Je vous proposerai une
émission bien originale dimanche prochain, assez décalée par rapport à la
plupart des numéros de "Rencontre". "Les femmes marocaines, une
liberté surveillée ?", c'est en effet le titre que j'ai choisi pour parler
d'un roman à la fois drôle et émouvant, "Ulcère", publié aux éditions
Edilivre ; et j'aura le plaisir de recevoir son auteur, Lamia Ait El Haj. Lamia
Ait El Haj est une jeune franco-marocaine née à Marrakech en 1978. Elle
travaillé comme journaliste dans la presse francophone à Casablanca, mais elle
a fini par quitter le Maroc pour s'installer en France en 2003. Son livre - qui
est certainement autobiographique en partie - raconte la vie difficile d'une
jeune femme, Nadia, dont le mode de vie est écartelé entre la modernité
occidentale et les traditions du pays. Sous la pression familiale, elle accepte
de se marier passé la trentaine et son mariage sera un échec douloureux ; mais
surtout, à travers son histoire, c'est un portrait très critique qu'elle porte
sur la société marocaine et sur le sort réservé aux femmes ; et cela, avec un
style plein d'humour et parfois très cru.
Parmi les questions que je
poserai à Lamia Ait El Haj :
-
Quel est le pourcentage d'autobiographie dans
ce premier roman ; et aussi, pourquoi ce titre curieux, "Ulcère" ?
-
Je cite des extraits du chapitre 3 où votre
héroïne, Nadia, en grande tenue de cérémonie, assiste comme étrangère à son
propre mariage : "les mariages sont des marchés aux bestiaux où se
confrontent l'offre et la demande" ; "je me suis mariée pour qu'on me
foute la paix" , "un homme, ça ne se critique pas, du moment qu'il a
de quoi entretenir un foyer" : n'y a t-il pas de mariages heureux au Maroc
?
-
On trouve dans ce premier roman des portraits
plus ou moins détaillés de personnages masculins : il y a Salah, l'époux, un
arriviste fruste et qui va rapidement rendre leur union impossible ; il y a
Rachid, un collègue de bureau obsédé sexuel et qui reluque toutes les femmes
qui passent : mais est-ce qu'il n'y a pas, aussi des hommes très bien à
Casablanca, et est ce que ces personnages machos ne sont pas courant ici aussi,
en France ?
-
Au travers d'une amie de l'héroïne, Amal, le
roman va nous faire revivre un épisode dramatique de l'histoire récente
marocaine, les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 : vous imaginez que son
frère fait partie des terroristes et cela après avoir subi un lavage de cerveau
dans sa cité, en France : quel regard portez-vous aujourd'hui sur les jeunes
radicalisés chez nous ? Le Maroc est aujourd'hui épargné par cette violence,
pensez-vous que cela va durer ?
-
La fin de son couple va être une horreur :
des coups, des menaces, des coups de téléphone anonymes : mais le pire, c'est quand
elle demande le divorce ; vous écrivez page 131 quelque chose de très dur :
""pourquoi sommes-nous maltraitées, rabaissées, exploitées, humiliées
et pourtant si résignées ?" ; et vous donnez une explication psychologique
: pourriez-vous l'exposer à nos auditeurs ?
Un sujet original, un premier roman attachant ...
j'espère que vous serez nombreux à l'écoute !
J.C