Le petit Émirat de Dubaï, à la réussite économique si insolente ces dernières années, est en train de vivre le pire. La chute brutale des prix du Pétrole a paralysé l’économie et la réalité de la crise financière internationale l’a rattrapé de plein fouet, au point que le rêve de Dubaï s’effondre comme un château de carte.
L’insolente prospérité De Dubaï et la notoriété qu’il s’est construite au fils des années et qui en font une destination de plus en plus prisées des Arabes, notamment des Nord-africains qui rêvent de ses pétrodollars, sont désormais sur le point de prendre fin. Plombé par des investissements immobiliers hasardeux, Dubaï s’enfonce dans le marasme. Fin février 2009, malgré l’émission de bonds du Trésor de 20 milliards de dollars pour refinancer sa dette, l’ombre d’une faillite généralisé se rapproche dans ce petit Émirat arabe qui a forgé son image sur le luxe exorbitant et les grattes ciels exotiques. Selon une étude en date du 5 février, 55 % des projets de construction, d’un montant de 582 milliards de dollars, ont été gelés. Et des menaces pèsent aujourd’hui sur les actifs de la plupart des banques. Selon Raed Safadi, chef économiste du gouvernement de Dubaï, la progression du PIB s’établira sous les 2,5% (prés de 9 % estimé en 2008), ce qui signifie que l’Émirat sera incapable de stimuler les dépenses publiques. Les agences de notation ont estimé récemment que la dette de Dubaï atteignait 47 milliards de dollars, soit 103 % de son PIB, précise Mary Nicola, économiste en charge du Moyen Orient à la Standard Chartered Bank . A quoi s’ajouteraient 70 milliards de dollars de dettes dans les comptes des sociétés contrôlées par l’Émirat de Dubaï.
Sous la direction du Cheikh Mohammed bin Rashid Al-Maktoum, Dubaï (un des 7 états des Émirats arabes unis) a invité les gens du monde entier à venir « faire de l'argent » et ils l'ont fait. Environ 83 pour cent de sa population de 1,4 millions d’habitants, sont étrangers. L’Émirat a exploité le boom de l'énergie. Dubaï est devenu célèbre pour la seule piste de ski dans le désert tropical, le seul hôtel 7 étoiles, et la tour la plus haute du monde. La publicité pour les grattes-ciel, par exemple, les présente comme « un exemple sans précédent de coopération internationale » et « un phare de progrès pour le monde entier. ».
Mais si Dubaï a semblé être une exception à la trajectoire musulmane générale, cela n’était qu’éphémère. Depuis six mois, la crise mondiale a ouvert quelques voies d’eau dans ce symbole démesuré de l’économie arabe. L’immobilier, qui devait être la locomotive de l’après-pétrole, est la première victime de la vague de la récession dans les pays du Golfe persique. Et les 800.000 travailleurs immigrés, qui représentent plus des deux tiers de la population de Dubaï, voient le rêve du plein-emploi s’évanouir. Pakistanais, Indiens, Philippins, sont directement exposés au chômage. Tandis que le gel de plusieurs chantiers, comme celui de la tour Burdj Dubaï, tour qui devait dépasser le seuil vertigineux des 1000 mètres, vient d’être décidé. Quand ce n’est pas le chômage technique, c’est le retour au pays d’origine. Car les autorités n’ont pas d’états d’âme. Les chômeurs étrangers ont un mois pour quitter le territoire. Aucune donnée précise n’est officiellement disponible sur l’ampleur de cet exode économique, mais la presse arabe avance le chiffre de 50.000 à 70.000 départs depuis le début de l’année. Des rapatriements que les chômeurs espèrent provisoires, pour ne pas perdre le bénéfice de leur précieuse carte de séjour, valable seulement six mois après leur départ.
