Le Hamas tenterait de perpétrer un attentat terroriste
de grande envergure qui précipiterait une 3ème intifada
On peut voir un signe positif dans le fait que la
vague de violence palestinienne actuelle ne se soit pas transformée en
véritable soulèvement populaire. Ainsi, si nous parvenons à éviter les erreurs
inutiles, cet élan de terrorisme ne devrait pas évoluer en une troisième
Intifada, avec un nombre de morts qui devrait être bien inférieur aux deux
premières.
La mauvaise nouvelle est que la peste des attaques au
couteau est plus contagieuse que jamais, et prend de l’ampleur à une vitesse
folle, comme nous l’avons vu avec l'attaque fatale à Beer Sheva. Un nouveau
défi est maintenant lancé aux forces de sécurité. Un défi qui réside
principalement dans le domaine de l'idéologie. Alors qu'Israël n'a pas encore
mis au point de méthode efficace pour neutraliser l'effet de l'incitation
mensongère des Palestiniens et la glorification des assaillants au couteau, il
est logique de prévoir que la vague de terreur devrait encore durer plusieurs
semaines.
Le fait que la vague de terreur n'ait pas évoluée en
une Intifada est le résultat de la manière avec laquelle le gouvernement
israélien et les responsables sécuritaires ont géré la situation depuis le
début. La retenue et la circonspection dont a fait preuve le cabinet de
sécurité, à la demande des responsables sécuritaires, est la principale raison
pour laquelle le peuple palestinien n’est pas descendu dans la rue.
Si la police et l'armée avaient pris des mesures punitives sévères, comme certains ministres du gouvernement l’ont recommandé, nous nous serions retrouvés avec une troisième intifada. Les règles d'engagement (i.e. les règles encadrant l’usage de la force) sont tout à fait justes : les tirs sont seulement autorisés en cas de danger réel et immédiat pour les civils et pour les forces de sécurité, en visant les membres inférieurs.
Equiper
les snipers de fusil Ruger 10/22 semi-automatiques avec des petites cartouches
22 WMR s’est avéré très efficace pour réduire le nombre de décès au cours des
affrontements avec les émeutiers palestiniens. Lors de la seconde Intifada,
nous avons appris que chaque mort palestinienne renforçait la motivation des
terroristes, qu'ils appartiennent à un groupe terroriste ou qu’ils agissent de
manière "spontanée".
Cela
est encore vrai aujourd'hui, ce qui explique pourquoi l'effort est mis sur
l'option de neutraliser les assaillants en leur tirant dans les jambes au lieu
de "tirer pour tuer". Lorsqu’un assaillant armé d’un poignard
représente un danger immédiat, il n'y a pas d'autre choix que de tirer pour le
tuer. Mais quand l'assaillant est loin de ses victimes, ou quand il est clair
qu'il ou elle ne représente plus de danger, il est possible de viser les
membres inférieurs afin d'éviter un cortège funèbre inflammatoire avec des
éloges au martyr sur les médias sociaux.
Enfin,
l'initiative offensive du cabinet de positionner un grand nombre de troupes sur
le terrain pour réduire le nombre d'attaques au couteau à Jérusalem ces
derniers jours doit être applaudie. Un agresseur, qui agit même spontanément,
stimulé par l'incitation à la haine, réfléchit deux fois quand il ou elle est
entouré(e) de forces de sécurité et est arrêté(e) pour des contrôles
d'identité. Le seul problème est que cette initiative offensive a été prise
trop tard, après de trop nombreux incidents.
On
ne va pas cependant rejeter la responsabilité de la vague de terreur actuelle
sur les forces de sécurité d'Israël. Pour rappel, ce sont l'incitation à la
haine et la glorification des assaillants sur les réseaux sociaux qui est à
l'origine des violences actuelles.
Si
au début de la semaine dernière, le Hamas et le Fatah du président de
l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas étaient des partenaires égaux dans
l'entreprise de l'incitation à la haine, c’est aujourd'hui le Hamas qui a pris
l'avantage. Les agents du Fatah sont au plus bas depuis que le Tombeau de
Joseph a été incendié il y a trois jours.
De
façon surprenante, Abbas les a sévèrement punis, en leur faisant apparemment
comprendre qu'ils étaient allés trop loin. Pourtant, le Hamas fait tout ce
qu'il peut pour attiser les flammes de l'Intifada en Cisjordanie, car c’est là
un scénario idéal pour lui: cela lui permet de préserver le calme à Gaza,
d'assurer sa mainmise sur la reconstruction de l'enclave palestinienne, où sa
position est précaire et sa gouvernance contestée, tout en brandissant l’épée
en Cisjordanie.
Ce
n’est pas par hasard si la majorité des attaques au couteau, durant le
week-end, ont eu lieu dans la région de Hébron, un bastion connu du Hamas. A
Jérusalem, où le groupe bénéficie aussi d'une influence considérable, le
couvre-feu dans les quartiers Est, et le renforcement de la sécurité ont
apporté un calme relatif.
De
plus en plus de signes montrent que le Hamas essaie de mettre à exécution un
attentat terroriste de grande envergure qui ferait descendre les Palestiniens
dans les rues et précipiterait une troisième intifada.
Ron Ben Yishai,
Site I24news.tv, 19 octobre 2015
Ron Ben-Yishai est un
correspondant de guerre et analyste en matière de défense. Cet article a été publié sur le site I24 news avec l'autorisation de Ynet.