Retour à l'actualité du
Moyen-Orient pour ma prochaine émission, et nous allons parler à nouveau d'un
pays incontournable de la région, la Turquie. Pour en parler, j'aurai le
plaisir de recevoir sur nos ondes Michel Alfandari. On peut dire que ce pays
est cher à son cœur puisqu'il en est originaire, il est en effet né dans une
famille séfarade d'Istanbul. Il a ensuite vécu
à New-York où il a fait des études d'ingénieur, puis en France où il est cadre
dans une grande entreprise internationale. On peut dire également que, à la fois son
intérêt pour l'actualité et son attachement à son pays natal l'ont poussé, en
parallèle, à faire du journalisme bénévole ; c'est d'ailleurs un
"collègue" blogueur, d'abord sur son adresse : www.alfandar.fr où il
parle de la Turquie, et aussi sur l'excellent journal en ligne "The Times
of Israël". Michel Alfandari a
écrit une très bonne synthèse intitulée "La Turquie, Israël et les Juifs,
un état des lieux", et c'est le titre que j'ai retenu pour cette interview.
Elle a été publiée en avril dernier, bien sûr le paysage de la région a évolué
depuis et nous en tiendrons compte. Deux précisions, cependant. D'abord, bien
sûr, tous nos auditeurs se souviennent du choc qu'avait été la presque rupture
avec Israël après l'abordage sanglant du "Mavi Marmara", venu briser
le blocus de Gaza en 2010 ; mais depuis les années ont passé, il y a eu des tentatives
de rapprochement, et ceux qui suivent régulièrement cette série savent que je
n'accepte pas les conclusions pré conçues, c'est pourquoi je tenais à ce que
l'on fasse un point objectif : tout est-il perdu ? On essaiera d'y voir plus
clair. Ensuite, après avoir parlé d'Israël et des Juifs je voudrais que l'on
n'oublie pas les drames qui ravagent le Moyen-Orient, l'épouvantable guerre
civile en Syrie, et la guerre maintenant ouverte avec le terrifiant
"Califat islamique" : la Turquie est une grande puissance régionale
qui joue un rôle souvent trouble, et de cela aussi nous parlerons en fin
d'émission.
Parmi les questions que je
poserai à Michel Alfandari :
-
Vous rappelez au début de votre article
rapidement comment les relations turco-israéliennes ont été correctes jusqu'en
1995, puis celles d'une véritable alliance après 1995, jusqu'à l'arrivée au
pouvoir du parti islamiste AKP aux élections de 2002 : avant l'épisode du "Mavi
Marmara", vous parlez d'une "ambivalence" du Premier Ministre
Erdogan, pourriez-vous donner des exemples précis à nos auditeurs ?
-
Après l'abordage de la marine israélienne qui
allait faire 9 tués parmi les activistes islamistes du "Mavi
Marmara", Ankara expulse l'ambassadeur israélien et retire le sien
d'Israël. A l'occasion de la visite du Président Barack Obama, Netanyahou
appelle son homologue turc et présente les excuses réclamées : restent deux
demandes non réglées, le paiement d'indemnités et la levée du blocus de Gaza.
Où en est-on sur les réparations ? Comment imaginer qu'Israël cède sur une
levée totale et sans aucun contrôle sur la bande de Gaza, alors qu'il n'a pas
cédé malgré 50 jours de bombardements par les missiles du Hamas ?
-
Votre article révèle par contraste, des
éléments tout à fait étonnants en ce qui concerne les relations bilatérales
entre les deux pays : le commerce ne cesse de progresser, la Turquie serait à
fin 2013 le sixième partenaire économique d'Israël ; mais surtout il y aurait
des perspectives importantes de coopération économique pour l'exportation de
gaz israélien vers l'Europe, à partir des gigantesques gisements off-shore découverts
ces dernières années : pourriez-vous expliquer cela, et surtout évaluer ce qui,
entre le pragmatisme économique et la défiance des dirigeants, l'emportera au
final ?
-
A propos des Juifs de Turquie, vous écrivez :
"si on devait ne retenir qu'une seule chose, c'est qu'il reste à ce jour
environ 17.000 Juifs en Turquie alors qu'ils étaient plus de 100.000 à la fin
de la Première Guerre Mondiale, et que les projections démographiques montrent
que la communauté juive va malheureusement disparaitre d'ici 30 à 40 ans".
Comment l'expliquez-vous ? Y-a-t-il, malgré tout des signaux poussant au
contraire à un peu d'optimisme ?
-
Il y a un peuple qui joue un rôle clé dans la
guerre se déroulant en ce moment en Syrie et en Irak, c'est les Kurdes : or la
Turquie, dont la minorité kurde représente 16 % de sa population, a été
elle-même en guerre pour mater la rébellion du PKK, les séparatistes kurdes
locaux ; en Irak, on sait qu'ils ont obtenu une quasi autonomie et ce sont eux
qui, armés par les Occidentaux, résistent aux colonnes motorisées du Daesh. Est-ce
que cette politique de neutralité, au moins au départ, des dirigeants turcs ne
s'explique pas, justement, aussi par la peur des Kurdes ?
Une émission sur des sujets passionnants, et j'espère un
nouveau rendez-vous où vous serez nombreux à l'écoute !
J.C