Retour en France pour le
prochain numéro de "Rencontre", que j'ai intitulé "Islam, Laïcité et manipulations". Pour en parler, une invité de qualité, Isabelle
Kersimon. Je l'avais déjà reçue pour parler d'un livre qu'elle avait co-écrit,
"Islamophobie, la contre enquête", publié aux Éditions Plein Jour.
Pour rappel, c'est une journaliste indépendante, on peut la retrouver en particulier sur le
"Huffington Post", et elle publie aussi sur son site dont l'adresse
est "islamophobie.org" (en lien permanent). Ce dont nous allons parler dimanche prochain
est hyper médiatisé, pour diverses raisons : la question de l'islam s'est
introduite ces dernières années en France comme un élément clivant dans le
discours politique ; Marine Le Pen a attaqué Emmanuel Macron sur ces sujets là,
lors du débat télévisé de l'entre deux tours ; aujourd'hui, alors que le
nouveau Président vient de prendre ses fonctions, il est déjà attaqué pour ses
complaisances supposées avec l'islam politique. Il y a des dossiers bien
différents : défense de la Laïcité ; terrorisme et sécurité nationale ; zones urbaines
sensibles ; immigration ; gestion des réfugiés à l'échelle européenne, mais ils
ont un point commun récurrent, "les Musulmans". D'où le mot "Manipulations"
mis en titre, au pluriel car ces manipulations peuvent venir de partout.
Parmi les questions que je
poserai à Isabelle Kersimon :
-
Votre analyse critique du CCIF,
"Collectif contre l'islamophobie en France", vous avait transformée
en cible. Or aujourd'hui, d'autres parlent à leur tour de CCIF, mais surtout
ils tiennent des discours très alarmistes, l'ensemble des musulmans étant
présentés comme une menace. Vous ne les suivez pas, et on vous attaque sur les
réseaux sociaux : pourriez-vous le raconter ?
-
Vous êtes intervenue depuis longtemps, sur le
sujet de la soit disant "mode islamique". Vous aviez révélé
l'existence d'un "salon de la femme musulmane" à Pontoise. Dans un
long entretien dans le "Figarovox", le 25 mars 2016, vous dénonciez
le développement fulgurant de ce marché - avec le soutien intéressé de la Haute
couture et des grandes enseignes commerciales -, en disant que "c'était à
la fois le signe d'une dérive multi culturaliste des sociétés occidentales et
une insulte à la liberté des femmes". Où placer le "curseur" de
la Loi ?
-
A propos des manipulations de la notion de
"laïcité". Est-ce que vous ne pensez pas qu'on subit deux discours
extrémistes, mais de bords opposés ? D'un côté, il y a la récupération de cette
notion par l'extrême droite, qui veut brimer les religions minoritaires ; mais
de l'autre côté, quand on entend Mélenchon, il y a à la fois un refus de
dénoncer l'islam politique, et un dénigrement de toutes les religions
présentées comme également dangereuses : qu'en pensez-vous ?
-
Votre travail de journaliste indépendante
vous a conduite à enquêter, à la fois sur le terrain et sur Internet, et vous
n'avez pas peur de déconstruire deux affaires qui ont fait beaucoup de
"buzz" ; d'abord la fameuse histoire du café de Sevran, tenu par un
musulman et qui aurait été interdit aux Femmes : que s'est-il réellement passé
?
-
Autre affaire, celle de Mohamed Saou, qui
était le "référent" du mouvement "En marche" dans le Val
d'Oise : certains de ses propos postés sur "Facebook" ont été
largement diffusés, notamment "Je n'ai jamais été et je ne serai jamais
Charlie" après les attentats, et le fait d'avoir notamment défendu Recep
Tayyip Erdogan. Emmanuel Macron l'a écarté de ce poste après que la polémique
ait pris de l'ampleur : qu'a donné votre propre enquête ?
- Vous avez dénoncé, de façon très documentée, les campagnes de "victimisation" menées par le CCIF, et en particulier le parallèle indécent fait entre les règles de la Laïcité qui ne lui plaisent pas, et les persécutions antisémites sous l'Occupation. En même temps, notre nouveau Président élu a évoqué, sans les assimiler à la Shoah, les crimes commis à l'époque coloniale : pensez-vous que l'on pourra un jour "réconcilier les mémoires" ?
- Vous avez dénoncé, de façon très documentée, les campagnes de "victimisation" menées par le CCIF, et en particulier le parallèle indécent fait entre les règles de la Laïcité qui ne lui plaisent pas, et les persécutions antisémites sous l'Occupation. En même temps, notre nouveau Président élu a évoqué, sans les assimiler à la Shoah, les crimes commis à l'époque coloniale : pensez-vous que l'on pourra un jour "réconcilier les mémoires" ?
Une émission qui prendra peut-être "à rebrousse
poil" beaucoup de mes auditeurs, mais que j'espère dans le droit fil de
l'exigence de rigueur que je me suis fixée. Isabelle Kersimon ne peut vraiment
pas être accusée de complaisance sur ces sujets, j'espère donc que vous serez
nombreux à nous entendre !
J.C