Ali Khameneï, guide suprême de la révolution iranienne
La traduction originale
- novembre 2011
Il n'y a aucune chance réelle de contrecarrer le programme nucléaire iranien par des sanctions ou par un compromis négocié, a déclaré un expert iranien au "Haaretz", quelques jours après que l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique ait publié un rapport indiquant que Téhéran cherchait à développer des armes nucléaires.
Mehdi Khalaji, Senior Fellow à l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, a déclaré que le régime iranien a considéré son programme nucléaire comme l'outil mis en œuvre pour préserver sa survie ; ceci implique que la pression de l'Occident ne peut pas éloigner Téhéran de nouvelles avancées sur son projet.
Khalaji est respecté comme l'un des universitaires de premier rang de l'Iran, également en raison de son expérience personnelle. Il est né et a grandi dans la ville de Qom, le plus grand centre de l'Iran pour l'enseignement religieux chiite. Il étudia la théologie chiite et sa législation pendant 14 ans dans l'un des plus grands séminaires religieux de Qom, où vit encore son père, un Ayatollah, haut membre du clergé.
En 2000, Khalaji a quitté l'Iran pour la France, avant plus tard de déménager pour les États-Unis.
Parlant au "Haaretz", ce chercheur de haut niveau a déclaré que le dirigeant suprême iranien Ali Khamenei estime que l'Occident tente de destituer le régime islamique de Téhéran, allant jusqu'à considérer l'offre américaine de compromis du président Barack Obama comme une escroquerie. Toutefois, a-t-il ajouté, le leadership de l'Iran est aussi méfiant envers les autres nations, suspectées de travailler à saper leur régime, y compris l'Arabie saoudite, la Turquie, le Pakistan, et même la Chine et la Russie.
Il dit que l'Iran est très isolé, ce qui conduit ses dirigeants à croire qu'un programme nucléaire militaire était le seul moyen de prévenir une future attaque. Cette méfiance, dit Khalaji, ne va pas disparaitre de si tôt, ce qui s'opposera à toute tentative de compromis.
Lorsqu'on lui a demandé si l'Iran allait utiliser une arme nucléaire contre Israël une fois qu'elle la posséderait, Khalaji a dit que personne en Iran n'y penserait, mais que le seul but du régime était de parvenir à la suprématie régionale. Par ailleurs, le chercheur iranien a déclaré que l'utilisation d'armes nucléaires serait un geste suicidaire de la République Islamique.
Se référant à une éventuelle frappe israélienne, Khalaji a déclaré que le régime iranien ne considère pas que ce serait une option viable, ajoutant que Téhéran sait que le prix potentiel d'une telle mesure dissuade quiconque souhaiterait l'entreprendre. Il a ajouté que le fait que le sujet soit si largement débattu dans les médias, indiquait que, ni Israël ni l'un de ses partenaires potentiels ne pouvaient réellement envisager une telle mesure.
Lorsqu'on lui a demandé de parler de la réaction de l'Iran à une frappe possible, Khalaji a estimé qu'une telle frappe aurait pour effet d'unir les citoyens de l'Iran autour du régime, tout en ajoutant que les conséquences directes d'une frappe militaire étaient difficiles à prévoir.
Le chercheur iranien a également écarté la notion selon laquelle l'Iran lancerait une attaque préventive, en disant que la doctrine militaire du pays stipule que Téhéran tenterait d'éviter un conflit armé sur le sol iranien, en choisissant de mener ses guerres contre l'Occident ailleurs, comme en Afghanistan, Irak, Liban, et dans les territoires palestiniens. Le régime iranien est menacé par la guerre et par la paix, dit Khalaji, soulignant que c'était la raison pour laquelle Khameneï a cherché à préserver une tension, qui n'était ni une vraie paix ni une vraie guerre.
Khalaji a également déclaré qu'il pensait que les récentes tensions entre Khameneï et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'auraient aucun effet sur le projet nucléaire de l'Iran, puisque Khameneï a un contrôle complet sur le programme nucléaire du pays. Toutefois, a-t-il ajouté, il y a des personnes dans l'élite politique de l'Iran qui jugent que le pays n'avait pas besoin de développer des armes nucléaires.
Quand on lui demande à qui il pensait pour succéder à Khameneï comme chef suprême, Khalaji a déclaré que si Khameneï avait régné en l'Iran en utilisant la Garde révolutionnaire du pays, il pensait que la situation serait inverse après son règne ; les responsables de la Garde révolutionnaire iront plutôt choisir un leader spirituel faible, de manière à gérer eux-mêmes effectivement le pays. Khalaji a également évoqué la disparition de l'opposition politique en Iran, depuis les grandes manifestations de 2009, disant que l'opposition au gouvernement était en hausse. Toutefois, a-t-il ajouté, les dissidents sont sans véritable structure ou réseau, et il faudra un certain temps avant qu'une véritable opposition se mette en place. L'universitaire iranien a déclaré, cependant, que Khameneï avait transformé l'Iran en une «dictature classique", un régime que le peuple iranien a déjà montré être en mesure de déposer.
Quand on lui demande à qui il pensait pour succéder à Khameneï comme chef suprême, Khalaji a déclaré que si Khameneï avait régné en l'Iran en utilisant la Garde révolutionnaire du pays, il pensait que la situation serait inverse après son règne ; les responsables de la Garde révolutionnaire iront plutôt choisir un leader spirituel faible, de manière à gérer eux-mêmes effectivement le pays. Khalaji a également évoqué la disparition de l'opposition politique en Iran, depuis les grandes manifestations de 2009, disant que l'opposition au gouvernement était en hausse. Toutefois, a-t-il ajouté, les dissidents sont sans véritable structure ou réseau, et il faudra un certain temps avant qu'une véritable opposition se mette en place. L'universitaire iranien a déclaré, cependant, que Khameneï avait transformé l'Iran en une «dictature classique", un régime que le peuple iranien a déjà montré être en mesure de déposer.
Avi Issacharoff et Amos Harel,
Haaretz, 11 novembre 2011
Traduction Jean Corcos