Un magnat égyptien de l'immobilier et pilier du parti au pouvoir, Hicham Talaat Moustafa, a été condamné à mort jeudi pour le meurtre d'une chanteuse libanaise avec laquelle il aurait eu une relation intime. Le juge du tribunal pénal du Caire a ordonné que l'homme d'affaires soit pendu pour avoir commandité ce crime. Un policier égyptien à la retraite, Mohsen al-Soukkari, jugé dans le même procès, a été condamné à mort par pendaison pour avoir exécuté le meurtre de Suzanne Tamim, 30 ans. L'audience s'est déroulée au milieu de strictes mesures de sécurité. Le tribunal a soumis son verdict à l'aval du mufti d'Egypte, les condamnations à mort devant être autorisées par cette plus haute autorité religieuse du pays. L'audience pour connaître son avis a été fixée au 25 juin.
Les deux condamnés, présents au tribunal, peuvent interjeter appel.
Mélange de meurtre, de pouvoir, de show-business et de sexe
L'épouse de M. Moustafa, qui a assisté à l'audience, s'est évanouie à l'annonce du verdict. A Beyrouth, Abdel Sattar Tamim, le père de la victime, a indiqué à l'AFP que la famille était satisfaite du jugement et qu'elle attendait désormais l'avis du mufti. «Nous avons pleine confiance dans le système judiciaire égyptien et nous attendons la décision finale», a-t-il dit, ajoutant que la famille était en «contact étroit» avec les avocats au Caire.
L'affaire, mélange de meurtre, de pouvoir, de show-business et de sexe, a été très suivie au Liban et en Egypte, un pays où les puissants hommes d'affaires font rarement face à la justice.
Les autorités ont imposé un black-out médiatique sur le procès ouvert en octobre 2008 et poursuivi des journalistes ne l'ayant pas respecté. M. Moustafa, 49 ans, un pilier du Parti national démocrate (PND), est accusé d'avoir payé Soukkari deux millions de dollars pour tuer Suzanne Tamim, retrouvée morte le 28 juillet 2008 dans son appartement de Dubaï, atteinte de plusieurs coups de couteau et la gorge entaillée. Selon l'accusation, après avoir surveillé son appartement, M. Soukkari s'y était rendu en se présentant comme un employé de l'immeuble et l'avait poignardée à mort. M. Soukkari, arrêté en août, avait dans un premier temps avoué avoir agi à l'instigation de M. Moustafa, mais les deux hommes avaient plaidé leur innocence devant le tribunal. Son immunité avait été levée
La chanteuse, à qui la presse arabe prêtait une vie sentimentale tumultueuse, s'était fait connaître après avoir gagné un concours de jeunes talents en 1996. Elle avait eu, selon la presse égyptienne, une relation intime avec M. Moustafa durant trois ans qui s'était terminée quelques mois avant le meurtre. Elle avait alors quitté l'Egypte pour Londres, avant de s'installer à Dubaï.
M. Moustafa, qui dirigeait Talaat Mustafa Group, une société pesant plusieurs milliards de dollars, est également membre du Conseil consultatif (Sénat). Son immunité avait été levée et il avait été remplacé par son frère à la tête de l'entreprise.
Après le verdict, les actions de la société présente dans le secteur touristique à travers la construction, l'immobilier et les projets de luxe, reculaient de 18% dans les premiers échanges à la Bourse du Caire.
Sources : AFP et Libération