Nous allons poursuivre dimanche prochain mon interview de Laurence Louër. Rappelons aux auditeurs qui auraient raté l’émission précédente qu’elle est docteur en sciences politiques, chercheuse au C.E.R.I-Sciences Po, mais surtout consultante permanente au Centre d’analyses et de prévisions du Ministère des Affaires Étrangères. Nous allons parler à nouveau de son livre « Chiisme et politique au Moyen Orient », publié aux éditions « Autrement », un ouvrage extrêmement dense d’environ 140 pages, qui évoque le grand retour contemporain de cette branche de l’islam en Iran, en Irak, au Liban et dans les monarchies du Golfe. Il y a quinze jours, nous avions « planté le décor » en rappelant les évènements historiques qui ont enraciné cette branche minoritaire de l’islam, à la fois dans le monde arabe et dans sa périphérie, en particulier en Iran. Le 17 mai, nous allons examiner l’éveil politique des Chiites dans le monde arabe, en partant du pays le plus proche de l’Iran - l’Irak, où longtemps méprisés et opprimés, ils ont maintenant les clés du pouvoir ; mais aussi l’Arabie Saoudite et les monarchies du Golfe, où ils remettent aussi en question le confiscation totale du pouvoir par les monarchies sunnites. Et puis nous finirons par le Liban, où le Hezbollah s’est enraciné un peu comme un « état alternatif », en état de guerre contre Israël et pion avancé de l’Iran au bord de la Méditerranée.
Parmi les questions que je poserai à Laurence Louër :
- Quels sont les pourcentages de Chiites dans les principaux pays du Moyen-Orient ?
- Que sont devenus les principaux partis politiques chiites d’opposition en Irak depuis la chute de Saddam Hussein, et y a-t-il le risque d’y voir s’établir une nouvelle « République islamique » sur le modèle iranien ? Et est-ce que Téhéran ne joue pas un jeu très subtil, en ne mettant pas tous ses œufs dans le même panier et en manipulant, finalement, les uns et les autres dans ce pays ?
- Que s’est-il passé à Bahreïn (où les Chiites sont majoritaires) depuis « l’Intifada » des années 90 ? Est-ce qu’on peut-on dire que ces Chiites là mènent un combat purement politique, et non pas une guerre de religion ?
- Le livre rappelle - avec un courage à souligner - qu’au Liban, le Hezbollah n’avait plus de motif de combattre Israël après le retrait de 2000, et que la guerre de 2006, comme le contentieux territorial autour des fermes de Chebaa, n’ont été que des prétextes pour conserver un armement au moins équivalent à celui de l’armée libanaise. Il note, aussi, que le Hezbollah s’est peu à peu éloigné de la Syrie pour s’aligner totalement sur l’Iran ; à moyen terme, on comprend la stratégie du mouvement qui est de constituer un « état alternatif » en refusant la responsabilité du pouvoir. Mais est-ce vraiment jouable sur le long terme ?
Soyez nombreux à l’écoute dimanche prochain !
J.C