Ambulance devant le Mur Occidental, après une attaque au couteau le 7 octobre 2015
Impossible d'ignorer sur ce blog
les nouvelles tragiques qui nous viennent d'Israël - même si, et je le rappelle
régulièrement, la thématique de mon émission et de ce modeste journal en ligne
dépasse largement le conflit israélo-palestinien.
Depuis hier mercredi, les attaques
au couteau se répandent dans tout le pays comme dans les Territoires, et tout
fait penser, logiquement, à une troisième Intifada : souhaitée ou non par les
Palestiniens, spontanée ou manipulée, avec le soutien actif ou passif de
l'Autorité Palestinienne ou du Hamas ... laissons s'écouler a minima quelques
semaines pour avoir les réponses à autant de questions.
Un rappel, cependant, et à propos
d'une Intifada bien réelle - la seconde - qui a éclaté en octobre 2000, il y a
donc tout juste 15 ans. Les analogies sont évidentes :
- déclenchement pratiquement au
moment des grandes fêtes juives d'automne, après Roch Hachana ;
- prétexte de soit disant
menaces sur la Mosquée Al -Aqsa ; en 2000, c'était la visite d'Ariel Sharon sur
le Mont du Temple qui aurait mis le feu aux poudres ; aujourd'hui, ce sont en
fait des mois et des mois de rumeurs, relayées dans la presse arabe et sur les
réseaux sociaux, qui enflamment de très jeunes Palestiniens, convaincus de défendre
un lieu saint de l'Islam en venant tuer, au hasard, des Juifs coupables selon
eux de "menacer la Sainte Mosquée" ; à ce titre, le discours de
Mahmoud Abbas disant que « Les juifs n’ont pas le droit de souiller la mosquée
Al-Aqsa de leurs pieds sales », était aussi intolérable sur la forme
qu'irresponsable ;
- blocage total du
processus de paix, les négociations ayant cessé depuis de longs mois tandis
qu'en 2000, c'était l'échec des entretiens directs de Camp David, Yasser Arafat
ayant refusé les propositions d'Ehud Barak, qui pourtant avait accepté de larges
concessions, y compris un Etat palestinien et le partage de Jérusalem ; je ne
veux pas revenir ici sur les responsabilités du blocage actuel, disons -
appréciation personnelle - qu'elles sont a minima partagées pour les deux
parties ;
- "Contamination"
du secteur arabe en Israël, avec des émeutes et même des actes terroristes
menées là aussi par des très jeunes, s'identifiant totalement à leurs
"frères" palestiniens.
Mais à la
réflexion, l'analogie me semble, à mon modeste avis, s'arrêter là :
- à
Jérusalem, on a aujourd'hui un gouvernement à la majorité étriquée, très marqué
à droite et avec surtout des alliés du Likoud hostiles à tout compromis ; en
2000, c'était un gouvernement au contraire très "colombe" ; si donc
un choc politique devait survenir, ce serait plutôt un "coup de barre à
gauche" avec un gouvernement d'Union Nationale où le "Parti
sioniste" remplacerait le parti de Bennett, celui "des implantations"
; pour rappel, début 2001 et avec la victoire électorale d'Ariel Sharon, un
gouvernement d'Union Nationale fut constitué sous sa direction avec -déjà - les
Travaillistes associés au pouvoir ;
- après la
rupture de Camp David, éclata la seconde Intifada dont on sait aujourd'hui
qu'elle n'avait rien de spontané ; son objectif stratégique fut de "tordre
le bras" d'Israël, en le forçant à la concession réclamée - elle l'est
toujours - par la partie palestinienne, et qui équivaudrait pour l'Etat juif à
un suicide : le fameux "droit au retour" de millions de réfugiés,
mais surtout descendants de réfugiés de 1948 ; aujourd'hui, on ne devine pas
d'objectif stratégique précis, hormis la remise sur le devant de la scène de la
cause palestinienne, largement oubliée avec l'atroce guerre civile en Syrie et
l'ombre du Daech ;
- attentats
suicides presque quotidiens, attaques à l'arme automatique, on a presque oublié
ce que fut la seconde Intifada : ce sont autant d'opérations nécessitant une
infrastructure lourde, des caches d'armes, des explosifs, etc. ; et on se
souvient de la peine qu'eut Israël pour gagner cette véritable guerre, qui
nécessita une opération militaire d'envergure au printemps 2002 ; aujourd'hui,
les seuls Palestiniens disposant d'armes conséquentes sont ceux du Hamas,
enfermés dans leur "Califat enclave", d'où ils ne peuvent pas sortir
; les terroristes d'aujourd'hui, très jeunes et agissant semble-t-il
individuellement, sont armés de couteaux ou tournevis, de quoi tuer ou blesser
grièvement, certes ; mais avec beaucoup moins de puissance destructrice qu'au
début des années 2000 ;
- enfin,
différence fondamentale : en 2000, aucune ligne défensive n'existait contre les
infiltrations terroristes ; aujourd'hui, la "barrière de sécurité"
(qui n'est un mur que sur une petite portion) d'une part, les "check
points" dans les Territoires, d'autre part, permettent de filtrer
fortement les agressions potentielles ; démonstration paradoxale de cela, ce
sont les Palestiniens de Jérusalem Est, vivant du côté "israélien" du
"mur", qui ont commis la majorité des attaques au couteau ; ceci,
bien sûr, à propos de la sécurité dans le pays lui-même, car la multiplication
de certaines implantations au cœur de la Cisjordanie va poser des problèmes
épineux de sécurité à l'armée israélienne.