Le Ministre des Affaires étrangères du royaume de Bahreïn vient de briser un tabou en appelant, à partir du siège des Nations unies, à New York, au cours d’un entretien accordé au quotidien Al Hayat, à la création d’une « organisation régionale regroupant les pays arabes, Israël, la Turquie et l’Iran » pour régler les différends régionaux.
(lire l'information sur le blog)
Au moment où le boycott arabe d’Israël s’intensifie, tant au niveau politique que social et culturel (1), la déclaration du ministre bahreïni est pour le moins courageuse. « Dans un cadre international comme l’ONU, les pays arabes et Israël sont bel et bien dans la même enceinte », a déclaré le ministre pour justifier sa proposition. « Ne sommes nous pas tous membres d’une organisation globale appelée les Nations unies ? Pourquoi ne pas (se rassembler) sur une base régionale ? C’est la seule manière de résoudre nos problèmes", ajoute le chef de la diplomatie de Bahreïn ».
Faut t-il rappeler que le Royaume du Bahreïn est l’un des principaux pays alliés des Etats-Unis dans le Golfe ou siège la V ème Flotte américaine. Il a joué un rôle primordial pour la libération de L’Irak.
Le Bahreïn entretient aussi des contacts politiques avec Israël, en dépit de nombreuses résistances des pays voisins : le prince héritier Cheikh Khalifa Ben Salman Al Khalifa a rencontré plusieurs responsables israéliens lors du Forum économique mondial en 2000 et 2003. Cheikh Khalifa a même discuté avec son homologue israélien madame Tzipi Livni à l’ONU l’année dernière.
Le Royaume du Bahreïn est aussi un pays avant-gardiste lorsqu’il s’agit de la parité. En juin 2008, une juive de Bahreïn, Houda Nounou, fut nommée ambassadrice de son pays à Washington ; une première dans les pays arabes et surtout dans une région ou la discrimination contre les femmes est la règle (2). Ce n’est pas une opération de relations publiques. Houda Nounou a démontré déjà ses capacités au sein du Conseil consultatif (une assemblée désignée). Mme Nounou, la quarantaine, est diplômée de gestion de Grande-Bretagne. Elle est devenue active dans le domaine associatif en 2004 et a présidé l’association bahreïnie des Droits de l’Homme. (3)
Mme Nounou est, la troisième femme de Bahreïn à occuper le poste d’ambassadrice. Une membre de la famille royale, Haya Al-Khalifa, une sunnite, avait occupé ce poste à Paris et Bibi Aloui, une chiite, est depuis quelques mois ambassadrice de Bahreïn à Pékin. Représentante de la minorité juive, qui compte 37 personnes, sa nomination a confirmé le choix fait pour des réformes à Bahreïn, un pays qui ne fait pas de distinction entre l’homme et la femme quant il s’agit d’occuper des postes officiels et qui ne fait pas de distinction entre ses citoyens en raison de leur confession. La communauté juive du Bahreïn ne compte plus que 37 âmes actuellement. La majorité d'entre eux sont des commerçants et ils sont bien traités par les autorités. (4)
Autre témoignage du Climat de tolérance qui prévaut dans ce Royaume : en Août 2008, le roi du Bahreïn a rencontré à Londres des Juifs exilés de son pays et leur a demandé de revenir dans leur terre natale. Au cours de cette rencontre avec des Juifs de la communauté bahreïnie, le Cheikh Hamad ben Issa al-Khalifa a appelé les Juifs qui ont quitté son royaume à rentrer au pays, en affirmant que ceux qui ont émigré sont des citoyens à part entière (5).
Aujourd’hui nous pouvons rendre un hommage à ce Royaume de tolérance qui est entrain d’amorcer de véritables changements dans la région. La démarche du ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, suggérant la création d’une organisation régionale incluant Israël, s’inscrit dans le cadre des efforts faits par le Royaume de Bahreïn pour la normalisation progressive des relations avec l’état Israël, voulue par le roi Hamad ben Issa Al Khalifa de Bahreïn.
En tant que citoyen modéré du monde arabe je suis très fier de constater que ce pays du Proche Orient exerce le même rôle pacificateur que la Tunisie, en Méditerranée, dans le cadre de l’UPM qui inclut bien entendu l’état d’Israël. Je suis content aussi que Houda Nounou soit une ambassadrice d’un Royaume arabe à Washington. Je formule un voeu, en ce début du Nouvel An juif, de voir la Tunisie désigner bientôt une ambassadrice à Tel Aviv.
