Un institut de sondage a demandé à des jeunes vivant dans des pays arabo-musulmans leur perception de groupes comme Daech ou al-Qaida. Le rejet de ces mouvements est très inégal selon les pays.
L'enquête a été menée entre octobre et novembre 2015,
par un institut de sondage américain basé à Washington, Zogby Research
Services. L'objectif était ambitieux: interroger les jeunesses musulmanes sur leur
identité religieuse, leur rapport à la foi, et leur perception des groupes
terroristes qui alimentent nos journaux quotidiennement. 5374 jeunes, âgés de
15 à 34 ans, ont donc été sondés dans les pays suivants: le Maroc, l'Égypte, la
Palestine, la Jordanie, l'Arabie Saoudite, le Koweït, Bahreïn, et les Émirats
Arabes Unis.
À la question «pensez-vous que des groupes comme Daech
ou al-Qaida sont une perversion des enseignements de l'islam?», les jeunes
Marocains (93%) et les jeunes Émiratis (92%) sont les premiers à dire qu'ils
sont une «complète perversion de l'islam». Une affirmation qui est loin de
faire l'unanimité dans d'autres pays, comme au Koweït (45%) ou en Arabie
Saoudite (57%), où plus d'un jeune sur quatre estime plutôt que ces groupes
«ont tort, mais soulèvent parfois des problématiques dans lesquelles je suis en
accord avec eux». Dans les territoires palestiniens (15%) et en Jordanie (13%),
une minorité va même jusqu'à affirmer que que ces mouvements «ne sont en rien
une perversion de l'islam».
La technique du porte-à-porte a été préférée pour cette large étude (*), qui dresse le portrait
d'une jeune génération musulmane très hétéroclite face aux enjeux religieux qui
l'entourent.
À la question «Avez-vous dans votre cercle d'amis ou de
connaissances quelqu'un d'une autre religion que la vôtre», 96% des Saoudiens
répondent «non» et 99% des Émiratis répondent «oui». Si une très large majorité
(plus de 86%) des jeunes musulmans interrogés estiment que la religion est «une
affaire privée», beaucoup admettent être partagé entre «les tentations et les
vices de la société actuelle» et «le souci de préserver son identité et sa
pratique de l'islam». C'est le cas de 62% de Koweïtiens, 60% d'Égyptiens ou
encore 57% de Palestiniens.
Renaud Toffier
Le Figaro, 13 janvier 2016
(*) : Nota de Jean Corcos
Le lien du Figaro conduit à un tableau publié par un
magasine marocain. L'étude en question, en langue anglaise et à télécharger, a pour
titre "The 2015 Arab Opinion Index"