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06 mars 2016

Islam de France, composantes et diversité : Gérard Fellous sera mon invité le 13 mars



Dimanche prochain, nous allons parler d'un nouveau livre,  "A la recherche d'un islam de France", publié aux Editions L'Harmattan, et j'aurai le plaisir de recevoir son auteur, Gérard Fellous.  Gérard Fellous a été très longtemps journaliste dans différents médias, et cela se sent dans cet ouvrage car il a su chercher et trouver une impressionnante documentation. Mais, surtout, il a été pendant plus de vingt ans le Secrétaire général de la Commission nationale consultative des droits de l'homme ; et à ce titre, il a suivi de très près les problèmes sociétaux posés à la République, et en particulier ceux qui touchent à la symbiose entre les religions et la société civile, avec bien sûr les enjeux et menaces pour la laïcité. L'émergence de la religion musulmane, devenue en quelques décennies la deuxième de France,  et les relations entre l'islam et la République ont suscité un nombre infini de prises de position, décisions alternativement de la Droite et de la Gauche, rapports, enquêtes, bref un empilement de données au fil des années et une situation mouvante sur laquelle il était temps de faire un point. Son livre le fait, longuement puisqu'il représente près de 450 pages pour les deux tomes réunis ; mais il venait à point nommé alors que le précédent état de lieux "Les musulmans en France" de Bernard Godard et Sylvie Taussig" date de 2007, et que, bien sûr il s'est passé beaucoup de choses depuis.  Nous allons donc parler dimanche prochain du premier tome de cet ouvrage, sous-titré "le profil de la deuxième religion, méconnue des Français" ; et puis, dans la prochaine émission on évoquera les relations, souvent compliquées, de l'islam de France avec l'Etat laïc.

Parmi les questions que je poserai à Gérard Fellous :

-        En ce qui concerne les chiffres, on est un peu perdus : la démographe Michèle Tribalat parle de 4 millions de Musulmans en 2008, soit environ 6% en pourcentage, chiffre repris par des enquêtes en 2011. Mais alors pourquoi le Recteur Boubakeur, réclamant la construction de 2000 mosquées en deux ans au rassemblement de l'UOIF en avril 2015, a-t-il parlé de "7 millions de Musulmans" ? Comment appréhender ces populations, alors qu'il est interdit en France de faire des statistiques ethniques ou religieuses ? Est ce que cette impression d'expansion démographique, n'est pas liée à une pyramide des âges est très différente pour les Musulmans que pour le reste de la population, et à une immigration continue ?
-        Pour 78 % des Musulmans, leur religion occupe une place importante dans leur vie, alors que ce n'est le cas que pour 24 % des Catholiques. Par ailleurs, vous donnez un certain nombre d'indicateurs qui montrent que, depuis 25 ans, la religiosité chez les Musulmans a augmenté : est-ce que c'est un phénomène national, ou plutôt concentré dans certains quartiers et cités ? Est-ce que cela correspond à un vrai renouveau de la pratique religieuse ou plutôt à une affirmation identitaire, de causes diverses ? Et enfin, cela concerne-t-il les Femmes comme les Hommes ?
-        Le nombre de lieux de culte musulmans a doublé en 20 ans, il y en a maintenant environ 2300, la majorité n'étant pas d'ailleurs des Mosquées à proprement parler avec une grande surface et une architecture visible. Comment les financer ? Connait-on le pourcentage de fonds venus de l'Etranger, et en particulier de pays dont l'idéologie est peu compatible avec les valeurs de notre République, comme le Qatar ou l'Arabie Saoudite ? Et enfin pourquoi les Français musulmans n'arrivent-ils pas à financer eux-mêmes leur culte, comme le font les Juifs par exemple ?
-      Vous consacrez près de 50 pages aux mouvances musulmanes les plus éloignées des valeurs de notre République : vous partez de l'UOIF pour parler, au final, des centaines de jeunes partis faire le Djihad en Syrie. Est-ce que, d'après vous, les "agendas politiques" des proches des Frères Musulmans et des djihadistes sont les mêmes et ne diffèrent que par leur stratégie ? Ensuite, en ce qui concerne le Salafisme, on sait que le nombre de lieux de culte qu'ils contrôlent a doublé ces dernière années : sont-ils tous des antichambres de la violence ?
-      Votre livre s'achève par l'évocation d'un certain nombre d'intellectuels musulmans ou d'associations qui se sont exprimés, ces dernières années, en faveur d'une réforme théologique, et d'une nécessaire adaptation au contexte français de la laïcité : Abdenour Bidar, le regretté Abdelwahab Meddeb, Ghaleb Bencheikh, Malek Chebbel et d'autres. Mais quelle est leur réelle influence ?

Une discussion qui promet d'être passionnante ... soyez nombreux au rendez-vous !

J.C