Extrait de « Chirac d’Arabie » de Christophe Boltanski et Eric Aeschimann, Éditions Grasset
Pages 33 et 35
Un soir du printemps 1980, à Rome, au sortir d’un dîner dans une trattoria surplombant les forums impériaux, il confia à celui qui était alors son directeur de cabinet à la mairie de Paris, Bernard Billaud : « Il n’y a pas de lieu au monde où l’on ressente plus le poids de l’histoire, au point d’en être écrasé. C’est comme si les pierres de ce ces colonnes en ruine me tombaient sur la tête. Je ne supporte pas d’être ainsi lapidé par des réminiscences d’un passé qui étouffe la vie et bloque l’avenir (...). De tous ces palais romains, de ces pierres, de ces rues, suinte la mort (...). En Mésopotamie, par exemple, on marche sur l’histoire. Ici, à Rome, elle vous fracasse le crâne ». L’Irak, déjà ... Chirac s’y est rendu à deux reprises, en tant que Premier ministre. A l’évidence, ce fut aussi des expériences intimes. Et Bernard Billaud de percevoir dans ce cri du cœur moins « un dégoût en général de l’histoire qu’une répugnance à l’égard des sources de notre civilisation : le rejet de la Rome antique et - je le crains - de la Rome chrétienne. »
Chirac a le goût des rites immuables, des longues salutations, du thé qu’on partage sous la tente bédouine, des chefs de tribu en habits d’apparat. « Tout cela conduit parfois à un relativisme qui n’est pas dans l’air du temps, dit Hubert Védrine. Il estime que les Occidentaux n’ont pas toujours raison sur tout ». L’Orient comme point de repère, comme gardien des valeurs humaines face à la modernité ... En 1992, il refusa que la ville de Paris participe à la célébration de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en s’exclamant : « Pourquoi voudriez-vous que je célèbre le début d’un génocide ? ».
Pages 33 et 35
Un soir du printemps 1980, à Rome, au sortir d’un dîner dans une trattoria surplombant les forums impériaux, il confia à celui qui était alors son directeur de cabinet à la mairie de Paris, Bernard Billaud : « Il n’y a pas de lieu au monde où l’on ressente plus le poids de l’histoire, au point d’en être écrasé. C’est comme si les pierres de ce ces colonnes en ruine me tombaient sur la tête. Je ne supporte pas d’être ainsi lapidé par des réminiscences d’un passé qui étouffe la vie et bloque l’avenir (...). De tous ces palais romains, de ces pierres, de ces rues, suinte la mort (...). En Mésopotamie, par exemple, on marche sur l’histoire. Ici, à Rome, elle vous fracasse le crâne ». L’Irak, déjà ... Chirac s’y est rendu à deux reprises, en tant que Premier ministre. A l’évidence, ce fut aussi des expériences intimes. Et Bernard Billaud de percevoir dans ce cri du cœur moins « un dégoût en général de l’histoire qu’une répugnance à l’égard des sources de notre civilisation : le rejet de la Rome antique et - je le crains - de la Rome chrétienne. »
Chirac a le goût des rites immuables, des longues salutations, du thé qu’on partage sous la tente bédouine, des chefs de tribu en habits d’apparat. « Tout cela conduit parfois à un relativisme qui n’est pas dans l’air du temps, dit Hubert Védrine. Il estime que les Occidentaux n’ont pas toujours raison sur tout ». L’Orient comme point de repère, comme gardien des valeurs humaines face à la modernité ... En 1992, il refusa que la ville de Paris participe à la célébration de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en s’exclamant : « Pourquoi voudriez-vous que je célèbre le début d’un génocide ? ».
J.C