Introduction :
Et voici que l'on reparle du boycott culturel d'Israël par les pays arabes ...
Un boycott hélas plus que jamais d'actualité, après l'opération de Gaza qui a conduit à la rupture des relations avec certains états (Qatar, Mauritanie) et à un net refroidissement avec les plus modérés d'entre eux, comme le Maroc.
Hélas - et ce que le grand public appréhende difficilement - il s'agit d'une hostilité profonde, et non de réactions émotives liées à l'actualité : je voudrais ainsi évoquer une pétition qui a circulé en Tunisie, pour s'opposer à l'invitation d'un médecin connu au plan international dans le cadre du "Congrès méditerranéen de santé de la reproduction", qui s'est tenu à Hammamet du 15 au 18 mai 2008. On trouvera en lien sur le blog "tunisiawatch" tous les détails sur cette affaire, ainsi que le courrier très courageux d'un Professeur tunisien Mansour El Feki, qui invite ses compatriotes à ne pas insulter l'avenir et à ne pas oublier les racines juives de leur pays ... Un texte magnifique, que je me permets de reproduire tel que ci-dessous - hormis la correction de quelques "coquilles".
J.C
J.C
Bonjour,
J’ai été moi-même coorganisateur du Premier Congrès Arabe de Sexologie avec Mr. Redhouan M’hiri à Tunis en 1996. C’est avec regret et fierté que j’évoque le souvenir de l’invitation de collègues juifs d’Israël et d’ailleurs. Regret pour quelques-uns de mes compatriotes qui ont réagi d’une façon peu respectueuse de la Tunisie et de son histoire millénaire, de notre relation symbiotique avec les juifs depuis toujours. Fierté de nous être inscrits, nous, en invitant des juifs d’Israël, de France, de Belgique, du Maroc, d’Algérie et de Tunisie, dans la ligne honorable et glorieuse de la politique tunisienne depuis la nuit des temps.
Les corbeaux qui se sont opposés à votre initiative, fort honorable, d’inviter un professeur en médecine leader dans son domaine, juif d’Israël, font preuve d’une amnésie qui n’a d’égal que leur lâcheté et leur ignorance de notre identité tunisienne. Les Juifs sont un vecteur fondamental et un élément incontournable de l’histoire de cette terre qui est aujourd’hui « La Tunisie », depuis Ibn El Jazzar qui était l’élève puis le collègue d’Ishaq Ibn Souleiman El Israëli, qui était -pour ne rien vous cacher- juif et tunisien, en passant par Le Bey qui, dans son temps, a mis en avant ce que nous avons de commun et de plus cher, notre tunisianité, pour protéger les Juifs des affres de l’horreur du nazisme. Aujourd’hui, encore, en Tunisie dans notre vie sociale et familiale, dans notre cuisine, dans notre musique, dans notre habit traditionnel, dans nos valeurs, dans nos comportements, dans notre façon d’apprivoiser la mort, la vie, l’amour, la fête, nos joies et nos tristesses nous avons plus a partager avec nos tunisien juif ou les séfarades en général qu’avec tout autres. La Tunisie a toujours apporté son appui à la cause palestinienne. Sans la cécité de la ligue arabe des années soixante, la Palestine aurait été un état souverain, libre et moderne depuis plus de quarante ans, mais les frères arabes ont préféré l’arrogance de Nasser au pragmatisme de Bourguiba. Aujourd’hui, le président de la république Zine El Abidine Ben Ali ne rate aucun forum pour crier haut et fort le droit et la nécessité de garantir aux Palestiniens la jouissance d’un état souverain et l’intégrité territoriale de tous les pays voisins, mais ceci ne doit pas nous soustraire de dire qu’Israël a aussi le droit à sa sécurité nationale, comme tous les pays de la région.
