Steven Sotloff
Impossible, comme
journaliste sur la fréquence juive de Paris et dont tout le travail est dédié
au monde musulman, de ne pas parler sur ce blog de l'assassinat abject de
Steven Sotloff, journaliste, juif, et qui fut le deuxième otage américain décapité
par les barbares du "Califat islamique".
Soyons d'abord très clair,
comme je l'ai déjà écrit sur ma page FaceBook à son sujet et à celui de James
Foley, "exécuté" peu avant : je refuse de me faire le complice de la
propagande macabre de ces monstres ; jeune et courageux journaliste de 31 ans,
Sotloff avait une vie, une personnalité avant d'apparaitre sur la vidéo de l'EIIL,
en tenue orange juste avant d'être égorgé ; pensons donc à cela en voyant cette
photo, publiée pour lui rendre hommage ; et ne partageons pas les innombrables
images, que l'on trouve par exemple grâce à Google Images (voir
ici). Il y a en particulier une
photo, horrible, où l'on voit la tête du malheureux posée sur son corps sans
vie, elle est publiée ici.
Mais j'y reviendrai plus tard, à propos des "théories du complot" au
sujet de ce meurtre.
J'ai tenu à publier cet article
dans ma série "In memoriam", car comment ne pas me
"reconnaitre" en lui ? Steven Sotloff était juif, on ne l'a appris
qu'après sa mort, et bien sûr son destin me touche particulièrement. Passionné
comme moi par le monde arabe, il avait décidé d'en faire sa spécialité en
réalisant des reportages pour la presse internationale au moment du fameux
"Printemps", en Libye, en Egypte ... et hélas aussi en Syrie : c'est
là, à Alep qu'il fut enlevé par l'EIIL l'année dernière. Je réalise vraiment,
avec cette vie si vite brisée, combien j'ai eu de la chance de rester un
"orientaliste de salon" pour évoquer cette actualité : les
"vrais journalistes", ceux du terrain, risquent leur vie en allant
sur place !
L'excellent "Times of
Israël" a consacré plusieurs articles à sa carrière, dont voici les liens.
On apprend ainsi que ce journaliste américain avait
de profondes racines en Israël, dont il avait pris la nationalité ; on y
apprend aussi qu'il avait bien entendu masqué ses origines juives lors de ses
reportages dans les pays du Moyen-Orient, tellement gangrénés par
l'antisémitisme ; et comment une conjuration du silence par ses amis avait
permis qu'on ignore son identité juive pendant toute la période de sa captivité
(lire
cet article).
Alors que la presse française
- focalisée ces derniers jours par l'insondable vulgarité du livre assassin de
l'ex-compagne de notre Président - a été peu prolixe sur sa mort, rendons
hommage à "L'Express" qui a évoqué sa famille, qui a réagi avec calme
et dignité après ce crime barbare. Lire l'extrait suivant :
Barak
Barfi, spécialiste du monde arabe au think-thank New America Foundation
et ami du journaliste américain exécuté par l'Etat islamique en Irak,
s'est adressé directement en arabe aux djihadistes, devant la maison des
Sotloff à Miami, en Floride. Il
a affirmé que "Steve est mort en martyr au nom d'Allah", avant de
s'adresser directement à Abou Bakr al-Baghdadi, le "calife" autoproclamé
du groupe. "Vous avez dit que le mois de ramadan était le mois de la
miséricorde mais où est votre miséricorde?", lui a-t-il lancé. "Je
suis prêt à débattre avec vous [...] Je n'ai pas de sabre à la main", a
expliqué Barak Barfi, affirmant que le Coran indique le "mépris"
d'Allah pour tout "oppresseur".
Hélas, comme pour James
Foley, les salauds "complotistes" se relaient déjà pour nier le crime
et tenir les propos les plus absurdes. Ainsi voici ce qu'ose écrire sur son
brûlot "Panamza", Hicham Hamza : Sotloff aurait été en fait un agent
du Mossad. Mais alors on imagine que les ravisseurs l'auraient tué pour cela ?
Et bien non, car on n'est pas sûr de sa mort, la vidéo serait douteuse, etc.
Bien entendu, "Hicham la science" fait comme si la photo que
j'évoquais plus haut n'existait pas ...
Pour rappel, voici ce qu'un
autre salaud anti juif, Alain Soral, osait publier à propos de la mort de James
Foley : voici
l'article.
Steven, James, que votre
souvenir soit béni. Que vos bourreaux soient châtiés, et vite ; et que les
négationnistes qui vous ont tués une deuxième fois subissent, reçoivent ici
l'expression de notre mépris absolu.
Jean Corcos