Les énormes recettes pétrolières qui ont été versées n'ont nulle part où aller, sinon de plus en plus dans la spéculation immobilière. C'est un grand commerce pour les promoteurs et leurs fournisseurs occidentaux et asiatiques. La formule, de leur point de vue, est très simple : vendre les terres désertiques à des investisseurs « at premium » (à prime). Ensuite doubler les profits par le financement de la construction d'îles artificielles, de lacs, de centres commerciaux. Avec une récession dans le monde entier et le prix du pétrole chutant de plus des deux tiers, nul n'a été touché plus durement que la machine à rêve de Dubaï. Tout comme elle s'était élevée avec panache, elle coule maintenant. Un exemple, comme l'a indiqué Robert F.Worth dans le New York Times : « Avec l'économie de Dubaï en chute libre, les journaux ont rapporté que plus de 3.000 voitures se trouvaient abandonnées partout dans le parc de stationnement, à l'aéroport de Dubaï, laissées par la fuite des étrangers surendettés (qui peuvent en fait être emprisonnés s'ils ne payent pas leurs factures.) Certains ont dit avoir crevé le plafond de leur carte de crédit, et des notes d'excuses ont été fixées avec du ruban adhésif sur le pare-brise. »
Ce syndrome de la voiture abandonnée, et des chômeurs qui perdent leur visa de travail : tout cela a pour effet de réduire les dépenses, de créer des logements vacants et de faire baisser le prix de l'immobilier, dans une spirale descendante qui a laissé des parties de Dubaï - saluée comme la superpuissance économique du Moyen-Orient - ressemblant à une ville fantôme. Les routes de Dubaï, généralement surchargées de trafic à cette époque de l'année, sont maintenant pour la plupart dégagées. Les expatriés sont maintenant en baisse dans le pays .Certains voient cela « comme si c'était une arnaque depuis le début. ». Une spécialiste des Émirats Arabes Unis à l'université de Durham, note que « Quand Dubaï était riche et prospère, tout le monde souhaitait être son ami. Maintenant qu'il n'a plus d'argent en poche, personne ne désire plus être copain avec lui. »
Les prix de l’immobilier, qui ont augmenté de manière dramatique pendant les six années du boom de Dubaï, ont chuté de 30 % ou plus sur les 2 ou 3 derniers mois. Des dizaines de milliers de personnes sont parties, une multitude de grands projets de construction de Dubaï ont été suspendus ou annulés. Le mois dernier les journaux locaux ont rapporté que Dubaï annulait 1.000 visas de travail tous les jours. Certains disent que le véritable chiffre est bien supérieur. Personne ne connaît l'étendue du mal. Au lieu de s'orienter vers une plus grande transparence, les Émirats semblent se diriger dans une autre direction. Un nouveau projet de loi sur la presse considèrerait comme un crime d'endommager la réputation du pays ou de l'économie, passible d'amende jusqu'à un million de dirhams (272.000 dollars). Certains disent que ça a déjà un effet frigorifiant sur les analystes de la crise. La panique est à son maximum à Dubaï. Comme le gouvernement refuse de donner des chiffres, les rumeurs vont bon train, endommageant la confiance et sapant l'économie un peu plus. Les méchantes rumeurs se répandent vite : le Palm Jumeirah, l'île artificielle qui est un des développement phare de la ville serait en train de couler. La vulnérabilité de Dubaï était prévisible. L'establishment avait espéré que de grosses constructions se substitueraient aux hydrocarbures et que la ville serait, du jour au lendemain, un centre financier. Surgis de terre en l’espace en vingt ans, des centaines de grattes-ciel donnent à Dubaï de faux airs de Frankfort ou Manhattan.
Il faut voir ici le résultat d’un aveuglement politique des cheikhs, rois, émirs et leurs amis qui n’ont aucune perception de la vraie richesse qui réside essentiellement, non pas dans le béton armé ou le luxe vulgaire mais dans l’investissement dans l’intelligence humaine. L’État juif par exemple n’a pas de pétrole, mais il a des femmes et des hommes créatifs. Faute de ressources naturelles, les Israéliens misent sur la matière grise. Seulement, voilà les riches émirats, à l’instar de la plupart des pétro monarques de la région, n’ont pas le même attachement pour le savoir et la connaissance que les pionniers juifs en Israël.