Mes très chers compatriotes, n’insultons pas l’avenir et ne nions pas l’histoire. La tunisianité est inclusive de fait. Soyons fiers de nos singularités, judaïque comme nord africaine, méditerranéenne, arabe et musulmane. Sachez que dans l’État d’Israël il y a un peu de notre cœur qui bat : nos Tunisiens qui étaient - ne nous le cachons pas - en partie obligés ou poussés à quitter leur pays, la Tunisie. Cette partie de nous-mêmes est aujourd’hui un peu partout dans le monde mais aussi en Tunisie, tel Roger Bismuth, sénateur et conseiller de son excellence monsieur le président de la république Zine El Abidine Ben Ali, en France, tel le Professeur David Khayat, leader mondial en cancérologie, Marc Ganem, gynécologue, ancien président de la World Association for Sexology et actuel président de la chaire de santé sexuelle à l’UNESCO, Joseph Haïm Sitruk, grand Rabin de France, Sylvain Shalom, ancien ministre des affaires étrangères de l’état d’Israël, les Lévy, les Slama, les Chekroun, les Smadja, etc. Mes très chers compatriotes, tendons la main à nos propres frères juifs de Tunisie, qu’ils soient français, belges, canadiens, israéliens, etc. Il est temps de nous réconcilier avec nous-mêmes, il reste encore cette génération de "Tunes" natifs de Tunisie. Redonnons une chance à l’histoire, à l’amour et à la vie. Encourageons la coopération scientifique avec les juifs du monde entier, y compris ceux d’Israël, ne ratons aucune occasion de leur dire que nous tenons à l’existence d’un État palestinien souverain et à la sécurité de l’État d’Israël.
Les corbeaux qui se sont opposés à votre initiative, fort honorable, d’inviter un professeur en médecine leader dans son domaine, juif d’Israël, font preuve d’une amnésie qui n’a d’égal que leur lâcheté et leur ignorance de notre identité tunisienne. Les Juifs sont un vecteur fondamental et un élément incontournable de l’histoire de cette terre qui est aujourd’hui « La Tunisie », depuis Ibn El Jazzar qui était l’élève puis le collègue d’Ishaq Ibn Souleiman El Israëli, qui était -pour ne rien vous cacher- juif et tunisien, en passant par Le Bey qui, dans son temps, a mis en avant ce que nous avons de commun et de plus cher, notre tunisianité, pour protéger les Juifs des affres de l’horreur du nazisme. Aujourd’hui, encore, en Tunisie dans notre vie sociale et familiale, dans notre cuisine, dans notre musique, dans notre habit traditionnel, dans nos valeurs, dans nos comportements, dans notre façon d’apprivoiser la mort, la vie, l’amour, la fête, nos joies et nos tristesses nous avons plus a partager avec nos tunisien juif ou les séfarades en général qu’avec tout autres. La Tunisie a toujours apporté son appui à la cause palestinienne. Sans la cécité de la ligue arabe des années soixante, la Palestine aurait été un état souverain, libre et moderne depuis plus de quarante ans, mais les frères arabes ont préféré l’arrogance de Nasser au pragmatisme de Bourguiba. Aujourd’hui, le président de la république Zine El Abidine Ben Ali ne rate aucun forum pour crier haut et fort le droit et la nécessité de garantir aux Palestiniens la jouissance d’un état souverain et l’intégrité territoriale de tous les pays voisins, mais ceci ne doit pas nous soustraire de dire qu’Israël a aussi le droit à sa sécurité nationale, comme tous les pays de la région.
Mes très chers compatriotes, n’insultons pas l’avenir et ne nions pas l’histoire. La tunisianité est inclusive de fait. Soyons fiers de nos singularités, judaïque comme nord africaine, méditerranéenne, arabe et musulmane. Sachez que dans l’État d’Israël il y a un peu de notre cœur qui bat : nos Tunisiens qui étaient - ne nous le cachons pas - en partie obligés ou poussés à quitter leur pays, la Tunisie. Cette partie de nous-mêmes est aujourd’hui un peu partout dans le monde mais aussi en Tunisie, tel Roger Bismuth, sénateur et conseiller de son excellence monsieur le président de la république Zine El Abidine Ben Ali, en France, tel le Professeur David Khayat, leader mondial en cancérologie, Marc Ganem, gynécologue, ancien président de la World Association for Sexology et actuel président de la chaire de santé sexuelle à l’UNESCO, Joseph Haïm Sitruk, grand Rabin de France, Sylvain Shalom, ancien ministre des affaires étrangères de l’état d’Israël, les Lévy, les Slama, les Chekroun, les Smadja, etc. Mes très chers compatriotes, tendons la main à nos propres frères juifs de Tunisie, qu’ils soient français, belges, canadiens, israéliens, etc. Il est temps de nous réconcilier avec nous-mêmes, il reste encore cette génération de "Tunes" natifs de Tunisie. Redonnons une chance à l’histoire, à l’amour et à la vie. Encourageons la coopération scientifique avec les juifs du monde entier, y compris ceux d’Israël, ne ratons aucune occasion de leur dire que nous tenons à l’existence d’un État palestinien souverain et à la sécurité de l’État d’Israël.
Mansour El Feki,
Professeur d’Université, Canada