Nous allons rester en France
pour la prochaine émission, et nous allons parler d'un sujet à la fois complexe
et polémique, celui de l'islamophobie. J'aurai le plaisir d'avoir comme invitée
quelqu'un qui s'est intéressée à ce sujet depuis de nombreuses années, Isabelle
Kersimon. Isabelle Kersimon est une journaliste indépendante, et on peut la lire
sur plusieurs grands médias, comme Le Figaro, le Huffington Post, et Causeur.
Elle n'est pas juive, mais elle a souvent exprimé sa sympathie à notre
communauté de façon touchante, et cela lui a valu d'être traitée de, je cite , "cancer
sioniste" sur Twitter. Elle s'est faite surtout connaitre par un livre,
co-écrit en 2014 avec Jean-Christophe Moreau et dont le titre est
"Islamophobie, la contre enquête", publié aux Editions Plein Jour.
C'est un ouvrage extrêmement dense de 280 pages, qui mérite vraiment son titre
car elle a enquêté pratiquement sur toutes les facettes du dossier : quelle est
l'origine du mot ? Quel sens lui donne-t-on ? Quels en ont été les utilisations,
au niveau européen et international ? Quel est le discours de ceux qui ont fait
de ce concept leur cheval de bataille, et en particulier le CCIF, "Collectif
contre l'islamophobie en France ? Au delà, qu'est-ce que les empoignades sur
les dangers, réels ou fantasmés de l'islamophobie disent des agendas politiques
de certains ? Cela fait déjà un riche menu pour notre entretien. Mais je
réserverai quand même une questions à la fin à une actualité plus récente, sur
laquelle elle s'est aussi positionnée et qui lui ont aussi valu quelques
attaques.
Parmi les questions que je
poserai à Isabelle Kersimon :
-
Les sondages montrent qu'il existe, au sein
de la société française, un courant non pas majoritaire mais quand même
important, qui affiche du racisme vis à vis de ceux qu'on appelait avant
"les Arabes" : mais maintenant on dit "les musulmans".
Ensuite, refuser le terme "islamophobie" est un combat perdu
maintenant, parce que le mot est accepté. Et enfin, l'hostilité à l'islam est
évidente lorsque des lieux de cultes, ou des cimetières musulmans sont visés
même si c'est moins clair pour les agressions individuelles : qu'en pensez-vous
?
-
Vous faites remonter le mot
"islamophobie" à l'époque de l'Empire colonial : pouvez-vous le
raconter à nos auditeurs ? Et les débats d'aujourd'hui n'annonçaient-ils pas
ceux d'aujourd'hui (doit-on avoir peur de la religion musulmane ? A t'on au
contraire intérêt à la favoriser ? Peut-on critiquer la civilisation de l'islam
? Et est-ce que ce serait fatalement blasphématoire ?
-
Il y deux associations chargée de
comptabiliser les acte anti musulmans, un organisme qui est reconnu
officiellement par les Autorités, c'est l'Observatoire National de
l'Islamophobie, qui est une des instances du CFCM ; et le CCIF, "Collectif
contre l'Islamophobie en France", créé en 2003, qui est repris par les
médias et qui est reconnu comme association d'intérêt général : comment ces deux
organismes comptabilisent-ils les actes anti musulmans ?
-
Vous avez consacré tout un chapitre à
dénoncer un discours tenu aussi bien par des instances islamiques comme l'OCI,
que par des politiques, visant à assimiler l'antisémitisme des années 1930 à la
vague islamophobe dont seraient victimes aujourd'hui les musulmans.
Pourriez-vous en quelques phrases distinguer les deux ? Et que dit le CCIF sur
l'antisémitisme, est-il ambigüe, ou joue-t-il sur la concurrence victimaire ?
-
Pourquoi avez-vous dénoncé, dans un article
du "Huffington Post", l'appel intitulé "Tous unis" publié
deux jours après les terribles attentats du 13 novembre : est-ce que c'était
les signataires qui vous ont indignée ? Ou le texte de l'appel ? Ou les deux à
la fois ?
Des sujets qui suscitent des passions et des polémiques,
mais que l'on va essayer de traiter avec à la fois du recul et de la rigueur
... merci d'être nombreux à l'écoute !
J.C