Ftouh Souhail,
Tunis
L’insolente prospérité De Dubaï et la notoriété qu’il s’est construite au fils des années et qui en font une destination de plus en plus prisées des Arabes, notamment des Nord-africains qui rêvent de ses pétrodollars, sont désormais sur le point de prendre fin. Plombé par des investissements immobiliers hasardeux, Dubaï s’enfonce dans le marasme. Fin février 2009, malgré l’émission de bonds du Trésor de 20 milliards de dollars pour refinancer sa dette, l’ombre d’une faillite généralisé se rapproche dans ce petit Émirat arabe qui a forgé son image sur le luxe exorbitant et les grattes ciels exotiques. Selon une étude en date du 5 février, 55 % des projets de construction, d’un montant de 582 milliards de dollars, ont été gelés. Et des menaces pèsent aujourd’hui sur les actifs de la plupart des banques. Selon Raed Safadi, chef économiste du gouvernement de Dubaï, la progression du PIB s’établira sous les 2,5% (prés de 9 % estimé en 2008), ce qui signifie que l’Émirat sera incapable de stimuler les dépenses publiques. Les agences de notation ont estimé récemment que la dette de Dubaï atteignait 47 milliards de dollars, soit 103 % de son PIB, précise Mary Nicola, économiste en charge du Moyen Orient à la Standard Chartered Bank . A quoi s’ajouteraient 70 milliards de dollars de dettes dans les comptes des sociétés contrôlées par l’Émirat de Dubaï.
Sous la direction du Cheikh Mohammed bin Rashid Al-Maktoum, Dubaï (un des 7 états des Émirats arabes unis) a invité les gens du monde entier à venir « faire de l'argent » et ils l'ont fait. Environ 83 pour cent de sa population de 1,4 millions d’habitants, sont étrangers. L’Émirat a exploité le boom de l'énergie. Dubaï est devenu célèbre pour la seule piste de ski dans le désert tropical, le seul hôtel 7 étoiles, et la tour la plus haute du monde. La publicité pour les grattes-ciel, par exemple, les présente comme « un exemple sans précédent de coopération internationale » et « un phare de progrès pour le monde entier. ».
Mais si Dubaï a semblé être une exception à la trajectoire musulmane générale, cela n’était qu’éphémère. Depuis six mois, la crise mondiale a ouvert quelques voies d’eau dans ce symbole démesuré de l’économie arabe. L’immobilier, qui devait être la locomotive de l’après-pétrole, est la première victime de la vague de la récession dans les pays du Golfe persique. Et les 800.000 travailleurs immigrés, qui représentent plus des deux tiers de la population de Dubaï, voient le rêve du plein-emploi s’évanouir. Pakistanais, Indiens, Philippins, sont directement exposés au chômage. Tandis que le gel de plusieurs chantiers, comme celui de la tour Burdj Dubaï, tour qui devait dépasser le seuil vertigineux des 1000 mètres, vient d’être décidé. Quand ce n’est pas le chômage technique, c’est le retour au pays d’origine. Car les autorités n’ont pas d’états d’âme. Les chômeurs étrangers ont un mois pour quitter le territoire. Aucune donnée précise n’est officiellement disponible sur l’ampleur de cet exode économique, mais la presse arabe avance le chiffre de 50.000 à 70.000 départs depuis le début de l’année. Des rapatriements que les chômeurs espèrent provisoires, pour ne pas perdre le bénéfice de leur précieuse carte de séjour, valable seulement six mois après leur départ.
