Grâce au savoir-faire traditionnel
des maçons de Tombouctou, la cité légendaire du nord-ouest du Mali a repris
possession de ses 14 mausolées détruits par des jihadistes en 2012. Une
cérémonie de sacralisation s'est tenue jeudi.
Tombouctou renaît de ses cendres. Plus de trois ans
après la destruction des mausolées de la cité légendaire du nord-ouest du Mali, victime de l’obscurantisme des jihadistes,
la ville a repris possession de ses monuments, reconstruits à l'identique,
jeudi 4 février.
Pulvérisés au nom de la lutte contre
"l'idolâtrie" ordonnée par le groupe jihadiste touareg malien Ansar
Dine, c'est par une cérémonie de sacralisation, avec lecture intégrale du Coran
et prière collective, que s'est achevée la patiente œuvre de réhabilitation des
sanctuaires de saints musulmans.
"C'est un symbole fort pour la paix"
L’ancien grand centre intellectuel de l'islam, qui a
connu son apogée au XVe siècle, classé par l’Unesco au Patrimoine mondial de
l'humanité en péril, comptait "16 cimetières et mausolées qui étaient des
composantes essentielles du système religieux dans la mesure où, selon la
croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les
dangers".
Quatorze de ces mausolées avaient été détruits par des
groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, qui ont dicté leur loi dans cette région de
mars-avril 2012 jusqu'au déclenchement, en janvier 2013, d'une opération
militaire internationale à l'initiative de la France, qui se poursuit
actuellement.
"C'est un symbole fort pour la paix", s'est
félicité lors de la cérémonie Sane Chirfi, représentant de la famille
responsable du mausolée Alpha Moya, l'un des tout premiers vandalisés.
"Les mausolées sont des symboles de rassemblement, de regroupement, parce
que parmi les saints de Tombouctou, il y a des saints de toutes les
ethnies".
"On avait vu la dureté des images, la brutalité
des destructions, et aujourd'hui, ce mausolée, nous sommes très heureux qu'il
soit debout", a confié le représentant de l'Organisation des Nations unies
pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), qui a conduit le projet,
Lazare Eloundou.
"Les mausolées seront bientôt accessibles à
tous"
Malgré l'importance de ces mausolées pour la
population, qui voue un grand respect aux saints décédés, seuls étaient conviés
à la cérémonie les représentants des familles chargées de leur gestion, des
responsables maliens, dignitaires coutumiers et religieux ainsi que des
diplomates.
Mais ils seront bientôt accessibles à tous les
habitants, a assuré le directeur de cabinet du ministre de la Culture, Almamy
Ibrahim Koreissi: "Il s'agit de remettre en activité ces monuments-là :
que ceux qui avaient l'habitude de les fréquenter puissent revenir se
recueillir dans ces mausolées".
La réhabilitation des mausolées a été achevée sur le
plan architectural en septembre 2015, le même mois que la première
comparution devant la Cour pénale internationale (CPI) d'un suspect,
Ahmad Al Faqi Al Mahdi, membre d'Ansar Dine, accusé d'avoir dirigé les
dégradations contre neuf mausolées et une mosquée.
Avec AFP
Site de France 24, 5
février 2016