Rechercher dans ce blog

29 octobre 2016

Une mémoire photographique des Juifs d'Algérie : Benjamin Stora sera notre invité le 6 novembre



J'aurai le plaisir de recevoir à nouveau Benjamin Stora le 6 novembre. Historien, professeur d'Université, grand spécialiste de la Guerre d'Algérie à laquelle il a consacré des dizaines d'ouvrages , il a intégré depuis une dizaine d'années la dimension juive dans son travail. En 2006, il a publié "Les trois exils. Juifs d'Algérie", l'année dernière était édité "Les clés retrouvées", sous-titré "Une enfance juive à Constantine", et j''avais eu le plaisir de le recevoir pour ces deux livres. Il vient de publier un ouvrage bien différent puisqu'il s'agit d'un album de photographies anciennes : "C'était hier en Algérie", sous-titré "De l'Orient à la République, une histoire des Juifs d'Algérie", Editons Larousse. Alors bien sûr on retrouve, dans le texte qui guide le lecteur,  la trame générale développée dans les livres précédents : comment des populations juives, dont l'enracinement datait de 2.000 ans sont entrées en quelques décennies, avec la colonisation française, à la fois dans la modernité occidentale et dans la République; comment elles ont vécu ce qu'il a appelé, justement, "les trois exils", exil de la culture d'origine, puis exil bref mais violent de la communauté nationale sous Vichy, puis enfin exil physique brutal en 1962, au moment de l'indépendance. On va donc essayer, ensemble et à partir des photos qu'il a choisies, de feuilleter virtuellement ce beau livre avec nos auditeurs.

Parmi les questions que je poserai à Benjamin Stora :

-      Votre album commence par une longue introduction historique. Vous rappelez notamment la situation de "dhimmis" des Juifs avant la colonisation, mais ce passé là n'est pas illustré dans le livre. Certes, la photographie va apparaitre après l'arrivée des Français en 1830 : mais il doit quand même exister des archives, des dessins ou des peintures ?
-        Votre album débute par des séries de photographies datant de la fin du 19ème siècle, la première intitulée "Des indigènes algériens", et la seconde "Un monde de petits métiers". Quand on voit les illustrations les plus anciennes, on se dit que pour des yeux européens rien ne distinguait les Juifs des Musulmans, ni les tenues vestimentaires, ni les habitations, ni le mode de vie. Comment avez-vous procédé pour illustrer, par l'image dans les chapitres suivants, l'évolution sociologique et culturelle de ces Juifs tellement orientaux ?
-        Le centre névralgique de la vie juive, c'était en Algérie comme partout dans le monde, les Synagogues : votre album en donne plusieurs photos au fil des pages, celles d'Oran, d'Alger, de Tlemcen, de Constantine. Vous soulignez que, symboliquement, leur architecture était aussi à la fois mauresque et européenne, pourriez-vous nous l'expliquer ?
-        Entre le Décret Crémieux en 1870, et 1940, les Juifs d'Algérie vont vivre deux épisodes d'antisémitisme violent : de la part des Européens avec les émeutes de 1897-1898 - vous publiez ainsi une photo de la Grande synagogue d'Alger dont les grilles furent arrachées ; et puis, de la part des Musulmans, le pogrom d'août 1934 à Constantine, qui fit 28 morts et que vous avez illustré par cinq pleines pages de photographies poignantes : pourtant, les juifs d'Algérie seront surpris et par Vichy, et par la guerre d'Algérie : pourquoi cette illusion d'une "assimilation heureuse" ? Quelles autre photos de l'album viennent l'illustrer ?
-        En ce qui concerne la guerre d'Algérie, j'ai trouvé l'album trop rapide sur ces heures noires : très peu de photographies ; pas de reproductions de journaux d'époque ; et finalement presque rien de spécifiquement juif; pourtant, c'est là que vous aviez la documentation la plus riche : pourquoi avez-vous fait ce choix ? Pourquoi par exemple, n'avoir pas publié des photos d'attentats ayant visé spécifiquement les Juifs ?

Je suis sûr que les auditeurs originaires d'Algérie seront nombreux à l'écoute, mais l'histoire de cette communauté disparue doit intéresser beaucoup plus de monde, et pas seulement les Juifs ... soyez nombreux à l'écoute !


J.C