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15 juin 2005

Florence Aubenas libérée : un billet émouvant d'André Nahum, ce matin sur Judaïques F.M

Introduction :
Mon ami André Nahum lit tous les mercredis matin un billet-éditorial sur l'actualité. Voilà le texte émouvant qu'il a consacré à la journaliste Florence Aubenas, enfin libérée.
J.C
 
Florence Aubenas a décrit hier au cours de sa conférence de presse avec beaucoup de dignité, beaucoup d’émotion et pas mal d’humour, ses cinq mois de detention dans une sorte de tombeau, sans air et sans lumière où elle ne pouvait même pas se tenir debout. Peu nourrie, les yeux bandés, pieds et mains liés, elle passait ses jours et ses nuits sur un mauvais matelas, sans avoir le droit de parler ou même de bouger.
A cela s’ajoutaient des tortures morales que ses ravisseurs ne manquaient de faire subir à cette femme courageuse qu’ils avaient privée de son nom en l’affublant d’un numéro, comme cela s’est fait naguère en d’autres lieux.
En la voyant hier à la télé, je ne pus m’empêcher de penser à Daniel Pearl et à cet autre journaliste italien, qui après avoir subi les mêmes sévices ont tous deux été décapités "en direct", face à une camera.
Je pensais aux tortures que d’autres nazis infligeaient à leurs victimes, à cette déshumanisation impitoyable de l’être humain et bien que rien ne soit comparable, vous me permettrez de vous lire ces vers de Primo Levi que cite François Rastier dans son livre "Ulysse à Auschwitz" :
"Considérez si c’est un homme que celui qui peine dans la boue,
qui ne connait pas le repos,
qui se bat pour un quignon de pain,
qui meurt pour un oui pour un non...
Considérez si c’est une femme que celle qui a perdu son nom et ses cheveux..."
En séquestrant dans des conditions inhumaines une journaliste française, ressortissante d’un pays qui avait refusé de cautionner la guerre d’Irak et que sa politique pro-arabe mettait croyait-il à l’abri de pareilles mésaventures, les barbares qui se prétendent "résistants" et "bons musulmans". donnent la preuve que seuls comptent leur fanatisme et leur intérêt matériel, sans aucune autre considération. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : fanatisme et intérêt. Les prises d’otages sont une affaire qui rapporte gros. Malgré la discrétion des autorités, il est difficile de croire qu’il n’y a pas eu versement d’une rançon substantielle, et s’il l’a fait, le gouvernement a bien fait.
Mais cet odieux trafic d’êtres humains, particulièrement répandu et prospère en Irak, comme il le fut naguère au Liban risque si l’on n’y prend garde de s’étendre à d’autres pays. Il faut donc le dénoncer et le combattre , comme il faut dénoncer et combattre ces voitures piégées et ces attentats-suicides qui font quotidiennement des dizaines de victimes au sein de la population irakienne. Il faut, en collaboration avec les autres pays de l’Union européenne, les Américains et l’ONU, aider le peuple et le gouvernement irakien, comme il faut aider le peuple et l’ Autorité Palestinienne, comme il faut aider le peuple et le gouvernement israélien à vaincre le terrorisme sous toutes ses formes. Cette guerre d’un nouveau genre qui a été imposée à notre civilisation doit être gagnée.  

André Nahum