D’abord une traduction rapide de cette dénomination en anglais, pour les lecteurs qui ne la connaîtraient pas encore : littéralement, « think tank » peut se traduire par « réservoir d’idées ». On utilise ce terme pour désigner une institution de droit privé, regroupant des experts, émettant des idées dans le domaine public, disposant d'une capacité d'analyse et de réflexion interne, et visant à faire des propositions de politique publique (définition trouvée sur Wikipedia). On utilise aussi en France les termes de « Groupes de réflexion et d'influence » ou d'« Institut indépendant de recherche sur les politiques ». Les sujets abordés par de telles institutions sont très divers, mais concernent souvent les affaires internationales et stratégiques, jouant alors souvent le rôle de « lobbies » en faveur de telle ou telle politique. Il en est ainsi, par exemple, aux États-Unis du « Washington Institute for Near East Policy », du « Hudson Institute » ou de la « Rand Corporation », qui ont autant de sites Internet que peuvent visiter les curieux comprenant l’anglais. En Israël, de telles institutions sont très nombreuses comme chez le « grand frère » américain : généralement, vous trouvez d’ailleurs sur divers sites ou blogs juifs francophones la reprise de synthèses émanant de telles sources, sans que soit précisée leur orientation politique globale ; or, même si aucun « think tank » n’est rattaché de manière grossière à un parti politique, il est clair que travaillent plutôt ensemble des experts de même sensibilité, et qu’il faut connaître cette sensibilité avant de prendre pour argent comptant tel ou tel papier ... d’autant plus que sont discutées (contrairement au reste du monde) des options vraiment existentielles pour le pays !
Mon attention a été retenue par un article publié le 16 août sur le site « Ynet News » en lien permanent, une libre opinion publiée sous la signature de John Davis du « Reut Institute ». Un peu curieux, je suis allé découvrir ce qu'en dit l'encyclopédie Wikipedia, et j’ai ainsi appris que cette institution jeune (fondée en janvier 2004), semble très écoutée par l’équipe actuelle du Ministère des Affaires Étrangères. Elle s’est spécialisée dans les analyses de long terme, et je vous recommande vivement (pour ceux qui lisent l’anglais, bien sûr) de visiter leur site sur ce lien. Sur la forme, j’ai particulièrement apprécié la présentation interactive par dossier. Sur le fond, on appréciera aussi le fait que des composantes non militaires (comme l’économie, l’image extérieure de l’État ou les relations internationales), soient prises aussi en considération pour orienter les décisions.
Mais revenons à cet article, et au sujet des relations Syrie - Iran.
Il y a deux écoles sur ce sujet. La première dit que l’axe Téhéran-Damas est maintenant indestructible, pour plusieurs raisons : les uns (comme par exemple évoqué par l’orientaliste Christian Lochon qui fut mon invité il y a quelques mois), évoqueront les affinités religieuses, les Alaouites au pouvoir en Syrie étant en fait des Chiites ; les autres feront le constat que, par leurs méthodes terroristes, les deux régimes ont fait de leurs pays des « États voyous » qui sont lancés dans une course en avant, laquelle aboutira fatalement à un « clash » avec les USA et leurs alliés régionaux. Il y a par contre une deuxième école, que l’on entend de plus en plus en Israël au cours des dernières semaines, alors même que des bruits de bottes très inquiétants menaçaient de part et d’autre de la frontière du Golan ; John Davis, sous le titre « Un lien que l’on peut casser » explique ainsi que cette alliance peut être rompue si on se montre assez adroit ...