Souhail Ftouh,
Tunis
(1) Coïncidence ou pas, la Syrie a interdit le lendemain de cette déclaration la distribution du quotidien Al Hayat, a annoncé le jeudi 2 octobre le directeur du bureau de cette publication à Beyrouth. "Le département de la censure au ministère (syrien) de l’information a demandé lundi au bureau d’Al Hayat à Damas de cesser de distribuer le journal en Syrie jusqu’à nouvel ordre", a dit à l’AFP Zouhair Qusaybati, qui dirige le journal dans la capitale libanaise.
(2) Les autorités de Bahreïn ont informé le Département d’État américain de leur intention de nommer Mme Nounou lors de la dernière visite du roi Hamad ben Issa Al Khalifa aux États-Unis en mars 2008. Mme Nounou a été intégrée par un décret royal en date du 28 mai au ministère des Affaires étrangères, avec rang d’ambassadrice.
(3) Mme Nounou, qui était active dans une association de droits de l’Homme, avait été nommée membre du Conseil consultatif en 2006. Elle y a remplacé son cousin Ibrahim Nounou qui a siégé dans cette assemblée de 2002 à 2006. Son grand-père, Ibrahim Nounou, était membre du Conseil municipal de Bahreïn dans les années 1920 lorsque les autorités coloniales britanniques dosaient la formation de ce conseil en tenant compte de la composition confessionnelle et ethnique de la population de l’archipel. Les Nounou constituent l’une des rares familles juives de Bahreïn, un petit royaume du Golfe qui comptait des centaines de juifs à la fin des années 1940.La plupart des juifs de Bahreïn sont venus d’Irak et d’Iran. Ils étaient actifs dans le commerce et les finances avant la découverte du pétrole vers la moitié du dernier siècle.
(4) Au Bahreïn, il n'y a que 6 familles juives, dont les familles Cohen, Reouven, Mourad et Nounou. Cette communauté est issue de vagues d'immigration d'Irak et d'Iran qui ont commencé au début du XX ème siècle. Sont ensuite arrivés des Juifs du Yémen. Cette communauté a connu son âge d’or dans les années 1940, avec 400 membres. La majorité d'entre eux se sont ensuite rendus en Grande Bretagne. Quelques uns vivent en Israël.
(5) "Le roi a demandé aux membres de la communauté, qui ont quitté son pays au milieu du XXe siècle, de revenir en tant que citoyens", a affirmé Fayçal Foulad, le représentant international du Centre bahreïni des droits de l’Homme. Et d'ajouter : "Il leur a même proposé de venir investir ou de faire du tourisme. Il s'agit de citoyens attachés au Bahreïn et nombre d'entre eux parlent arabes. Ils ont de profonds sentiments à l'égard de leur patrie et une partie d'entre eux ont gardé leurs papiers d'état civil."
Au moment où le boycott arabe d’Israël s’intensifie, tant au niveau politique que social et culturel (1), la déclaration du ministre bahreïni est pour le moins courageuse. « Dans un cadre international comme l’ONU, les pays arabes et Israël sont bel et bien dans la même enceinte », a déclaré le ministre pour justifier sa proposition. « Ne sommes nous pas tous membres d’une organisation globale appelée les Nations unies ? Pourquoi ne pas (se rassembler) sur une base régionale ? C’est la seule manière de résoudre nos problèmes", ajoute le chef de la diplomatie de Bahreïn ».
Faut t-il rappeler que le Royaume du Bahreïn est l’un des principaux pays alliés des Etats-Unis dans le Golfe ou siège la V ème Flotte américaine. Il a joué un rôle primordial pour la libération de L’Irak.
Le Bahreïn entretient aussi des contacts politiques avec Israël, en dépit de nombreuses résistances des pays voisins : le prince héritier Cheikh Khalifa Ben Salman Al Khalifa a rencontré plusieurs responsables israéliens lors du Forum économique mondial en 2000 et 2003. Cheikh Khalifa a même discuté avec son homologue israélien madame Tzipi Livni à l’ONU l’année dernière.
