Le « Haaretz » a publié, dans son édition du 16 octobre, une interview de Jacques Attali dans laquelle il déclare à propos de l’ampleur de l’antisémitisme en France, je cite « c’est un non problème, ce n’est pas un problème au niveau national, c’est un mensonge, je pense qu’il s’agit de propagande, de propagande israélienne », fin de citation.
On peut s’étonner d’une telle déclaration de la part d’un connaisseur aussi avisé de la société française ; il ne peut ignorer la multiplication des actes antisémites, qu’il s’agisse de menaces verbales ou d’exactions plus ou moins graves que subissent des membres de la communauté juive.
La France n’est pas antisémite, il n’y a pas d’antisémitisme d’État, ce sont des évidences et Jacques Attali, présenté par le journaliste comme « un intellectuel juif français arrivé d’Algérie à l’age de douze ans », n’a pas tort de se donner en exemple de réussite et d’intégration dans la société française des juifs rapatriés d’Algérie, même si, sa modestie dut-elle en souffrir, elle soit assez exceptionnelle. Mais dans l’ensemble, les juifs sont bien intégrés dans la société française, et - bien que cela n’ait pas été facile pour la grande majorité d’entre eux -, ils ont eu des réussites remarquées dans les différents secteurs sociétaux, qu’ils soient économiques, culturels ou même politiques.
Pourquoi des lors, au sein de la communauté juive, ressentir une inquiétude que semble ignorer Jacques Attali ? Il se garderait autrement d’affirmer, je cite « Des juifs français achètent des appartements en Israël comme des anglais achètent une maison dans le sud de la France, pour les vacances » fin de citation. Pour les vacances bien sur, mais aussi parce qu’on ne sait jamais ... les juifs ont été suffisamment échaudés !
Deux raisons à cette inquiétude, la première l’antisionisme, la seconde une forte communauté musulmane en mal d’intégration.
La première, l’antisionisme, nouvel avatar de l’antisémitisme : on n’est plus antisémite, on est antisioniste, c’est tellement plus progressiste ! On est contre Israël, contre sa politique envers les Palestiniens, on tente de boycotter les produits qui ont le label israélien ; l’extrême gauche, le Parti Communiste, les Verts lancent des appels en ce sens, et on voudrait aussi boycotter dans les instances internationales les chercheurs et les intellectuels israéliens, qui le plus souvent sont opposés à la politique de leurs gouvernants. Tout le monde a le droit, bien sur, de critiquer Israël, de manifester contre sa politique, mais, comme par hasard, ce combat ne s’élargit pas à d’autres pays. On ne condamne pas, on ne boycotte pas, on ne manifeste pas, ou si peu, contre le traitement que la Chine fait subir aux Tibétains, aux Ouïgours, la Russie aux Tchétchènes, le Soudan aux habitants du Darfour, certains pays d’Europe centrale à leur tziganes et la liste n’est pas exhaustive. Bizarre, non ?
La seconde raison, une communauté musulmane importante, dix fois plus importante que la communauté juive, cinq à six millions de personnes, travaillée par des extrémistes islamiques qui font des juifs les responsables des difficultés de son intégration, en puisant dans un Coran mal digéré des arguments pour justifier leur antisémitisme. Il faut bien parler d’un antisémitisme musulman contrairement à Jacques Attali, certes différent de l’antisémitisme chrétien, mais qui puise souvent ses clichés aux mêmes sources. La quasi totalité des écrits antisémites se trouvent sur les rayons des librairies du Proche et du Moyen Orient, et sur Internet. Il suffit qu’une minorité au sein de la communauté musulmane française, 1% cela fait 50000 personnes, soit contaminée par cette prose ou par le discours de certains prêcheurs en eau trouble pour rendre la vie des juifs très difficile dans certains quartiers, dans certains établissements scolaires sur tout le territoire national.
Certains juifs s’interrogent, dans l’immédiat, non pas sur leur propre avenir en France, mais sur celui de leurs enfants, la tentation de l’Alya existe, mais l’inquiétude sur la situation d’Israël aussi. Les juifs sont partagés, mais pour le moment dans leur grande majorité, ils ont confiance dans les pouvoirs publics, et dans l’action qu’ils mènent pour défendre les valeurs de la République.
