Le calvaire de Guilad Shalit s’achèvera t-il dans quelques jours ? Sera t-il enfin libéré après trois ans de détention, dans une solitude totale, sans contact avec l’extérieur ? Sa famille, la très grande majorité des Israéliens l’espèrent, mais ils ne sont pas à l’abri d’une déconvenue.
Le Hamas, qui détient en otage le jeune soldat enlevé en territoire israélien, fait monter les enchères : le nombre de prisonniers palestiniens à relâcher en échange ne cesse d’augmenter, et parmi eux se trouvent des terroristes qui ont commis les attentats les plus sanglants. Israël, et c’est tout à son honneur, avait déjà accepté de pratiquer des échanges inégaux ; dans les années 80, le gouvernement avait relâché plus de mille prisonniers pour « faire revenir trois soldats à la maison » selon la formule consacrée, mais jusqu’à présent, tous les gouvernements qui se sont succédé, avaient refusé de libérer des terroristes qui avaient du sang sur les mains ou les organisateurs des attentats. Il semblerait, que pour sauver le « soldat Shalit », c’est quasiment de cela qu’il s’agit, Benyamin Netanyahou, doive s’y résigner. Il est, en effet soumis à une double pression, celle des Israéliens, des jeunes en particulier, qui ont fait de la libération de Shalit une cause nationale, et celle du Hamas qui veut en tirer le plus grand bénéfice, dans sa confrontation, avec Israël comme avec le frère ennemi du Fatah.
La décision est difficile à prendre pour le gouvernement, sur le plan sécuritaire comme sur le plan politique :
- Sur le plan sécuritaire il n’y a aucune garantie que les palestiniens libérés ne se livrent pas à de nouveaux attentats, et plus grave pour l’avenir, il est à craindre que de nouveaux enlèvements ne soient organisés pour libérer d’autres détenus palestiniens, il y en a environ onze mille dans les prisons israéliennes!
- Sur le plan politique ces libérations vont encore affaiblir Mahmoud Abbas et renforcer le Hamas. L’Autorité palestinienne n’avait pas réussi, il y a quelques mois, à obtenir en négociant avec Israël la libération de quelques centaines de prisonniers, le Hamas en libérera plus d’un millier à la suite d’une prise d’otage, démontrant ainsi aux Palestiniens que la voie de la négociation est un leurre et que seule la violence paye. Les islamistes voudraient aussi obtenir l’élargissement de Marwan Bargouti, le chef des Tanzim du Fatah, une opération politique astucieuse qui leur permettrait de se débarrasser définitivement de Mahmoud Abbas, de négocier, en position de force la réunification des frères ennemis, et de sortir de la nasse dans laquelle ils se trouvent enfermés à Gaza. Ils arriveront à leur fin si des responsables israéliens continuent à faire des paris stupides, comme celui de déclarer « nous ne libérerons jamais Bargouti », paris qui offrent au Hamas l’occasion de faire monter encore les enchères, alors que la libération de Bargouti, décidée librement par les autorités, pourrait constituer un geste politique majeur. Mais quand les dirigeants israéliens comprendront-ils qu’il est plus avantageux politiquement de donner, en transformant l’inévitable en choix délibéré que de céder sous la contrainte ?
Nous souhaitons tous que Guilad Shalit revienne à la maison, mais le prix à payer va être très élevé et la décision douloureuse, car il faut aussi penser aux victimes des attentats commis par les terroristes qui vont être libérés, et ces libérations seront d’autant plus mal ressenties qu’elles ne s’effectuent pas dans le cadre d’un accord de paix, qui les rendraient plus supportables.
Gérard Akoun
Judaïques FM 94.8, le 26 novembre 2009
Le Hamas, qui détient en otage le jeune soldat enlevé en territoire israélien, fait monter les enchères : le nombre de prisonniers palestiniens à relâcher en échange ne cesse d’augmenter, et parmi eux se trouvent des terroristes qui ont commis les attentats les plus sanglants. Israël, et c’est tout à son honneur, avait déjà accepté de pratiquer des échanges inégaux ; dans les années 80, le gouvernement avait relâché plus de mille prisonniers pour « faire revenir trois soldats à la maison » selon la formule consacrée, mais jusqu’à présent, tous les gouvernements qui se sont succédé, avaient refusé de libérer des terroristes qui avaient du sang sur les mains ou les organisateurs des attentats. Il semblerait, que pour sauver le « soldat Shalit », c’est quasiment de cela qu’il s’agit, Benyamin Netanyahou, doive s’y résigner. Il est, en effet soumis à une double pression, celle des Israéliens, des jeunes en particulier, qui ont fait de la libération de Shalit une cause nationale, et celle du Hamas qui veut en tirer le plus grand bénéfice, dans sa confrontation, avec Israël comme avec le frère ennemi du Fatah.
La décision est difficile à prendre pour le gouvernement, sur le plan sécuritaire comme sur le plan politique :
- Sur le plan sécuritaire il n’y a aucune garantie que les palestiniens libérés ne se livrent pas à de nouveaux attentats, et plus grave pour l’avenir, il est à craindre que de nouveaux enlèvements ne soient organisés pour libérer d’autres détenus palestiniens, il y en a environ onze mille dans les prisons israéliennes!
- Sur le plan politique ces libérations vont encore affaiblir Mahmoud Abbas et renforcer le Hamas. L’Autorité palestinienne n’avait pas réussi, il y a quelques mois, à obtenir en négociant avec Israël la libération de quelques centaines de prisonniers, le Hamas en libérera plus d’un millier à la suite d’une prise d’otage, démontrant ainsi aux Palestiniens que la voie de la négociation est un leurre et que seule la violence paye. Les islamistes voudraient aussi obtenir l’élargissement de Marwan Bargouti, le chef des Tanzim du Fatah, une opération politique astucieuse qui leur permettrait de se débarrasser définitivement de Mahmoud Abbas, de négocier, en position de force la réunification des frères ennemis, et de sortir de la nasse dans laquelle ils se trouvent enfermés à Gaza. Ils arriveront à leur fin si des responsables israéliens continuent à faire des paris stupides, comme celui de déclarer « nous ne libérerons jamais Bargouti », paris qui offrent au Hamas l’occasion de faire monter encore les enchères, alors que la libération de Bargouti, décidée librement par les autorités, pourrait constituer un geste politique majeur. Mais quand les dirigeants israéliens comprendront-ils qu’il est plus avantageux politiquement de donner, en transformant l’inévitable en choix délibéré que de céder sous la contrainte ?
Nous souhaitons tous que Guilad Shalit revienne à la maison, mais le prix à payer va être très élevé et la décision douloureuse, car il faut aussi penser aux victimes des attentats commis par les terroristes qui vont être libérés, et ces libérations seront d’autant plus mal ressenties qu’elles ne s’effectuent pas dans le cadre d’un accord de paix, qui les rendraient plus supportables.
Gérard Akoun
Judaïques FM 94.8, le 26 novembre 2009