Donald Trump n'est pas totalement dans le fantasme
lorsqu'il dit tabler sur l'avènement d'un plan de paix régional au
Moyen-Orient. Peu avant son voyage à Riyad et Jérusalem, le « Wall Street
Journal » a révélé que les Etats du Golfe travailleraient à un projet de normalisation
de leurs relations avec Israël, en échange de certains gestes de bonne volonté
vis-à-vis des Palestiniens. Selon les informations du quotidien américain du 15
mai, les Etats sunnites du Golfe seraient en train de finaliser un document,
visant à améliorer leurs relations avec l'Etat hébreu, si Jérusalem s'engageait
à geler les constructions dans les colonies de certaines parties de la
Cisjordanie et à alléger le blocus économique exercé sur la bande de Gaza.
Cette proposition issue de pourparlers organisés sous
l'égide de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, comporterait plusieurs
mesures concrètes comme l'établissement de lignes de télécommunications
directes entre Israël et certains pays arabes, mais aussi l'octroi de visas aux
sportifs et aux hommes d'affaires israéliens. En contrepartie, les exigences
des monarchies sunnites seraient moins élevées que celles contenues dans
l'initiative saoudienne de 2002, laquelle proposait à Israël « une paix
arabe globale » en échange d'un retrait israélien de Cisjordanie...
« Ce serait la première fois que Riyad met sur la
table une offre de normalisation partielle avec Israël qui ne soit pas
conditionnée par la création d'un Etat palestinien », décrypte David
Khalfa, chercheur associé du think tank IPSE. A priori, l'évolution du contexte
régional est de nature à favoriser ce rapprochement. « Depuis les printemps
arabes, les contacts entre Israël et les Etats du Golfe se sont renforcés,
poursuit l'analyste, notamment via leurs services de renseignement respectifs
».
Un retour aux alliances
Tandis que l'arrivée d'une nouvelle administration
américaine qui pousse un retour aux alliances traditionnelles contre l'Iran -
ennemi commun de Riyad et Jérusalem, et contre Daesh, créé une convergence
d'intérêts. Reste à savoir si cette main tendue des Etats du Golfe à Israël,
qui n'a suscité aucune réaction officielle tant dans le monde arabe qu'à
Jérusalem, a de réelles chances d'aboutir. «La balle est dans le camp de
Netanyahou, relève Shlomo Brom, de l'Institut INSS de Tel-Aviv. Ouvrir
une ambassade israélienne à Riyad constituerait pour lui une belle victoire.
Même s'il poursuivait jusqu'à présent ce but sans envisager de faire de
concessions en faveur des Palestiniens ».
Nathalie
Hamou
Les Echos, 21 mai 2017