Les énormes recettes pétrolières qui ont été versées n'ont nulle part où aller, sinon de plus en plus dans la spéculation immobilière. C'est un grand commerce pour les promoteurs et leurs fournisseurs occidentaux et asiatiques. La formule, de leur point de vue, est très simple : vendre les terres désertiques à des investisseurs « at premium » (à prime). Ensuite doubler les profits par le financement de la construction d'îles artificielles, de lacs, de centres commerciaux. Avec une récession dans le monde entier et le prix du pétrole chutant de plus des deux tiers, nul n'a été touché plus durement que la machine à rêve de Dubaï. Tout comme elle s'était élevée avec panache, elle coule maintenant. Un exemple, comme l'a indiqué Robert F.Worth dans le New York Times : « Avec l'économie de Dubaï en chute libre, les journaux ont rapporté que plus de 3.000 voitures se trouvaient abandonnées partout dans le parc de stationnement, à l'aéroport de Dubaï, laissées par la fuite des étrangers surendettés (qui peuvent en fait être emprisonnés s'ils ne payent pas leurs factures.) Certains ont dit avoir crevé le plafond de leur carte de crédit, et des notes d'excuses ont été fixées avec du ruban adhésif sur le pare-brise. »
Ce syndrome de la voiture abandonnée, et des chômeurs qui perdent leur visa de travail : tout cela a pour effet de réduire les dépenses, de créer des logements vacants et de faire baisser le prix de l'immobilier, dans une spirale descendante qui a laissé des parties de Dubaï - saluée comme la superpuissance économique du Moyen-Orient - ressemblant à une ville fantôme. Les routes de Dubaï, généralement surchargées de trafic à cette époque de l'année, sont maintenant pour la plupart dégagées. Les expatriés sont maintenant en baisse dans le pays .Certains voient cela « comme si c'était une arnaque depuis le début. ». Une spécialiste des Émirats Arabes Unis à l'université de Durham, note que « Quand Dubaï était riche et prospère, tout le monde souhaitait être son ami. Maintenant qu'il n'a plus d'argent en poche, personne ne désire plus être copain avec lui. »
Les prix de l’immobilier, qui ont augmenté de manière dramatique pendant les six années du boom de Dubaï, ont chuté de 30 % ou plus sur les 2 ou 3 derniers mois. Des dizaines de milliers de personnes sont parties, une multitude de grands projets de construction de Dubaï ont été suspendus ou annulés. Le mois dernier les journaux locaux ont rapporté que Dubaï annulait 1.000 visas de travail tous les jours. Certains disent que le véritable chiffre est bien supérieur. Personne ne connaît l'étendue du mal. Au lieu de s'orienter vers une plus grande transparence, les Émirats semblent se diriger dans une autre direction. Un nouveau projet de loi sur la presse considèrerait comme un crime d'endommager la réputation du pays ou de l'économie, passible d'amende jusqu'à un million de dirhams (272.000 dollars). Certains disent que ça a déjà un effet frigorifiant sur les analystes de la crise. La panique est à son maximum à Dubaï. Comme le gouvernement refuse de donner des chiffres, les rumeurs vont bon train, endommageant la confiance et sapant l'économie un peu plus. Les méchantes rumeurs se répandent vite : le Palm Jumeirah, l'île artificielle qui est un des développement phare de la ville serait en train de couler. La vulnérabilité de Dubaï était prévisible. L'establishment avait espéré que de grosses constructions se substitueraient aux hydrocarbures et que la ville serait, du jour au lendemain, un centre financier. Surgis de terre en l’espace en vingt ans, des centaines de grattes-ciel donnent à Dubaï de faux airs de Frankfort ou Manhattan.
Il faut voir ici le résultat d’un aveuglement politique des cheikhs, rois, émirs et leurs amis qui n’ont aucune perception de la vraie richesse qui réside essentiellement, non pas dans le béton armé ou le luxe vulgaire mais dans l’investissement dans l’intelligence humaine. L’État juif par exemple n’a pas de pétrole, mais il a des femmes et des hommes créatifs. Faute de ressources naturelles, les Israéliens misent sur la matière grise. Seulement, voilà les riches émirats, à l’instar de la plupart des pétro monarques de la région, n’ont pas le même attachement pour le savoir et la connaissance que les pionniers juifs en Israël.
Ftouh Souhail,
Tunis