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29 mai 2007

Christian Delacampagne, in memoriam

Je viens d’apprendre la disparition du philosophe et écrivain Christian Delacampagne le 20 mai dernier, disparition prématurée car un cancer l’a emporté alors qu’il avait 57 ans.

Je dois avouer que j’ignorais son œuvre, qui est tellement riche et diverse. Mais je l’avais vu et entendu pour la première et dernière fois de ma vie, donc, en décembre dernier. C’était lors de la grande soirée tenue à l’amphithéâtre de Science Po., sous l’égide de « L’Appel aux dirigeants européens à la fermeté face à l'Iran » et de l’association « Le Cercle ». En cliquant sur le libellé en fin d’article, vous pourrez découvrir et relire les articles déjà consacrés à l’action de ces intellectuels de toutes origines, qui se sont mobilisés face aux menaces d’extermination lancées contre Israël ; et, en particulier, voir la très belle photo de cet universitaire à la tribune , prise par Irena Elster.

Il est devenu très difficile, hélas, dans l’Europe d’aujourd’hui, d’exprimer publiquement son inquiétude quand à la survie de l’État juif, ou de ne pas se réjouir des déboires américains au Moyen-Orient. Fuyant une ambiance qu’il jugeait de plus en plus étouffante, Christian Delacampagne qui était un fin connaisseur de l’Orient (il avait dirigé les Centres Culturels français du Caire et de Tel Aviv), enseigna de 2002 à 2006 à la John Hopkins University à Baltimore (Maryland). Je me souviens, très précisément, comment il nous avait raconté lors de cette soirée son inquiétude face au sentiment isolationniste qui gagnait de plus en plus l’Amérique, suite au fiasco irakien. Ci-dessous des extraits de son intervention, archivée grâce au recueil publié par « le Cercle », dont j’avais invité le Président à l’une de mes émissions en début de l’année (voir émission du 22 janvier 2007). Des phrases directes, lourdes de sens - et que l’on doit lire, aussi, en hommage à un homme courageux et ami du peuple juif (lire aussi en lien son texte "A un ami Palestinien", publié dans la revue « Commentaires » à l’automne 2001).
« Je sais seulement une chose : pour pouvoir se retirer d’Irak, l’Amérique va devoir, à un moment ou à un autre, engager des négociations avec ces "deux États voyous", ces deux "Rogue States" que sont la Syrie et l’Iran (...)
Des concessions sont peut-être nécessaires ou seront peut-être nécessaires à un moment donné, à une phase donnée de cette négociation future. Mais ne sous-estimons pas, nous autres Occidentaux, deux choses que nous avons bien du mal à comprendre, parce qu’elles sont difficilement compatibles avec notre rationalisme.
D’abord, ne sous-estimons pas la dimension de folie messianique et apocalyptique qui anime les dirigeants iraniens, ou plus exactement cette petite secte issue du chiisme qui a fait main basse sur le régime iranien. Ne sous-estimons pas, en particulier, sa fascination pour la mort.
Deuxièmement, ne sous-estimons pas non plus sa très profonde indifférence pour les infidèles, et en particulier pour la vie des infidèles. Donc, prenons garde à ne pas laisser aller l’Amérique, et encore moins l’Europe, aller trop loin dans la voie de n’importe quelles concessions à l’égard du régime iranien - des concessions trop lourdes, trop maladroites et au surplus irréparables (...) »
Christian Delacampagne

J.C