Le Royaume du Bahreïn est aussi un pays avant-gardiste lorsqu’il s’agit de la parité. En juin 2008, une juive de Bahreïn, Houda Nounou, fut nommée ambassadrice de son pays à Washington ; une première dans les pays arabes et surtout dans une région ou la discrimination contre les femmes est la règle (2). Ce n’est pas une opération de relations publiques. Houda Nounou a démontré déjà ses capacités au sein du Conseil consultatif (une assemblée désignée). Mme Nounou, la quarantaine, est diplômée de gestion de Grande-Bretagne. Elle est devenue active dans le domaine associatif en 2004 et a présidé l’association bahreïnie des Droits de l’Homme. (3)
Mme Nounou est, la troisième femme de Bahreïn à occuper le poste d’ambassadrice. Une membre de la famille royale, Haya Al-Khalifa, une sunnite, avait occupé ce poste à Paris et Bibi Aloui, une chiite, est depuis quelques mois ambassadrice de Bahreïn à Pékin. Représentante de la minorité juive, qui compte 37 personnes, sa nomination a confirmé le choix fait pour des réformes à Bahreïn, un pays qui ne fait pas de distinction entre l’homme et la femme quant il s’agit d’occuper des postes officiels et qui ne fait pas de distinction entre ses citoyens en raison de leur confession. La communauté juive du Bahreïn ne compte plus que 37 âmes actuellement. La majorité d'entre eux sont des commerçants et ils sont bien traités par les autorités. (4)
Autre témoignage du Climat de tolérance qui prévaut dans ce Royaume : en Août 2008, le roi du Bahreïn a rencontré à Londres des Juifs exilés de son pays et leur a demandé de revenir dans leur terre natale. Au cours de cette rencontre avec des Juifs de la communauté bahreïnie, le Cheikh Hamad ben Issa al-Khalifa a appelé les Juifs qui ont quitté son royaume à rentrer au pays, en affirmant que ceux qui ont émigré sont des citoyens à part entière (5).
Aujourd’hui nous pouvons rendre un hommage à ce Royaume de tolérance qui est entrain d’amorcer de véritables changements dans la région. La démarche du ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, suggérant la création d’une organisation régionale incluant Israël, s’inscrit dans le cadre des efforts faits par le Royaume de Bahreïn pour la normalisation progressive des relations avec l’état Israël, voulue par le roi Hamad ben Issa Al Khalifa de Bahreïn.
En tant que citoyen modéré du monde arabe je suis très fier de constater que ce pays du Proche Orient exerce le même rôle pacificateur que la Tunisie, en Méditerranée, dans le cadre de l’UPM qui inclut bien entendu l’état d’Israël. Je suis content aussi que Houda Nounou soit une ambassadrice d’un Royaume arabe à Washington. Je formule un voeu, en ce début du Nouvel An juif, de voir la Tunisie désigner bientôt une ambassadrice à Tel Aviv.
Souhail Ftouh,
Tunis
(1) Coïncidence ou pas, la Syrie a interdit le lendemain de cette déclaration la distribution du quotidien Al Hayat, a annoncé le jeudi 2 octobre le directeur du bureau de cette publication à Beyrouth. "Le département de la censure au ministère (syrien) de l’information a demandé lundi au bureau d’Al Hayat à Damas de cesser de distribuer le journal en Syrie jusqu’à nouvel ordre", a dit à l’AFP Zouhair Qusaybati, qui dirige le journal dans la capitale libanaise.
(2) Les autorités de Bahreïn ont informé le Département d’État américain de leur intention de nommer Mme Nounou lors de la dernière visite du roi Hamad ben Issa Al Khalifa aux États-Unis en mars 2008. Mme Nounou a été intégrée par un décret royal en date du 28 mai au ministère des Affaires étrangères, avec rang d’ambassadrice.
(3) Mme Nounou, qui était active dans une association de droits de l’Homme, avait été nommée membre du Conseil consultatif en 2006. Elle y a remplacé son cousin Ibrahim Nounou qui a siégé dans cette assemblée de 2002 à 2006. Son grand-père, Ibrahim Nounou, était membre du Conseil municipal de Bahreïn dans les années 1920 lorsque les autorités coloniales britanniques dosaient la formation de ce conseil en tenant compte de la composition confessionnelle et ethnique de la population de l’archipel. Les Nounou constituent l’une des rares familles juives de Bahreïn, un petit royaume du Golfe qui comptait des centaines de juifs à la fin des années 1940.La plupart des juifs de Bahreïn sont venus d’Irak et d’Iran. Ils étaient actifs dans le commerce et les finances avant la découverte du pétrole vers la moitié du dernier siècle.
(4) Au Bahreïn, il n'y a que 6 familles juives, dont les familles Cohen, Reouven, Mourad et Nounou. Cette communauté est issue de vagues d'immigration d'Irak et d'Iran qui ont commencé au début du XX ème siècle. Sont ensuite arrivés des Juifs du Yémen. Cette communauté a connu son âge d’or dans les années 1940, avec 400 membres. La majorité d'entre eux se sont ensuite rendus en Grande Bretagne. Quelques uns vivent en Israël.
(5) "Le roi a demandé aux membres de la communauté, qui ont quitté son pays au milieu du XXe siècle, de revenir en tant que citoyens", a affirmé Fayçal Foulad, le représentant international du Centre bahreïni des droits de l’Homme. Et d'ajouter : "Il leur a même proposé de venir investir ou de faire du tourisme. Il s'agit de citoyens attachés au Bahreïn et nombre d'entre eux parlent arabes. Ils ont de profonds sentiments à l'égard de leur patrie et une partie d'entre eux ont gardé leurs papiers d'état civil."