Les propos de Jacques Attali surprennent, s’est-il fait piégé par les journalistes du « Haaretz », comme Alain Finkielkraut précédemment ? Ce n’est pas impossible.
Gérard Akoun
Judaïques FM 94.8, le 22 octobre 2009
On peut s’étonner d’une telle déclaration de la part d’un connaisseur aussi avisé de la société française ; il ne peut ignorer la multiplication des actes antisémites, qu’il s’agisse de menaces verbales ou d’exactions plus ou moins graves que subissent des membres de la communauté juive.
La France n’est pas antisémite, il n’y a pas d’antisémitisme d’État, ce sont des évidences et Jacques Attali, présenté par le journaliste comme « un intellectuel juif français arrivé d’Algérie à l’age de douze ans », n’a pas tort de se donner en exemple de réussite et d’intégration dans la société française des juifs rapatriés d’Algérie, même si, sa modestie dut-elle en souffrir, elle soit assez exceptionnelle. Mais dans l’ensemble, les juifs sont bien intégrés dans la société française, et - bien que cela n’ait pas été facile pour la grande majorité d’entre eux -, ils ont eu des réussites remarquées dans les différents secteurs sociétaux, qu’ils soient économiques, culturels ou même politiques.
Pourquoi des lors, au sein de la communauté juive, ressentir une inquiétude que semble ignorer Jacques Attali ? Il se garderait autrement d’affirmer, je cite « Des juifs français achètent des appartements en Israël comme des anglais achètent une maison dans le sud de la France, pour les vacances » fin de citation. Pour les vacances bien sur, mais aussi parce qu’on ne sait jamais ... les juifs ont été suffisamment échaudés !
Deux raisons à cette inquiétude, la première l’antisionisme, la seconde une forte communauté musulmane en mal d’intégration.
La première, l’antisionisme, nouvel avatar de l’antisémitisme : on n’est plus antisémite, on est antisioniste, c’est tellement plus progressiste ! On est contre Israël, contre sa politique envers les Palestiniens, on tente de boycotter les produits qui ont le label israélien ; l’extrême gauche, le Parti Communiste, les Verts lancent des appels en ce sens, et on voudrait aussi boycotter dans les instances internationales les chercheurs et les intellectuels israéliens, qui le plus souvent sont opposés à la politique de leurs gouvernants. Tout le monde a le droit, bien sur, de critiquer Israël, de manifester contre sa politique, mais, comme par hasard, ce combat ne s’élargit pas à d’autres pays. On ne condamne pas, on ne boycotte pas, on ne manifeste pas, ou si peu, contre le traitement que la Chine fait subir aux Tibétains, aux Ouïgours, la Russie aux Tchétchènes, le Soudan aux habitants du Darfour, certains pays d’Europe centrale à leur tziganes et la liste n’est pas exhaustive. Bizarre, non ?
La seconde raison, une communauté musulmane importante, dix fois plus importante que la communauté juive, cinq à six millions de personnes, travaillée par des extrémistes islamiques qui font des juifs les responsables des difficultés de son intégration, en puisant dans un Coran mal digéré des arguments pour justifier leur antisémitisme. Il faut bien parler d’un antisémitisme musulman contrairement à Jacques Attali, certes différent de l’antisémitisme chrétien, mais qui puise souvent ses clichés aux mêmes sources. La quasi totalité des écrits antisémites se trouvent sur les rayons des librairies du Proche et du Moyen Orient, et sur Internet. Il suffit qu’une minorité au sein de la communauté musulmane française, 1% cela fait 50000 personnes, soit contaminée par cette prose ou par le discours de certains prêcheurs en eau trouble pour rendre la vie des juifs très difficile dans certains quartiers, dans certains établissements scolaires sur tout le territoire national.
Certains juifs s’interrogent, dans l’immédiat, non pas sur leur propre avenir en France, mais sur celui de leurs enfants, la tentation de l’Alya existe, mais l’inquiétude sur la situation d’Israël aussi. Les juifs sont partagés, mais pour le moment dans leur grande majorité, ils ont confiance dans les pouvoirs publics, et dans l’action qu’ils mènent pour défendre les valeurs de la République.
Les propos de Jacques Attali surprennent, s’est-il fait piégé par les journalistes du « Haaretz », comme Alain Finkielkraut précédemment ? Ce n’est pas impossible.
Gérard Akoun
Judaïques FM 94.8, le 22 octobre 2009