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10 juin 2018

Les Kurdes de Syrie, une guerre sans fin ? Allan Kaval sera mon invité le 17 juin

Bataillon féminin kurde en Syrie

Nous allons reparler dimanche prochain, à la fois des Kurdes et de la Syrie, puisque j’ai intitulé cette émission : « Kurdes de Syrie, une guerre sans fin ». Mon invité sera Allan Kaval. C’est un journaliste free-lance, qui a travaillé surtout sur les politiques intérieures et extérieures de la Turquie et de l’Iran, et il a été le correspondant du journal « Le Monde » à Erbil, capitale du Kurdistan irakien. Autant dire qu’il est particulièrement connaisseur du monde kurde, et il a séjourné aussi dans les zones contrôlées par leur armée en Syrie. J’ai eu le plaisir de l’entendre à l’Institut Français des Relations Internationales, et j’ai apprécié son regard que j’ai trouvé lucide sur cette minorité, qui a connu peut-être un excès de gloire après un excès de mépris. En effet, le peuple kurde a été très longtemps ignoré, à la fois par nos gouvernements et par nos médias. Lorsque l’Etat islamique est apparu, courant 2014, leurs combattants les Peshmergas, ont été pendant un moment la seule force au sol à leur résister sur le terrain, et tout le monde se souvient de la résistance héroïque de Kobané, en Syrie près de la frontière turque : mais que s’est-il passé depuis ? J’espère que cette interview permettra d’éclairer nos auditeurs. 

Parmi les questions que je poserai à Allan Kaval :

-        Quel est le nombre total de Kurdes en Syrie et où vivent-ils ? D’après ce qu’on peut lire, la population du « Rojava » - ce qui veut dire en kurde « l’Ouest » - est de 2 millions d’habitants, c’est la zone autonome effectivement dominée par le parti autonomiste PYD : où se situe cette région ? Et ses habitants sont-ils majoritairement kurdes ?
-        Quelle était et qu’est devenue l’idéologie du parti, le PYD, qui encadre les populations du Rojava : est-ce que c’est un calque du PKK, donc un parti marxiste-léniniste ? Ou alors, a-t-il aujourd’hui toutes les vertus démocratiques qui expliquent l’empathie actuelle des médias envers cette force politique : tolérance envers les minorités, égalité hommes-femmes, autogestion, etc.
-        Lors du colloque à l’IFRI évoqué en introduction, vous nous avez dit que la direction kurde du Rojava devait gérer maintenant trois contradictions : pourriez-vous en dire plus à nos auditeurs ?
-        Il y a des rivalités de clans et des divergences idéologiques dans le peuple kurde. En gros, on a l’impression que seul le PKK, né en Turquie et fortement implanté dans la Diaspora en Europe, domine ses partis frères en Syrie et en Iran, mais pas en Irak : est-ce exact ?
-        Que s’est-il passé à Afrine, l’enclave la plus à l’Ouest des zones kurdes, tout près de la frontière Nord ? On le sait, l’armée turque a envahi cette zone, fait le siège de la localité pendant près de deux mois entre janvier et fin mars. Qui a aidé sur place les Kurdes, qui ont quand même résisté pendant longtemps ? Comment ont réagi les Russes, qui contrôlaient le secteur depuis la chute d’Alep ? Et y a-t-il eu vraiment « épuration ethnique » et « massacres » comme on l’a lu ?
-        Que va faire maintenant la Turquie ? Leurs dirigeants ont répété, à plusieurs reprises, que l’objectif était l’enclave de Manbij, 100 kilomètres plus à l’Est. Or là sont présents des centaines de conseillers militaires américains aux côtés des Kurdes : Erdogan prendra-t-il ce risque-là ?
-        Deux coalitions s’affrontent indirectement en Syrie : « l’axe chiite », armé par la Russie et qui comprend le régime syrien, les troupes iraniennes, le Hezbollah et diverses milices chiites d’un côté ; le camp occidental de l’autre, avec en gros les Kurdes soutenus par des troupes spéciales des différents pays occidentaux. Le « verrou » kurde a empêché qu’il y ait une véritable « autoroute » iranienne à travers la Syrie. Que feront les Kurdes si les Occidentaux abandonnent le terrain ?
-        On a vécu une escalade très forte entre Israël et l’Iran ces dernières semaines, la République Islamique essayant de s’installer militairement pour menacer par ses missiles l’Etat hébreu, et ce dernier ayant fait des frappes préventives. Ayant globalement gagné contre les rebelles, le régime syrien ne peut-il pas souhaiter, dans le fond, le départ des Iraniens ?
-        Il y a eu neuf millions de personnes réfugiées en dehors du pays ou déplacées d’une zone à l’autre : maintenant que la « Syrie utile » a été reconquise, pourquoi ne reviennent-ils pas ?

La situation en Syrie devient terriblement compliquée, et l’avenir des Kurdes bien incertain : soyez nombreux au rendez-vous !

J.C