Manifestation des Druzes israéliens, Tel Aviv le 4 août 2018
Nous irons en Israël
pour cette nouvelle émission, puisque le sujet sera les minorités de ce pays ;
et notre invité sera israélien, il s’agit de Marco Sarrabia. Marco Sarrabia est
le responsable du secteur francophone du Parti travailliste israélien. Il nous
dira comment il arrive à défendre des idées qui sont nettement minoritaires, à
la fois chez les francophones d’Israël et ici dans la communauté juive. Ce
n’est pas la première fois qu’on évoque dans ma série ceux qu’on appelle, de
façon sûrement trop globale « les Arabes israéliens », mais il est
vrai que l’actualité cet été les a mis en première ligne. Le 19 juillet
dernier, en effet, la Knesset votait par 62 voix contre 55 une « loi
fondamentale » dénommée « Israël Etat-nation du peuple juif ».
Pour la coalition au pouvoir, il ne s’agissait que de défendre la raison d’être
de l’Etat, qui est le foyer national du peuple juif ; pour l’opposition, pour
la majorité des élites - intellectuels, journalistes -, et même pour le chef de
l’Etat, Reuven Rivlin qui est pourtant issu du Likoud, cette loi ignore
totalement l’existence des minorités, et en fait des citoyens de deuxième
classe. Alors on va essayer d’approfondir le sujet, et au-delà, en évoquant leurs
réactions, on essaiera d’en savoir plus sur le malaise, réel ou exagéré, des
minorités en Israël.
Parmi les questions que
je poserai à Marco Sarrabia :
-
Quel
a été votre parcours personnel ? Et pourquoi soutenir un parti qui est
éloigné du pouvoir depuis 18 ans ? Je sais que vous avez vécu un moment
dans un Kibboutz, est-ce que cet idéal - qui est bien passé de mode - signifie
encore quelque chose pour vous ?
-
A
la lecture des réseaux sociaux et concernant les francophones d’Israël, surtout
ceux qui ont fait leur Alya depuis les années 2000, on est frappé par la
violence de certains propos : qu’en pensez-vous, et comment expliquez-vous
cet extrémisme ?
-
La
loi fondamentale sur l’Etat-nation votée à la Knesset comprend 10 articles, en
voici certains. « Israël est
la patrie historique du peuple juif ; le symbole de l’État est la Menorah,
son hymne est la Hatikvah ; la capitale d’Israël est le grand Jérusalem
réunifié ; la langue officielle est l’hébreu et l'arabe est dotée d'un
« statut spécial » ; l’État est ouvert à l’immigration juive ». En
quoi cela marque-t-il, à votre avis, une régression par rapport à la
déclaration d’indépendance de 1948 ?
-
Il
y a eu deux manifestations de protestation contre cette loi, qui se sont tenues
place Rabin à Tel Aviv. D’une part, plusieurs dizaines de milliers de personnes
se sont retrouvés, côte à côte, des Druzes mais aussi beaucoup de Juifs. Et
puis il y en a eu une autre, beaucoup moins sympathique, organisée par les
partis politiques arabes et là on a vu des drapeaux palestiniens : qu’en
pensez-vous ?
-
On
peut se demander si les provocations permanentes des députés arabes n’ont pas
entrainé en boomerang cette loi sur l’Etat nation : leurs partis politiques
disent, depuis longtemps, que leur minorité est victimes d’apartheid ; ils
ont lancé une campagne internationale très dure contre Israël, ils soutiennent
le BDS. Partagez-vous cette analyse ? Et, question corollaire et vu le
caractère nocif de ces partis, est-ce que la meilleure des réponses ne serait
d’ouvrir plus largement aux minorités vos listes de candidats à la
Knesset ?
-
En
2015 avait été lancé un plan de 182 millions de dollars pour promouvoir
l’intégration économique de la minorité arabe ; ce plan a déjà donné
semble-t-il des résultats : est-ce exact, ou alors la situation sociale
est-elle contrastée entre les minorités, les Bédouins étant différents des
Druzes, etc. ?
Un sujet délicat, qui intéressera je l’espère
nos auditeurs : soyez nombreux à l’écoute !
J.C