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08 novembre 2009

André Nahum sur Judaïques FM : pourquoi Netanyahou doit faire un geste

Benjamin Netanyahou à la Maison Blanche
(photo tirée du site Wikipedia)
Bonjour.

L’autre jour, à Jérusalem, Hillary Clinton a félicité Netanyahou pour les mesures courageuses qu’il avait prises et a déclaré que le gel des constructions dans les territoires ne devait pas être un préalable à la reprise des négociations. Hier au contraire à Marrakech devant un auditoire arabe, la même Hillary Clinton a pressé Israël de geler ces constructions et de faire davantage de gestes. La Secrétaire d’État américaine pratiquerait-elle le double langage comme feu Yasser Arafat, un discours pour Israël et un autre, différent, pour les Arabes ?
On peut imaginer plutôt que cette attitude pour le moins ambiguë traduit la gêne de l’administration américaine et son incapacité à résoudre le difficile, l’insoluble problème israélo-palestinien.

Netanyahou fait accepter par sa majorité le principe d’un État palestinien, suivi en cela par une majorité d’Israéliens qui se rendent bien compte que l’alternative aux deux États ne peut être l’État unique, binational, que certains Palestiniens viennent à souhaiter. Or si la création d’une entité palestinienne indépendante suscite de nombreuses craintes et des réticences en Israël, elle n’est rien à coté de la catastrophe que serait un État binational. A moins de pratiquer l’apartheid, cet État binational devra accorder les mêmes droits à tous ses citoyens et dans très peu d’années les Arabes y seraient majoritaires ; ce serait la fin à tout jamais de l’État juif et la fin du rêve sioniste. La situation qui y prévaudrait pour les Juifs serait au mieux celle des Chrétiens du Liban pris en otages par le Hezbollah, au pire un retour à la condition de « dhimmis » que nos grands parents ont connu dans les pays arabes et dans tous les cas, un exode massif vers les pays démocratiques. Autrement dit des siècles d’espérances, des dizaines d’années de luttes et d’efforts seraient réduits en cendres
Voilà le terrible danger qui menace Israël. Bien sur, la création d’un État palestinien pose de multiples problèmes vu l’étroitesse du territoire et l’imbrication des deux communautés.Il y a un million et demi de Palestiniens dans l’Israël d’avant 1967 et 250 à 300.000 Israéliens en Cisjordanie. Faudrait-il procéder à un échange de populations ou un échange de territoires entre Israël et la Palestine ? Certains y pensent. Et Jérusalem ? Pour Israël, c’est sa capitale « éternelle ». Pour les Palestiniens c’est Al-Quds dont ils veulent faire aussi leur capitale.
Quel négociateur aussi habile qu’il soit pourrait donner satisfaction aux deux parties et résoudre ce problème apparemment insoluble? Quel magicien, fut-il prix Nobel de la Paix, pourrait réussir ce challenge ? On peut comprendre l’embarras de l’administration américaine, certainement amie et alliée d’Israël, mais qui, depuis l’avènement de Barak Obama porte un regard différent sur le monde musulman dont le président veut à tout prix reconquérir l’amitié.
Malgré l’obstruction militante de ceux qu’on appelle les « colons », hantés par la perspective de devoir un jour quitter leurs demeures et leurs terres comme ce fut la cas à Gaza, Netanyahou sera probablement obligé de geler ces constructions pour une période déterminée et de détruire les avant-postes illégaux. Ce qui ne présage pas de la suite des négociations. Mais dans un conflit où l’élément psychologique est si important comme disait Anouar Al-Sadate, des gestes « mesurés » peuvent faire avancer le « schmilblick » comme dirait Coluche. Car, il est évident que dans la conjoncture actuelle, à la veille de l’approbation probable par l’Assemblée Générale de l’ONU du calamiteux rapport Goldstone, il faut certainement faire quelque chose.

André Nahum,
Judaïques FM le 4 novembre 2009