Nous resterons en France
pour ma prochaine émission, que j'ai intitulée "Un Imam dans la Cité"
: nous allons donc parler de la place de l'Islam, chez nous comme dans nos
sociétés européennes, et j'aurai le plaisir d'avoir un invité parfaitement
qualifié sur le sujet puisqu'il est lui-même musulman, responsable religieux et
surtout, largement impliqué dans la société civile. Il s'agit de Hocine
Drouiche, que nous aurons par téléphone depuis Nîmes, ville où il est l'Imam de
l'une des trois Mosquées. Il préside le conseil des Imams de son département,
le Gard ; et au niveau national il est le vice-président de la Conférence des
Imams de France, une association présidée par Hassen Chalghoumi, que la
majorité de nos auditeurs connaissent, et surtout apprécient pour son amitié
envers la communauté juive. Il est franco-algérien, il a grandi et fait ses
études supérieures d'abord en Algérie dans les années 1990 - il ne s'agissait
pas à l'époque de religion mais d'économie, et il d'ailleurs eu en 1996 le
diplôme du meilleur étudiant dans cette discipline à l'université de
Constantine. Et puis il y a eu un changement de cap au début des années 2000,
il va étudier les sciences islamiques, et ces études religieuses le conduiront
à Damas, en Arabie Saoudite ; il va plus tard décrocher d'autres diplômes au
Liban, à Bahreïn, en se spécialisant dans la finance islamique. Après un
passage à Toulon, il est venu à Nîmes où
est l'Imam de sa mosquée depuis 2004 ; mais il a pris en parallèle d'autres engagements,
avec la Mairie pour l'aide aux jeunes en difficulté, dans le domaine du
dialogue inter religieux ; et puis il donne de nombreuses conférences, la
dernière c'était au Palais des Nations de l'ONU à Genève ; le 1er juillet
dernier il a fait un exposé à Bruxelles dans le cadre d'une rencontre interreligieuse
dédiée aux Chrétiens persécutés, cette intervention a été reprise sur un site
publié par le Vatican, "Asiannews.it", et j'y ferai souvent référence
dans mon interview.
Parmi les questions que je
poserai à Hocine Drouiche :
-
Pourquoi cette vocation religieuse un peu
tardive, après des études classiques : avez-vous eu un élan mystique ? Est-ce
que c'était de la curiosité intellectuelle ? Ou bien une vocation à devenir
Imam, avec la dimension de guide spirituel mais aussi les responsabilités
humaines liées à la fonction ?
-
A propos de la formation pour devenir Imam,
vous dites que "la plupart des Imams en fonction dans les pays
européens ont été formés dans des pays
où ils ont entendu que l'Europe et la laïcité étaient les principaux ennemis de
l'Islam" : est-ce que vous pensiez à votre propre formation en Syrie et en
Arabie Saoudite ? Et est-ce que vous pensiez aussi au Maghreb où vous êtes né ?
-
Vous êtes depuis deux ans aumônier
hospitalier dans votre département du Gard. On lit souvent dans la presse des
articles faisant état d'incidents parfois violents, provoqués par des maris,
musulmans fondamentalistes, qui refusent que leurs femmes soient examinées,
soignées ou accouchées par un homme. Est-ce que vous avez eu l'écho de ce genre
de situation dans votre fonction ? Que faut-il faire face à des intégristes bornés
?
-
Vous avez évoqué à plusieurs reprises la
crainte d'un choc en retour en Europe, dont seraient victimes cette fois les
Musulmans qui y vivent. Bien avant le Daech et les derniers attentats, il y
avait eu un sondage, publié par l'IPSOS en janvier 2013 qui montrait que les
trois quart des Français pensaient que l'Islam était une religion intolérante; On
a vu, récemment, l'expression d'un rejet de plusieurs élus locaux à propos des
réfugiés et migrants. Quel est votre vécu dans le Gard, où le Front National a
enregistré plus de 40 % des voix au deuxième tout des départementales ? Vous
mentionnez le risque d'une "nouvelle Shoah" qui cette fois viserait
les Musulmans en Europe, n'est-ce pas une crainte disproportionnée ?
-
A propos du conflit interminable entre
Israéliens et Palestiniens, vous dites que c'est votre devoir d'aider les
Palestiniens qui subissent une occupation, mais en même temps que ce n'est pas
en remettant en question l'existence d'Israël que l'on fera avancer les choses,
au contraire, cela donne des arguments aux extrémistes en face pour refuser
toute avancée vers la Paix. Vous savez que Hassen Chalghoumi fait l'objet de
violentes campagnes de dénigrement, il est accusé par beaucoup de militants de
la cause palestinienne d'être un traitre : cela signifie-t-il que, dans le
fond, ces militants sont plus proches du Hamas que du peuple palestinien ?
Une actualité hélas redevenue brûlante entre Juifs et
Arabes donnera une tonalité encore plus forte à cette émission ... soyez donc
nombreux à l'écoute !
J.C