Dans son article en lien, il reprend - de manière très intéressante - le même genre d’analyse que développe, régulièrement sur son site « iran-resist » en lien permanent, mon ami Kavéh Mohseni qui a été souvent mon invité sur « Judaïques FM » : partout, en Irak, au Liban, à Gaza et même en Afghanistan, le régime des Mollahs souffle sur les braises en armant et finançant les radicaux ; il s’agit d’apparaître aux yeux des Américains comme la puissance régionale incontournable, avec laquelle il faut négocier ; et pour prix de la négociation et d’une baisse locale des tensions, l’Iran obtiendra officieusement de devenir une puissance nucléaire - et de rendre réalisable son véritable objectif stratégique : une région dominée par les fondamentalistes où aura disparu l’État d’Israël.
Or la Syrie n’a pas toujours été sur la même longueur d’onde que son allié iranien, et John Davis en donne des exemples :
- Au Liban, l’Iran a « calmé » le Hezbollah dans le cadre de négociations avec le parrain des Sunnites (l’Arabie), alors que la Syrie voulait au contraire faire monter la pression pour régler des comptes particuliers ;
- En Irak, la Syrie préférerait avoir un voisin unifié et laïc, alors que l’Iran souhaite un voisin faible et morcelé en communautés ;
- Par rapport à Israël, la Syrie souhaite récupérer le plateau du Golan, donc serait prête à entamer des négociations - alors que l’Iran repousse tout processus politique impliquant une reconnaissance de l’état juif.
Logiquement, l’auteur conclue en conseillant au gouvernement israélien de se coordonner avec les États-Unis pour proposer des « carottes » au gouvernement syrien - fin de l’isolement et des pressions diplomatiques - en réclamant, en retour, qu'il cesse son soutien aux mouvements terroristes Hezbollah et Hamas, et qu’il s'éloigne de l’Iran.Un point de vue avec lequel ne sera certainement pas d’accord Chawki Freiha, qui sera mon invité dimanche 26 août, et qui avait dit lors d’une émission précédente : « la Syrie, elle mange l’appât et elle pisse sur l’hameçon ! ».
Jean Corcos
Dans son article en lien, il reprend - de manière très intéressante - le même genre d’analyse que développe, régulièrement sur son site « iran-resist » en lien permanent, mon ami Kavéh Mohseni qui a été souvent mon invité sur « Judaïques FM » : partout, en Irak, au Liban, à Gaza et même en Afghanistan, le régime des Mollahs souffle sur les braises en armant et finançant les radicaux ; il s’agit d’apparaître aux yeux des Américains comme la puissance régionale incontournable, avec laquelle il faut négocier ; et pour prix de la négociation et d’une baisse locale des tensions, l’Iran obtiendra officieusement de devenir une puissance nucléaire - et de rendre réalisable son véritable objectif stratégique : une région dominée par les fondamentalistes où aura disparu l’État d’Israël.
Or la Syrie n’a pas toujours été sur la même longueur d’onde que son allié iranien, et John Davis en donne des exemples :
- Au Liban, l’Iran a « calmé » le Hezbollah dans le cadre de négociations avec le parrain des Sunnites (l’Arabie), alors que la Syrie voulait au contraire faire monter la pression pour régler des comptes particuliers ;
- En Irak, la Syrie préférerait avoir un voisin unifié et laïc, alors que l’Iran souhaite un voisin faible et morcelé en communautés ;
- Par rapport à Israël, la Syrie souhaite récupérer le plateau du Golan, donc serait prête à entamer des négociations - alors que l’Iran repousse tout processus politique impliquant une reconnaissance de l’état juif.
Logiquement, l’auteur conclue en conseillant au gouvernement israélien de se coordonner avec les États-Unis pour proposer des « carottes » au gouvernement syrien - fin de l’isolement et des pressions diplomatiques - en réclamant, en retour, qu'il cesse son soutien aux mouvements terroristes Hezbollah et Hamas, et qu’il s'éloigne de l’Iran.Un point de vue avec lequel ne sera certainement pas d’accord Chawki Freiha, qui sera mon invité dimanche 26 août, et qui avait dit lors d’une émission précédente : « la Syrie, elle mange l’appât et elle pisse sur l’hameçon ! ».
Jean Corcos