Leila Ben Ali-Trabelsi,
épouse du Président tunisien déchu
Introduction :
C'est un document exceptionnel que je publie sur ce blog. Un long texte, qui sera découpé en trois articles et que m'a envoyé une jeune Marocaine, que les hasards de sa formation ont conduit à vivre la chute de Ben Ali. Chaimae Bouazzaoui est une apprentie journaliste, originaire de Meknès. Elle a passé des stages dans différentes institutions médiatiques en Tunisie et au Maroc, et a étudié ces derniers mois à Tunis au sein de "l'Institut de presse et des sciences de l'information". Elle apporte sur les évènements extraordinaires que nous venons de vivre, à la fois le regard neuf et objectif d'une étrangère au pays, la fraicheur de l'indignation et, déjà, un professionnalisme certain, puisqu'elle a suivi comment cette révolution s'est faite, malgré le "blocage médiatique" des officiels : bonne lecture !
J.C
J.C
Débenaliser « ensemble relevons les défis », fut-ce temps ? Et oui, la Tunisie a connu enfin le vrai changement inéluctable après 23 ans de règne.
La République vit des moments historiques : 1800 prisonniers, nombre de personnes ayant commis - seulement - des petits délits, ont été graciés. Un gouvernement durant moins de 24 heures … un record de trois présidents en une journée… est-ce un rêve ou une réalité ?
On est passé d’une effervescence virtuelle, "Facebookienne" du genre, à une agitation sur terrain, conduisant à une évanescence surprenante de la dictature. L’avenue Bourguiba a rendu la monnaie de la pièce à Ben Ali en 1987, Ben Ali a fait un coup d’État à Bourguiba. En 2011, alors que la roue a tourné, l’avenue Bourguiba a rendu un coup d’État fétiche à ce président déchu.
Zi-nabab-bedaine et les quarante Trabelsi
La révolution de « Jasmin », euphémisme que certains ont choisi d’utiliser sans s’en rendre compte, a indubitablement dévoilé la face exécrable du fameux "fabricant du changement", soit le Président déchu Zine El-Abidine Ben Ali, connu pour son slogan "ensemble relevons les défis !".
En effet, Ben Ali, Leila Trabelsi et leur clan ont volé 12 milliards d’euro au peuple tunisien, a-t-on appris d’une chaine télévisée française, et investi en France, à Dubaï, en Argentine, au Canada et dans d’autres pays, ce qui dépasse le budget de l’état tunisien, soit environ 14 milliards de dinars tunisiens. Un esprit sensible ne convient pas à qui porte épée… il a bien compris ! Il a tout compris !
Aujourd’hui en Tunisie, rares sont les humoristes capables de nous faire rire jusqu’aux larmes autant que Leila Trabelsi lors de ses performances aux différentes réunions qu’elle a présidées, c’est pourquoi nous l’encourageons vivement à monter un spectacle de qualité, si elle revient un jour, dans lequel, accompagnée de sa troupe si elle le souhaite, elle pourrait traiter des sujets légers et amusants tels que : "escroquerie et fraude : quel horizon ?" ; "Cleptodame professionnelle : est-ce inné ou acquis ?" ; "Quand l’amour de la famille se transforme en talent de condensation de fortunes" ; "La stratégie de la prochaine fraude électorale"… et encore d’autre. C’est vrai, il faut avouer, que Ben Ali, réélu il y a un an à l’issue d’un pseudo-scrutin présidentiel sans prendre le moindre risque, a promis de céder la place, enfin à sa femme bien entendu, en 2014, mais le peuple tunisien en avait marre et l’a chassé le 14 janvier sans prendre le moindre risque de passer encore 20 autres années ou plus avec des éléments "benalisés" !
Pourquoi faire rêver le peuple avec cette logomachie constituée des "réalisations accomplies", des "acquis réalisés" ? Des "miracles", inspirés du chiffre 7 (novembre), et qui font de ce pays "un modèle de réussite", pourtant agrémenté d’une avalanche de chiffres souvent invérifiables ? Cela ne semble plus émouvoir personne dans une république qualifiée de royale ...
Pourquoi est-ce que le Président ne pouvait pas prononcer un discours en dialecte tunisien, dans lequel il pouvait absorber le mécontentement du peuple tunisien ? Pourquoi n’a-t-il pas pu exprimer son point de vue personnel à propos des événements de Sidi Bouzid et ensuite proposer des solutions à mettre en œuvre immédiatement comme le faisait M. Bourguiba ? - se demandaient nombre de journalistes au début des émeutes.
Nombre d’entre nous se demandait aussi si le pouvoir disposait encore d’assez de ressources, d’intelligences et de capacité d’écoute et de discernement pour pouvoir se ressaisir. Après des réflexions, le résultat était : rien ...
On a effectivement écouté Ben Ali prononcer ses derniers discours "inaudibles" à travers le petit écran, en dialecte tunisien, parler de l’affaire de Sidi Bouzid, mais c’était trop tard, le fameux dicton "jamais trop tard pour bien faire", n’est plus valable dans un pareil contexte, lui et son clan ont volé des millions et des millions de dinars au peuple tunisien, ont assombri les médias, les libertés de presse et d’opinion, ont écrasé les droits de l’homme, qu’attendons-nous de plus ? Les "cartouches"… Juste après avoir fait une avalanche de promesses, il s’est enfui à destination de plusieurs pays.
Mais non, il ne faut surtout pas exagérer ! 300 000 emplois, l’une des promesses qu’il a faites, ont été créés, justement après son départ ; comprendre : 300 000 habitants et même plus ont pris leurs postes, pas loin de chez eux, de gardiens et de gardiennes pour faire face aux milices qui veulent bruler le pays, voler et violer à tout prix.
Pourquoi, à chaque crise, charge-t-on le ministère de l’intérieur de résoudre le problème avec violence ? Pourquoi les Tunisiens n’avaient-ils pas le droit d’organiser des manifestations? Pourquoi les médias n’en parlaient pas ?
Chaimae Bouazzaoui
Tunis