Pour la première émission de
2019, j’aurai comme invité Hakim El Karoui. Pour rappel, c’est un conseil en
stratégie. Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, il a eu les plus hautes
responsabilités dans le secteur public comme dans le privé, ayant été notamment
conseiller technique au cabinet du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin. J’avais
déjà eu le plaisir de le recevoir dans notre radio, pour mémoire c’était le 12
février 2017 ; et nous avions parlé du rapport de l’Institut Montaigne qu’il
avait publié, « Un islam français est possible » ; il s’agissait
d’abord de faire une radiographie des musulmans français, puis de proposer une
réforme pour la gestion de leur culte dans notre pays. Nous allons parler cette
fois-ci d’un autre rapport, publié au mois de septembre et intitulé « La
fabrique de l’islamisme ». On peut le télécharger sur le site de
l’Institut Montaigne, c’est une somme impressionnante de 600 pages ce qui donne
une idée de l’ampleur du travail : 200 ouvrages et rapports ont été
consultés, dans plusieurs langues ; ont été examinés des dizaines de
milliers de documents du Ministère des Affaires Etrangères Saoudien, divulgués
par les Wikileaks en 2015 ; un travail approfondi de données sur Twitter
et Facebook a été aussi effectué, bref ceci donne une idée du sérieux de cette
étude, qui tranche avec ce qu’on lit ou entend sur le sujet.
Parmi les questions que je
poserai à Hakim El Karoui :
-
Y a-t-il « un islamisme » ou
plusieurs ? Parce qu’on évoque souvent dans les médias dans une bouillie
peu claire « le salafisme », « les Frères Musulmans »,
« les intégristes », est-ce que ce qui les réunit l’emporte sur leurs
différences ? Et ceci étant posé, comment finalement définissez-vous
l’islamisme ?
-
Vous écrivez dans votre conclusion
« l’islamisme n’est pas le sous-produit d’un Occident imparfait mais une
idéologie ». Vous parlez dans votre introduction des interprétations
« occidentalo-centrées » de l’islamisme : quelles sont-elles, et
comment démontrer qu’elles ne suffisent pas ?
-
Votre
rapport consacre un chapitre commun à l’idéologie des Frères Musulmans,
mouvement né en Egypte dans les années 1920, et au wahabbisme, doctrine
religieuse née au 18ème siècle en Arabie, et associée depuis au
pouvoir politique de la famille royale des Al Saoud. D’un point de vue
doctrinal, quels sont les principaux points communs et les différences entre
les deux ?
-
A propos de l’Arabie Saoudite. Du point de vue
matériel et financier ses moyens écrasent ceux de toutes les autres
« fabriques de l’islamisme ». Vous dites que le chiffre de 85
milliards de dollars dépensés depuis 1960 est impossible à vérifier, ne trouve-t-on
rien sur Wikileaks ? Vous dites aussi que l’Europe n’est pas au centre de
l’action prosélyte de l’Arabie ; pourtant vous dites plus loin dans ce rapport
que les courants salafistes – qui trouvent leur inspiration chez les
prédicateurs saoudiens – se caractérisent par leur prosélytisme : n’est-ce
pas contradictoire ?
-
Depuis 2002 la Turquie est le seul pays du
Moyen-Orient où un parti islamiste se maintient au pouvoir, vous dites que la
ligne idéologique de l’AKP dépasse l’islam politique ; or le régime
Erdogan est quand même, avec le Qatar, le grand allié des Frères
Musulmans ; vous dites que pour la politique étrangère, on a en fait un « turco-islamisme, »
associant le nationalisme et la religion : est-ce à dire que son seul
objectif est de maintenir les Diasporas turques sous son influence, et
comment ?
Un rapport très riche, traité dans une émission
déjà enregistrée, et qui aurait peut-être mérité deux numéros successifs de « Rencontre » :
soyez nombreux au rendez-vous !
J.C