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28 novembre 2008

Trois « Obama » qui rendront l’honneur à l’Afrique

Michaëlle Jean, Gouverneur Général du Canada

Introduction :
Mon ami Souhail Ftouh de Tunis m’a envoyé ce texte original, où il rapproche les trajectoires d’une personnalité célèbre (le nouveau Président élu des États-Unis), une moins connue (la Chef de l’État canadien, d’origine haïtienne), et le dernier pas connu du tout (le seul député de la Knesset d’origine éthiopienne). Si le premier sera, incontestablement, l’homme le plus puissant du monde, la seconde n’a qu’un poste symbolique - mais un symbole lourd de signification. Quand au dernier, sa présence au Parlement n’est que justice en application du système électoral israélien (basé sur la proportionnelle intégrale et sur des listes toujours composées pour représenter l’ensemble de la population). Mais, si l’enthousiasme courageux de mon ami tunisien fait toujours plaisir à lire, l’intégration économique et culturelle de cette « Alyah » n’est pas encore une « success story » - revoir à ce sujet le bouleversant film « Va, vis et deviens » ... Ce n’est donc pas demain qu’il y aura un « Obama » à la tête du pays, mais c’est beaucoup mieux que dans le reste du Moyen-Orient ; et les malheureux réfugiés soudanais qui se font canarder à la frontière du Sinaï pour rejoindre l’état juif le savent, hélas, trop bien !
J.C

Trois pays du Monde civilisé peuvent aujourd’hui être fiers d’avoir importé trois hommes de couleur aux plus hautes sphères du pouvoir. Nous avons, bien sûr, aux Etats-Unis Barack Obama, un noir de Kenya bientôt à la tête de la première puissance du Monde, mais aussi sur un plan plus symbolique, Michaëlle Jean la « Gouverneur Générale » du Canada, elle-même immigrée d’origine haïtienne et en Israël Shlomo Molla, député éthiopien du parti Kadima.

Dans ces trois pays le sens de l’égalité des chances et des droits prend tout son sens pour présenter au reste du monde une formidable leçon de démocratie.

Les Africains se sont associés à la joie de millions d'hommes et de femmes du fait de l'élection de Barack Obama, le 4 novembre 2008, à la présidence des États-Unis. L'élection d'un président américain noir est un fait de grande portée dans l'histoire américaine, et un facteur d'encouragement pour toutes celles et ceux qui agissent, partout, contre les discriminations, faisant aussi naître d'immenses espoirs pour tous les Africains - surtout ceux du continent.

Alors forcément le jour où le rêve de Matin Luther King s’est réalisé, la communauté noire, partout dans le monde, a crié sa joie et sa fierté de vivre l’aboutissement d’un combat légitime entamé il y a 100 ans ... Dans ce grand tournant de l’histoire américaine, la question des origines ou de la couleur de peau du président n’a plus d’importance, et le rêve est devenu réalité.

Le peuple américain s'est mobilisé pour porter à la Maison Blanche un homme, et peu importe la couleur de sa peau, qui incarne au mieux l'essentiel du dynamisme américain, à savoir que l'origine ne peut pas être un fardeau, ni un obstacle à la réussite. L'Amérique reste une merveilleuse démocratie, et cela reste une constante, sans aucun doute possible : l’élection d’un Président noir aux États-Unis est une formidable leçon de démocratie.

Dans le Canada voisin, il y a une autre personnalité qui symbolise, elle aussi, l’espoir africain .Il s’agit bien de Madame Michaëlle Jean, la 27ème Gouverneur Générale (Chef de l’État) du pays. Femme, noire, descendante d’esclaves haïtiens, elle est devenue premier personnage de l’État et icône du multiculturalisme canadien. Son extraordinaire parcours a commencé il y a cinquante et un ans à Port-au-Prince, dans un pays « barbelé de pied en cap », vivant sous le joug d’une dictature impitoyable, celle des Duvalier. En 1968, persécuté par les sinistres tontons macoutes et ayant miraculeusement échappé à la mort, son père, Roger Jean, directeur du collège épiscopal Saint-Pierre, fuit avec sa femme en Amérique du Nord et débarque au Québec. « Nous avons plongé nos racines dans cette terre francophone et généreuse qui est devenue notre terre, et où nous avons fait l’apprentissage de la liberté et de la citoyenneté », se souvient-elle.

