libération de Palestiniens détenus par Israël, la plupart étant soupçonnés
ou reconnus coupables de terrorisme. Face aux milliers de personnes torturées
en Syrie, les dirigeants de l'AP, à Ramallah, observent un silence mortel. Par
souci de précision, il convient de mentionner que les factions palestiniennes
du Fatah et du Hamas ont parfois pris contact avec les autorités syriennes -
mais à chaque fois, dans le seul but d'obtenir la libération de certains de
leurs militants.
Des rapports en provenance de
Syrie affirment que trois camps de réfugiés palestiniens sont actuellement
assiégés par l'armée syrienne et divers groupes palestiniens à sa botte. Les
camps de Yarmouk et Al-Sabinah sont encerclé depuis plus de 970 jours pour le
premier et depuis plus de 820 jours pour le second. Le camp Handarat subit un
siège identique depuis plus de 1000 jours. La majorité des habitants de ces
camps a fui loin de son foyer. A Yarmouk, 186 Palestiniens sont morts de faim
ou faute de soins médicaux. Plus de 70% du camp de Daraa a été complètement
détruit à la suite de bombardements répétés de l'armée syrienne et d'autres
milices.
Les Palestiniens de Syrie auraient été plus heureux
s'ils avaient vécu en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza. La communauté
internationale et les médias les auraient remarqués. Quand les journalistes
occidentaux se passionnent pour les files d'attentes de Palestiniens aux points
de contrôle israéliens, et ignorent les bombes larguées par l'armée syrienne
sur les zones résidentielles des camps de réfugiés en Syrie, on peut commencer
à se demander à quoi ils jouent.
Khaled Abu Toameh,
journaliste plusieurs fois primé est basé à Jérusalem
The
Gatestone Institute, 3 septembre 2016