Après ces études et littératures comparée à Montréal, elle se lance dans le journalisme, entre à Radio Canada, anime des émissions d’information, avant de devenir une des présentatrices vedettes du Télé journal. Au milieu de l’été 2005, elle reçoit un coup de téléphone d’un émissaire mandaté par le Premier ministre de l’époque, le libéral Paul Matin, qui lui apprend qu’elle est pressentie pour succéder à l’honorable Adrienne Clarkson au poste de Gouverneur Général du Canada. Le 27 septembre 2005, elle est donc officiellement désignée par la Reine d’Angleterre, Elisabeth II. Michaëlle Jean a grandement contribué à rajeunir une institution veille de quatre cents ans. Son style et sa liberté de parole sont comparables au style Obama. La locataire de Rideau Hall revendique aujourd’hui son appartenance à la diaspora africaine.
Le rêve africain ne s’est pas limité à l’Amérique du Nord. Dans un tout petit pays que nous aimons, l’État d’Israël, vient de se présenter une formidable leçon de démocratie au Proche Orient. Un « Obama » à l’israélienne est apparu depuis février 2008 au Parlement israélien (La Knesset). Il s’agit de Shlomo Molla, qui incarne l’espoir Africain en Terre sainte.
Né en 1965 d’un père agriculteur et d’une mère femme au foyer élevant ses onze enfants dans un village de la province de Gondar en Ethiopie (ou vivait une quarantaine de familles juives), Shlomo Molla a rêvé depuis sa plus tendre enfance de concrétiser cette prophétie biblique du Peuple juif : « l’an prochain à Jérusalem ».
Durant son adolescence, il entend parler de l’« Alyah » des juifs d’Ethiopie à partir du Soudan (la fameuse « opération Moïse »). Avec quinze amis proches, il projette d’en faire partie. Après la traversée du désert qui sépare l’Ethiopie du Soudan, il a été abandonné par son « guide » et s’est fait kidnapper par des bandits, qui le séquestrent : « Nous avons passé trois mois dans un cachot avec pour seule nourriture du pain et de l’eau. Nous étions « tabassés » tous les jours », raconte-t-il.

Mais Shlomo finit par s’échapper.Quatre mois après son évasion, Shlomo trouve « le » camion qui le conduit au Soudan et intègre « l’opération Moïse » en 1984. Il a alors 19 ans lorsqu’il accomplit sa montée vers la Terre Promise.

Après son service militaire dans les rangs de l’armé de la défense d’Israël, il est devenu commandant de réserve à Haïfa. Mais Shlomo a fait aussi des études de Droit à l’université de Bar Ilan (près de Tel-Aviv) et devient pour le gouvernement israélien le « coordinator of distressed population ». C’est Ariel Sharon qui le choisit en novembre 2005 et le fait entrer dans le nouveau parti centriste « Kadima ». En 2006, Ehud Olmert lui offre un poste clé à l’Agence Juive (Chef de la division éthiopienne et du Département d’activités sionistes). En février 2008, Shlomo Molla fait son entrée à la Knesset, devenant ainsi le premier parlementaire d’origine éthiopienne.

Aujourd’hui, en tant qu’Africains, nous pouvons rendre un hommage commun à ces trois pays du monde civilisé (États- Unis, Canada et Israël) qui ont présenté ensemble un formidable mouvement d'espoir pour tous les africains. Obama, Michaëlle Jean et Shlomo Molla sont des véritables portes drapeaux de la cause noire.

Alors que mon oeil gauche larmoyait d'émotion devant la beauté de ce grand moment d'Histoire, mon œil droit larmoyait de tristesse pour mes frères africains qui sont massacrés au Darfour, par le régime tyrannique du Khartoum. Des milices arabes exterminent maintenant des musulmans noirs. Et ce grand massacre du début du XXIème siècle a déjà fait des centaines de milliers de morts et des millions de sans-abri !

Ftouh Souhail,
Tunis